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13 mars 2009 5 13 /03 /mars /2009 14:33
Larso Van Trier n’était pas à l’aise. Voilà bien deux heures qu’il arpentait les quais et les ruelles qui serpentaient entre les entrepôts des Dock Orbitaux. Il commençait à croire qu’il s’était perdu. Ne trouverait-il donc jamais ce fichu bloc D276 ? Et ce brouillard qui n’arrangeait rien ! Bien que situées à plusieurs centaines de mètres d’altitude, les multiples plateformes d’envol à destination du complexe supérieur des docks étaient plongées dans une purée de poix, si épaisse qu’on pouvait presque la couper au couteau. Le plafond nuageux était très bas cette nuit là. S’il se maintenait ainsi, cela gênerait beaucoup le trafic de la journée du lendemain.

« Super, et moi qui ai un chargement urgent ! Il faut impérativement qu'il parte avant que ces crétins de FDP ne mettent la main dessus. Avec la foire que ça va être demain, ça va… aah ! Le voilà ! »

Sur la porte rouillée et usée, un marquage en décomposition identifiait le bâtiment comme le bloc D276. Son contact devait donc l’y attendre à présent. Avec ce retard qu’il avait pris, cela ne serait guère étonnant…

Il poussa la porte piétonne à droite de la grande entrée. Les gonds mal entretenus grincèrent désagréablement.

« Tu parles d’une entrée discrète, toi… »

Il sortit une lampe de poche et l’alluma. La première chose que le faisceau blanc rencontra fut un rat noir et gros comme son propre bras. Le rongeur disparut avec un petit cri désagréable. Par prudence, Larso libéra de sa gaine son pistolet laser.

« Sait-on jamais ? »

Il commença à inspecter minutieusement le hangar. Des caisses, de gigantesques containeurs, des poutrelles métalliques… un escalier menait à une passerelle métallique. Au toit, accrochée à un rail, pendait une large chaîne ainsi qu’un monstrueux crochet double.

Larso avançait méthodiquement, illuminant chaque recoin pour découvrir toute embuscade. Il avisa de grands barils sur sa droite. Etteignant sa lampe, il avança prudemment jusqu’à en atteindre le coin. Puis, il surgit brutalement en rallumant sa torche.

Le jet de lumière fit surgir du néant un crâne, comme un spectre des enfers. Deux lueurs écarlates brillaient comme deux feux démoniaques au fond des orbites vides. Le contrebandier sauta de frayeur à tel point l’apparition lui fit peur. Sa main se crispa sur la crosse de son pistolet.

- Lâchez votre arme, Van Trier. Votre jouet ridicule ne me ferait rien mais moi par contre…

Un géant en armure noire surgit dans le faisceau de sa lampe. Le crâne poli était en réalité le faciès morbide caractéristique des Chapelains de l’Astartes.

La main de Larso monta à sa poitrine, se posa sur son cœur qui battait à une vitesse qu’il n’aurait jamais crû pouvoir…

- Il paraît que vous détenez des informations pour moi ? reprit la voix métallique.

- Euh… euh oui en effet. Laissez moi juste reprendre mon souffle Seigneur.

- Quelles sont elles ? reprit le Chapelain sans accorder une quelconque importance à sa requête.

- Euh je… je viens de décrocher un nouveau contrat. Il se prépare une sédition sur Ana-Purna III. J’ai été contacté par l’un des chefs du mouvement factieux. Je dois fournir des armes à son réseau. Le soulèvement est prévu dans quelques jours.

- Avez-vous prévenu les forces du gouvernement ?

- Non Seigneur, pour deux raisons. La première c’est qu’une bonne partie du gouvernement lui-même a été infiltré par ce réseau mais je ne saurai vous dire par qui malheureusement. La seconde c’est qu’alors que l’homme me parlait la porte de la salle s’est ouverte et j’ai distinctement vu un gantelet noir. Mais vous savez, pas un gantelet normal, non, un gantelet qui m’avait tout l’air d’être celui d’une armure énergétique. Ca a été très fugace, l’espace d’une demie seconde, mais je suis sûr de ce que j’ai vu. Pour moi la conclusion que j’en ai tirée c’est qu’il y a un Inquisiteur corrompu dans le coup ! Jamais un Astartes ne supporterait une rébellion ! Enfin mon interlocuteur est sorti et ils ont refermés la porte. La pièce était insonorisée, ce qui fait que j’ai rien entendu de ce qu’ils se sont racontés. De fait j’ai pensé que vous étiez la seule personne à qui ce renseignement puisse être utile.

- Vous avez eu raison. Avez-vous livré quoi que soit ?

- Oui Monseigneur, en gage de ma bonne foi j’ai dû leur livrer un premier chargement de cinquante bolters, ainsi que dix Bolters lourds et autant de Lance-Missiles. Je ne connais rien de leur organisation.

- Interrompez toutes vos transactions avec eux. Prétextez un arraisonnement par des FDP trop zélés. Nous nous chargerons d’eux. Connaissez-vous le nom de votre interlocuteur ?

- Non. Tout au plus pourrais-je vous donner sa description mais je pense qu’il ne s’agit que de l’un des lieutenants d’un chef qui désire rester secret. De taille moyenne, un peu d’embonpoint, une barbe noire foisonnante, des yeux verts et une cicatrice à la main droite. Elle lui court jusque sur le poignet.

- Très bien. Vous pouvez partir.

- Merci Monseigneur.

- Et si je m’aperçois qu’il y a ne serait-ce qu’un bolter de plus que ce que vous m’avez annoncé, craignez pour votre tête.

- Ne… ne vous en faites pas Monseigneur…

Le Chapelain regarda s’en aller prudemment le contrebandier. Cela lui coûtait de laisser filer un être aussi abject. Cet homme vendait des armes à chaque réseau subversif et à chaque gouvernement impérial. « Je ne fais pas de politique, les affaires sont les affaires ». Le seul intérêt qu’il trouvait à le laisser en vie était qu’en tant que tel, il était au courant de tous les coups tordus de ce cadrant de la galaxie. Lui faire jouer le rôle d’agent double avait permit à l’Imperium de garder la main sur un nombre assez appréciable de mondes. Et il devait le laisser faire, c’était sa seule couverture. Mais comme par le passé il avait sût se révéler une source d’informations fiables qui avait permis la capture de trois déchus, il avait décidé de le garder en vie. On ne fait pas d’omelettes sans casser d’œufs, disait-on…

Encore qu’il fallait sans cesse détourner les soupçons de l’homme sur ce qui parfois l’intriguait. Il avait bien fait de le mettre au courant que les membres des trois Ordos inquisitoriaux portaient eux aussi des armures énergétiques. Dans cette histoire de gantelet, cela s’était révélé fort utile…

A présent qu’il savait ce qu’il voulait, il fallait contacter le Cercle Intérieur. Il avait tout d’abord pensé faire intervenir l’unité d’assaut du Grand Maître Pertinax, mais cette histoire de gantelet noir le taraudait. S’il s’agissait d’un déchu, ce qui précisément ne l’étonnerait pas dans le cadre d’une rébellion, il préférait en discuter avec le Cercle et faire intervenir un officier plus sûr…

Le Chapelain Severian faisait parti de ces Chapelains qui s’étaient opposés à l’accession de Pertinax au Dernier Cercle, et à la création des unités d’assaut planétaire. Même si à présent, il était démontré que cette innovation était un coup politique formidable en contribuant à effacer peu à peu les accusations sur le Chapitre. Severian pourtant restait très réservé sur son commandant. Sa loyauté était infaillible certes, mais vers qui allait-elle le plus ? Il savait que Pertinax était plutôt partisan de chercher la rédemption ouvertement à travers les faits d’armes. Or la traque d’un hérétique exigeait parfois des sacrifices que cette conception divergente risquait de ne pas faire accepter.

Non décidément Severian argumenterait jusqu’au bout pour que la mission revienne à une autre Compagnie que la Troisième Unité d’Assaut planétaire…

-MFT-
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