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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 10:31
Les grandes portes de la salle stratégique d’Ana-Purna III s’ouvrirent à la volée dans un bruit de tonnerre.

-Qui a permis que… hurla le gouverneur impérial Abraham Jacobinus.

Les restes de ses paroles restèrent coincées dans sa gorge en un borborygme indistinct. Devant lui se tenaient des Frères de Bataille de l’Adeptus Astartes.

-Qui a permis que l’on nous ouvre les portes ? Moi ! fit l’un d’entre eux.

Celui qui venait de parler était un Space Marine à l’allure encore jeune, au visage élégant mais déjà parcouru de cicatrices. Ses cheveux brins étaient coupés en une brosse très courte, et ses yeux bleus pétillaient d’un quelque chose qui mêlait l’intelligence, l’ironie et la sagesse à la fois. Son armure, très ouvragée, était ornée de quantités d’artefacts et de décorations. Son héraldique personnelle alternait l’os, le rouge et le vert, et des versets choisis d’œuvres de son Chapitre. Sur une épaulière, l’épée rouge aux ailes blanches qui étaient les armes des Dark Angels perçait de part en part un crâne d’or. L’ensemble était gravé sur l’épaulière droite. Sur la gauche, un crâne blanc reposait sur un triangle rouge, et en travers du front du crâne courait le nom de l’officier : Gabriel.

Le gouverneur et ses subordonnés mirent un genou à terre et baissèrent la tête en signe de respect devant une telle incarnation de la volonté de l’Empereur en personne.

-Relevez-vous, ordonna le second des deux premiers personnages.

Jacobinus osa risquer un regard vers ce dernier. Aussi grand que Gabriel, mais nettement plus vieux, son visage semblait être rapiécé tant les cicatrices le striaient. Engoncé dans une armure d’un noir de jais, cette dernière ne dépassait que très peu de l’épaisse robe de bure caractéristique des hauts personnages du Chapitre des Dark Angels. Au contraire de l’officier qui ne portait qu’un simple tabar et quelques pièces d’étoffes le long du bord inférieur des épaulières, la bure du Chapelain –il le reconnu au casque qu’il portait sous le bras- semblait si lourde qu’un homme n’aurait guère pu la porter très longtemps. De même, les cinq autres personnages arboraient de telles étoffes, mais leurs armures, quoique de belle facture, n’égalaient pas la magnificence des deux autres. Des vétérans, sans doute la suite des deux personnages.

-Mes Seigneurs, veuillez excuser ma… mon accès de colère, jamais je n’aurais imaginé que… enfin, les nouvelles sont mauvaises et sans votre intervention…

-Sans notre intervention, elles auraient été à un tel point catastrophiques que vous ne parleriez sans doute plus à l’heure qu’il est, complèta Gabriel à l’ironie toujours mordante.

-Oui, oui, en effet, en effet, loué soit l’Empereur pour votre apparition. J’ai limogé mon précédent général en chef, le super-général Poebius, pour son incapacité à endiguer le flot des troupes adverses, et pour n’avoir pu empêcher ces trahisons massives. J’ai nommé le général Hiberium à la place. C’est un bon soldat, et peut être parviendrons-nous à reprendre en main la situation grâce…

-Grâce à notre aide, la situation fera mieux qu’être simplement reprise en main, termina à nouveau Gabriel. Où est Poebius à l’heure actuelle ?

-Mon Seigneur, il attend dans sa cellule des sous-sols de ce palais son sort, qui ne saurait dépendre d’autre chose que de votre bon-vouloir.

-Bien, très bien, gouverneur Jacobinus. Pour l’heure, il est grand temps d’entrer dans les considérations stratégiques. Réunissez sur-le-champ vos conseillers militaires, nous devons mettre au point au plus tôt une contre-attaque.

-Seigneur, j’étudiais précisément la question : voici les hommes qui forment le Conseil d’Etat-Major Général. Le précédent chef d’Etat-major a été lui aussi limogé et a rejoint Poebius. Tous ceux que vous avez devant vous sont des hommes de confiance.

Jacobinus présenta brièvement ses auxiliaires. Lui-même était relativement peu âgé pour un si haut fonctionnaire, et sa figure énergique inspirait la confiance. On sentait qu’un certain charisme émanait de sa personne, comme s’il pouvait influer sur les autres par le seul fait de sa présence. Il avait sans doute été dépassé par la rapidité et la gravité de tous ces évènements mais on ne pouvait pas lui en tenir la plus extrême des rigueurs. Une fois la situation redressée, il serait l’homme de la situation.

-Gouverneur Jacobinus, fit Severian, il y a des traîtres infiltrés jusque dans votre gouvernement.

-Mon Seigneur, mes services de sécurité sont déjà à leur poursuite. Comme je vous l’ai dit, j’a fait arrêté moi-même mes deux principaux généraux que je soupçonne fortement d’avoir parti lié avec les rebelles. De même j’ai ici une liste d’éléments peu sûrs que je peux vous soumettre. La plupart sont des cadres de l’armée ou de l’Etat, et j’ai bien l’intention de les faire emprisonner afin de purger cette planète de la racaille qui l’infeste.

-Excellente résolution. Je ne peux que vous encourager dans cette voie.

Il jeta un œil à la liste et y vit des fonctions qui s’étalaient de l’Etat major du régiment jusqu’au Lieutenant, en passant par de grands fonctionnaires ou des juges.

-Comment se fait-il que de telles mesures n’aient pas été prises auparavant, si vous disposiez d’une telle liste ? fit remarquer Gabriel.

-Mon Seigneur, les preuves manquaient encore de leurs activités subversives et les premiers rapports sont assez récents. Si vous regardiez le paraphe du présent document, vous verrez qu’il ne date que d’hier. J’ai demandé à la Très Sainte Inquisition de mandater un émissaire, mais on m’a appris il y a deux heures le massacre du chœur des astropathes. J’ai bien peur que la communication n’ai pu être établie.

-Elle l’a été, ne vous en faites pas, fit Severian.

-Aaah ! Très bien… très bien… en ce cas… je crois qu’alors nous pouvons ouvrir le Conseil ?

La situation telle qu’elle se présentait exigeait une contre-attaque. Les réserves dont disposaient les loyalistes étaient encore suffisamment importantes dans la capitale même pour qu’une simple contre-offensive puisse balayer la rébellion. Celle-ci avait tout misé sur la surprise, les défections et la rapidité de sa progression pour l’emporter. Une fois cette dernière enrayée, les rebelles ne pouvaient guère espérer vaincre. En revanche, si celle-ci venait à échouer –chose peu probable comptes tenus de la disproportion des effectifs- il serait sans doute plus difficile de rétablir pour de bon la situation. Les renforts loyalistes étaient encore loin, mettraient du temps à arriver en raison des sabotages et des embuscades rebelles, et pouvaient même avoir été infiltrés sans qu’on en sache rien. De plus, la quasi totalité des communications étaient coupées. Un échec, et le gouvernement planétaire restait à la merci des traîtres.

Après plus de deux heures d’entretien, le plan était arrêté. Hardi, audacieux, il représentait bien le génie tactique d’un Grand Maître des Dark Angels. L’attaque était prévue pour le lendemain 4h. Il était 20h.

-Bien à présent nous allons descendre visiter vos prisonniers, conclu Gabriel. Donnez-nous un homme qui nous guidera aux cachots.

-A vos ordres, mon Seigneur. Ravnick, appela-t-il en se retournant, vous conduirez leurs Seigneuries jusqu’aux prisons. Bloc H, niveau Delta. Exécution.

L’officier se leva, se prosterna devant les deux Astartes, et les amena à travers un dédale de couloirs souterrains jusqu’au bloc H, niveau Delta. Cela leur prit un bon quart d’heure. Leur périple dans ce labyrinthe prit fin lorsqu’ils atteignirent le poste de garde. Là, Ravnick alla parler aux deux gardiens, talonné en cela par les deux géants, qui avaient laissé leur escorte dans le grand hall d’entrée.

-Nous venons visiter les détenus Poebius et Molagan. Ouvrez-nous leurs cellules.

-Les détenus ? Mais on a passé les chercher il n’y a pas dix minutes !

-Quoi ? Mais pour les emmener où ?

-Mais, à la chambre d’exécution mon Général ! L’ordre était arrivé avec la signature du gouverneur lui-même !

-Il n’y a pas une minute à perdre, fit-il en se retournant à toute vitesse, venez mes Seigneurs ajouta-t-il en s’élançant.

La course se termina au bout de cinq mortelles minutes devant les portes de la salle d’exécution. Hélas elles n’avait pas suffit à sauver les généraux destitués et leurs cadavres étaient à peine reconnaissable. Car il n’y avait plus rien à faire pour eux. La peine de mort que l’on réservait aux traîtres était horrible mais ne manquait jamais : les condamnés étaient écrasés entre deux presses hydrauliques.

Devant la bouillie affreuse de ce gâchis, les visages des deux Marines se durcirent, et c’est un Severian frémissant de colère contenue qui lâcha à l’adresse du bourreau :

- Où-est-l’ordre ?

Tremblant comme une feuille, l’homme lui tendit avec crainte un parchemin, signé du sceau du gouverneur lui-même.

-Remontez-nous là haut et prestement, ou c’est vous qui finirez dans cet état, et par ma propre main, siffla Gabriel à Ravnick.

Gabriel et Severian étaient des Astartes, et leur volonté ne souffrait pas qu’on s’opposa à elle. C’est toujours aussi furieux qu’ils pénétrèrent dans la salle du conseil. Gabriel saisit le cou de Jacobinus dans sa main droite, et dans la gauche lui présenta l’ordre. L’autre, au trois quart suffoqué, ne comprit d’abord pas. Puis voyant son sceau, il écarquilla les yeux et prononça avec les pires difficultés :

-C’est-un-faux… laissez-moi… vous…expliquer.

Gabriel le relâcha. L’autre s’écrasa au sol, se massa le cou puis déclara :

-Je vais vous expliquer.

-Je te donne une minute, gouverneur Jacobinus.

-Ceci est mon sceau militaire, et le garde des sceaux militaires est précisément le super-général, autrement dit Poebius. Il aura fait copier le sceau et transmit la réplique à un complice. Celui-ci, risquant d’être compromis, l’a fait supprimé. Je ne vois guère que le Magister des cellules pour avoir put permettre cela.

-Faites-lui subir le même traitement, décréta Severian.

-Quoi, mais…mais c’est…

-Vous oseriez remettre en cause mon ordre ?

-N…non mon Seigneur.

-Je veux, avant mon départ dans une demi-heure, avoir vu sa carcasse broyée à mes pieds. Et pour être bien sûr qu’il s’agit du bon, j’irai le prendre moi-même avec une escouade de vos hommes.

La mort dans l’âme, Jacobinus s’exécuta.

Une demie heure plus tard, les Astartes remontaient dans leur rhino et regagnaient l’astroport.

-MFT-
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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 10:02
Voilà plusieurs heures que Gabriel psalmodiait à genoux devant l’autel de l’Empereur Rédempteur, installé dans une petite alcôve de la Chapelle d’Honneur du Roc. L’édifice souterrain, taillé dans la masse du gigantesque astéroïde, étalait pourtant une splendeur rare. Bien que d’une taille somme toute modeste, comparée aux grandes salles que le Roc abritait dans ses profondeurs, la richesse de son décor en faisait un édifice magnifique. Les ciselures d’argent, les dorures, les frises sculptées, couraient le long des murs et des colonnes ou des voûtes, des mosaïques composées de fragments millimétriques de jade, de lapis-lazuli, de porphyre, d’ivoire, d’argent, de rubis, de topaze, d’argent et d’or, ornaient le sol et les absides. Des autels, des statues de marbre, s’élevaient dans des niches ou dans le chœur de la Chapelle. Mais par-dessus le luxe de ce décor grandiose, il y avait plus impressionnant encore. Entre les arcs gothiques qui délimitaient les trois travées pendaient les bannières de bataille du Chapitre. Toutes les bannières des compagnies flottaient le long de la travée centrale, et des étendards bien plus anciens, de véritables reliques, étaient suspendus autour du chœur. De l’autre côté du chœur, une dernière abside abritait le long de ses murs les trois étendards sacrés des Dark Angels, la Bannière du Courage, la Bannière du Châtiment et la Bannière de Dévastation. Elles entouraient un autel placé devant une statue du Lion en armes. Seul était absent l’Etendard du Chapitre, qui lui trônait au-dessus de la place d’honneur du Grand Maître Suprême, dans le Hall des Guerriers.

C’était Naaman, son instructeur, qui, sans un mot, était venu chercher le novice dans sa cellule et l’avait amené dans cette alcôve. Il l’avait laissé seul, l’invitant à se recueillir, à prier et à méditer sur lui-même, sur son Devoir et sur l’univers tout entier. Devant lui, sur l’autel, avait été posé le Liber Honorificorum, qu’il avait vu pour la première et unique fois lors de son arrivée au sein du Chapitre. Ce livre recensait tous les noms des Frères qui étaient tombés au combat, afin que par delà la mort, ils restent immortels et traversent les siècles. Gabriel avait appris que la mort n’était pas une fin en soit, car quiconque tombe peut servir encore l’Empereur par bien des façons. Que ce soit grâce aux glandes progénoïdes, sous la forme d’un gigantesque Dreadnought, ou bien sous celle de son nom, une fois inscrit sur ce registre sacré, un Astartes ne mourrait jamais vraiment. Il appartenait à ses Frères de se remémorer et de célébrer son nom pour qu’il traverse les siècles des siècles.

A jeun –il n’avait rien avalé depuis la veille-, il s’était laissé entraîné dans sa méditation, et la faim qui tenaillait son ventre, il ne la ressentait plus. Il savait que cela faisait des heures qu’il était ici, mais il n’avait aucune idée du compte exact. Un pas résonna sur le dallage de marbre de la chapelle. Ce fût à peine si Gabriel l’entendit, absorbé qu’il était dans ses pensées. Une main lui tomba sur l’épaule.

-A présent que ton temps de recueillement est achevé, Gabriel, suis-moi.

Gabriel se releva avec lenteur, puis se retourna et dévisagea Naaman d’un regard fatigué, mais dans lequel brillait encore une lueur de curiosité. Naaman sortit de l’alcôve, referma la double-grille sur les talons de Gabriel, puis le guida vers l’abside principale, dans laquelle pendaient les étendards sacrés. Il contourna l’autel, suivit de son novice, et ouvrit une petite porte que la taille de la table d'offrandes masquait au regard provenant du chœur.

-Avant de poursuivre plus avant, il te faut revêtir ceci.

Le vétéran tendit à Gabriel une tunique d’un blanc immaculé, qu’il avait amené avec lui. Le novice retira sa bure brune, se saisit de la tunique confectionnée dans du lin d’une finesse remarquable, et la passa.

-Entrons à présent, novice.

La porte était basse, mais elle donnait accès à un couloir plus bas encore. Gabriel et Naaman durent se plier en deux pour entrer. Ils parcoururent ainsi une distance assez grande, et le chemin semblait descendre coudes après coudes jusqu’au centre du Roc. Après une bonne vingtaine de minutes de descente, Gabriel et son guide se trouvèrent devant une haute porte d’ébène, qu’ornait dans un ivoire poli l’épée ailée des Dark Angels. Naaman se retourna vers lui.

-C’est à ce seuil que débute ton initiation, un chemin qui te mènera ou bien à la phratrie des Frères de Bataille, ou bien aux bras de la Mort. Je serais ton guide et ton initiateur, ne parle pas, ne questionne pas, mais comprend et apprend si tu veux vivre. Ton avenir sera entre tes mains sitôt que tu auras franchi cette porte. Il est temps, Novice Gabriel, que tu pénètres la Confrérie des Dark Angels.

Et d’un puissant geste, il écarta les battants.

Un nouveau couloir s’ouvrait devant eux. Ils l’empruntèrent et débouchèrent rapidement de l’obscurité totale dans laquelle ils se trouvaient à une salle éclairée par des flambeaux. Sur les parois, des peintures murales dépeignaient des adversaires que Gabriel avait pour la plupart déjà combattu. Les torches projetaient leurs clartés et leurs ombres sur les fresques et leur donnaient vie en s’accrochant à leurs reliefs au gré des ondulations des flammes. Au centre de la salle, deux statues en armes figuraient Lion El’Johnson et son Père luttant côte à côte. A leurs pieds, un autel avait été élevé avec les crânes de toutes sortes de Xenos abattus par les Dark Angels au cours de leurs campagnes.

-Te voici dans la Salle du Xenos. Si l’Univers n’a été créé que pour fournir à l’Humanité un espace à conquérir et sur lequel régner, il existe pourtant à l’intérieur de ce pré carré le Xenos. Le Xenos peut avoir diverses formes et nombre d’aspects. Il peut avoir de nombreuses ressemblances avec l’Humain comme il peut n’en avoir aucune, il peut être doté d’une conscience développée comme il peut être une simple bête dénuée de toute espèce d’âme. Mais le Xenos est le Xenos car il sera toujours différent de l’Homme, et qu’il s’opposera constamment quoi qu’il fasse à la volonté de l’Humanité, à Sa Volonté. Le Xenos est une menace constante pour l’Homme, et il n’y aura pas de répit jusqu’à ce que sa race ait été anéantie à jamais. De sorte qu’il faut abhorrer le Xenos tant que celui-ci est en vie, et n’accepter jamais aucune compromission avec ces ennemis de l’Humanité. L’Astartes fut créé par l’Empereur pour délivrer l’Homme de la tutelle du Xenos, nous ne renierons jamais sa volonté.

Naaman marqua un temps d’arrêt.

-Lorsque les Dark Angels furent créés, ils furent les Frères-Aînés, les Prétoriens, et les premiers ils entamèrent la lutte au côté de leur Géniteur contre l’Extraterrestre. Toujours zélés dans l’accomplissement de cette tâche, ils libérèrent des centaines de mondes de leurs jougs, et même si à présent l’Empereur n’est plus parmi nous, dix mille ans d’histoire, de guerre et combats n’ont pas réussi à rompre le serment de ne jamais composer avec le Xenos. Au cours de ces dix mille ans de luttes, la défense de l’Humanité ne faillit pas mais elle exigea des sacrifices toujours plus grands et un tribut toujours plus lourd. Le Liber Honorificorum compile le nom de chacun des Frères tombés au combat, le Librarium renferme dans ses Saints Ouvrages la liste des hauts-faits accomplis par chaque Dark Angel au cours de son service. La liste des actes de bravoures et des actions d’éclat de chacun des Astartes du Chapitre couvre des parchemins entiers, et longue encore sera la liste de ceux qui viendront s’y ajouter.

Il marqua un nouveau temps d’arrêt.

-Cette guerre est affaire d’armes, de lames, d’obus, de bolts, de chars et de navires, de sang. Tout au long de ton service, il te faudra souffrir, peiner, il te faudra te sacrifier pour que règne l’Empereur et que survive l’Humanité. Es-tu prêt à faire ce sacrifice ?

-Oui, je jure devant l’Empereur que je suis prêt.

-Alors fais-le, dit Naaman en lui tendant un couteau.

Gabriel se saisit du couteau, et sans que le vétéran n’eut besoin de lui dire quoi que se fut, il s’entailla la paume droite au-dessus de l’autel de crâne avant de tendre la main devant le couple de statues, et de prononcer :

-Je fais sacrifice de mon sang, ô glorieux Empereur de l’Humanité, et je jure devant toi qu’une fois entré à ton service je ne reculerai pas si je devais le réitérer. Puisse mon sang couvrir le champ de bataille à mesure que j’accomplirais mon service et puisse-t-il se mélanger, chose infâme, avec celui de mon ennemi si je venais à faillir. O glorieux Empereur de l’Humanité, accepte le sacrifice que je t’offre.

-Bien. Suis-moi.

Gabriel suivit son guide sous une porte basse puis à travers un autre couloir, qui décrivit bientôt un coude à droite. Après quelques minutes de difficile progression, en raison de la faible hauteur du corridor, ils arrivèrent dans une seconde caverne, bien plus sombre que la première. Quelques torches brillaient d’un feu très pâle, illuminant mal les parois. Malgré tout, on pouvait distinguer des peintures représentant des formes abjectes, des humains à qui il avait poussé des membres tordus, informes, des protubérances hideuses, et qui arborait des visages grimaçants de douleur. La faible lueur les rendait plus atroces encore. Au centre de la caverne, un nouvel amoncellement de crânes se dressait au pied d’une autre statue de l’Empereur, d’une taille qui devait bien avoisiner les deux mètres cinquante. Elle dépassait Gabriel des épaules et de toute sa tête. Ses mais, tendues en avant, semblait le bénir de ses paumes tournées vers le sol.

Gabriel s’avança et inspecta les crânes. C’étaient des crânes humains, mais tous présentaient des déformations inexplicables, tantôt une bosse, tantôt un allongement de la boîte crânienne…

-Tu te trouves à présent dans la Caverne du Mutant. Le Mutant représente la dégénérescence de l’Humanité, l’anti-thèse parfaite de ce que l’Homme doit être. L’Empereur dans Sa sagesse a su montrer que la mutation est le Fléau de l’Humanité, car elle se répand, insidieuse, dans la multitude humaine, elle peut toucher n’importe qui, du plus humble citoyen impérial jusqu’au prêtre de l’Ecclésiarchie. Ceux qui en sont affectés ne méritent aucune pitié, car ils sont un chancre dans l’Humanité, un cancer qui le ronge de l’intérieur, et qui n’en aura aucune pour l’Imperium. La mutation est bien souvent un don du Chaos, mais pas toujours. Pourtant, le châtiment d’une telle corruption ne varie pas, il n’y a et il n’y aura jamais ni remord dans notre quête de la pureté, ni rémission pour leurs pêchés.

Naaman fit une courte pause, afin de laisser ses paroles pénétrer l’esprit de son novice.

-De tous les Chapitres de la Première Fondation, les Dark Angels possèdent le patrimoine génétique le plus pur. Jamais il n’a été question de mutations parmi nos Frères, et jamais il n’y en aura. Mais il faut se défier, car la mutation est pernicieuse, et peut infecter jusqu’aux Chapitres de l’Astartes. Des Loups de Fenris, jusqu’à la mystérieuse Fondation Perdue, en passant par la pâleur de la Raven Guard ou par le délire cybernétique des Iron Hands, tous démontrent une altération des gènes qu’ils reçurent du corps même de notre Père, et nous ne pouvons compter que sur nous-même.

Il laissa à nouveau un temps mort dans son discours, car il voulait que Gabriel saisisse bien l’importance d’une telle affirmation.

-Cette guerre ne peut se mener que par le fer et le feu. Nous devons trancher ce chancre immonde, l’inciser, puis le purifier par le feu pour être sûr qu’il ne pourra plus contaminer le genre humain. Mais l’acier pas plus que la flamme ne sont une arme utile sans le rempart que forme vertu et pureté. Car cette guerre dépasse le strict aspect matériel. Cette guerre est une guerre du corps contre la corruption, de la vertu et de la pureté de notre chair contre la dégénérescence hideuse de la mutation. Elle exige de nous un entretien constant, une surveillance de tous les instants, afin de former le plus sûr des boucliers, qui jamais ne cèdera face aux coups du Mutant. Te crois-tu assez pur et vertueux pour apporter leur châtiment à ces abominations ?

-Oui !

-Alors déshabille-toi, avance-toi sous les mains de l’Empereur et laisse-le juger de toi.

Gabriel ôta sa tunique, fit deux pas et vint se placer sous les paumes de la statue. Soudain, les yeux du colosse de pierre s’illuminèrent et deux jets d’une lumière iridescente en jaillir. Le fanal éblouissant vint se poser sur le novice, l’inspecta lentement de haut en bas, puis de bas en haut, s’accrochant à chaque parcelle de son corps, comme s’il cherchait à déceler la moindre chose qui n’eut pas sa place sur un Dark Angel. Au bout de quelques minutes d’examens, la lumière disparue et une voix d’outre-tombe, venue de l’intérieur de la statue, prononça d’une forte voix de basse :

-Je suis satisfait.

Gabriel chancela. L’examen malgré son apparente facilité l’avait laissé exsangue. Il dut mettre un genou au sol, et s’appuya sur ses deux mains afin de reprendre ses esprits. Après un court instant, ses sens se calmèrent et il reprit pleinement conscience du monde qui l’entourait. Cherchant de la main à tâtons sa tunique, il se releva et la repassa. Une fois rhabillé, il fixa Naaman, avec un regard qui exprimait qu’il était prêt à continuer. Celui de Naaman était aussi fermé et impassible que s’il avait été de marbre.

-Continuons, dit-il simplement.

Il ouvrit une mince trappe et entreprit de se glisser à l’intérieur. Il se laissa tomber, et disparu dans les ténèbres du puits. Sans hésiter, Gabriel l’y suivit. Il atterrit sur un sol rocailleux sans mal, mais chercha sans trouver le vétéran. Sentant un courant d’air frais lui parvenir à hauteur de genou, il s’approcha de la source et découvrit une ouverture dans le pan de roche qui lui faisait face. Compte tenu de l’exiguïté du lieu, c’était vraisemblablement par là que son guide était parti. A son tour, il s’allongea, et rampa le long du boyau. Le sol inégal le blessait et déchirait sa tunique en maints endroits, et ce ne fût qu’au prix d’une pénible reptation qu’il parvint enfin à une troisième salle.

La salle elle-même n’était guère élevée, pour ne pas dire basse de plafond. Elle se trouvait également être de faibles dimensions et de forme carrée. Sur le côté qui lui faisait face, devant une autre porte d’ébène portant elle aussi l’héradilque du Chapitre en ivoire poli, se tenait une forme encapuchonnée sous une large bure noire. On ne pouvait rien distinguer, à part qu’elle présentait une forme humaine. Sur les trois autres murs, crucifiés sur des poutres disposées en X, trois hommes ruisselant de sang pendaient à leurs clous, des rictus effroyables déformant leurs visages. Sur leurs crânes avait été tatoué la mention « Excommunicate : Extremis Diabolus » et un écriteau accroché à leurs cous portait l’inscription : « Hereticus Magnus ». Sur l’un d’eux, une scarification de l’abdomen figurait l’étoile à huit branches du Chaos. Au centre de la pièce, deux épées imitant en tous points celle des Dark Angels avait été fichées dans le sol.

Naaman sortit d’un recoin de la pièce, qui n’était éclairée que par un flambeau disposé derrière chaque croix, donnant à la salle un aspect infernal.

-Tu as fini par arriver dans la Crypte de l’Hérétique. Pour l’Imperium, il n’y a pas pire menace qui soit. Elle dépasse de loin celle conjuguée du Xenos et du Mutant. Car si le Xenos est une menace extérieure, si le Mutant nous dévore de l’intérieur, tous ont des caractéristiques qui les identifient, des traits qui les distinguent. Rien ne distingue l’Hérétique de l’Orthodoxe. L’Hérétique est la pire des tumeurs qui sclérosent l’Humanité. Son message pervers se diffuse à travers les masses et corrompt les esprits, et personne n’est à l’abri. Seule la foi la plus solide peut assurer un bouclier efficace face à cette menace. L’Hérétique profite de la moindre faille de l’armure du croyant pour s’y engouffrer et provoque ainsi la chute du plus fidèle et du plus pieux serviteur de l’Empereur. Défie-toi toujours de l’Hérétique, mais ne le craint pas, car la foi pure de l’Astartes est sa Némésis.

Comme à l’accoutumée, Naaman fit une pause.

-Cette guerre, à la différence des deux autres, a pour champ de bataille l’esprit. Seul l’esprit ferme, qui a su comprendre au plus juste et qui a fait sien les Saintes Doctrines de l’Empereur notre Père saura combattre sur ce terrain. Dans cette lutte à mort, il n’y a que la Foi qui est une arme efficace. L’hérétique bien souvent voudra te détourner par le syllogisme et le paradoxe de la Vérité du Dogme Impérial. Dans ces conditions, seule l’adhésion la plus pure et la plus profonde à la Foi, seule la compréhension exacte du Dogme sauront te sauver du piège que te tend l’Hérétique. L’Hérétique est légion et aussi longtemps que l’Homme sera, notre garde vigilante ne retombera jamais.

Une dernière pause.

-Mais le véritable combat contre l’Hérésie ne se joue pas entre deux Hommes, mais en chacun de nous. L’Hérétique existe parce qu’au plus profond de lui, il a été semé dans l’Homme les graines de l’Hérésie, et que ces graines ne demandent qu’à germer. De sorte que l’Hérésie peut faire chuter n’importe qui, jusqu’au Frère de l’Astartes. La puissance, l’orgueil, la curiosité, tous nos sentiments et nos sensations comportent leurs parts d’ombres. La limite entre bien et mal est ténue, et se passe bien souvent sans que l’on en ai conscience. C’est pourquoi la lutte est si acharnée. C’est un combat de tous les instants, que l’on ne peut mener que l’en se questionnant, qu’en cherchant des réponses, qu’en interrogeant les actes de l’Empereur et du Primarque, leurs déclarations et leurs volontés. Seule une parfaite connaissance de soi-même peut permettre d’avancer et de protéger l’Humanité de l’Hérésie. Il y a de cela dix millénaires, les gigantesques Legio Astartes partirent à l’assaut de la galaxie afin de libérer l’Humanité. Mais à force d’avancer, le doute, l’orgueil, la soif de puissance détournèrent la moitié des Légions de la Volonté de l’Empereur. Ils entreprirent d’exterminer leurs Frères et d’assassiner leur Père, sous la direction de son fils préféré, Horus. Après un combat apocalyptique, Horus eut l’orgueil dans sa folie de défier l’Empereur. Mais le Sauveur de l’Humanité l'abattit au prix du sacrifice de son corps, et se résolu à diriger l’Humanité par l’intermédiaire du Haut-Conseil. La part d’ombre qui nous hante tous avait pris le dessus sur celle de vertu de la moitié des Frères de Bataille, et a anéantit tout ce qu’ils représentaient, au point de renier le serment qu’ils avaient juré à leur Père. Te crois-tu capable de résister à cette part d’ombre ?

-Oui, je le crois.

-Alors prouve-le.

Naaman s’effaça, et aussitôt, l’être encapuchonné se saisit d’une des épées. D’un large mouvement, il fit décrire à la lame un arc de cercle qui eu tranché la tête de Gabriel si ce dernier ne s’était pas jeter à terre dans un roulé-boulé. D’un coup de pied, il détourna un second coup, puis il se jeta en avant et arracha la seconde arme du sol au passage. L’épée de son adversaire alla frapper le sol précisément à l’endroit où il s’était trouvé l’instant précédent. A présent qu’il possédait lui aussi une épée, le combat allait être bien plus rude pour l’ennemi, pensa-t-il. Il para un nouveau coup, passa sa lame sous celle de son adversaire et chercha à lui trancher les doigts, mais un mouvement de la garde dévia sa contre-attaque. L’autre chercha à enrouler son arme autour de celle de Gabriel afin de la lui faire sauter des mains, mais ce dernier suivit son mouvement et rompit le contact. Les duellistes s’écartèrent, seule leurs pointes restèrent au contact l’une de l’autre.

Gabriel observa son ennemi. Sous sa bure d’un noir de jais, il ne pouvait rien distinguer. Pas même ses mains… l’autre attaqua d’un revers. La lame fendit l’air et siffla quelques centimètres au-dessus de la tête de Gabriel qui avait plongé. Avant que l’autre ne portasse une nouvelle attaque, il se releva d’un bond tout en tournoyant magistralement, et la lame traça deux estafilades dans la bure qui recouvrait les bras. Il n’entendit même pas un cri de douleur. Il para une nouvelle fois, une autre, et encore une autre. Les lames s’entrechoquèrent, faisant jaillir des étincelles en tous sens. La passe fut longue mais stérile, chaque combattant stoppant les coups de l’autre avec brio.

Peu à peu, Gabriel se mit à ne plus faire qu’un avec son arme, à faire partie du combat comme s’il en ressentait les essences, saisissant chaque mouvement, chaque attaque, chaque parade, comme les fluides, les effluves d’un même mouvement. Il retrouvait les sensations que lui procuraient les duels à l’épée, et il sut que son adversaire était fini. Il anticipait toutes ses attaques, s’effaçant, parant, contre-attaquant au moment opportun, laissant l’adversaire s’essouffler en ne rencontrant que le vent dans ses offensives. Enfin, l’occasion de porter le coup décisif se présenta. Gabriel su quelle attaque allait porter l’ennemi avant même que ce dernier ne le sache, et comprit tout le parti qu’il pouvait en tirer. Il fit mine de parer le coup de taille de droite à gauche que voulut lui porter son opposant, mais passa avec la vitesse de l’éclair sous la garde de ce dernier, enroula l’épée en un battement de paupière et la fit sauter des mains de son ennemi. Surpris, ce dernier mit un temps à réagir que Gabriel exploita. Il le frappa d’un violent coup de pied dans la poitrine, et l’envoya rouler à terre. Il sauta sur lui, l’épée haute, avec l’intention d’en finir quand un cri éclata dans la salle.

-Stop !

Au commandement de Naaman, l’arme de Gabriel resta suspendue dans les airs, comme accrochée par un fil invisible.

-Cela suffit, Novice Gabriel.

Il lui fit signe de laisser se dégager son adversaire, qui se releva, inclina la tête devant lui et alla se ranger sur le côté, la tête toujours baissée. Naaman, lui, se planta devant la porte d’ébène.

-Tu as passé successivement les trois stades de ton Initiation, tu es devenu apte à devenir un véritable Frère de Bataille, un Initié. C’est aujourd’hui, Frère Gabriel, que tu intègres le Chapitre des Dark Angels. Bienvenu dans la Confrérie des Impardonnés, Frère.

Et d’un geste puissant, il écarta à la volée les deux battants de la porte. Un concert d’applaudissement et de félicitations éclata à l’instant même dans ce que Gabriel reconnu comme le Hall des Guerriers. Tous les Frères qui n’étaient pas en mission s’étaient rassemblés pour fêter son admission et acclamer le nouveau membre de leur phratrie.

Naaman se pencha vers lui afin que, malgré l’ouïe développée des Space Marines, Gabriel puisse comprendre ce qu’il avait à lui dire.

-Je suis fier de toi.

-MFT-
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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 09:47
Le chuintement caractéristique de l’air comprimé qui accompagnait l’ouverture de la soute d’un Arvus Lighter impérial se fit entendre à mesure que s’abaissait le plan incliné qui donnait accès à l’arrière du petit appareil. Avec hâte, Severian émergea de l’engin, qui lui était d’une aide inappréciable lorsqu’il fallait opérer dans la discrétion. Chose qu’un monstre comme le Thunderhawk ne pouvait évidemment pas permettre…

Il se dirigea tout de suite vers les portes du hangar 24, le dernier du pont d’envol du croiseur d’attaque Winged Vengeance. Mais alors qu’il n’avait pas encore parcouru la moitié du chemin, les portes s’ouvrirent et entra le Grand Maître Gabriel, Capitaine de le 3ème Compagnie de Combat. Severian sentit que le Winged Vengeance se mettait progressivement en mouvement.

-Heureux que vous soyez rentré, Frère Severian, fit Gabriel en le saluant. Je n’attendais que vous pour mettre la flotte en route.

-Vous avez bien fait, le temps presse plus que je ne le croyais. La rébellion sur Ana-Purna III est imminente et…

-Elle a déjà commencée, Frère-Chapelain. Nous avons capté un message télépathique lapidaire mais extrêmement préoccupant, qui est malheureusement resté inachevé. Le psyker semblait fou de désespoir et sans doute est-il mort à l’heure qu’il est. J’ai pris la décision de faire marche sitôt que vous seriez de retour.

-Ainsi donc je n’ai pas été assez rapide. Les choses s’engagent mal. Mon informateur est mort et ce sans pouvoir m’indiquer qui est à l’origine de ceci, où il se cache, et qui sont les collaborateurs du Déchu au sein de l’administration impériale. Nous allons devoir combattre à l’aveuglette et je n’aime pas ça du tout.

-Bah, nous sommes les Dark Angels… qui peut se prévaloir des ténèbres face à nous ? fit remarquer avec une pointe d’humour le capitaine.

Derrière son casque mortuaire, un sourire s’esquissa sur le visage du vieux Chapelain.

_____________________________________________

Les tirs pleuvaient sur la position du soldat Garneray. Il abrita sa tête derrière le mince parapet que lui procuraient les décombres du hangar C, qu’il était censé protéger. Une violente onde de choc lui arracha son casque et le laissa hagard pendant quelques minutes. Comme dans un rêve, il vit le deuxième classe Ricardo se faire arracher les jambes du tronc par l’explosion d’un obus de mortier, il vit le sergent Léopold se faire décapiter par un tir direct d’autocanon, il vit le lieutenant Grenn tenter de rallier ses hommes en agitant la bannière du 12ème RDP, auquel pendait encore le bras et l’épaule déchiquetée du sergent Gray, le porteur habituel de l’étendard. Le rêve tenait surtout du cauchemar.

Un violent barrage d’artillerie avait encadré sa position une heure plus tôt, quelques minutes après que l’alarme générale se fut déclenchée. Après une demie-heure, un ennemi inconnu épaulé par des tanks avait progressé vers eux, mais ce n’était pas ces assaillants-ci qui avaient décimé la compagnie, ce fût la compagnie du capitaine Stillman. Acculée, sa propre compagnie avait reflué sur les hangars A, B et C, d’où ils pouvaient encore commander la piste d’envol de l’unique astroport d’Ana-Purna III. Les deux autres îlots de résistance avaient succombé aux violents assauts de l’ennemi, et il ne restait plus grand monde dans le dernier pour résister avec efficacité. Garneray récita une prière à l’Empereur en tentant de se convaincre qu’il mourrait avec suffisamment de gloire pour prétendre à Sa pitié lorsqu’il se présenterait à Lui. Un fracas de fin du monde l’assourdit et Garneray présuma qu’il venait de mourir.

Dans cette espèce de torpeur, assommé par le choc sonore qui avait certainement mutilé ses tympans, il vit une grande forme verte sortir d’une gigantesque forme verte, et déverser un torrent de balles tout en poussant un cri affreusement rauque et métallique. Une troisième forme verte s’écrasa dans le mûr du bâtiment B et de nouveaux fantômes, de taille humaine ceux-ci, mais de couleur verte également, en émergèrent fugacement. Des éclairs et des flammes rapides trouaient la poussière soulevée par les combats, labouraient les murs et fauchaient les adversaires qui, l’instant d’avant, s’apprêtaient à déferler sur le soldat Garneray.

Celui-ci émergea difficilement, ses tympans sifflant avec horreur. Il réalisa que les très grandes formes étaient des Drop Pods, celle de taille moyenne, un des vénérables Dreadnought de l’Astartes, et celles de tailles humaines, dont quelques unes, chose étrange, portaient des robes blanches, étaient des Frères de Bataille. L’Elite de l’Imperium arrivait à sa rescousse. Garneray sut que l’Empereur l’avait exaucé.

Du haut de son Thunderawk, qui survolait le champ de bataille à très basse altitude, le Grand Maître Gabriel assistait à l’ensemble du combat. Après que plusieurs salves de missiles de son appareil aient détruit la majorité des chars ennemis, Gabriel jugea que le moment propice de son intervention était arrivé. Ses frères avaient établi un solide périmètre autour de la pointe adverse qui menaçait la piste, et l’artillerie lourde du bombardier avait réduit au silence les tourelles anti-aérienne tombées à l’ennemi.

-Transmettez l’ordre aux Thunderhawk en orbite d’entamer le débarquement du matériel de soutien.

Puis il se tourna vers Severian et l’escouade d’assaut du Sergent Saariel :

-Et maintenant, mes Frères, à nous de jouer ! Ramenons ces traîtres à la lumière de l’Empereur. Pas de pitié, pas de rémission : que pas un n’échappe à Sa juste vengeance.

Et, allumant son réacteur dorsal, il s’élança dans le vide.

Les traînées bleutées de la dizaine de réacteurs qui illuminaient le ciel étaient un spectacle prompt à remonter le moral des malheureux FDP qui, jusqu’à présent, s’étaient proprement fait tailler en pièce. Dans son casque résonna l’hymne de la Juste Dévotion que chantait Severian, puis, alors qu’ils approchaient du toit du hangar A, ce dernier entonna les Litanies de la Haine, qui furent reprises par tous.

Les trois-cent kilos qu’il pesait défoncèrent avec aisance le toit en tuiles noires du Hangar A. Gabriel se posa en plein milieu d’un groupe de rebelles. Ses réacteurs mirent le feu à plusieurs d’entre eux et ils s’allumèrent comme des torches en poussant d’horribles hurlements. Une odeur de chair brûlée se dégagea, et devant la scène l’un des opposants de Gabriel se mit à vomir à gros bouillon. D’un large revers du bras gauche, Gabriel faucha comme du blé mûr avec son pistolet bolter ceux qui avaient réchappés à la crémation.

Au loin il vit les grands arcs bleus électriques du Crozius Arcanum de Severian trancher avec une égale facilité les têtes, les bras, les torses, dans de grandes gerbes écarlates. Gabriel s’élança à son tour dans le carnage.

Il perfora d’un coup deux de ses adversaires, décapita un troisième opposant d’un revers, et foula du pied la bannière de compagnie des traîtres. Il aperçut dans la foule des fuyards la casquette d’un officier, et reconnut aux deux galons le capitaine qui les menait. Un rapide saut de réacteurs l’amena sur lui. Il suffit alors d’un moulinet pour faire sauter des mains l’arme crépitante d'étincelles que brandissait l’officier renégat, et il l’empala sur Absolution, sa propre épée énergétique.

La pagaille était à son comble, les soldats qui s’enfuyaient tentaient comme des fourmis de s’échapper par les portes, les brèches des murs, sans qu’il fut possible que tous puissent passer. Bon nombre périssaient broyés au sol, écrasés dans leur chute par la masse des autres. Ils furent décimés par Gabriel et ses hommes aussi bien au pistolet bolter que dans une furieuse mêlée. Une fois le hangar nettoyé, Gabriel jeta un œil au dehors. Les assaillants refluaient en désordre, poursuivis par les motos ou les Land Speeders de la Raven Wing, qui y faisaient un grand massacre. Certains étaient tout simplement démembrés par les bolts explosifs de différents calibres crachés par les bolters jumelés, les bolter lourds ou même les canons d’assaut. D’autres étaient hachés par les épées tronçonneuses des Frères de Bataille. Le carnage était indescriptible tant il était général. Là bas au loin, une boule de feu s’éleva dans une déflagration sonore, marquant la tombe d’un blindé que des anti-gravs équipés de Multi-fuseurs avaient pris en chasse.

-L’Astroport est sous contrôle, Frère Gabriel.

 Frère Bethor, le vétéran qui commandait son escouade de commandement, fit son rapport à travers le canal d’escouade. Bethor était l’un des membres les plus respecté du Chapitre depuis qu’il avait récupéré l’étendard de la Compagnie, submergé par une marée de genestealers sur Durganion XIII. Il avait de plus survécu à la très dure campagne de Piscina durant laquelle il s’était couvert d’honneurs, et Gabriel sentait toute l’immense fierté et le prestige qu’il y avait à servir à ses côtés, pour lui comme pour ses hommes.

-Très bien, excellent travail, Troisième Compagnie. Faites faire le relevé des pertes pendant que je prend contact avec le Damoclès.

-Bien Frère Gabriel.

Après quelques minutes, le relais stratégique et tactique du poste avancé de commandement que constituait le fort utile et fort précieux Damoclès lui donna des nouvelles de l’ensemble du front. Elles n’étaient pas bonnes. Les positions impériales avaient succombées sous les attaques venues à la fois de l’extérieur et de l’intérieur, et l’Administratum central même était menacé. Très localisée, très bien étudiée, l’opération menaçait de mettre rapidement hors de nuire le gouverneur et son conseil, ce qui revenait à remporter la victoire sur l’ensemble de la planète. Trop centralisée, la chaîne de commandement serait rompue dès les premiers engagements. Une fois ceci fait, les loyalistes ne pouvaient que déposer les armes ou mourir, ce qui probablement reviendrait au même. Isolés, sans instructions ni nouvelles, ils seraient coupés les uns des autres et exterminés successivement. Non, la situation n’était guère brillante. Le rapport des pertes était lui plus engageant : un mort, dix-huit blessés dont trois critiques, qui devaient d’urgence être ramenés au croiseur si l’on voulait qu’ils survivent. Les autres pouvaient continuer à se battre. Le vénérable Abannias avait été en partie handicapé par la surcharge de ses systèmes de visée, conséquence d’un mauvais tir de laser, mais il n’en avait pas moins écrasé ses adversaires sous son poing de combat. De toutes façons, disait-il, point n’est besoin de viseur sur un lance-flammes… A présent que Frère Harridan, le Techmarine, s’occupait de lui, il serait vite à nouveau opérationnel.

-Gabriel à Damoclès. Transmettez au Winged Vengeance l’ordre de téléporter nos deux escouades de la Première Compagnie en se calibrant sur la balise du Palais du Gouverneur. Ordre prioritaire, à exécuter d’urgence. Terminé, Frère Gamélion.

-Bien reçu, Frère.

Une fois ceci fait, Gabriel et l’escouade Saariel réintégrèrent leur Thunderhawk. Celui-ci repartit en direction du Palais, tandis que Severian prenait la tête de la colonne de secours, dont les rhinos fraîchement débarqués s’élancèrent à travers les décombres vers le même objectif.

-MFT-
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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 19:34
-Entre, novice Gabriel, entre donc.

Le sergent Naaman fit un signe de tête à l’un de ces petits êtres encapuchonnés qu’il était d’usage de désigner par le nom de « Ceux qui regardent dans les Ténèbres ». Celui-ci se tourna vers la porte et appuya sur l’un des boutons du boîtier qui la jouxtait, et fit signe à Gabriel d’approcher. Mal à l’aise, le novice s’exécuta. Le voyant du microphone vira subitement au vert et Gabriel articula d’une voix qu’il voulut la plus ferme et la plus assurée possible :

- Le novice Gabriel attend vos ordres, révéré Frère-Chapelain.

Pour toute réponse, le voyant s’éteignit mais un déclic se produisit, signe que le verrou magnétique qui scellait la porte était à présent retiré. Le petit être mystérieux s’avança alors et ses bras s’élevèrent pour écarter les doubles battants, puis s’effaça derrière l’un d’eux pour libérer le passage à Gabriel. Prenant son courage à deux mains, il s’avança d’un pas résolu à l’intérieur de l’office du vieux prêtre de la Mort qu’était le Chapelain-Investigateur Severian.

Le décor de la pièce était à la fois grandiose et sinistre. La pièce, quadrangulaire, était d’une taille modeste mais les quelques bougies qui l’éclairaient laissaient de larges espaces dans la pénombre, de sorte qu’il n’était pas évident de se faire une idée exacte de la longueur de cette dernière. Des angles, partaient quatre arcs d’ogive qui formaient une voûte gothique de haute taille, donnant à l’ensemble une certaine majesté. La clef de voûte, au centre de la croisée d’ogives, était sculptée d’une épée ailée brisée transperçant un crâne. Les encorbellements qui soutenaient les arcs étaient ornés eux aussi de crânes de pierre, que le jeu des lueurs tremblotantes des bougies semblait animer. Au fond de la pièce, un autel qu’encadraient deux cierges d’un imposant calibre était niché dans le mur. Une statue de l’Empereur et une autre du Primarque de la Légion, Lion El’Johnson, étaient installées sur un petit podium formé de quelques marches à l’intérieur de cette niche. Devant ce dernier, un coffret d’ébène était posé, aux fermoirs de nacre et dont les dorures ciselées renforçaient les arrêtes du coffret. A chaque angle, le symbole des Dark Angels était lui aussi ciselé dans l’or. Sur ce coffret reposait le casque du Chapelain, orné sur la face avant d’un crâne humain terrifiant. Gabriel comprit aussitôt que le véritable ouvrage d'art qu’était ce coffret contenait le Saint Crozius Arcanum, symbole suprême de la fonction d’un Chapelain.

Tout absorbé qu’il était par la contemplation de ce fascinant décor, Gabriel ne semblait plus appartenir à cet univers et ce fût le bruit sourd et métallique des portes que « Celui qui regarde dans les Ténèbres » referma derrière lui qui le ramena à la réalité. Aussitôt il se reprit et se mit au garde à vous devant le vénérable Astartes qui le scrutait, assis derrière son bureau.

- Voilà qui est mieux, fit ce dernier.

Gabriel ne sut dire si c’était un nouveau jeu d’ombre ou si c’était un vrai mais fugace sourire qui passa sur les lèvres de son supérieur.

Il l’observa. Le visage buriné, sombre, était couturé de multiples cicatrices. Il lui manquait une bonne partie du pavillon de l’oreille gauche. Sur son crâne, il distingua quatre petits clous d’argent qui brillaient à la lueur des bougies. Ces clous d’ancienneté représentaient autant de siècles au service du Chapitre. Severian en était un des membres parmi les plus vieux, et rares hormis les révérés Dreadnought étaient ceux qui pouvaient prétendre rivaliser avec lui.

- Approche, novice.

Gabriel fit deux pas en avant.

- Le temps de ton initiation arrive à grands pas, Novice. Cela te surprend, n’est-il pas ? Il n’est en effet certes pas d’usage de promouvoir aussi jeune un novice Frère de batailles du Chapitre. Tu n’as encore accompli que douze ans de service sur les vingt-cinq qui sont normalement fixés pour être déclaré aptes à l’initiation. Cependant, cependant … réfléchit-il, cependant le sergent instructeur Naaman ne tarit pas d’éloge sur toi, et tes états de service depuis ces douze ans sont sans commune mesure avec ceux auxquels nous ont habitués la plupart des novices depuis longtemps. Moi-même d’ailleurs, il y a de cela près de cinq siècles, n’avais, je crois, pas un dossier aussi flatteur.

L’éloge fit se gonfler d’orgueil le ventre de l’apprenti, mais il ne répondit rien, préférant ne pas briser le silence respectueux qu’il était d’usage d’observer lorsqu’un membre du clergé de l’Astartes s’adressait à vous.

- D’excellentes performances dans tous les types de combat, avec une prédilection marquée pour le combat à l’épée -ce qui est un signe manifeste de la volonté qu’expriment l’Empereur et notre Primarque quant à ta carrière au sein du Chapitre-, premier à tous les exercices théoriques et pratiques de tactique et de stratégie parmi l’ensemble de la Dixième Compagnie, et j’ai même ouï-dire que tu étais parvenu à vaincre ton éternel rival Séleucos au pancrace ce matin, ce dont je te félicite. Passons à présent ce tableau laudateur, et voyons tes qualités morales. Si j’examine ton dossier, j’y puis lire que le sergent Naaman te considère comme un excellent élément, faisant preuve de toutes les qualités requises pour devenir membre à part entière du Chapitre : de la volonté poussée jusqu’à l’obstination, de la ressource, une grande confiance en soi et tu sembles jouir d’une grande influence sur les novices de ton escouade. Il ajoute que tu as l’esprit particulièrement aiguisé et que tu assimiles très vite toutes les leçons qu’il vous enseigne. Mais as-tu la foi ?

- Frère-Chapelain, je crois indéfectiblement en la suprématie de l’Humanité sur le Xenos, L’Hérétique et le Mutant. L’Empereur notre Père nous guide à travers les Ténèbres, là où réside la guerre et le combat, pour que triomphe la race humaine et qu’elle règne comme de juste sur la Galaxie, et ce pour toujours. Je crois en notre Primarque comme en moi, il nous a transmis tout ce qu’il sait et a fait de nous ce que nous sommes, et il doit être vénéré pour un tel don de lui.

- Mais comprends-tu vraiment ce que cela signifie ?

- Je comprends qu’il n’existe pas d’autres missions qui ne soit dévolue aux Space Marines que de protéger l’Humanité de ses ennemis au péril de leur propre humanité, et que dans cette tâche, nous accomplissons la Volonté de l’Empereur. Qu’il est ainsi le guide et que quoiqu’il advienne cela procède de Lui. Je ne peux douter de ma tâche car j’ai été engendré pour apporter la mort à l’ennemi de l’Homme, ainsi qu’il en a été dès le début de la Grande Croisade, il y a de ça dix millénaires.

- C’est bien. Jusqu’à présent à mon service durant les offices tu t’es toujours montré assidu, zélé et dévoué. J’avais bien décelé que chez toi la foi est forte et que tu crois fermement à ce que tu fais. Vois-tu, il arrive parfois qu’une telle chose ne soit pas et il faut alors prendre des mesures sévères et rigoureuses, même lorsque cela exige la douleur du sacrifice. Ne t’es-tu jamais demandé qu'elles étaient ces choses ? fit-il en claquant du doigt.

Un serviteur, mi-homme, mi-machine sortit de la pénombre où il se tenait caché jusqu’à présent. Il s’avança jusqu’au Chapelain, qui lui intima l’ordre de s’avancer jusque Gabriel.

- Observe-le bien, ajouta-t-il.

Avec minutie, Gabriel détailla l’humanoïde. Il ne restait plus grand chose de proprement humain chez lui. Ses bras étaient renforcés d’éléments métalliques, des circuits intégrés étaient greffés à même la peau, de petites roues avaient remplacé les jambes, formant un train articulé et réversible. Un masque respiratoire emprisonnait le nez et la bouche du serviteur. S’étant attardé sur le visage, Gabriel tressaillit d’horreur. Devant ses yeux, il trouvait les traits mêmes du novice Baartiel, de la 4ème Escouade de Scouts. Il avait eu l’occasion de disputer contre lui un duel de tactique qui l’avait laissé exsangue malgré sa victoire. Lui aussi apparaissait comme l’un des meilleurs éléments de la Compagnie.

- Eh oui… Baartiel était prometteur mais je me suis aperçu qu’il ne croyait pas absolument en tout ce qu’il faisait durant mes offices, et que bien souvent ses prières résonnaient comme une chapelle vide et sans âme. Voilà ce qu’il advient à ceux qui n’ont pas la foi aussi solide que l’adamantine, aussi forte que le Dreadnought, aussi puissante que le bolt. Il est légitime qu’une telle vengeance soit prononcée à l’encontre de ceux qui ne respectent pas l’Empereur : ne pas croire en l’Empereur revient à ne pas croire à la Gloire et au Triomphe final de l’Humanité, et de tels individus n’ont pas le droit d’appartenir à la race humaine. Comme tu peux le voir, Baartiel n’a plus rien d’humain hormis la peau et quelques composants organiques. Sans âme, l’Humanité d’un Homme n’est plus. Comprends-tu cette leçon-ci, Novice Gabriel ?

- Que trop bien, révéré Chapelain. La vengeance de l’Empereur ne connaît ni répit ni limite, et peut prendre bien des formes, mais atteint toujours son but.

- Bien, bien, Novice, très bien même. Ta réponse est excellente et démontre combien les éloges de Naaman à ton sujet n’étaient pas volées. Comme tu l’as dit, la vengeance de l’Empereur est multi-forme et frappe quiconque s’écarte du chemin qu’Il a tracé. Elle exige parfois de nous des choses qui semblent contraires au dogme. Aussi faut-il toujours savoir que dire, que faire, et adapter aux circonstances cette vengeance sacrée. Le dogme nous enseigne que l’orgueil et le secret sont les sources de l’Hérésie. Conjugués, ces deux choses amènent la jalousie, l’hypocrisie qui conduisent au mensonge et la trahison, à la tentation et à la démesure. Saisis-tu le sens de mes paroles ?

- Oui frère-Chapelain.

- Pourtant n’est-il pas vrai que certains secrets ne doivent pas être révélés au faibles d’esprit ? N’est-il pas vrai que les horreurs issues du Warp rendraient fou n’importe quel esprit rationnel, ou le mènerait sur les sentiers multiples de la damnation en faisant miroiter à un esprit aux barrières mentales affaiblies la promesse de pouvoirs incroyables ? Aussi n’est-il pas juste de cacher certaines choses afin de protéger ceux que l’on doit aimé ? Si tu chéris l’Humanité autant que doit le faire tout vrai défenseur de l’Humanité, comprends-tu qu’il faut savoir lui cacher certaines choses ?

- Oui Frère-Chapelain.

- Bien. Comme tu peux le voir et sembles si bien le comprendre, le dogme impérial est bien plus complexe qu’il n’y paraît, et exige toujours plus de compréhension. Il est un guide mais c’est un guide à savoir interroger. Le saisis-u ?

- Oui Frère-Chapelain, prononça pour la troisième fois Gabriel.

- Qu’as-tu vu sur Ellébor ?

L’attaque était brutale et paraissait inattendue. Gabriel faillit tressaillir mais d’instinct il sut qu’il ne fallait surtout pas laisser transparaître un quelconque émoi en face d’une telle question, et posée par un tel personnage. Sa vie en dépendait, il le sentait. Néanmoins il ne put empêcher un frisson de lui parcourir l’échine l’espace d'un éclair. Ainsi, tout cet interrogatoire n’avait eu pour d’autres buts que de fixer le vieux Chapelain-Investigateur sur la question.

Gabriel ne savait pas quoi répondre. Qui était ce mystérieux personnage à l’armure noire dont il avait vu qu’il arborait la même héraldique que lui ? Pourquoi la Deathwing l’avait-elle attaqué lui et pas un autre, et puis pourquoi l’avait-elle capturé vivant ? Et surtout pourquoi avoir été téléportée aussitôt qu’elle l’eut pris, sans porter assistance en rien aux scouts qui sécurisaient avec difficulté la zone ? Evidemment cette question n’avait cessé de le tarauder et il sentait que le devoir aurait été d’en parler au moins à Naaman, sinon directement au Chapelain Severian, de qui il était apprécié. Le Chapelain était le guide des âmes et le responsable du bien-être spirituel de ses frères, aussi il eut été naturel de lui en parler, pour chasser le doute qu’avait distillé ces questions dans son esprit.

A présent qu’il en avait l’occasion et que Severian lui-même lui en intimait en réalité l’ordre, la raison apparente voulait qu’il la lui posa. Pourtant si jusqu’à présent il ne l’avait pas fait, c’était parce qu’au fond de lui Gabriel savait qu’il ne devait pas le faire. La conviction s’était lentement imposée que sa vie dépendait du fait, du simple fait, qu’il eut demandé une réponse. Et aujourd’hui que le problème demandait plus qu’une simple sensation de ce qui devait être fait, il devait procéder à un examen extrêmement rapide mais minutieux de ce qui l’avait poussé à ne pas le faire.

Pourquoi ce sentiment diffus qu’il fallait conserver ce secret ? Parce qu’il l’avait su d’instinct, c’est que sa nature elle-même l’y poussait. Aussi conséquemment, sa nature procédant des gênes même du Primarque et donc de l’Empereur en personne, il comprit que c’était d’eux que procédait ce sentiment, et qu’en obéissant à cet instinct il obéissait en fait à la volonté de ces derniers, le devoir vital de tout Astartes et de tout Dark Angel à plus forte raison. Azrael lui-même n’avait-il pas déclaré qu’en toutes choses, il fallait obéir aux préceptes du Lion ? N’avait-il pas dit qu’en cas de doutes il fallait puiser dans sa conduite, car il avait subit tout ce qu’un Dark Angel pouvait subir, il avait tout enduré et avait édicté alors des lignes de conduites ? Le nom même des Dark Angels n’était-il pas une affirmation de ce que le secret devait être gardé quoiqu’il arriva, que le secret était inhérent au service de l’Humanité ? Severian lui-même ne venait-il pas d’affirmer cette conviction que le mensonge n’est pas un mensonge mais un mal nécessaire à la survie de l’Humanité ? Indubitablement, Severian devait ici lui poser la question suprême qui clôturerait l’épreuve de cet interrogatoire, afin de savoir si le novice qu’il était avait absolument compri les leçons qu’il lui avait enseigné. Des leçons dont seule une perception absolument orthodoxe pouvait assurer le triomphe final de l’Humanité face à ses ennemis.

Ses réflexions traversèrent l’esprit de Gabriel en quelques secondes, comme si elles avaient elles aussi compris que la moindre impression d’hésitation seraient fatale au Novice qui les formulaient.

- J’ai vu la Mort faucher les Hérétiques que mes bolts désignaient, et le Courroux de l’Empereur s’abattre sur la tête des pêcheurs. J’ai vu l’œuvre de sa Vengeance s’accomplir et j’ai vu que j’en étais l’Instrument. Je l’ai vu aussi sur Cato Némodia, ainsi que sur Lamda 89-17, et sur tous les théâtres d’opération où Il m’a amené afin d’exercer pour Lui Sa justice. Je suis devenu Son bras séculier et j’ai vu ce bras séculier frapper encore, encore, et encore, sous toutes les formes possibles, jusqu’à ce que soient punis ceux qui se détournent de Sa lumière ou qui font obstacle à Sa volonté.

Severian le dévisagea alors longtemps, une, deux minutes peut être. Elles semblèrent des heures à Gabriel : sa mort ou sa vie dépendait de ce que les deux lèvres de son supérieur allaient prononcer dans quelques instants.

- C’est bien, mon garçon. Retires-toi à présent dans ta cellule, et médite profondément. Le Cercle intérieur et moi-même allons statufier sur ton cas. Va.

Le novice fit le signe de l’Aquila, se retourna et les battants de la double porte s’ouvrirent devant lui, sous la poussée de « Celui qui regarde dans les Ténèbres ». Il sortit, suivi du petit être, qui referma à nouveau la porte sur ses talons. Naaman n’était plus là.

En silence, Gabriel rabattit sa capuche sur son visage et prit la direction du quartier des novices…

-MFT-
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16 mars 2009 1 16 /03 /mars /2009 19:22


Le nuage de poussière retombait lentement. Dans le sable, étendu de tout son long, entièrement nu, un jeune novice se tenait la bouche. Dans un craquement sec, il remit en place son menton, puis, avec peine, il se releva. Il se tenait toujours la mâchoire et un gros flot de sang dégoulinait le long de sa paume.

- Veux-tu t’arrêter là, novice Gabriel ?

L’interpellé tourna la tête vers son instructeur.

- M’arrêter là ? Frère Naaman, vous n’y pensez pas ! Jamais !

- Bon, alors lâche ce menton, cette garde est ridicule.

- Oui Frère Sergent.

Gabriel fixa dans les yeux son adversaire. Le novice Séleucos avait toujours rivalisé avec lui depuis le début dans la course aux honneurs que suscitait parmi eux le sergent Naaman. Jusqu’à présent il s’était toujours révélé plus fort que Gabriel, mais la pénitence imposée à Séleucos après la mission sur Ellébor deux ans auparavant avait permis à Gabriel de prendre le commandement en second de l’escouade à sa place.

Et jusqu’à présent il n’avait jamais eu de reproches de la part de Naaman. Mais si ses aptitudes au commandement étaient indéniablement supérieures à Séleucos, celui-ci n’avait de cesse de le provoquer en combat singulier, comme pour sans cesse laver cet affront. La vérité forçait à reconnaître que les capacités physiques de Séleucos dépassaient celles de Gabriel, et c’était une vérité que Gabriel connaissait. Pourtant il n’en démordait pas, et ne laissait jamais aucune provocation impunie. Jusqu’à présent le sergent avait toujours arrêté le combat quand le sang commençait à couler un peu trop fort, mais c’était bien la première fois qu’il demandait son avis à Gabriel.

Goguenard, Séleucos se remit en garde et fit deux pas en avant. Gabriel reprit la sienne et fit un pas de côté. Les deux adversaires commencèrent à se tourner autour, s’invectivant tandis que chacun cherchait la faille de l’autre. Puis d’un coup, Séleucos se lança à l’attaque et envoya son poing en direction de l’estomac. Gabriel réagit vite et s’effaça, laissant passer le coup, en même temps qu’il envoyait son coude vers le nez de l’attaquant. Pourtant ce dernier para la contre attaque et dans le quart de seconde qui suivit balaya Gabriel de ses appuis. Ce dernier tomba une nouvelle fois lourdement sur le dos, et dans un réflexe roula sur le côté. Dans un grognement de dépit, Séleucos planta son coude dans le sol. Il se releva aussi vite qu’il pût mais ça ne fût pas assez car Gabriel profita de ce petit décalage pour envoyer son pied frapper son visage. Séleucos accompagna le coup mais retomba à terre. A son tour il se releva difficilement, le nez cassé.

- Salaud je vais te broyer !

Ses poings fendirent l’air mais ne rencontrèrent que le vide. Gabriel plongea et asséna un violent coup de tête dans le thorax de l’agresseur. Un uppercut alla le cueillir sous le menton, et un dernier coup de genou l’atteignit au bas ventre. Séleucos recula, visiblement surpris par l’opposition que lui soutenait son adversaire, et chercha un nouveau souffle. Gabriel se jeta sur lui. La proie était à présent sans défense, et c’était le moment de venger toutes les défaites qu’il avait enregistré jusqu’ici, toutes les frustrations de n’avoir jamais pu achever un combat. Son poing prit un élan magistral pour ce qui allait être le dernier choc.

Le coup s’écrasa dans la bouche de Séleucos, faisant voler des dents par morceaux ou bien entières. Ce dernier fût littéralement projeté pour atterrir lourdement un pas plus loin. Mais à la grande surprise de Gabriel Séleucos se releva avec une peine plus qu’évidente. Le temps qu’il comprenne qu’il n’avait pas encore vaincu, Gabriel fût à son tour renvoyé au tapis par un direct de Séleucos qui surprit par sa célérité jusqu’à Naaman, bien qu’il n’en fit rien paraître.

A terre, Gabriel ne trouvait plus la force de se relever. La bouche en sang, ce qui la lui noyait à moitié, un voile noir tombant sur ses yeux, il parvint à se remettre difficilement sur le dos et vit son adversaire sourire au coin, lever le poing pour frapper une dernière fois.

Dans un suprême effort il ramena ses jambes sous son menton et les détendit avec l’énergie du désespoir. L’impact fût terrible et démit la mâchoire de Séleucos, qui chercha en vain un appui et s’effondra. Puis Gabriel sombra dans l’inconscience.

___________________________________________________________________________________________

Lorsqu’il se réveilla, il eu tout d’abord du mal à s’orienter. Les derniers souvenirs qu’il avait étaient particulièrement douloureux, et d’ailleurs, il avait toujours aussi mal à la mâchoire que dans ses souvenirs. Ses yeux durent se réhabituer avec peine à la lumière crûe, qui se reflétait sur des dalles blanches sur les murs et le sol. Puis, il distingua des formes imprécises et il entreprit de se relever. L’une des formes se retourna vers lui et parût l’observer consciencieusement.

- Vous voilà revenu à vous, Novice Gabriel. Très bien. Je vais prévenir le sergent Naaman, il voulait vous parler aussitôt que vous seriez réveillé.

A la voix, Gabriel reconnu l’apothicaire Garveon. Du reste, ses yeux, d’abord meurtris par l’intensité de la luminosité, paraissaient s’en être accommodés à présent, et ils authentifièrent ce que sa voix avait deviné.

- Pourquoi voulait-il me voir, Frère Garveon ? parvint à articuler le novice malgré la douleur intense qui provenait de son maxillaire inférieure.

- Il vous le dira lui-même, novice, je n’ai pas à m’occuper de cela.

- Excusez-moi, Frère Garveon. Je suis aux ordres du Sergent et du Chapitre.

Il n’eût pas à attendre trop longtemps. Dix minutes plus tard, le sergent vétéran arrivait.

- Suis-moi, dit-il simplement. Et il lui présenta une robe de bure d’un blanc osseux.

Enfilant le vêtement, Gabriel prit garde de ne poser aucunes questions et il emboîta le pas à son mentor en silence. Toutefois elles étaient nombreuses à se presser dans sa tête. Allait-il recevoir une punition quelconque ? Pour quelles raisons, ça n’était certainement pour avoir assommé Séleucos ? Peut être un service qu’il avait négligé ? Pourtant il avait toujours été particulièrement attentif à les remplir. Il était d’ailleurs très apprécié du Chapelain Severian pour le zèle qu’il mettait à l’exécution de ces tâches, et l’aide qu’il était toujours prêt à fournir dans les cérémonies. Non, assurément, le vieux chapelain n’avait pas de raisons de lui en vouloir. Alors peut être n’avait-il pas satisfait au mieux son instructeur lors des derniers entraînements ? Pourtant il avait mis KO Séleucos, ça n’était pas rien ! Quant à ses exercices de tirs il n’était pas mal noté. Pas encore de quoi le faire entrer dans la 9ième Compagnie, mais enfin… Et il était major de sa promotion dans les cours et exercices de simulation stratégique et tactique. S’il devait recevoir une punition pour un exercice médiocre, il comprenait mal pour lequel… son point faible avait toujours été le pugilat et manifestement, il s’était honorablement sortit du dernier. Alors ?

Plus il avançait dans ses réflexions et dans les couloirs du Roc dans les pas de son Sergent, plus il ne pouvait s’empêcher de penser que cela avait peut être un rapport avec ce qu’il avait vu sur Ellébor. Qui était ce mystérieux personnage en armure noire et portant l’héraldique de son propre Chapitre ? Pourquoi les Terminators de la Death Wing s’étaient-ils téléportés aussi subitement après l’avoir capturé ? Et surtout pourquoi l’avoir capturé ? Les Dark Angels ne faisait d’habitude pas de prisonniers. Autant de questions qui étaient restées sans réponses. Gabriel avait sentit d’instinct qu’il est des choses que l’on ne doit pas révéler, et que celle-ci en faisait partie. Mais peut être que quelqu’un avait décelé qu’il savait quelque chose, mais qu’il refusait d’en parler. Peut être que finalement, le Chapelain Severian ne s’était intéressé de près à lui uniquement pour cela ? Subitement, le vieux révérend lui parût nettement moins sympathique. Gabriel n’avait jamais compris l’intérêt du terme « Investigateur » associé à celui de « Chapelain », mais à présent il commençait à envisager toute l’étendue d’un tel concept…

Perdu dans ses pensées, Gabriel ne reconnu pas ce chemin pourtant si familier dans le dédale de couloirs que constituait la gigantesque base sidérale. Il faillit presque rentrer dans son supérieur quand ce dernier s’arrêta devant une massive porte de chêne.

- Nous y voilà, novice Gabriel. Entre.

Gabriel prit soudainement conscience du trajet parcouru en fixant cette double porte dont chaque battant était frappé de la moitié de l’épée ailée des Dark Angels. C’était précisément la porte du Chapelain Severian…
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 15:15
« Grrrmbl, décidément, c’est une manie ! » maugréa Van Trier. « Ce foutu Chapelain est doué pour trouver des coins de rendez-vous complètement impossible. Bon, certes, faut reconnaître que dans le genre improbable, on fait pas mieux, et que c’est tout de même pas ici qu’on viendra nous déranger. Et d’ailleurs, c’est peut être pas plus mal ainsi » ajouta-t-il en frissonnant.

Il pénétrait à présent dans les couloirs d’une ancienne station d’épuration, désaffectée en raison d’une activité sismique trop dangereuse pour la pérennité des installations. C’était là le nouveau point de rendez-vous que lui avait fixé le Chapelain Severian.

« Tout de même, pour l’odeur, je préfère encore les hangars de l’autre fois. »

Il déboucha dans une vaste salle encombrée de débris en tous genres. De gigantesques bassins se dressaient dans le noir, et le rayon de lumière que projetait sa torche électrique ne parvenait guère à percer très loin son chemin dans cet encombrement. Au bout de dix minutes, il s’était tellement enfoncé dans ce véritable dédale qu’il se demanda s’il réussirait à faire le chemin inverse sans encombre. Un léger tintement de chaînes le fit sursauter. Il se retourna vif comme l’éclair, balayant les alentours de sa lampe. Sa main saisit la crosse de son pistolet laser.

« Je suis trop nerveux, se raisonna-t-il, un courant d’air et je m’affole comme une vierge. »

Cependant, s’il se remit en quête du point de rendez-vous, ce fût avec une anxiété croissante qu’il le chercha. Le Chapelain lui avait dit qu’il se trouvait une cuve dont un pan s’était effondré et qu’il l’attendrait là. Obligé de faire le tour de chaque cuve, Van Trier y perdait un temps fou et tout cela avait le don de l’énerver au plus haut point.

Soudain un bruit se fit entendre depuis la cuve sur sa gauche. Il dirigea dans cette direction le faisceau de sa torche et ne voyant rien, il fut pris d’un doute.

-Est-ce vous mon Seigneur ? appela-t-il

Pour toute réponse un éclair troua l’obscurité et la détonation déchira les tympans de Van Trier. Le projectile alla exploser sur un monceau de débris derrière lequel le contrebandier –réflexe suprême- avait plongé en flairant le piège.

« Pistolet bolter ! Il faut absolument que je sorte de là. »

Il éteignit sa torche, la rangea dans sa poche et rampa discrètement jusque sous une large tôle ondulée. Elle ne lui offrait qu’un abri précaire mais elle lui suffirait le temps qu’il fasse le point sur sa situation.

« De toute évidence le combat est inégal. Je ne sais pas si l’ennemi a les moyens de me voir dans le noir, je ne sais pas combien ils sont, mais ce qui est sûr c’est qu’ils sont dotés de pisto bolter, et ça c’est le pire. Par l’Enfer je n’ai pas été suivi, c’est donc Severian qui veut me supprimer ? Mais qu’est-ce que je lui ai fait ?? »

Il avisa un rayon de lune qui parvenait à peine à percer les nuages. Il passait par un éboulement du mur à l’étage supérieur.

« Voyons si je parviens à atteindre cet étage je suis sauvé. Le problème c’est que le seul accès est de l’autre côté de cette salle, et sans lumière jamais je n’y parviendrais. Sans compter les autres… quant à grimper, une chaîne ferait trop de bruit. Et je n’ai pas de cordes ! Tant pis tentons le tout pour le tout, il faut que je sorte d’ici. Si je longe le mur, je pourrais peut être parvenir à ne pas être remarqué. »

Avec prudence, il émergea de sous sa plaque de tôle. Il reprit ses reptations en entreprenant de se confondre au maximum avec les débris qu’il longeait. Au bout de vingt minutes, il avait enfin atteint le mur. Il se préparait à se relever quand il perçut à nouveau un bruit, sur sa droite cette fois. Il s’avança jusque sous une antique échelle de métal, qui menait à une cuve. Toujours allongé, il distingua une forme humaine qui semblait chercher avec méthode tout autour de lui.

« S’il me trouve, je suis mort ».

Plus l’homme avançait, plus il pouvait le détailler, et il s’aperçut –ô combien avec bonheur- que ce dernier ne portait pas d’armure. Mais dans cinq minutes, il serait sur lui, et là… Il n’osait pas dégainer son pistolet laser, le tir aurait ameuté le reste de la bande –il était indubitable que l’homme n’était pas seul-. Van Trier dégagea son couteau de sa gaine, à l’intérieur de sa botte. C’était son plus fidèle allié en cas de coup dur et il allait probablement lui filer un nouveau coup de main appréciable.

L’homme s’était à nouveau approché, il n’était plus qu’à un mètre de lui, et fouillait le noir du côté opposé au contrebandier. Ce dernier n’hésita pas. Empoignant un caillou, il le lança avec force derrière l’adversaire. Le bruit attira inévitablement son attention, et cette seconde lui fut fatale. Van Trier surgit de sa cachette, bâillonna de la main gauche l’ennemi et l’égorgea aussitôt sans pitié. Le râle de l’homme fut à peine perceptible. Une fois, deux fois, Van Trier frappa au cœur, puis il étendit le cadavre au sol avec douceur, afin de ne pas faire le moindre bruit.

« Et maintenant camarade, voyons voir la gueule que tu as ! »

Il traîna le corps dans un rayon de lune et retint avec peine un haut-le-coeur. Il venait de tuer son meilleur lieutenant.

« Damned ça se corse. Si même mes gars sont contre moi, me voilà mal barré. Ceci explique pourquoi je n’étais pas seul, mais ça n’explique pas pour qui ils travaillaient. Pour eux, pour les rebelles ou pour les Dark Angels ?»

Il mit son ancien bras droit à l’abri des regards et commença à le fouiller. Dans une des poches il mit la main sur une solide liasse de billets. « Des crédits d’Ana-Purna III, du futur gouvernement provisoire. De la monnaie de singe… Mais ça veut dire deux choses : 1_que ce sont les rebelles qui se méfiaient de moi, et 2_que le soulèvement est bien plus proche que je ne le pensais, si l’on veut me supprimer et que l’on paye mes assassins avec une monnaie qui n’a pas encore cour. » Il récupéra le pistolet bolter du mort, et coup de chance inouïe, une corde munie d’un grappin court, mais extrêmement solide.

Avec ce nouvel atout, il avait une chance supplémentaire de s’en tirer. Les cuves étaient si hautes qu’elles couvraient presque toute la vue sur la balustrade du premier étage, si l’on regardait depuis le sol. De sorte qu’il n’y aurait qu’un moment critique, et très court, où l’on pourrait le surprendre. Il reprit sa progression vers la faille qu’il avait aperçu, et une fois arrivé d’aplomb sous elle, vérifia que personne ne pouvait le surprendre durant son ascension. Un cri s’éleva quelque part entre les cuves. On venait de découvrir le cadavre. Aussitôt un tumulte se fit entendre.

« C’est inespéré ! Vite allons-y ! »

Il lança son grappin qui s’accrocha avec un petit tintement au plancher de treillis métallique. Van Trier se prit à prier pour que la ruine supporta son poids…

Il tira légèrement pour assurer sa prise, puis d’une traction des bras, il s’arracha du sol. Jamais il n’avait grimpé aussi vite. Après quelques instants dans les airs, il aborda le moment crucial ou il allait devoir émerger de la protection des cuves. Il devait faire vite et il le savait, mais la chance (ou l’Empereur, se surprit-il à penser à nouveau) devait clairement le favoriser à présent : l’espace entre le plancher et la plus basse des barres métalliques qui composaient la balustrade était suffisant pour qu’il puisse rouler par dessous, ce qui réduisait encore les chances d’être aperçu.

« Plus qu’un dernier effort et je les plante ! »

Une dernière traction et il posa enfin la main sur le métal du treillis, lorsqu’une détonation assourdissante claqua et tout son dos explosa à l’impact du bolt explosif. Avec un horrible hurlement il lâcha prise et s’écrasa au sol. Il mourut avant même de le toucher, sa vie s’exfiltrant par le trou béant qui avait remplacé sa cage thoracique.

Le cri résonna à travers toute la salle, rebondissant sur les cuves, courant le long des murs, ricochant contre les poutrelles métalliques. Au dehors, le Chapelain Severian ne manqua pas de l’entendre.

« Holà ! Mais c’est qu’on s’entretue là-dedans ! »

Il saisit son pistolet bolter fermement dans sa main gauche, retira la sécurité de l’arme, et enclencha le champ énergétique de son Crozius Arcanum. Il se précipita contre le mur extérieur de la grande salle d’où était parvenu le son, et l’enfonça d’un coup d’épaule. Le grondement de l’éboulement provoqua des cris de stupeur à l’intérieur.

Severian bascula son casque en mode de vision nocturne maximale, et entreprit de se frayer un passage à travers les cuves en les démolissant toutes. Il émergea soudain au centre d’une cuve devant deux humains apeurés. Ils levèrent vers lui leurs pistolets bolter mais il les abattit tous deux d’une rafale courte avant qu’ils ne puissent appuyés sur la gâchette. Quelqu’un cria « On se replie ! » dans une direction qui semblait être droit devant lui. Severian reprit sa course à travers les parois.

Lorsqu’il parvint au mur d’en face il découvrit le corps déchiqueté de Van Trier, à terre. L’ennemi qui l’avait abattu n’avait pas eu le temps de lui faire les poches avec toute cette pagaille. Severian se pencha sur le cadavre. Il trouva à son tour la liasse de billets, et demeura perplexe. Que pouvait-elle signifier ? Il inspecta la blessure et retira quelques éclats de bolts. Il les rangea dans une de ses sacoches, en se disant que cela pouvait être utile. Puis il regagna la cuve où il avait tué deux des adversaires de Van Trier. A leur tour, il leur fit les poches, et trouva à nouveau les billets, de cette monnaie inconnue qui n’avait pas cour. Comment se faisait-il qu’il puisse trouver ces liasses dans les poches d’adversaires mutuels. Une tentative de coup de force au sein de la bande de Van Trier ? Pourquoi pas, le milieu de la contrebande est tellement instable !

Par hasard il découvrit non loin le lieutenant que Van Trier avait égorgé. Severian comprit que c’était l’Empereur qui avait guidé ses pas. Il avait remarqué le couteau ensanglanté que son informateur avait passé dans sa ceinture, et les blessures du mort étendu devant lui indiquait que c’était l’homme dont le sang se trouvait sur la lame.

« Voyons si je fouille cet homme, peut être y trouverais-je quelque chose ? »

Paradoxalement il n’y trouva rien, mais cela ne le surprit pas.

« Voilà comment on peut se représenter les choses : Van Trier tombe dans un guet-apen, tue ce bonhomme et garde comme preuve l’argent que ce dernier avait reçu pour l’assassiner, et que j’ai trouvé en sommes moins importantes sur les deux autres, ce qui indique un lien de hiérarchie. Alors qu’il allait réussir à s’en sortir, Van Trier se fait à son tour tuer. Je surviens et tout le monde s’enfuit. Mais pourquoi cette monnaie qui ne ressemble à aucune en vigueur dans l’Imperium ? S’il s’agissait d’un putsch, il est probable que les crédits auraient été Impériaux, ou au moins reconnu par l’Imperium. Or il n’en est rien. Cela voudrait dire que le coup a été téléguidé par quelqu’un d’autre. Pourquoi assassiner l’homme qui vous fournit votre matériel alors que vous en avez besoin ? Parce que justement vous n’en avez plus besoin, et que vous avez bien l’intention de récupérer ses bénéfices. Cela prouve que la rébellion approche et cette monnaie de singe est une preuve de plus puisqu’elle montre qu’ils ont foi en leur victoire prochaine. Damnation ! Je n’ai même pas le nom de l’endroit où se trouve leur quartier général, ni même celui des traîtres au sein du gouvernement que Van Trier me promettait pour ce soir. »

Avec hâte, le vieux Chapelain défonça le dernier mur et s’enfonça dans la nuit, afin de rejoindre Gabriel et la 3ème Compagnie en orbite, dissimulés aux scanners par la masse de la cinquième planète du système d’Ana-Purna.

-MFT-
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 15:04
- Escouade Naaman, faites mouvement vers le point Gamma, secteur E17

- Bien reçu, frère Belial, en mouvement vers les coordonnées.

Naaman se retourna vers son escouade. Les novices attendaient avec plus ou moins d’impatience. Pour certains c’étaient la première mission. La nervosité en gagnait plus d’un.

- Frère Séleucos, prenez le commandement de la seconde escouade de combat. Vous marcherez 350m à gauche de notre colonne. On avance en se couvrant mutuellement. Prévenez au moindre contact. Pour le Lion !

Ellébor était une planète au climat aride et à la végétation pour ainsi dire inexistante. Des déserts s’étendaient à perte de vue et les températures à l’équateur atteignaient des pics tels qu’il n’était pas possible de se déplacer ou de combattre à pied. Seuls les pôles étaient tempérés et leur contrôle était primordiaux car la seule agriculture de la planète s’y concentrait. La population, qui avoisinait les trente millions, était essentiellement composée de mineurs dont les habitations troglodytes se répartissaient un peu partout le long des boyaux de mines. Ils extrayaient des métaux rares aux propriétés très intéressantes, qui entraient dans la composition des blindages des navires de la flotte impériale dans tout le secteur.

Récemment, ce monde avait été détourné de la lumière de l’Empereur, sans que l’on sache exactement pourquoi. Les Dark Angels avaient dépêché la 3ème Compagnie ainsi que deux escouades de la Deathwing et les escadrons 4 et 8 de la Ravenwing. Le cercle intérieur soupçonnait l’action subversive d’un déchu dans cette histoire, mais ça, Naaman seul dans son escouade le savait.

L’unité reprit sa progression. Elle recherchait les avants postes bien dissimulés qu’avait installé l’adversaire pour défendre l’entrée des boyaux. Le but de l’escouade était d’attirer l’ennemi en faisant le plus de dégâts ou de bruit qu’elle pouvait, de sorte que le reste de la Compagnie puisse lancer l’attaque principale. Les reconnaissances de la Raven Wing avaient indiquées que les puits d’accès étaient fermement défendus, et les rapports confidentiels indiquaient que le schéma de fortification était celui de l’Astartes. Une preuve de plus en faveur des suspicions du Cercle.

- Ici Frère Séleucos, Sergent. Nous sommes en face des fortifications. Elles ont l’air solides et…oh ! Contact ! Contact !

Et aussitôt une fusillade éclata.

- En avant, frères novices ! Portons-leurs secours !

Les 5 scouts s’élancèrent à l’attaque vers la position de Séleucos. La main droite fermement refermée sur la poignée de son couteau de combat, la main gauche tenant à bout de bras son pistolet bolter, Gabriel suivait le sergent dans sa charge. Des cris, des grognements lui parvenaient.

Brusquement il sauta un mamelon et il se retrouva dans la mêlée. Plusieurs corps gisaient déjà au sol. Le sang avait maculé la terre sableuse. Mais il n’avait pas le temps de s’en occuper. Il tira une rafale de bolts qui éventra deux ennemis, et se jeta sur un troisième. Il lui fit passer les trois quarts de sa lame au travers du thorax, puis la retira dans un gros bouillonnement de sang. L’épée tronçonneuse du sergent éviscérait littéralement son adversaire. Trois autres avaient été réduits en charpie par les dents acérées de son arme. En quelques petites minutes le combat prit fin.

- Bravo pour la discrétion, Frère Séleucos !

- Je suis désolé Sergent. Laissez moi me repentir.

- Vous vous flagellerez deux fois dix fois quand nous serons rentré. Dans l’immédiat, tâchez de faire amende honorable ou votre punition sera plus sévère. Notre effet de surprise est irrémédiablement gâché à présent. Bon, venez avec moi nous allons observer cette position.

Gabriel quant à lui se laissa plutôt aller à observer les cadavres. C’étaient des humains, semblables à ceux qui peuplaient l’Imperium. Il n’y avait pas trace de mutation démoniaque ou encore de rituels impies sur eux. En somme, de banals citoyens impériaux. A cette différence près qu’ils avaient pris les armes contre les représentants de l’autorité impériale. Qu’est-ce qui avait bien pût motiver une telle conduite ? Ils devaient pourtant savoir que l’on ne pouvait défier l’Empereur impunément ?

Le sergent revint au bout de quelques instants.

- Frères, le plan est simple. Avec tout ce râfus, ils ont doublés la garde. Quelque part, nous avons déjà atteint une part de notre objectif. Il y a deux entrées pour un même boyau, et elles sont bien gardées. Séleucos : avec votre section, déployez vous sur une large superficie, et faites tirer vos fusils de sniper au coup par coup. Il faut qu’ils pissent dans leur froc à l’idée de ne pointer qu’un seul orteil. Gardez le bolter lourd, et n’ouvrez le feu qu’à mon signal. Ma section avec moi. Nous allons contourner et atteindre l’autre entrée. Pendant qu’ils seront occupés à se camoufler du mieux qu’ils pourront nous n’aurons aucun mal à atteindre les bâtiments et les nids d’armes lourdes. A ce stade nous faisons tout sauter, sauf le bâtiment qui porte une antenne. Celui là il me le faut entier, et son personnel vivant. Nous nous en servirons comme appât. Tout le monde a bien compris ?

Tous les novices acquiescèrent de la tête.

- Très bien. En position !

Après quelques minutes de progression, les premiers cris d’alarme se firent entendre. Les snipers de l’escouade avaient commencé leur boulot.

Ils atteignirent bientôt les collines rocheuses qui enserraient la seconde entrée. Quelques mitrailleuses et un autocanon étaient dispersés sur le terrain, abrités derrière des sacs de sable. Une ou deux courtes tranchées reliaient les principaux éléments avancés. Un bâtiment bas sur l’horizon laissait dépasser la gueule caractéristique d’un canon laser. Rien ne dépassait, et pour cause, le tir de suppression de la 1ère escouade de scouts était connu pour être le plus efficace de la dixième Compagnie.

- Tancred, Ellien, Olèbéel, vous prenez à droite. Faites moi sauter ces deux mitrailleuses et nettoyez la première tranchée. Vous balancerez des grenades sur la troisième. Nous progresserons Gabriel et moi sur le sommet opposé et élimineront la mitrailleuse supérieure, et nous prendrons à revers l’autocanon. Une fois ceci fait je jetterai une grenade dans l’embrasure du bunker, et le bâtiment de transmission sera à nous. Attendez que le pot fumigène démarre pour attaquer. Frère Séleucos, ajouta-t-il en prenant la liaison radio, votre bolter lourd a ordre de descendre tous ceux qui voudraient jouer les héros en face, compris ?

- Compris frère sergent.

Naaman et Gabriel reprirent leurs reptations. Parvenu à mi chemin, de façon à ce que les trois scouts se trouvent en face de lui, il laissa tomber une grenade fumigène, puis reprit son mouvement. Quelques instants plus tard, le fumigène se déclencha. Aussitôt des tirs et des explosions retentirent en contrebat. L’attaque avait commencé. Devant eux, plusieurs détonations sèches se firent entendrent. Naaman se déploya comme un diable hors de sa boîte, et envoya une grenade à fragmentation au beau milieu des servants. Ils n’eurent même pas le temps de crier…

- A l’assaut maintenant ! Pour l’Empereur !

Naaman et Gabriel se ruèrent en avant. Quelques mètres seulement les séparaient du carnage. Gabriel jeta un coup d’œil en contrebas. Les deux premières mitrailleuses fumaient déjà, et un féroce corps-à-corps se déroulait dans les tranchées.

- Regarde, Novice, l'Empereur lui-même nous sert !

Gabriel répondit à l’appel de son supérieur. Il lui désignait la mitrailleuse. La grenade, si elle avait déchiqueté les servants, avait semblait-il laissé l’arme en bonne état. Un véritable coup de chance !

- Sers-t-en pour me démolir les servants de l’autocanon en bas. Ils ne doivent pas répliqués. Moi je vais définitivement faire taire ce laser.

Gabriel empoigna l’arme et épaula. La première rafale suffit à abattre les deux pauvres types. Il se mit alors à tirer sur les tranchées adverses. De l’autre côté du cirque de pierre, le bolter lourd s’était mis à aboyer. Sans doute des renforts arrivaient-ils par la porte principale. Une déflagration sourde retentit.

- Gabriel ! l’appella Naaman par le micro, prends la mitrailleuse et installe toi en face de la seconde porte. Il est probable que l’on reçoive sous peu de la visite.

En effet quelques minutes plus tard apparurent quelques soldats, qu’une ou deux rafales firent refluer en précipitation. Un téméraire sortit en courant un slalom mais une balle l’atteignit et il s’effondra de tout son long. Dans les tranchées les tirs fusaient toujours, et, chose amusante, l’ennemi semblait se tirer lui-même dessus. Soudain une forme noire émergea du tunnel. Avec lui sortirent plusieurs soldats qui s’égaillèrent comme des moineaux. Pourtant Gabriel ne tirait pas.

Cette forme noire portait une armure énergétique. Et pire encore, elle portait l’héraldique des Dark Angels. Quelque chose ne tournait pas rond.

- Novice Gabriel, ouvrez le feu ! Par l’Empereur qu’est-ce que tu attends !

La voie pressante et l’ordre impératif au plus haut degré le tirèrent de sa surprise. Il pressa la détente et envoya rouler au sol deux ennemis de plus. Lorsque tout à coup …

Un crépitement d’énergie satura l’air quelques instants et cinq formes blanches apparurent. La Deathwing !

Les Terminators se lancèrent à l’assaut de la garde rapprochée du sacrilège en armure énergétique. Le canon d’assaut en réduisit plus d’un en passoire, et les griffes éclairs entrèrent en action. Elles déchirèrent les malheureux humains avec une aisance affolante. Les quelques survivants battirent en retraite, mais leur chef eût la jambe droite perforée par les griffes d’un des Astartes. Il roula au sol, chercha à se débattre, mais un revers l’assomma purement et simplement. Ils l’empoignèrent ferment, et un halo électrique d’un bleu très pâle les enveloppa. La seconde suivante ils n’étaient plus là.

- Mission accomplie, fit savoir Naaman. On reste sur la position jusqu’à ce que Maître Belial nous en donne l’ordre.

-MFT-
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 14:58

- Vos informations sont-elles tout à fait fiables, Frère Severian ?

- Certaines, Frère Azrael. Cet informateur ne m’a jamais trompé et j’ai suffisamment barre sur lui pour qu’il ne lui prenne pas l’envie d’essayer.

- Alors s’il y a un déchu sur Ana-Purna III nous devons le capturer. Et cette histoire de sédition est un prétexte tout trouvé. Nous allons envoyer un contingent qui aura pour mission de croiser à quelques distances, et d’attendre que des troubles ne se déclenchent. Une fois le SOS lancé, ce qui ne manquera pas d’arriver compte tenu de l’état d’avancement du complot, nous serons les premiers à intervenir. Si nous agissons vite, nous pouvons enrayer la crise tout en capturant le traître avant que d’autres renforts n’arrivent.

Le regard d’Azrael se promena le long du conseil restreint que formait le Cercle Intérieur. Chaque commandant d’unité qui n’était pas en service, ainsi que les chapelains des différentes compagnies et les sergents de la Ravenwing et de la Deathwing qui n’étaient pas engagés avaient étés convoqués par ses soins. Ils avaient à délibérer au plus vite sur ce qu’il convenait de faire à présent.

Le Grand Maître Caius Pertinax prit la parole :

- Nous devrions envoyer la 3ème unité d’assaut. C’est la plus rapide à déployer et pour cause ! Nous sommes, je crois, les plus à même à régler cette affaire avant que d’autres forces impériales ne débarquent. Le Pax Armata peut être prêt sous deux heures.

- Non point ! répliqua Severian. Cela n’est pas l’emploi de votre unité Frère Pertinax. Votre tâche est d’effacer les soupçons qui pèsent sur le Chapitre, pas de chasser nos renégats. Nous devons envoyer quelqu’un d’autre !

- En tant que membre du Cercle Intérieur et que Grand Maître Dark Angel, ce rôle m’incombe tout autant que n’importe lequel d’entre nous ! L’unité d’assaut planétaire est la plus désignée pour ce rôle, et même si tous ici vous connaissez ma propre conception de notre rédemption, je ne vois pas pour quelles raisons je ne serai pas apte à remplir cette mission.

- Parce qu’en dépit de vos indéniables capacités en matière militaire, vous seriez plus utile ailleurs. Et je ne sais pas si cette « conception divergente » n’influencera pas un tant soit peu le zèle que vous pourriez mettre à l’accomplissement de votre mission !

- Vous mettriez en doute ma loyauté envers le Chapitre, frère Severian ?

- Il suffit Frère ! tonna Azrael. Grand Maître Pertinax, le Frère Severian araison en disant que cela n’est pas votre rôle. Même si je sais que votre loyauté est sans faille, la vocation des unités d’assaut planétaire n’est pas la traque de nos anciens frères. Qu’arriverait-il si un conflit à grande échelle requérrait l’intervention de votre unité ? Non, me passer de vos services serait une bêtise. D’autant que chasser un déchu et mâter une rébellion avec d'aussi gros moyens sur un système mineur tel que celui-ci reviendrait à chasser un moustique avec un marteau. Et j'ajoute que tous les rapports se font de plus en alarmants dans ce secteur. Il semble qu’Abbadon prépare une 13ème Croisade noire et j’ai la ferme intention de ne pas disperser nos forces inconsidérément. Aussi…

Le Grand Maître Suprême se tourna vers le capitaine Gabriel, tout jeune nouveau maître de la 3ème Compagnie de Combat.


- Aussi le Capitaine Gabriel mènera-t-il un petit contingent de sa Compagnie remplir cette mission. Elle ne demande pas d’effectifs disproportionnés, et sera un excellent moyen de mettre à l’épreuve ce commandement fraîchement conquis. Vous recevrez libre accès à l’arsenal du Chapitre, et en outre, la 3ème escouade de la Deathwing et les escadrons 6 et 7 de la Ravenwing vous serons affectés. Vous prendrez le croiseur traditionnellement affecté à la Compagnie, ainsi que deux escorteurs. Votre contingent doit être prêt dans trois heures.

- Il sera fait selon vos ordres, Frère Azrael, répondit le jeune Maître.

- Frère Severian, il va sans dire que vous prendrez l’office de Chapelain et accompagnerez Frère Gabriel dans cette mission.

- Bien, Frère Azrael.

- La séance est levée !

-MFT-

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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 14:43
A la lueur tremblotante de quelques cierges, neuf novices s’étaient réunis en demi-cercle autour de leur sergent. L’impatience le disputait chez nombre d’entre eux à la nervosité. Demain serait leur premier combat. Gabriel attendait avec anxiété ce moment. Celui où il se retrouverait au pied du mur, celui où à tout moment sa vie pouvait s’arrêter, une balle funeste logée dans le thorax. S’il avait été un bon élève dans les salles d’entraînement du Roc, s’il avait défait à la lutte preque tous ses adversaires (il n'avait échouer que contre son pire rival, Séleucos, en finale) lors du petit concours organisé pendant leur voyage à travers le Warp, ce ne serait que demain qu’il saurait s’il avait vraiment réussi.

Massés devant leur instructeur, ils buvaient littéralement ses paroles. C’était un vétéran, un des héros du Chapitre, mais il avait préféré conserver son armure scout plutôt que d’endosser une des prestigieuses robe de bure blanche ou une des plus vénérables armures terminator. Transmettre son expérience était, disait-il, ce qu’il pouvait faire de plus utile au service du Lion. Il était respecté pour cette humilité autant que pour ses actes d’un courage et d’une ténacité qui confinait avec la folie pure. Le sergent Naaman était réellement un grand serviteur de l’Imperium.

Sur son visage couturé, les chandelles mettaient en relief les profondes cicatrices qui avaient marquées sa figure comme autant de témoignages de ses années de service au sein du Chapitre. Il avait parcouru la galaxie en long en large et en travers, et avait gagné maintes fois le droit de figurer au sein du Livre des Exploits. Il avait combattu tous les ennemis qui menaçaient l’Imperium, et son expérience en était inestimable. Gabriel avait eu beaucoup de chance d’être affecté à son unité.

Présentement, il venait d’achever de donner les derniers conseils à son unité. Ses nouveaux novices allaient connaître le baptême du feu demain et il voulait qu’ils soient à la hauteur.

- Laissez moi maintenant vous conter une histoire, mes garçons. C’était il y a fort longtemps à présent. Un temps où les armures de nos frères de la Deathwing étaient noires. Un temps où l’homme commençait seulement à connaître le danger Tyranide. Un temps pendant lequel nous recrutions sur un monde fixe. Ce monde s’appelait le Monde des Plaines. C’était un monde fabuleux, couvert de grandes plaines et de montagnes rocheuses, de désert, où les tribus et les clans rivaux se combattaient avec courage. C’était le monde d’où venait la majeure partie de nos frères vétérans d’alors. Un jour que nos frères descendirent le cœur empli de joie parce qu’ils allaient retrouver le monde qui leur était cher, ils ne purent que contempler la ruine de leurs souvenirs d’enfance. Leur monde était mort. Non pas ravagé, comme un Exterminatus pourrait le faire, mais le peuple des plaines avait disparu. Il était retenu en esclavage dans une cité d’airain par les pires ennemis de l’Humanité. Je veux parler des genestealers. Toute leur culture guerrière, tout leur mode de vie ancestral d’abnégation, de discipline et de courage n’était plus. A présent ils n’étaient plus que les jouets d’immondes extraterrestres.

Naaman cracha par terre rien qu’en évoquant cette pourriture Xenos. Ses auditeurs suivaient ses paroles avec le plus grand intérêt.

- A l’époque, notre Chapitre n’imposait pas encore de se couper totalement de sa vie passée. C’est pourquoi le capitaine de la Deathwing s’appelait alors Cloud Runner. Il était accompagné de son ami l’archiviste Two Heads Talking. Alors que Two Head Talking partit en expédition à travers la cité d’airain pour tenter de comprendre ce qui s’était passé, Cloud Runner emmena son propre groupe en exploration à travers les cavernes qui servaient de refuge au peuple des plaines. Mais il advint qu’ils comprirent qu’un culte genestealer s’était développé sur la planète. Ils débattirent longtemps, comme des guerriers âgés et vénérés pour leur bravoure, leurs prouesses et leur sagesse. Ils débattirent pour savoir quoi faire. Devaient-ils venger leur peuple et libérer les derniers représentants de leur culture, de ce qu’ils avaient étés avant de devenir des Dark Angels ? Mais ils étaient trop peu nombreux. Bien trop peu nombreux ! Devaient-ils plutôt décréter la mise à mort de ce monde et rejoindre au plus tôt le Roc, pour s’enquérir des nouvelles missions que l’Empereur aurait à leur confier ? Mais protéger les mondes de l’Empereur, protéger l’Humanité, n’est-ce pas là la seule mission qu’Il n’ait jamais donné à ses fils ? A qui allait leur loyauté ? A ce peuple presque disparu ou bien à Terra ? Mais un Space Marine n’est-il pas fidèle à l’Empereur parce que l’Empereur est le garant de l’Humanité ? Et ainsi être fidèle à l’Empereur, cela ne passe-t-il pas nécessairement par l’accomplissement de toutes ses volontés ? Et ne sont-elles pas de traquer les ennemis de l’Homme où qu’ils se trouvent ?

Naaman laissa un petit blanc après cette suite de questions. Il voulait qu’elle pénètre profondément l’esprit de ses novices pour qu’ils y réfléchissent longtemps, et que ce conte leur soit utile. Après quelques minutes, il reprit le fil de son récit.

- Pendant qu’ils débattaient, Two Heads Talking arpentait les ruelles de la cité d’airain. Ce qu’il vit l’effraya. Il vit son peuple, autrefois si fier et orgueilleux, autrefois si guerrier et vindicatif, ce peuple qui avait toujours vécu en harmonie avec son sol, ramper ignominieusement dans la boue d’une cité qui ressemblait à l’enfer démoniaque. Là de gigantesques fonderies marchaient jours et nuits à des cadences infernales, recouvrant de cendres les terres alentours. Ses frères de sang vivaient dans la misère d’une oppression, ses sœurs étaient ravalées au rang d’objet sans importance, les enfants faisaient la manche et insultait les passants, eux autrefois si respectueux des anciens. Il sentit trop tard l’aura d’un puissant psyker. Il fût traqué toute la nuit par des hordes d’ennemis. Seul contre tous, il se battit avec une ténacité digne du Lion lui-même. Son courage et son abnégation jetèrent la face dans la boue des dizaines de dizaines d’ennemis. Finalement on le prit en traître et on le blessa grièvement. Il fût amené devant le patriarche de cette engeance malfaisante. C’était un genestealer terrifiant. Le plus gros qu’on ait jamais vu jusque là de mémoire d’hommes. C’était un psyker hors du commun. Two Heads Talking était déjà blessé et ses blessures étaient si profondes que même un Astartes comme lui ne pouvaient les ignorer. Et le patriarche le sentit. Il tenta de détruire l’esprit de Two Heads Talking. Mais c’était sans compter la puissance de la résolution du Dark Angel. Malgré ses blessures il repoussa l’assaut et il triompha de l’ordure Xenos. Mais cela lui avait demandé ses dernières forces et il mourut à son tour.

Il suspendit à nouveau son récit pour permettre à son auditoire de s’en imprégner.

- Finalement Cloud Runner décida que le culte devait être détruit pour que la volonté de l’Empereur soit accomplie. Ses frères et lui descendirent jusque dans la cité d’airain. Là, par le feu purificateur du Lance-Flammes Lourd, et la puissance rédemptrice du Saint Bolter, ils éradiquèrent la souillure Xenos. Ils étaient maintes fois surnombrés dans les ruelles de la cité. Mais cela ne les empêcha pas de descendre dans les souterrains d’un immense temple hérétique. Là ils furent attaquée par des marées de genestealers. Ils continuèrent d’avancer, leur détermination dressant un bouclier protecteur autour d’eux que bien peu d’ennemis parvenaient à traverser. Celui-ci était redoutable, mais c’est en toute connaissance de cause de Cloud Runner et ses hommes continuèrent leur chemin malgré les pertes. Ils atteignirent la salle centrale, trouvèrent le cadavre répugnant du patriarche et le corps de Two Heads Talking, mort en héros dans la fierté du devoir accompli. Ils emportèrent ce dernier jusqu’à la surface puis délivrèrent leur peuple de ce culte infâme. Alors ils refondèrent un peuple des plaines, parmi lequel parfois le Roc recrute. Puis ils repartirent à travers les étoiles du cosmos, avec un nouveau titre de gloire inscrit à la bannière de la Deathwing.

Gabriel avait écouté avec attention l’histoire que leur avait conté Naaman. Ce monde des plaines, il en venait. Il en était issu et connaissait une légende qui semblait calquée à celle-ci. Maintenant il savait de quel tribut il était redevable à son Chapitre. Tout simplement celui-ci lui avait donné bien longtemps avant qu’il ne naisse le droit de naître et d’exister. Et maintenant il lui permettait de devenir l’élite de l’Humanité, et de la défendre à jamais comme ces Dark Angels morts depuis longtemps avait défendu la sienne. Il se sentait investi tout à la fois d’une puissance et d’un lourd fardeau. Il devait se montrer à la hauteur du sacrifice que ses vénérés anciens comme Two Heads Talking avaient consentis.

- Alors, mes garçons, quelles leçons pouvez-vous tirer de ce récit ?

Un jeune scout du nom d’Arbéiel pris la parole. Il était devenu au fil des entraînements un ami de Gabriel. Il n’hésitait jamais à le suivre dans toutes ses entreprises et était également un rude combattant.

- L’abnégation et la détermination sont deux armes qui nous donnent la victoire sur nos adversaires ?

- Très juste ! fit Naaman. Parce que l’ennemi se brise sur notre ligne comme une épée sur un mur du fait de notre inflexibilité, nous sommes plus forts que lui. La volonté est une arme des plus puissantes. Elle abat votre ennemi parce qu’elle guide vos bolts vers ses points faibles lorsque vous voulez le détruire. Elle est votre plus sûr bouclier et dévie toutes les coups de votre adversaire parce que vous voulez réussir. La volonté de ne jamais céder, c’est l’assurance que le combat de l’Humanité contre ceux qui veulent l’exterminer ne sera jamais perdu. L’abnégation et la détermination sont les seules raisons de la réussite. Mais pour qu’elle soit efficace, elle doit atteindre un niveau qui la rende unique. Elle ne doit être que notre apanage exclusif. L’ennemi a aussi la volonté, mais il n’a pas la nôtre. Et c’est pour cela qu’il perd, et qu’il est exterminé. Vous m’avez compris ?

Les novices acquiescèrent en hochant la tête.

- Bien. Qui d’autre ?

Gabriel leva la main.

- La loyauté à l’Empereur est dans la traque de chaque adversaire de sa volonté, et donc chaque ennemi de l’Humanité. Il faut le chercher et le détruire qui qu’il soit et où qu’il se trouve, sans qu’il n’y ait lieu de douter à ce sujet.

- Encore très juste ! A ce que je vois je vous ai bien formé ! Vous êtes à présent de coriaces adversaires. Vous êtes plus puissant que n’importe quel humain par votre force et votre adresse physique, mais vous êtes également plus puissant parce que vous n’aurez jamais à douter, rien ne saura remettre votre volonté en question. De fait vous serez alors les meilleurs défenseurs de l’Humanité, car vous ne reculerez jamais devant la tâche à accomplir, vous ne céderez jamais devant la difficulté. Vous deviendrez plus solide que le plus gros blindage d’adamantium simplement parce que vous irez au combat avec une totale abnégation, une ténacité légendaire et une foi en la réussite proverbiale. Vous irez au combat demain avec un courage sans égal, une détermination sans commune mesure, et vous gagnerez car ce sont là les armes les plus destructrices et que votre ennemi ne possède pas. Dans ces conditions, il ne pourra jamais espérer gagner.

Naaman se leva, et souffla la première des chandelles.

- Regagnez vos cellules à présent. Si la volonté est l’arme la plus redoutable qui soit, le sommeil avant le combat aide grandement à l’accomplissement des ordres de l’Empereur !

-MFT-
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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 14:33
Larso Van Trier n’était pas à l’aise. Voilà bien deux heures qu’il arpentait les quais et les ruelles qui serpentaient entre les entrepôts des Dock Orbitaux. Il commençait à croire qu’il s’était perdu. Ne trouverait-il donc jamais ce fichu bloc D276 ? Et ce brouillard qui n’arrangeait rien ! Bien que situées à plusieurs centaines de mètres d’altitude, les multiples plateformes d’envol à destination du complexe supérieur des docks étaient plongées dans une purée de poix, si épaisse qu’on pouvait presque la couper au couteau. Le plafond nuageux était très bas cette nuit là. S’il se maintenait ainsi, cela gênerait beaucoup le trafic de la journée du lendemain.

« Super, et moi qui ai un chargement urgent ! Il faut impérativement qu'il parte avant que ces crétins de FDP ne mettent la main dessus. Avec la foire que ça va être demain, ça va… aah ! Le voilà ! »

Sur la porte rouillée et usée, un marquage en décomposition identifiait le bâtiment comme le bloc D276. Son contact devait donc l’y attendre à présent. Avec ce retard qu’il avait pris, cela ne serait guère étonnant…

Il poussa la porte piétonne à droite de la grande entrée. Les gonds mal entretenus grincèrent désagréablement.

« Tu parles d’une entrée discrète, toi… »

Il sortit une lampe de poche et l’alluma. La première chose que le faisceau blanc rencontra fut un rat noir et gros comme son propre bras. Le rongeur disparut avec un petit cri désagréable. Par prudence, Larso libéra de sa gaine son pistolet laser.

« Sait-on jamais ? »

Il commença à inspecter minutieusement le hangar. Des caisses, de gigantesques containeurs, des poutrelles métalliques… un escalier menait à une passerelle métallique. Au toit, accrochée à un rail, pendait une large chaîne ainsi qu’un monstrueux crochet double.

Larso avançait méthodiquement, illuminant chaque recoin pour découvrir toute embuscade. Il avisa de grands barils sur sa droite. Etteignant sa lampe, il avança prudemment jusqu’à en atteindre le coin. Puis, il surgit brutalement en rallumant sa torche.

Le jet de lumière fit surgir du néant un crâne, comme un spectre des enfers. Deux lueurs écarlates brillaient comme deux feux démoniaques au fond des orbites vides. Le contrebandier sauta de frayeur à tel point l’apparition lui fit peur. Sa main se crispa sur la crosse de son pistolet.

- Lâchez votre arme, Van Trier. Votre jouet ridicule ne me ferait rien mais moi par contre…

Un géant en armure noire surgit dans le faisceau de sa lampe. Le crâne poli était en réalité le faciès morbide caractéristique des Chapelains de l’Astartes.

La main de Larso monta à sa poitrine, se posa sur son cœur qui battait à une vitesse qu’il n’aurait jamais crû pouvoir…

- Il paraît que vous détenez des informations pour moi ? reprit la voix métallique.

- Euh… euh oui en effet. Laissez moi juste reprendre mon souffle Seigneur.

- Quelles sont elles ? reprit le Chapelain sans accorder une quelconque importance à sa requête.

- Euh je… je viens de décrocher un nouveau contrat. Il se prépare une sédition sur Ana-Purna III. J’ai été contacté par l’un des chefs du mouvement factieux. Je dois fournir des armes à son réseau. Le soulèvement est prévu dans quelques jours.

- Avez-vous prévenu les forces du gouvernement ?

- Non Seigneur, pour deux raisons. La première c’est qu’une bonne partie du gouvernement lui-même a été infiltré par ce réseau mais je ne saurai vous dire par qui malheureusement. La seconde c’est qu’alors que l’homme me parlait la porte de la salle s’est ouverte et j’ai distinctement vu un gantelet noir. Mais vous savez, pas un gantelet normal, non, un gantelet qui m’avait tout l’air d’être celui d’une armure énergétique. Ca a été très fugace, l’espace d’une demie seconde, mais je suis sûr de ce que j’ai vu. Pour moi la conclusion que j’en ai tirée c’est qu’il y a un Inquisiteur corrompu dans le coup ! Jamais un Astartes ne supporterait une rébellion ! Enfin mon interlocuteur est sorti et ils ont refermés la porte. La pièce était insonorisée, ce qui fait que j’ai rien entendu de ce qu’ils se sont racontés. De fait j’ai pensé que vous étiez la seule personne à qui ce renseignement puisse être utile.

- Vous avez eu raison. Avez-vous livré quoi que soit ?

- Oui Monseigneur, en gage de ma bonne foi j’ai dû leur livrer un premier chargement de cinquante bolters, ainsi que dix Bolters lourds et autant de Lance-Missiles. Je ne connais rien de leur organisation.

- Interrompez toutes vos transactions avec eux. Prétextez un arraisonnement par des FDP trop zélés. Nous nous chargerons d’eux. Connaissez-vous le nom de votre interlocuteur ?

- Non. Tout au plus pourrais-je vous donner sa description mais je pense qu’il ne s’agit que de l’un des lieutenants d’un chef qui désire rester secret. De taille moyenne, un peu d’embonpoint, une barbe noire foisonnante, des yeux verts et une cicatrice à la main droite. Elle lui court jusque sur le poignet.

- Très bien. Vous pouvez partir.

- Merci Monseigneur.

- Et si je m’aperçois qu’il y a ne serait-ce qu’un bolter de plus que ce que vous m’avez annoncé, craignez pour votre tête.

- Ne… ne vous en faites pas Monseigneur…

Le Chapelain regarda s’en aller prudemment le contrebandier. Cela lui coûtait de laisser filer un être aussi abject. Cet homme vendait des armes à chaque réseau subversif et à chaque gouvernement impérial. « Je ne fais pas de politique, les affaires sont les affaires ». Le seul intérêt qu’il trouvait à le laisser en vie était qu’en tant que tel, il était au courant de tous les coups tordus de ce cadrant de la galaxie. Lui faire jouer le rôle d’agent double avait permit à l’Imperium de garder la main sur un nombre assez appréciable de mondes. Et il devait le laisser faire, c’était sa seule couverture. Mais comme par le passé il avait sût se révéler une source d’informations fiables qui avait permis la capture de trois déchus, il avait décidé de le garder en vie. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, disait-on…

Encore qu’il fallait sans cesse détourner les soupçons de l’homme sur ce qui parfois l’intriguait. Il avait bien fait de le mettre au courant que les membres des trois Ordos inquisitoriaux portaient eux aussi des armures énergétiques. Dans cette histoire de gantelet, cela s’était révélé fort utile…

A présent qu’il savait ce qu’il voulait, il fallait contacter le Cercle Intérieur. Il avait tout d’abord pensé faire intervenir l’unité d’assaut du Grand Maître Pertinax, mais cette histoire de gantelet noir le taraudait. S’il s’agissait d’un déchu, ce qui précisément ne l’étonnerait pas dans le cadre d’une rébellion, il préférait en discuter avec le Cercle et faire intervenir un officier plus sûr…

Le Chapelain Severian faisait parti de ces Chapelains qui s’étaient opposés à l’accession de Pertinax au Dernier Cercle, et à la création des unités d’assaut planétaire. Même si à présent, il était démontré que cette innovation était un coup politique formidable en contribuant à effacer peu à peu les accusations sur le Chapitre. Severian pourtant restait très réservé sur son commandant. Sa loyauté était infaillible certes, mais vers qui allait-elle le plus ? Il savait que Pertinax était plutôt partisan de chercher la rédemption ouvertement à travers les faits d’armes. Or la traque d’un hérétique exigeait parfois des sacrifices que cette conception divergente risquait de ne pas faire accepter.

Non décidément Severian argumenterait jusqu’au bout pour que la mission revienne à une autre Compagnie que la Troisième Unité d’Assaut planétaire…

-MFT-
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