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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:34

EPILOGUE

La salle de briefing de « la colère du juste » était calme. Quelques cierges brulaient maintenant depuis une bonne heure. Au bout de la table, au centre, le capitaine Barnard caressait du doigt un ouvrage relié de cuir, l’air soucieux. Il leva tranquillement la tête, voyant arriver son homologue de la troisième compagnie.
« Salutations maître Bélial. Le temps de se dire au revoir est arrivé, semble-t-il.
-En effet mon ami. J’ai fait embarquer les déchus capturés et vais les présenter aux grand-maître Azrael dès que possible. La dépouille de Séverin fera le voyage. Il est malheureux qu’on n’ait pas pu lui faire abjurer ses fautes.
-Peut-être, l’a-t-il déjà fait.
-Nous ne le saurons jamais. J’ai appris que l’inquisition n’avait pas prévu de faire de purge massive et de se contenter de déporter les « manifestants » de Flavia.
-Ils ont considérés que le secret de l’un des leurs se transformant en démon valait la peine de composer plus subtilement avec le peuple d’Adelphe III.
-Vous vieillissez Barnard. Est-ce suffisamment prudent ?
-Oui. Qui plus est, il était normal que veillions à ce que rien de plus ne soit demandé à ce monde. Après tout, il s’agit de notre guerre.
-Fort bien. Je vous laisse terminer d’investir les dédales xénos à la recherche de nos frères déchus mais la salle de téléportation me laisse à penser qu’ils ont du filer comme des lâches. Azrael n’aura sans doute pas plus à recevoir que ce que je lui apporterai.
-Et il vous en sera reconnaissant, à juste titre. Bon retour Bélial, mes vœux vous accompagnent.
-Vous avez autant mérité que moi, Barnard. L’Empereur vous garde! » Apparemment, pleinement satisfait, Bélial serra la main de son compagnon et sortit rejoindre sa compagnie.

Mariel entra alors pour se présenter devant son supérieur comme on le lui avait demandé.
« Frère Mariel, vétéran de la quatrième compagnie, à vos ordres.
-Ne soyez-pas si cérémoniel. Conformément aux procédures face aux batailles démoniaques de type 4, il a fallut vous soumettre à un lavage de cerveau vous effaçant vos souvenirs proches afin d’éviter toutes contaminations.
-Je comprends.
-Bien. Je tenais à ce que vous sachiez que vos actions et votre attitude ont fait honneur au chapitre tout au long de cette campagne. Je suis personnellement très fier de vous avoir eu sous mes ordres.
-Merci beaucoup maître.
-Malheureusement… malheureusement, cet évênement remet en question la possibilité pour vous d’accéder à de plus hautes fonctions, comme celle de prendre ma suite si je venais à tomber.
-Alors je ferais en sorte que vous ne tombiez jamais. »
Barnard ne sourit pas à cette preuve de modestie et d’estime.
« Vous pouvez rejoindre les autres et aider aux préparatifs de départ. Pour le Lion.
-Pour le Lion ! »
Barnard crut voir un instant Mariel avec un regard hésitant mais ce fut trop bref pour qu’il en fût sûr. Le vétéran était déjà sortit.

*

Le capitaine Dark-Angel resta pensif un moment puis ramena son attention à l’ouvrage devant lui. Un certain Conrad l’avait écrit. Celui-ci fut fait prisonnier aux abords des ruines d’Axia, attendant un complice près d’un navire furtif. Le chapelain investigateur l’avait soumis à un interrogatoire et avait appris l’existence d’un sorcier nommé Noss. On avait retrouvé ce document dans les appartements d’un fonctionnaire du nom de Télias dont l’agent du chaos avait usurpé l’identité. Ce dernier ayant disparu on ne savait où. Les agents d’Astérios avaient, par miracle, réussit à devancer les autorités locales et récupérer le document. Il y était fait mention des Dark-Angels mais surtout d’un en particulier. Un fils de Caliban que les siens considéraient comme mort. Cette Astartes se nommait Martinien…

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:33

Flavia
Malgré la frénésie ambiante, presque tous virent dans le ciel, trois cent mètres au-dessus du buveur de sang, la formation d’une bulle d’énergie bleu crépitant d’éclairs. Répondant à l’invitation, le démon bondit du haut du clocher sa hache prête à officier. C’est alors que descendit l’ange noir, porté par des ailes de feu, tenant une longue épée. Le grand-maître Séverin fondit sur la bête, ses réacteurs dorsaux accélérant la vitesse de sa chute. Adelphe retint son souffle les quelques secondes nécessaires au choc. Les deux titans se percutèrent de plein fouet. Le démon ne fut pas le plus à son aise devant batailler tout en maintenant son vol alors que son ennemi vraisemblablement ne s’en souciait guère. Il déploya ses ailes pour planer un maximum et pouvoir se concentrer sur l’action. Le déchu profita de ce laps de temps pour frapper de toutes forces le favori de Khorne d’une série d’attaques verticales qui firent naitre étincelles et flammes à chaque impact. Le démon rugit et tenta plusieurs frappes de sa hache mais son adversaire trop proche, encaissait les attaques pour l’instant mal-adaptées.
Au sol, Abraxas n’en crut pas ses yeux mais se ressaisit très vite ne voulant pas laisser passer une si belle ouverture. Il vit avec plaisir qu’ils avaient tenus ce qu’il fallait et que d’un instant à l’autre, les renforts arriveraient. Il fallait néanmoins plus qu’une force brute pour stopper l’invasion : il devait briser l’élan sanguinaire du dieu des carnages. L’intervention de Séverin tombait à point nommé.
« Frère Bethor ! Allez en haut du clocher et brandissez notre étendard ! Frère Vivien, courrez sous le beffroi et attendez mon signal ! »
A présent, tout dépendait de l’issu de ce duel.

Comme il l’avait craint, Séverin voyait l’effet de surprise passer. Il continua de frapper mais le démon comprit qu’à cette distance sa hache était inutile, il la lâcha et riposta de ses griffes. L’épaulette gauche sauta, teintée de sang et de chair. Le grand-maître ne faiblit pas pour autant et harcela la bête qui ricana de sa voix puissante.
« Pauvre mortel ! Vos efforts sont pathétiques ! » Séverin éclata de rire.
« Oui démon, ris ! Moque-toi ! Chante ma sottise. Dis-moi que je tente l’impossible ! Je suis un serviteur de l’Empereur ! Nulle frontière, nul pont, nul adversaire ne serait trop grand que je ne puisse le défier. »
La réaction déstabilisa le temps d’une pensée le monstre et le déchu s’engouffra dans cette fenêtre. Il dégagea une chaîne qu’il enroula autour du cou du buveur de sang, décrocha son paquetage dorsal qui restait relié aux anneaux de métal et le déclencha à pleine puissance. L’étranglement fut presque immédiat et le réacteur tourna frénétiquement, entrainant le géant écarlate et l’astartes. Séverin resta accroché à l’armure et frappa. Un terrible coup du démon fit sauter son casque, le déséquilibrant. Un second le fit définitivement chuter. Il se rattrapa in-extremis plantant son couteau de combat dans l’aile droite, la déchirant tout du long. Le réacteur dorsal finit par s’arrêter et son poids entraina les deux combattants en chute libre vers les immeubles Ortonius. Séverin put revenir à portée de coups, évitant par miracle un nouveau balayage. Il planta sa lame dans l’entaille qu’avait faite Abraxas et s’y agrippa. De nouveau, le buveur de sang frappa et le bras droit du grand-maître partit au vent. Luttant contre la douleur, il resta à enfoncer son épée toujours plus loin jusqu’à ce que les deux êtres rencontrent le toit d’un haut bâtiment, dans un bruit sourd. L’inertie finit de transpercer la bête. Le choc plongea les combats alentours dans une sorte de stupeur, tout le monde retenant son souffle ne sachant si l’un des adversaires pouvait se relever ou non. Enfin, une forme humaine, estropiée, se dressa sur le démon vaincu.
« Maintenant ! » Cria Abraxas. Vivien fit sonner les cloches de l’église Paule. A son sommet flottait fièrement la bannière des fils du Lion. On entendit au loin, l’arrivée des renforts de la garde accompagnés par des forces de l’adepta sororita stationnées sur Adelphe III qui chantèrent des cantiques sacrés. Le charme rompu, la foule fut plongée dans un désarroi infini et l’énergie qui permettait aux démons de garder pied dans la réalité commençait à se dissiper.
Les dizaines de milliers de citoyens impériaux qui avaient été dominés tombèrent à genoux en pleurs, perdant la raison à mesure que les créatures du Warp disparaissaient essayant malgré tout de perpétuer le carnage jusqu’au dernier instant.
Abraxas fit taire les armes et donna l’ordre à la garde de ne pas entamer d’offensive. La bataille était terminée. L’Administratum réglerait le sort de ces civils. Sans doute, qu’une purge serait décrétée. Ils mouraient en leur temps et il lui apparut inutile de continuer le carnage. Soudain, un tremblement secoua la terre. Tous virent la tour où se trouvait Séverin s’effondrer sur elle-même. Un énorme nuage de poussière engloba les individus alentours.
Le sergent vétéran Saariel de la septième escouade d’assaut se releva péniblement après avoir été soufflé, lui et son unité, par l’effondrement. Ne voyant rien à cause de la poussière, il commença à battre le rappel. Il entendit Abraxas donner les ordres de « cessez-le-feu » et s’accorda un soupir. Il fut rejoint par les membres de son unité. L’astartes Gabriel demanda à ce qu’on aille fouiller les décombres. Evidemment, l’autorisation fut refusée car les non initiés ne devaient toujours pas voir leurs frères maudits. Saariel dut jouer de son autorité et l’escouade d’assaut s’envola rejoindre les leurs loin des ruines. Le calme revint peu à peu, irréel. Le point final de la bataille d’Ortonius venait d’être donné.

*

Au milieu des débris, coincés sous des blocs de béton, le grand-maître Séverin vivait ses derniers instants. Après d’interminables minutes, il vit émerger des ténèbres un astartes encapuchonné, avançant doucement vers lui. Ce dernier s’arrêta devant le déchu agonisant. Le regard du capitaine des anciens temps ne quitta pas l’image face à lui. Du guerrier, on ne pouvait distinguer le regard perdu dans les ombres. Une large épée pendait dans son dos et son armure était recouverte d’os.
Séverin finit par sourire et, l’âme en paix, il rendit son dernier souffle.

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:30

Axia
Antoine se réveilla emprisonné dans une sorte de cocon pour quelque insecte monstrueux. Son casque lui avait été enlevé et sa tête était entravée par un harnachement répugnant ressemblant plus à des fibres organiques qu’à des machineries. L’endroit empestait d’une odeur acre et pimentée. Une chaleur et des pulsations ressemblant à un cœur lui parvenaient malgré qu’il fût toujours en armure. D’où il était placé, il pouvait voir s’afférer des magos, des techno-adeptes et un techmarine dont l’épaulette lui confirma qu’il s’agissait d’un déchu. Balayant l’endroit autant qu’il le pouvait, il remarqua deux astartes en armures dreadnoughts ainsi que trois autres en armures énergétiques. L’endroit semblait particulièrement vaste, les parois montant trop haut pour qu’il puisse distinguer le plafond. Le tout ressemblait à l’intérieur d’une trachée colorée de vert, d’ocre et de violet. Des filaments luminescents pendaient un peu partout au-dessus d’eux et semblaient parfois être animés de soubresauts. Cette vision inspira un profond dégout au champion de la quatrième compagnie qui ne put réprimer sa rage :
« Misérables parjures ! Non content d’avoir trahi, faut-il que vous frayiez avec ces immondices xénos. Comment osez-vous encore porter ne serait-ce que nos armoiries ! N’y-a-t-il plus aucun honneur en vous ?! »
Un visage sévère apparu face à lui, un sourire malveillant aux lèvres.
« Les chiens de Jonson ne savent qu’aboyer et remuer la queue devant leur maître, c’est bien connu. Rassure-toi, frère, bientôt tu retrouveras ta liberté même si c’est moi qui serait alors aux commandes.
-Que voulez-vous dire ?
-Tu le sauras bien assez tôt.
-Comment se fait-il que vous ne soyez pas à Flavia ? Combien êtes-vous ?
-Vous êtes pathétiques. Nous vous avons amenés là où nous le désirions. Les astartes à Flavia ne sont que des imposteurs : des survivants du chapitre de Praxius. Tu as de la chance Antoine. Tu as réussi là où tes deux capitaines ont échoué. Tu as trouvé les déchus ! »
Il y eu quelques ricanements étouffés et un autre que le prisonnier ne pouvait voir intervint.
« Ca suffit, ne parle pas plus avant. Séverin a été clair là-dessus. » Son complice renifla de mépris, fixant toujours sa victime.
« Fort bien. Je vais me préparer à investir le corps de ce chien. Tu as un dernier mot à dire ?
-Oui. Obscurus. » La balise camouflée dans son paquetage s’activa. Le déchu mit quelques centièmes de secondes pour réaliser. Il dégaina prêt à abattre le Dark-Angel mais il fut stoppé par le techmarine qui lui prit fermement le bras.
« Attention, tu risques d’endommager la machine !
-Imbécile ! Il porte une balise de téléportation ! »
En effet, Barnard avait disposé au fur et à mesure de l’avance de ses troupes des relais pour permettre à Bélial de pouvoir intervenir en renfort. Il avait équipé tous ses hommes de balises camouflées, flairant le piège. Les déchus eurent juste le temps de s’équiper et se positionner un minimum, le temps que les relais s’activent.
Tout à coup, l’air changea de température et l’énergie de la matérialisation créa des arcs électriques qui infligèrent de petites brulures aux parois organiques de la pièce. Les deux unités de la Deathwing menées par le frère capitaine de la troisième compagnie ouvrirent le feu avec leurs fulgurants et leurs canons d’assaut. Ils firent face à pas moins de dix déchus qui ripostèrent aussitôt, enragés d’avoir été ainsi dupés. La salle devint le théâtre d’une bataille rangée acharnée.

*

Anhiel retrouva Séverin dans la salle de contrôle. Ce dernier regardait les différents comptes-rendus des batailles en cours, observant de temps à autres l’écran du local de transfert. Il vit le champion de compagnie Antoine être installé par des serviteurs décérébrés dans la machine. Il tendit un dossier à un adepte du méchanicum dont le visage était à moitié cybernétisé suivant une diagonale. Trainant la patte, celui-ci retourna à sa console pour archiver le document. Le capitaine regarda Anhiel dont le sourire disparu à la vue de l’expression de son chef.
« Maître, les préparatifs sont en cours, dois-je monter une autre expédition pour capturer un Dark-Angel ?
-Non, nous allons voir ce qu’il en est avec celui que vous m’avez apporté. » Anhiel hésita mais voulut en savoir plus sur l’humeur taciturne de Séverin.
« Comment ce passent les combats ?
-Bien. Ici, les soldats humains remplissent leurs rôles. Ils tiennent ce qu’il faut et dispersent l’ennemi tout en le maintenant loin de ce secteur.
-Et Flavia ?
-Comme je le pensais, ils avaient prévu du renfort. Je n’aurais pas cru qu’ils feraient appel à des membres extérieurs. Un chapitre successeur éventuellement. Bref, un régiment de la garde est en route vers la zone des combats. Cela ne changera plus rien, des démons viennent d’apparaitre comme lors de notre combat sur Elteresh. » Le regard de son second se perdit un instant, le temps d’un souvenir lointain, puis revint à ses préoccupations. Si tout se passait comme il le souhaitait où se situait le problème ? Le grand-maître entreprit de refaire le tour des moniteurs tout en regardant le compte-rendu des décryptages des communications.
« Et Martinien ? » Séverin s’arrêta un court instant mais ne regarda pas Anhiel.
« Il est mort.
-Vous l’avez tué ?! Il n’a pas accepté de se rallier à nous ?
-Vous semblez presque déçu Anhiel, fit Séverin d’un ton ironique. Non, je ne l’ai pas tué. Il a mis fin à ses jours lui-même en entrant sous la pyramide. » Il y avait une amertume palpable et même ayant nourri une telle rancœur contre lui, Anhiel regretta aussi que le fils du Lion ne les ait pas suivis. Le grand-maître reprit :
« Nous allons lever le camp et partir laissant notre taupe faire son travail. Allez rejoindre les autres et retrouvons-nous en salle de téléportation. Finisso…
-Par Luther ! » Anhiel désigna un écran. Séverin ramena son regard sur le moniteur où Antoine venait d’être entouré de terminators de couleur ivoire.
« La Deathwing ! Ils ont été plus futés que je ne l’aurais cru et avaient prévu de nous trouver ici plutôt qu’à Flavia.
Ordre donné aux unités de réserve d’aller en point Gamma ! Venez Anhiel, nous pouvons encore obtenir ce que nous voulons si nous anéantissons cette contre-attaque. » Le chef des déchus prit sa lourde épée et son casque mais Anhiel ne disait plus rien. Le visage livide, il fixait un autre écran. Séverin regarda et repéra le poste de surveillance de la pyramide. Le choc le paralysa.
« Martinien… »

 

*

Flavia
Abaraxas continuait de tirer avec son fulgurant, essayant de tenir à distance les assaillants. La foule perdait de son humanité à mesure que le temps passait. Depuis l’apparition des démons, des yeux injectés de sang naissaient dans les rangs des humains dominés. Des créatures à la peau écailleuse, maniant des lames de métal noir fauchaient à tout va leurs alliés, tout en se dirigeant vers les lignes Dark-Angels. Des meutes de chiens monstrueux harcelaient les défenseurs. Il avait fallu du temps avant que la masse des damnés ne reviennent des villes alentour jusqu’à Ortonius mais pas suffisamment longtemps pour permettre aux renforts d’arriver. Cette fois l’assaut ne pourrait être contenu, la folie aveuglait les esprits qui ne craignaient plus la mort. Le chapelain fit reculer ses troupes pour un regroupement qui permettrait de canaliser les flots d’attaquants. Ces derniers ne prenaient même plus la peine de tirer. Ils cherchaient le gout du sang.
Les tanks astartes firent marche arrière tout en tirant, ainsi que leurs escortes jusqu’à pouvoir tenir un dernier carré à l’ancienne techno-église Paule. Les unités d’assaut étaient revenues proches des unités tactiques et les protégeaient des assauts furieux des créatures démoniaques trop proches. Les pertes commençaient à devenir préoccupantes. Les apothicaires de la troisième et quatrième, Gidéon et Gislain, travaillaient sans temps mort pour que tous combattent même blessés. Inébranlables devant la déferlante, les fils du Lion se repliaient en bon ordre, faisant toujours face à leurs ennemis.
Abraxas regarda les runes d’informations que lui projetaient les systèmes de son armure et vit qu’il lui fallait tenir encore au moins trente bonnes minutes. Il faillit ne pas voir venir la charge d’un Sanguinaire monté sur un monstre de muscles et d’acier. Esquivant de justesse le premier assaut, il tourna autour de la bête pour la prendre de court. Le démon donna un coup vertical d’une rapidité inouï malgré la taille de son arme qui fut arrêtée in-extremis par le crozius arcanum du chapelain. Ce dernier profita que son épée soit bloquée pour sauter au coup de la créature du warp. Laissant son fulgurant tomber à terre, il prit la tête du démon et l’empala brutalement sur la corne frontale de sa monture. Le démon commençait déjà à se désagréger que, sans perdre un instant, Abaraxas alors sur le dos du Juggernault, saisit la chaine faisant office de rennes et frappa plusieurs fois de son sceptre sur la gueule du monstre. Ce dernier rugit à en faire trembler le sol, rua furieusement, endurant une dizaine de coups jusqu’à ce qu’enfin, il choit sous l’ire implacable du maître de la foi. Les Dark-Angels proches, galvanisés par l’action héroïque de leur officier, redoublèrent d’efforts et entonnèrent les chants de la colère du juste. Le chapelain reprit rapidement son fulgurant et rejoignit les rangs, chantant de concert avec ses frères. Les anges de la mort ne se laisseraient pas vaincre facilement.
Au loin, l’inquisiteur Terdre avait observé avec attention le duel. Dans un sourire cruel, il jeta sa tête en arrière et poussa un cri inhumain terrifiant. Ses bras devinrent rouges et grandirent jusqu’à dix fois leur taille. De grandes jambes puissamment musclées se terminant par des sabots vinrent remplacer les siennes. Une poitrine comme un rempart, harnachée d’une armure d’airain, déploya dans un craquement monstrueux une paire d’ailes membraneuses noires comme le jais. Le buveur de sang fit apparaitre une hache aussi grande que le plus massif des soldats hérissée de pointes rouillées et tachée de sang séché. L’incarnation du dieu des carnages prit son envol. Un rugissement émergea de la foule, les bras levés, les poings serrés. La malédiction s’abattait sur Adelphe III et résonnait jusque dans les royaumes du Chaos.

*

Axia
« Martinien ? » Mariel venait d’entrer dans la salle de la pyramide. Après avoir été enseveli lors de l’attaque des déchus, il avait traversé le sol avec ses frères, chutant de plusieurs dizaine de mètres. Le hasard avait voulu qu’il survive, l’impact ayant été amorti par les corps de ses camarades. Il avait erré dans le dédale de ce complexe jusqu’à trouver un accès vers le haut qu’il puisse emprunter. Il avait découvert l’édifice attiré par les cris de douleurs des esprits emprisonnés. C’est alors qu’il avait vu Martinien sortir, titubant de sa base, poussant un container de deux mètres de long. Son ancien compagnon qu’il croyait mort se tenait là, apparemment très affecté, un genou à terre, son bras autour du caisson. Ce qui attira surtout le regard de Mariel fut l’armure qu’il portait. Celle d’un déchu. Le souffle coupé, Martinien ne put parler immédiatement quand il entendit son ancien ami l’appeler.
« Martinien, tu es vivant ? Par quel miracle ? Et cette armure ? Ne me dis pas que tu as trahi ?! » Le concerné leva la main pour signifier qu’il avait besoin d’un peu de temps. Enfin, au prix d’un effort conséquent, il se releva et fit face au visage ravagé de son camarade.
« Bonjour Mariel. Non, je ne suis pas mort et non, je n’ai pas trahi mais c’est une longue histoire. Veux-tu l’entendre ? » Le vétéran acquiesça de la tête et l’histoire commença. Martinien coupa court et resta synthétique car la situation restait risquée. Il n’avait aucune idée du temps qu’il avait mis pour aller chercher Erell. Son ami l’écouta calmement d’un air grave. Quand ce fut finit, Mariel s’approcha prudemment de ce revenant du passé. Le regardant dans les yeux comme pour y chercher un signe de tromperie, il finit par mettre ses mains sur les épaules de son frère.
« Bon sang Martinien, je suis heureux de te revoir ! Je devrais sans doute au moins te faire prisonnier ou même t’exécuter mais je dois t’avouer que je suis heureux de te revoir. Toi aussi tu as du composer avec le secret des déchus. » Un peu surpris quand même de cette tournure des évènements, Martinien compris à quel point Mariel avait du être aussi déstabilisé par toutes ces révélations et ce quelles entrainaient. Néanmoins, l’attitude de son frère, lui inspirait un malaise qu’il n’arrivait à définir. Ce n’était pas normal.
« C’est magnifique ! Te rends-tu comptes ?! Par cette action d’éclat, tu viens de mettre à bas l’action de l’ennemi ! Nous allons, de nouveau, être acceptés comme les égaux des initiés ! Tu pourras revenir parmi nous ! Peut-être même qu’ils te laisseront ta mémoire. J’appuierai ta cause.
-Tu t’emballes un peu vite mon ami. Vis-à-vis de ce que j’ai pu voir dernièrement, il n’y a pas de clémence à attendre. Honnêtement, je ne pense même pas qu’il envisage de t’intégrer en tant que tel. Il y a de grandes chances pour qu’ils effacent ta mémoire Mariel. Il faut être réaliste. Quant à moi, on m’exécutera, séance tenante.
-Mais non. Ils m’ont laissé ma chance ! Je dois mériter d’intégrer la Deathwing, c’est normal. Après avoir défait les manigances de nos frères damnés, je serais intronisé. C’est sûr. » Martinien comprit enfin que son frère commençait à perdre pieds. Il n’avait pas supporté la vérité et devenait dangereux. Il allait devoir être prudent.
« Mariel, rien n’est réglé. Séverin peut revenir et replacer Erell dans la pyramide. Il faut la mettre en lieu sûr.
-C’est idiot. Il faut l’éliminer pour ne courir aucun risque.
-Nous n’en sommes pas encore là. Nous pouvons aller nous mettre à l’abri, il est toujours temps. Qui plus est c’est sa mort qui devait déclencher le processus. Il faudrait de toute façon l’éloigner avant de décider quoi que ce soit. »
Les yeux de Mariel reflétaient l’incompréhension. Martinien commença à bouger prudemment, s’interposant devant Erell. Ce dernier changea peu à peu d’expression.
« Pourquoi recules-tu ? Bélial a raison. On ne peut prendre de risque que notre disgrâce soit rendu publique. Il en va de l’honneur et de la survie du chapitre. Elle doit mourir. Ainsi la preuve sera faite que nous sommes dignes de l’élite.
-Mariel, reprends-toi. Tu ne peux pas cautionner les actions qui vont à l’encontre de nos vœux envers l’Empereur. » Martinien reculait toujours.
« Je vois… Je vois. Je me suis trompé. En fait, même si ce n’est que de ton coté, tu as tourné le dos aux tiens. Tu prendrais le risque de détruire les Dark-Angels pour cette fille ?
-Mariel, nous avons fait le vœu de prendre le risque de mourir pour l’humanité. Je la protégerai et s’il n’y a plus d’issu je la tuerai moi-même. Reprends-toi, je t’en pris.
-Tu ne peux pas être neutre Martinien. Tues cette fille ou j’apporterai moi-même ta tête à nos supérieurs. »
Ils dégainèrent leurs épées en même temps.
« Je ferais ce que j’ai à faire, Mariel. Je regrette. »

*

Dès l’arrivée de Bélial et de la Deathwing, les déchus se replièrent en bon ordre à l’extérieur de la salle pour protéger au maximum les installations. Trois d’entre eux étaient tombés aux premiers instants de l’attaque.
Totalement à découverts dans les couloirs, les belligérants se livrèrent un conflit meurtrier. Les lourdes armures des loyalistes leurs donnèrent l’avantage et ils purent pousser leur percée plus avant jusqu’à l’arrivée d’unités d’élites humaines. Mieux équipées pour les combats dans cet espace, elles utilisèrent des armes à fusion pour percer les défenses des Dark-Angels. Faisant fondre le métal comme du beurre, deux membres de la Deathwing succombèrent sous les coups de la contre-attaque. Bientôt les loyalistes se retrouvèrent encerclés et durent se replier dans une salle proche pour tenir un siège, non sans avoir prélevé au préalable un lourd tribut de vies chez l’ennemi.

 

*

Anhiel se sentait impuissant. Le grand-maître Séverin n’avait pas bougé depuis qu’il avait revu Martinien à l’écran. Le visage grave et statufié, il regardait ce qu’il se passait depuis l’arrivée de Mariel. Son second insista de nouveau :
« Maître, il faut intervenir ! Nos unités ne pourront venir à bout seules de la Deathwing. Les autres laquais de Jonson convergent vers la zone des combats. Il est encore temps de rétablir nos chances ! »
A l’écran on voyait Mariel et Martinien se faire face, l’épée à la main. Séverin bougea enfin la tête dans un signe d’abdication.
« Faites donner l’ordre de repli. Dispersez-vous.
-Séverin, non…
-Dispersez-vous !
C’est fini Anhiel. Rejoignez les autres en salle de téléportation et quittez cette planète. » Séverin fit signe aux serviteurs et techniciens de sortir pour de rejoindre les points d’évacuations qu’il avait faits aménager. Il fixa son épée à sa taille, mit son casque et vérifia son arme à plasma. Anhiel ne bougeait plus, il regardait l’écran. Martinien et Mariel venaient de débuter leur combat.
*

Mariel tenta de prendre l'avantage rapidement se mettant à portée de Martinien par un saut spectaculaire. Le vétéran à l’armure verte fit aisément reculer sa proie sous un déluge de coups puissants et rapides. Aussi grands duellistes l’un que l’autre, Mariel avait trente ans d’expérience de plus à son actif et était clairement maître du premier assaut. Martinien tenta néanmoins à plusieurs reprises de casser le rythme en entraînant l’autre épée avec la sienne dans ses esquives. Acculé à l’ouverture de la pyramide, le fils du Lion dût faire le tour de son ennemi pour se sauver. Il parvint à tenir grâce à de nombreuses parades mais devait faire face à un ami qui le connaissait depuis des siècles. Lorsque Martinien tenta de parer de nouveau, son opposant en profita pour détourner violemment sa lame vers le haut, mettant à découvert sa poitrine qu'il frappa rapidement du pied. Propulsé à plusieurs mètres en arrière, le fils du Lion put atterrir néanmoins sur ses jambes et conserver son équilibre. Profitant de ce champ offert, il recula sur une passerelle qui menait à des balcons cerclant la salle.
Le géant au visage ravagé lança un assaut dévastateur basé sur des moulinets visant tour à tour la tête, les côtés et faisant des rotations très vives sur lui même pour accentuer un effet de vitesse. Arrivant sur un pallier qui menait à un balcon appareillé d’instruments exotiques, ils ralentirent un moment.
« Mariel, c’est de la folie ! Nous perdons du temps, les déchus peuvent arriver d’un instant à l’autre !
-Parfait ! Cela me fera plus de trophées à ramener au cercle intérieur ! Essayes de ne pas me rendre la tache trop facile ! »
Décidé à conserver la main, Mariel enchaina de nouveaux moulinets. Malgré une domination aisée de celui-ci, un œil averti pouvait constater que Martinien plaçait quelques instants de stratégies brillantes parées de justesse. Sachant la supériorité de son adversaire, le fils du Lion reculait prudemment en s’économisant et guettait la moindre faille dans l’assaut. Il enchaînait alors une riposte potentiellement mortelle à chaque fois.
Une ouverture dans le mur, au niveau du balcon, les amena dans un petit corridor. La tactique de Mariel évolua vers une série de frappes violentes, faisant jouer de sa puissance physique supérieure. Lames contre lames, il le fit reculer toujours plus loin et l’amena dans ce qui semblait être une salle de réunion. Martinien commença à être un peu plus à l'aise, habitué à la vitesse des coups de son frère. Il bloqua la lame du vétéran sur une table mais celui-ci lui saisit la gorge, le faisant ployer sous sa force. Proche du but, Mariel fut poussé par un coup de pied exécuté dans son dos, le faisant chuter et le désarmant. Roulant sur lui-même pour esquiver, Mariel en profita pour récupérer son arme.
« Quelle joie de te revoir Martinien.
-Tu l’as déjà dit mais ça fait toujours plaisir d’être apprécié à sa juste valeur, n’est-ce-pas ? »
Entamant des frappes simultanées, contrées, déviées et esquivées, les deux astartes partirent dans deux moulinets continus qui finirent par se bloquer. De nouveau lame contre lame, le duel physique se termina par un recul de Martinien, ne voulant pas perdre d’énergie dans cette lutte vaine. Cela risquait d’être long.

*

Flavia
L’enfer était sur eux. Les bolters fumaient de tirer en continu. Les Dark-Angels arrosaient démons comme humains. Aucun bolt ne devait se perdre mais cela ne servait à rien car une dune de corps se formait toujours plus haute alors que les assaillants revenaient sans cesse. A coups de crosses quand ils étaient trop près, les space-marines laissaient leurs frères armés de lance-flammes œuvrer pour rétablir une distance minimum. Tenant chaque entrée de la techno-église Paule, les combats n’avaient pas cessés depuis une bonne vingtaine de minutes et toujours les Dark-Angels résistaient, immuables.
C’est à ce moment que le démon majeur de Khorne décida de s’inviter dans la danse. Tel un obus qui explosa sur la ligne de défense astartes, il atterrit en trombe faisant voler au loin quatre space-marines qui disparurent au milieu de la foule déchainée, tuant nombre de fous au passage. Le sergent vétéran de l’unité ayant échappé au premier assaut tint ses positions et frappa le monstre de son gantelet. Vif au-delà de ce qu’aurait du permettre une telle masse, le démon saisit de son poing le bras du sergent en plein élan. Il le secoua comme fétu de paille avec une telle puissance que le bras finit par être arraché du corps qui termina contre un mur de l’église pour s’effondrer finalement au sol. L’apothicaire Gislain accourut immédiatement. Voyant la scène et voulant à tout prix éviter qu’une brèche ne se forme, Abraxas chargea sans peur. Il courut vers le buveur de sang et profitant d’un monticule de corps proche sauta pour se mettre à sa hauteur et frapper. Le monstre ne put éviter totalement la charge et reçut le crozius en pleine poitrine qui resta coincé dans l’armure. Hurlant plus de rage que de douleur, il saisit le chapelain, dégageant par du même coup son arme, et l’exhiba face à la marée sanguinaire. Cette dernière poussa un grognement de rage primitive comme un signal et le démon lança le maître de la foi à travers les murs du bâtiment religieux de Mars. Gideon s’approcha aussitôt de la brèche, craignant le pire :
« Abraxas !? Abraxas !? Vous m’entendez ? »
Le gantelet de métal du chapelain, tenant son sceptre, émergea de l’obscurité, poussant de coté l’apothicaire. Le fulgurant rugissant contre le démon, il s’avança inflexible malgré le choc et l’armure endommagée.
« Battez-vous ! N’arrêtez-pas ! Purgez ce monde de cette engeance impie. Pour l’Empereur et pour le Lion ! »
Les Dark-Angels se regroupèrent autour du démon dont le rire guttural fit trembler le sol. Il éloigna des ses ailes ses assaillants et prit du champ pour aller se poster au sommet du clocher. De ses cris, il continua à stimuler la haine et l’animosité de ses ouailles. En bas, les astartes comblèrent vite la brèche ouverte. Le chapelain chancela un instant comme prêt à sombrer puis se reprit in-extremis.
« Maudits soient-ils. » Il regarda le buveur de sang en haut de la tour quand il aperçût quelque chose, loin au-dessus.
« Par l’Empereur, qu’est-ce-que c’est ? »

*

Axia
Martinien décida de quitter la salle où il se trouvait pour retourner dans l’espace plus vaste de la pyramide. En effet, Mariel avait changé de style et opté pour des attaques très agressives n’essayant plus de frapper de taille mais d’estoc, pour transpercer son adversaire. Dans un espace exigu où l’esquive était plus problématique, c’était une option logique. Martinien décida donc de se priver d’attaques pour récupérer l’avantage du terrain. Il lui fallut gérer les passages délicats du couloir et de la passerelle, réduisant les possibilités d’éviter un assaut par les cotés. S’économisant, alors que Mariel semblait fatiguer, le fils du Lion se contenta de dévier les coups d’une main et d’esquiver en se baissant ou reculant.
Adoptant des pauses presque nonchalantes, il provoquait l’exaspération de son frère qui bouillait face à lui. Mariel tenta un enchaînement dangereux. Il s’en fallut de peu pour qu’il ne transperce Martinien mais ce dernier put reculer juste à temps laissant son adversaire avec un assaut avorté. Ayant perdu l’effet de surprise, Mariel se retrouvait les bras tendus ne pouvant rien faire de plus et il dut ramener ses bras à lui. Le fils du Lion en profita pour briser l’assaut et retourner l’offensive contre son frère. Cette fois-ci, les choses sérieuses commencèrent pour Martinien qui appuya chacun de ses assauts de ses deux mains. Mariel dut à chaque fois reculer, apparemment plus en état d’esquiver convenablement. Durant l’échange le vétéran tenta un dernier estoc ascendant qu’évita de nouveau Martinien en échangeant sa place. Voyant des signes de fatigues, il put lui faire sauter la lame des mains d’une frappe du pied qui l’envoya à terre du même coup. Il tenait Mariel dos à un mur et totalement vaincu.
« Ce fut long mais c’est terminé. » Le vétéran baissa la tête, abandonnant toute combativité. Martinien alla récupérer l’épée de son frère et parti près du caisson. Il commença à s’éloigner puis s’arrêta regardant une dernière fois son ancien compagnon d’arme.
« Tu pourrais m’accompagner, tu sais. Ils ne te laisseront pas gravir les échelons de l’Ordre, Mariel. Pas plus qu’ils n’avaient prévu de le faire pour moi. Nous n’accepterons jamais d’être des parjures et ils le savent. C’est pour ça que tu es à terre aujourd’hui mais ça ne doit pas être une honte et encore moins une fatalité. Viens avec moi. »
Le vétéran à l’armure vert-sombre, releva la tête, le regard enfin apaisé.
« Adieu Martinien. Que l’Empereur veille sur toi.
-Adieu mon ami. »

*

Les déchus entrèrent dans la salle de téléportation, les loyalistes sur les talons. Ils avaient fait s’effondrer un couloir mais cela ne les retiendraient pas longtemps. Frère Béranger, le techmarine, qui était entré en premier pour préparer l’activation, s’arrêta de stupeur voyant un astartes à terre.
« Anhiel ! » Il se pencha sur son camarade et les autres se mirent en position prêts à recevoir une attaque qui ne vint pas. Béranger fut soulagé de voir que son frère à terre n’était qu’assommé. Ce dernier reprit ses esprits.
« Doucement, mon ami. » Un terminator crut bon de presser un peu les choses.
« Dépêchons, il ne nous reste plus de temps !
-Où est le grand-maître, Anhiel ? » Celui-ci, regarda ses amis le visage grave.
« Il est partit. »

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:29

La pyramide
Je ne suis nulle part, je suis partout. J’essaye de me concentrer sur mes pas malgré mon esprit fuyant. Au royaume de mes instincts et de mes excès, je ne veux plus me perdre mais comment penser quand les souvenirs reviennent vous étouffer. Je n’avais jamais craint l’obscurité dans mon âme mais je ne voulais pas qu’on la voit aussi ai-je feint de ne pas la voir moi-même. J’avais peur que l’on m’abandonne… encore. J’ai préféré être le premier à partir, à m’enfuir. Comment construire un homme sur une base aussi meuble. Non, je m’égare ! Pourquoi suis-je ici, déjà ? Pour Erell, oui, Erell.

« Du froid je me cache, le cœur blotti dans les nuages. Dans ce miroir la tempête gronde et mes entrailles se tordent de ne pas vouloir. »

Je dois marcher. Tout est si sombre, j’ai l’impression d’être seul dans un vide infini.

« Une bête qui parle et une horloge qui me berce. Je n’ai jamais su qui j’étais car je n’étais personne. Comment peut-on exister ainsi ? N’ai-je que des désirs ? La bête me sourit. »

Je dois marcher. Chaque mouvement est une torture. Mon corps est lourd comme avant. Avant… ?

« Une horloge qui me berce et une bête qui parle. J’ai toujours cru être un autre. On a choisit pour moi, on m’a sculpté alors que l’horloge me berçait. »

Je me perds. Il faut que je pense à elle. Penser… ? Il y a quelqu’un ? Qui est là ?

« Eh bien ! Ne sois-pas si distant. Tu me connais n’est-ce-pas ?
Nous nous tenons si souvent compagnie. Lorsque tu te sens perdu, moi seul partage tes tourments. Gémir à ton chagrin est ma manière de te réconforter. Toi qui ne fais qu’attendre l’aube nouvelle, ta solitude est grande. Je ris de te voir toujours debout et attends d’une excitation sans nom l’instant de ta dernière chute. Celle qui rendra ta vie si vaine et tes attentes si pathétiques. Rejoins mon étreinte et abandonne ce fardeau, ne me crains plus car je suis la fin de ta vie futile. Je suis ta liberté. »


Non ! Encore un pas. Qui d’autre est-là ? Je n’arrive pas à savoir si je bouge… Je me suis égaré.

« Oui mon ami, je le vois bien et je te connais.
Pour qui ne désire que la séparation du monde de nos convictions.
Pour qui ne désire que l’exaltation de ses passions et de son corps.
Pour lui, il n’est nulle distinction entre un sacrifice et une perte.
Suis-je tes pensées ou suis-je ta vanité ?
Peut-être un jour pourras-tu enfin faire la paix avec ton monde intérieur et te pardonner de n’être que toi ? Emprunte mon chemin et apprends. Je suis ta liberté. »


Je ne vois rien. J’ai l’impression de ne pas avancer. C’est comme si le monde se déplaçait alors que je reste sur place… Combien êtes-vous ? Je vais tomber…

« Tu n’as pas à tomber ! Tu sais qui je suis. J’ai toujours été là pour toi. Je t’ai donné plus de liberté et d’exaltation que quiconque ! Je souffle sur les braises qui empêchent tes blessures de se refermer. Rappelle-toi ces grandes messes en mon honneur où tu parcourrais l’univers telle une tempête ! T’ai-je jamais montré du mépris. Tu es mon fils, tu es mon sang. T’insuffler la force de dominer et de ne plus dépendre de personne est mon œuvre. Sans moi, tu ne serais plus depuis longtemps. Qu’importe ces salamalecs, la seule réalité est celle que tu peux détruire. Je suis ta liberté ! »

Je ne veux plus abandonner ma raison. Elle me revient toujours et me déchire plus loin encore... Mes mains brassent du vide, elles n’ont jamais brassé que cela... Je dois rêver. Erell, Lucie…

« Rêve mon ami. Souviens-toi de mon étreinte et de ma griffe si douce. Ton Dieu t’a mutilé comme il s’est mutilé lui-même. Il t’a castré, tu n’es plus un homme. Tant de choses que tu ne pourras connaitre. Pense à l’avenir, pense aux embuches et aux vrais défis. Pas à la vulgarité de la rage mais aux délices des passions. Penses à cette femme et à sa peau. Jamais tu ne pourras être auprès d’elle comme tu le désires. Je les connais bien, tes désirs. Tu n’auras pas de descendance sans moi. Réfléchis que ton passage sera aussi court que sans impact véritable. Tu ne fais même plus parti de la chaîne. Ne veux-tu pas être un homme et jouir véritablement, toi qui fuis sa vie de jadis ? Je suis le plaisir et la passion. Je suis ta liberté. »

Qui êtes-vous tous ?!

« L’âme est comme une pièce dont toi seul a la clef. Nous pouvons la détruire, la consumer ou la torturer. Nous pouvons te séduire, te menacer ou te tromper. Toi-seul peut décider d’ouvrir l’accès à cette pièce. Aujourd’hui tu résistes mais le temps est notre allié. Attendre ta chute est notre délice. »

Je vous entends. Oui, je sais qui vous êtes. Vous êtes moi. Plutôt, une partie de moi. Je ne suis pas venu vous combattre, je sais que cela est vain. Autant me tuer mais ce serait pire encore. Je suis juste venu chercher mon amie. Je vous accepte en moi. Vous êtes ma richesse et mon fardeau. Aujourd’hui je l’assumerai car je devine que plus que ma chute, vous voulez aussi vivre à travers moi. Acceptez ma tyrannie de temps à autre et j’accepterai les vôtres de même.

Brulez-moi ou laissez-moi accomplir ma tâche mais choisissez bien car sans moi, vous ne serez plus.



Vous êtes encore là ?
Je n’en peux plus, je marche depuis si longtemps. Répondez-moi ! Ne me laissez pas seul. Lucie, Erell, ne m’abandonnez pas maintenant... pas encore…


*

Un horizon magnifique, nuancé de bleu et de rose, englobait la terre à la tombé du jour. Deux frères regardaient le futur :
« Tu as de la chance partir avec les dieux, je t’envie.
-Tu as tort mon frère. Pour partir au ciel, il faut le regretter. Il faut craindre ce que cela représente. Je suis à même de partir parce que je regretterai ma vie et le bonheur que j’y avais. Les dieux veulent le préserver. Cette chance qui fut la mienne, c’est une bonne chose que de se battre pour que cela reste possible pour d’autres. Je n’ai pas eu le choix de les suivre mais j’accepte avec joie l’opportunité de servir cette cause. J’en comprends le prix.
-Et moi, je n’en suis pas digne ? C’est ça ?
-Bien sûr. Toi, tu dois apprendre à aimer la vie pour pouvoir enfin la défendre. Tu es fait pour aimer. C’est une tâche bien plus ardue car ainsi tu seras à même de choisir ce qui sera plus que ce je n’aurais jamais eu.
-Ne dis pas ça. Tu es mon frère et j’en suis fier. »
Le vent soufflait doucement comme une chaude caresse sur la peau des jeunes hommes. Tous deux regardaient au loin.
« Il faudrait que tu fasses quelque chose pour moi.
-Quoi donc ?
-Me laisser partir mais ne pas me laisser mourir en ton cœur. Les gens qu’on aime ne disparaissent pas vraiment. J’imagine souvent tante Régia et Edissia à mes cotés, riant avec moi. Elles sont toujours là.
C’est mon vœu, frangin. Laisse-moi partir mais ne me laisse pas mourir. Fais que ma vie ait un sens à travers la tienne. Tu veux bien ?
-Si tu veux, c’est juré mais j’t’le dis gentiment, t’es vraiment con quand tu balances tes tirades.
-C’est certain. »

*

Qu’est-ce-que c’est ? Je t’ai retrouvé! Je t’ai enfin retrouvé…

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:27

Flavia

Une série d’explosions intervinrent aux alentours d’Ortonius et dans les dômes attenants. Abraxas demanda rapidement leurs rapports à la seconde ligne de Dark-angels autour de la ville-comptoir et, comme il le craignait, des actions de terrorisme avaient été lancées pour soulever la population locale contre les fils du Lion. Des imposteurs grimés en Dark-Angels loyalistes agressaient à tout va une foule en pleine effervescence. La réaction ne se fit pas attendre et déjà des rassemblements en colère commençaient à se former alentour. Le chapelain appela au regroupement autour des fortifications de leurs positions faites avec le matériel amené à cet effet. Ayant prévu un retournement de situation de ce type, les impardonnés avaient construit au fur et à mesure de leur avance dans Ortonius des fortifications et des systèmes de défense pour y tenir un siège. Le défi s’annonçait conséquent car des mouvements de la garde locale et des Arbites indiquaient que les traitres sortaient enfin au grand jour. Cela ne se fit pas sans mal et des conflits internes eurent lieu sans doute avec des individus qui refusèrent de se retourner contre les Astartes. Durant le temps de gestation qui fut nécessaire aux renégats pour se rassembler, les Dark-Angels firent une percée dans la ville pour tenter de la pacifier une bonne fois pour toute. Abraxas voulait éviter autant que possible d’avoir à combattre sur deux fronts à la fois et pour cela il fallait qu’Ortonius soit à eux. En ce sens, il prit plus de risques mais il employa aussi moins de finesse. Le chapelain fit tonner l’artillerie sur le cœur de la ville où se cachaient les déchus sans se soucier de faire plus de prisonniers en l’instant. Les vindicators et les lance-missiles détruisirent rapidement nombre de bâtisses où se tenaient les renégats. L’offensive rapide et massive porta ses fruits. La débâcle chez l’adversaire permis de circonscrire de manière significative les dernières poches de résistance et enfin ils purent approcher leurs frères maudits ensevelis sous les décombres. L’un d’entre eux, encore en vie se débattait faiblement sous plusieurs centaines de kilos de plasbéton. Abraxas arriva sans ménagement et lui comprima la poitrine sous sa botte. Le chapelain ne dit rien et observa l’individu agoniser. Il se rendit compte rapidement que la peinture de son armure n’était pas d’origine et son œil averti lui confirma qu’il s’agissait d’un imposteur. Il lâcha un tir de fulgurant dans la tête du renégat, s’adressant à ses seconds :

« Ce ne sont pas des déchus mais des survivants du chapitre de Praxius, le Fléau des infidèles. Cela évitera les problèmes avec nos frères non initiés. Purgez-moi les environs sans pitié ni retenue. Je veux que ce périmètre soit à nous en moins de dix minutes. »

Il retourna en périphérie de la ville près des premières lignes de défenses. Les frères de la troisième et de la quatrième qui avaient été positionnés en périphérie finissaient d’arriver. Il regarda vers la marée humaine qui se massait au loin. Il n’y avait pas beaucoup de blindés pour l’instant mais cela ne tarderait pas à arriver. Les individus semblaient en transe, prêts à se battre comme des damnés. C’étaient précisément ce qu’ils étaient en train de devenir. Abraxas avait l’expérience qui lui permettait de reconnaitre une foule manipulée par le chaos et déjà, l’Immatérium bouillonnait. Chaque habitant avait été fourni en armes, sans doute résultat du trafic à l’origine de la campagne d’Adelphe III. Un voile rouge recouvrait les visions. Le dieu du sang préparait son banquet et ses râles faisaient trembler la terre. Le chapelain isola un attroupement particulier mené par un individu massif et charismatique. Il zooma et reconnu le sigle inquisitorial sur l’individu. Barnard lui avait déjà présenté l’image de ce dernier : le chasseur de démons Blaise Terdre était passé à l’ennemi. Abraxas se demanda si ce qu’ils avaient prévu serait suffisant. La planète semblait prête à les ensevelir.


*

Axia
Le chapelain investigateur Astérios était équipé d’une armure dreadnought imposante qui, recouverte d’une robe de bure adaptée, semblait plus grande encore. La capuche sur un crâne grimaçant, créait une ombre au milieu de laquelle brulaient intensément deux lueurs rouges. Véritablement terrifiant, il avançait implacable dans les couloirs du complexe xénos, forçant l’allure de son escouade pour que nul n’échappe à la justice de l’Empereur. En vérité, il brulait de capturer des déchus pour qu’il lui soit permis de les soumettre à la purification par la torture et ainsi contribuer à la rédemption du chapitre. Les passages étaient parfois obstrués de barricades montées en vitesse par les soldats humains qui tentaient de leur barrer la route. Armés de fusils laser et de bolters lourds, ils inondaient l’espace de projectiles dès que s’approchaient les Dark-Angels. Ils ne semblaient pas très bien organisés et surtout pas suffisamment prêt à leur faire face. Le seul équipement des Astartes suffisait à faire la différence. L’envoi de quelques grenades, qu’elles fassent mouche ou non, permettait grâce à la réverbération dans des espaces confinés de déstabiliser les renégats. S’ils avaient été simplement équipés de protections contre le bruit et les flashs aveuglants, ils auraient pu résister bien plus longtemps. Qu’un capitaine de la trempe de Séverin, n’y ait pas pensé était absurde et il semblait évident que le grand-maître des déchus sacrifiait ses pions. Malgré cela, ces « pions » étaient très nombreux et les grenades n’étaient pas inépuisables. Astérios savait qu’il ne fallait pas trop présumer de ses forces et garda la prudence à l’esprit préférant économiser au maximum le matériel. Le maître de la foi privilégia le corps à corps en défonçant les cloisons à coup de gantelets ou de marteaux tonnerres pour atteindre les hérétiques. Il était évident que leurs ennemis n’avaient pas encore dévoilé leur jeu.

*

Mariel menait avec le champion de compagnie Antoine, une unité de 5 astartes. Ils durent affronter deux accrochages face à deux dizaines de soldats. La première fois, c’était une embuscade dans un long corridor d’une quarantaine de mètres. Les traitres attendirent que les Dark-angels soient suffisamment avancés dans le couloir pour se révéler. Des panneaux blindés coulissant avec des ouvertures pour permettre des tirs apparurent et l’enfer se déchaina sur les fils du Lion. Antoine avait pris avec lui un large bouclier tempête derrière lequel l’unité put se mettre à l’abri et avancer. Les impacts dus aux ricochets, criblèrent les parois alentours créant un nuage de poussière à mesure que les astartes progressaient. Le feu nourri était tel que le champ de force du bouclier surchargeait parfois et des projectiles passaient. Un des frères y gagna une large blessure à la cuisse droite mais ne broncha pas pour autant. Quand ils furent assez proches, ils envoyèrent une grenade aveuglante qui déstabilisa les soldats humains. Mariel saisit l’ouverture et fonça l’épée à la main. Le marine arriva au cœur du dispositif ennemi. Il massacra sans pitié les pauvres bougres qui, déjà sans être aveugles, n’auraient eu aucune chance. Un sergent armé lui-même d’une lame donna un semblant de riposte qui ne fit qu’attiser un peu plus la violence du vétéran. Les murs furent rougis par le sang. Il y eu un second essai pas plus concluant que le premier. Un missile fut tiré au plafond pour ensevelir les renégats. Ceux qui n’étaient pas morts ainsi étaient de toute façon hors de combat de par l’explosion décuplée. Tous furent achevés à la main par soucis d’économie.
Les interférences énergétiques rendaient difficiles les communications à mesure que les groupes de Dark-angels avançaient. Chaque groupe s’isolait et Mariel s’attendait à tout instant à ce que les choses sérieuses commencent. Ce dernier était dans un état de tension peu commun même pour un astartes. Les dangers de la mission n’en étaient pas la cause mais le fait de ne pas avoir été assigné à la traque des déchus à Flavia, constituait un affront qu’aucun homme et encore moins un space-marines n’aurait pu accepter. A ce moment précis, la seule chose qu’espérait Mariel était d’avoir la chance de tomber face à ces frères ayant trahi le primarque et de pouvoir les livrer à Bélial pour retrouver les bonnes grâces de ses supérieurs. Néanmoins, il ne pensait pas qu’il puisse y en avoir dans ce nid de xénophiles. Son unité passa dans un énorme hall ressemblant à une arène déformée sans aucune symétrie ni aucun élément décoratif redondant. Des ouvertures au plafond, haut de vingt mètres, comprenaient en leurs centres des tubes qui descendaient à mi-hauteur. Des symboles incompréhensibles gravés au sol se tordaient et rendaient la stabilité des marines incertaines. C’est alors qu’ils étaient à mi-parcours, qu’une dizaine d’astartes à la livrée noire émergèrent des murs comme par magie et ouvrèrent le feu. L’escouade loyaliste était encerclée. Antoine se positionna aussitôt et se frères formèrent un cercle pour faire face aux agresseurs. Ils reculèrent calmement pour offrir le moins d’angles de tirs possibles et profiter au maximum de la protection qu’offrait le bouclier du champion de compagnie. Ils comprirent trop tard le piège. Une première explosion propulsa Antoine dix mètres au loin et abattit deux d’entre eux. Ils étaient au milieu d’un champ de mines. Le Dark-angel à coté de Mariel voulut tirer un missile mais un bolt en pleine tête mit fin à ses intentions. Alors que ce dernier tombait, Mariel vit horrifié le projectile antichar tomber à leurs pieds. La réaction en chaîne des charges placées pour eux fit s’effondrer le sol et engloutir tout le reste de l’unité dans les entrailles du complexe. Mariel tira une ultime fois en direction des déchus, l’épée à la main hurlant de rage alors que tout s’achevait ainsi. L’Empereur l’avait abandonné.
Le calme revint, irréel, et le frère Antoine essaya de reprendre pieds quand un terrible choc le ramena dans les ténèbres. Anhiel, alors qu’il était rejoint par ses frères déchus, regarda le champion de la quatrième compagnie à ses pieds.
« Maître Séverin. Ici Anhiel. C’est fait.
-Parfait, nous nous retrouvons en salle de contrôle. Commencez à installer le sujet et démarrez le processus. »

*

« Où croyez-vous aller ?! » La voix forte du grand-maître résonna encore longtemps dans la salle de la pyramide, couvrant un court instant les gémissements des âmes perdues. Il pointait son pistolet à plasma sur Martinien en chemin vers une des ouvertures au pied de l’édifice. Celui-ci tourna doucement la tête et regarda sans broncher le déchu. Séverin vit tout de suite qu’il ne regardait plus le même homme. Il parla d’un ton amer.
« Imbécile, je t’offrais une chance unique de remettre les choses en ordre. De laver notre affront.
-C’est inutile Séverin. J’ai compris vos intentions, n’essayez-pas de les cacher derrière de nobles idéaux. Votre quête n’est qu’une vengeance.
-Justice ! Ce n’est que justice, novice ! Malgré tes siècles de services, tu ne sais rien ! » Martinien se tourna complètement pour lui faire face. Le visage du déchu avait changé. Son maintien noble avait cédé le pas à un regard fou. Le fils du Lion secoua la tête ne quittant pas l’arme qui le menaçait des yeux.
« Je sais que vous êtes un menteur. Vous n’avez jamais eu l’intention de libérer les pauvres bougres prisonniers de cette bâtisse impie, comme vous n’aviez jamais eu l’intention de me faire devenir capitaine ou de reprendre la grande croisade. Cette machine diabolique que vous avez trouvée en ce lieu, vous voulez vous en servir pour tromper mon chapitre en substituant non pas un capitaine mais un officier en second qui aurait pu influencer son supérieur. Un capitaine détient des codes et des habilitations que votre taupe ne peut avoir pour ordonner ce que vous souhaitez. » Le grand-maître tournait doucement autour de Martinien. Il ne disait plus rien, confirmant à sa cible la véracité de ses dires. Le Dark-Angel continua.
« De cette manière, vous espérez attirer ici d’autres compagnies, peut-être même le Roc en prétextant n’importe quoi, comme une demande de renfort. L’assaut qui doit se passer à Flavia a été orchestré en ce sens.
-Comment pouvez-vous être au courant de cela ?
-Je suis sûr que vous avez pensé à un appât magnifique. Une fois assez de monde attiré ici, vous déclencherez le dispositif de la pyramide. Vos ennemis seront engloutis dans l’effondrement de la planète et votre vengeance sera consommée. J’attendais de savoir qui vous étiez et aujourd’hui, je le sais. Ce que j’ignore, par contre, c’est pourquoi vous ne m’avez pas éliminé. Ce ne sont pas les occasions qui ont manquées et Erell pouvait être gérée autrement. Eclairez-moi, maître. Vous me devez bien ça. »
Les deux géants se fixèrent pendant de longues secondes. La mâchoire de Séverin se crispa un instant. Il baissa son arme.
« Je voulais que vous compreniez Martinien. Vous, au moins deviez me donner raison même en cette époque ! Nous avons été trahis il y a dix-mille ans ! L’Empereur savait pour le Chaos et il ne nous a rien dit ! Nos n’étions pas prêts comme s’il avait désiré tout le mal qui est advenu. Il nous a doublement trahis en nous confiant au Lion. Le primarque nous a méprisés. Je voulais que vous le voyiez. Je ne m’attendais pas à ce que les bureaucrates corrompus de cette planète le comprennent mais vous. Nous sommes frères. On nous a désavoués en nous refusant les fonctions qui nous revenaient de droit ! J’avais déjà conquis des systèmes entiers avant Lion El’Jonson. Comment pouvait-on m’infliger une telle disgrâce ! Relégué en arrière-ligne ! Aujourd’hui, il ne reste plus rien des nobles idéaux de jadis. C’est mon devoir de mettre fin à cette hérésie. »
Martinien regarda cet homme et eut pitié. Ce n’était pas du mépris mais une réelle compassion.
« Il reste de l’espoir et je ne vous laisserai pas le détruire. » Il se dirigea de nouveau vers la pyramide mais un jet de plasma passa à quelques centimètres de lui. Il s’arrêta.
« Ne bougez-pas. Qu’espérez-vous faire ? Aller sauver votre amie ? Cette zone est soumise au chaos Martinien. Vous n’y survivrez pas. Je vous l’ai dit, on nous a menti. Il n’y a aucun espoir et je ne vous laisserai pas mettre à bas toutes ces années d’efforts. C’est moi qui en secret, ai transmis les informations qui manipulaient tout ces prétentieux qui se croyaient maîtres de leurs vies, à commencer par cet idiot de Praxius ou l’inquisiteur Terdre. J’ai foulé aux pieds tout ce en quoi je croyais pour qu’enfin justice arrive. J’ai même frayé avec le chaos par l’intermédiaire d’un sorcier qui se cachait sous les traits du fonctionnaire Télias. J’ai tout de suite su qu’il m’avait menti en me parlant de ce complexe. Je connaissais déjà les lieux. Vous voyez, cette planète était déjà condamnée par des enjeux inhumains. Je ne fais que donner un sens à sa destruction. Les valeurs que défendait l’Empereur sont mortes. Il est temps que tout cela finisse Martinien. Accompagnez-moi, il n’y a plus que cette issu pour nous. » Un silence lourd s’ensuivit. Le Dark-Angel tournait toujours le dos au déchu. Aucun d’eux ne fit plus attention aux plaintes d’Axia. Au loin, on entendait des bruits d’explosions et de combats dans les couloirs. Le fils du Lion parla enfin :
« Que m’aviez-vous dit déjà… ? On ne fait pas quelque chose parce qu’on est sûr de son succès mais parce qu’on la croit juste. J’avais trouvé cette phrase magnifique. Il est triste que vous n’y croyiez plus vous-même. Vous deviez être un grand capitaine Séverin et je regrette sincèrement que l’humanité ait pu vous perdre mais je n’abandonnerai pas Erell. » Martinien reprit son avancée et s’engouffra dans les ténèbres de la pyramide. Le grand-maître Séverin resta immobile puis rengaina son pistolet.

Après ce qui lui sembla être une éternité, un message lui parvint :
« Maître Séverin. Ici Anhiel. C’est fait.
-Parfait, nous nous retrouvons en salle de contrôle. Commencez à installer le sujet et démarrez le processus.» Il quitta les lieux sans plus de cérémonie, le regard sombre.

*

Flavia
Des groupes de civils armés de fusils de toutes sortent avançaient maladroitement au milieu des rues dévastées d’Ortonius, essayant de se mettre à couvert. Ils étaient déchainés. Les Dark-Angels avaient aménagé pour chaque artère à protéger, des barricades avec un emplacement pour chars. Des vindicators, des predators et des razorbacks avec bolters lourds jumelés étaient disposés le long de la ligne de front, faisant feu dès qu’une masse trop importante se ressemblait. La foule se dispersait quelques temps de par l’impact traumatisant et dissuasif d’un tel feu nourri. Des marines appuyaient les blindés de leurs bolters, prenant le temps d’ajuster leurs tirs au maximum pour ne rien gâcher de leurs munitions. Des scouts snipers veillaient ici et là pour circonscrire une éventuelle menace antichar. Le dispositif était bien en place et parfaitement fonctionnel mais les cibles étaient bien trop nombreuses. La haine et la soif de sang étaient attisées par quelques personnages devenus leaders d’un instant, se laissant griser par l’importance que leur offrait l’histoire. Des rédemptionnistes, des wyrds et des mutants sortirent des profondeurs de la cité, attirés par la perspective d’aller défier l’Empereur et ses anges. L’inquisiteur Terdre poussait les assauts en continu sur les lignes astartes, comme des vagues sur une falaise. Le chapelain coordonnait les opérations faisant le tour des différents points de contact, haranguant ses frères sans relâche de psaumes de la foi et de chants de batailles. Les unités d’assaut surveillaient les tentatives de débordement par les toits pour bloquer toute avancée et maintenir un anneau défensif impénétrable. Les scouts armés pour le corps à corps patrouillaient sans relâche dans les égouts, les caves ou les maisons qui pouvaient permettre des percées plus sournoises. Abraxas était satisfait et sentait qu’ainsi ils pourraient tenir au maximum de leurs possibilités néanmoins il ne savait pas si ce serait suffisant.
Enfin, il reçut l’appel en priorité qu’il attendait :
« Maître Abraxas, un certain colonel Masini souhaite vous parler.
-Branchez-moi.
-Seigneur Chapelain ?
-Je vous entends colonel. Je suis le maître de la foi Abraxas de la troisième compagnie des Dark-Angels. Sous l’autorité de maître Bélial et de l’Empereur.
-Colonel Masini du 25ème régiment de Carmina sous les ordres du seigneur commandant Jung et de l’Empereur. Je suis chargé de vous transmettre les salutations respectueuses du seigneur commandant qui n’a pas oublié nos frères d’armes Astartes. Il est heureux de pouvoir vous donner assistance sur ce même monde qui vous a fait le rencontrer il y a trente ans.
-Nous acceptons votre aide. Le capitaine Barnard transmet de même ses salutations respectueuses au seigneur commandant. Quelle est votre situation colonel ?
-Grâce à votre contrôle du ciel et de l’espace d’Adelphe III, le 25ème régiment a pu se positionner en orbite et commencer son débarquement dès que votre barge nous a prévenus. Nous sommes actuellement aux portes de la cité ruche conformément aux prévisions. Les soldats de Carmina devraient être en mesure de vous rejoindre d’ici une heure.
-Faites au mieux, nous tiendrons en vous attendant. Ne laissez personnes vous barrer le chemin colonel. Quiconque se montrera hostile à votre avancé devra être considéré comme traitre sans autre forme de procès. Je vous envoie un cantique codé de notre situation et vous tiendrai informé au fur et à mesure. Pour l’Empereur. Abraxas terminé. »
Le chapelain resta un instant perdu dans ses pensées, essayant d’évaluer le temps qu’ils pourraient tenir. Pour l’instant, en les maintenant à distance, la frénésie chaotique était contenue mais le pire les guettait.

*

Ortonius était entouré à un ou deux kilomètres de trois petites villes qui connurent leurs heures de gloire il y a fort longtemps, durant l’expansion industrielle de la cité ruche. Comme beaucoup d’autres depuis, elles étaient devenues des zones surpeuplées de non droit total. Les gangs y faisaient la loi et la violence était le lot quotidien pour les habitants. Les bâtiments de quatre étages pour la plupart étaient dans des états misérables, prêts à s’effondrer. Cela n’avait pas empêché les plus désespérés d’essayer d’y trouver refuge malgré tout.
Ces agglomérations avaient été épargnées par la vague d’actions terroristes des « faux Dark-Angels » visant à soulever la populace. En fait les survivants du chapitre du « fléau des infidèles » que Séverin n’avait eu aucun mal à rallier contre ses frères, avaient épargnés, à dessin, les alentours d’Ortonius. La phase suivante du plan du grand-maître se mit en place pour finaliser l’asservissement la foule courroucée de Flavia aux puissances de la ruine. Les imposteurs menèrent à partir de ces petites cités perdues, des attaques contre la foule qui prenait d’assaut Ortonius et les fils du Lion. Se montrant à découvert, ils provoquèrent la population donnant l’opportunité à l’inquisiteur Terdre de lâcher sa meute sur un os qu’elle pourrait dévorer. Des alliés humains à Séverin, appuyèrent les marines pour donner l’illusion que les villes elles-mêmes s’étaient liguées contre la foule. Il n’en fallait pas plus pour que la boucherie ne débute. La marée humaine submergea ces zones laissant le carnage s’opérer et les esprits exploser. Les fauteurs de troubles s’étaient prévus des points de repli discrets et réitérèrent le processus autant de fois que nécessaire pour rendre les malheureux manipulés, totalement hystériques. Au loin, Abraxas assistait impuissant à l’avènement du Chaos et, déjà, des démons faisaient leurs apparitions ajoutant leurs participations dévotes au bain de sang. L’inquisiteur Terdre était maintenant entouré d’une aura rouge et son corps se déformait peu à peu de façon grotesque. La réalité s’effritait et les morts devenaient légions.

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11 mai 2010 2 11 /05 /mai /2010 12:21

Flavia
Afin de rester discrets, les déchus ne prirent pas le risque d’ériger des défenses dans les règles de l’art comme des casemates de béton et d’acier. Sachant qu’ils allaient bientôt être attaqués, les exilés de Caliban et leurs alliés locaux improvisèrent avec ce qu’ils avaient sous la main. Nombre de bâtiments de la ville étaient déjà suffisamment solides pour tenir des assauts et servir d’entrepôts aux matériels. Des techno-adeptes renégats usèrent de charges pour bloquer des intersections et des rues en démolissant les coins d’immeubles. Les débris formèrent de hautes barricades capables d’empêcher la progression de blindés tout en mettant à découvert quiconque aurait l’audace de les escalader. Quand les Dark-Angels s’approchaient d’un carrefour, ils constataient que les édifices de chaque côté étaient détruits, ce qui les empêchait d’accéder à un point de vue surplombant les positions ennemies. Les coins des quatre bâtiments du croisement avaient été aménagés pour que les défenseurs puissent disposer de batteries dont le champ de vision couvrait la rue à l’endroit où devait se déplacer les assaillants. Profitant de ses positions de tirs croisés en hauteur, les déchus installèrent dans les derniers étages des armes antichars pour parer à l’avance des tanks. Certaines barricades et rues dissimulaient elles-aussi des postes de tir s’appuyant mutuellement. Pour optimiser l’efficacité, les déchus s’étaient séparés et opéraient seuls avec les équipes humaines à leur disposition. Abraxas avait prévu le pire et s’attendait à ce que leurs ennemis soient prêts et équipés comme il se devait. Dans cette logique, il allait devoir composer avec les champs de mines dans les méandres d’Ortonius. A mesure que les Dark-Angels s’avançaient dans la ville, les défenses devenaient plus complexes. Elles étaient conçues pour former un réseau serré et pour embourber les attaquants dans une résistance acharnée demandant peu d’hommes. Les mines étaient cachées dans des gravas ainsi que dans des structures à faire s’effondrer pour couvrir un repli ou ensevelir des astartes. Certaines charges pouvaient être activées à distance au bon vouloir des ennemis embusqués. Les chars nécessaires pour pouvoir plus facilement frapper les immeubles ou optimiser les portées de tir, étaient fragilisés par cette configuration et exigeaient une escorte d’infanterie conséquente. En amont les scouts se positionnaient pour appuyer les équipes de déminage. Les parades face à tous ces éléments, Abraxas les connaissaient et la première était la patience. Il ne fallait pas se précipiter. Marcher inexorablement, conquérir et sécuriser les secteurs un par un. Eviter l’encombrement et privilégier la mobilité. Un bâtiment à investir pouvait être un piège redoutable. Feignant de s’enfuir d’une position pour attirer ses adversaires, les déchus faisaient s’effondrer la bâtisse une fois les Dark-Angels entrés. Généralement, dans ce genre de conflits, tout n’était que batailles de traquenards. Un objet, une arme à l’abandon pouvait être un piège mortel. Idem pour une porte qui, du coup, devenait le passage le plus inadéquat pour entrer ou sortir d’un bâtiment. Tout cela impliquait un calme et une rigueur d’exécution sans faille que seul des astartes pouvaient avoir. Malgré la pression constante des déchus pour obliger leurs frères honnis à se précipiter, rien n’y fit.
Les grenades, les armes d’assaut et les lance-flammes rugissaient à travers la ville purifiant impitoyablement les soldats humains. Les déchus pour l’instant ne prenaient pas de risques inconsidérés et, aussi pragmatiques que leurs ennemis, reculaient en bon ordre. Afin d’accélérer la débâcle chez les renégats humains, les chants sacré de purge des fils du Lion étaient diffusées assez fort pour qu’on les entende mais pas trop pour que l’on puisse aussi entendre les cris des soldats qui se faisaient occire.
Les escouades autoportées étaient un atout technologique important car on ne pouvait miner impunément le toit d’un immeuble où l’on se cachait. Malheureusement, les limites des ces sauts qu’autorisent les réacteurs dorsaux se situaient dans la dangerosité intrinsèque du terrain qui rendait hasardeux chaque avancées. Les astartes risquaient de se mettre hors de combat rien qu’en décollant ou atterrissant. Les Land-speeders étaient eux-aussi très appréciés, non pas pour intervenir directement car, dans ce genre d’environnements, ils étaient des cibles faciles mais pour quadriller et repérer les lieux. Dans une guerre urbaine, le deuxième moteur de la victoire après la patience était les renseignements.
Si la progression sur le terrain était satisfaisante, Abraxas n’avait pas oublié les avertissements de Barnard et craignait surtout le piège qui révèlerait la véritable nature de l’ennemi. Il retardait au maximum l’arrivée de maître Bélial et de la Deathwing en téléportation, espérant même ne pas y avoir recours.
Pour l’instant, les pertes étaient acceptables et l’avancé conforme aux prévisions malgré une discipline de fer et une ténacité des autochtones qui ne pouvait que forcer le respect. Leurs snipers étaient de redoutables professionnels mais les scouts arrivaient à les circonscrire. Le chapelain regretta que de tels individus soient ainsi sacrifiés à cette lute fratricide. Il avait assisté parfois Astérios lors de ces interrogatoires et il ne pouvait nier un malaise malgré sa foi et sa détermination. Cette guerre n’était pas la leur et il haït ses frères déchus pour les y avoir mêlés.

*

 

Axia
Alors que le techmarine s’affairait avec des serviteurs à sceller le caisson dans lequel était endormie Erell, le juriste Télias entra dans la salle. Il regarda la scène, n’en perdant pas un instant. Ses yeux brillaient et il s’en voulut d’être à ce point excité mais bientôt, enfin, il serait immortel aux cotés de son dieu. Sans doute que Noss regretterait les frissons que procuraient ses machinations en tant qu’humain avec ses risques et ses délices de victoires d’autant plus grands. Il se rappela l’exécution de ses complices, les nobles d’Adelphe, tués par Séverin. L’expression du gouverneur planétaire Achylle de Coche avait été particulièrement savoureuse. La décharge de plasma avait transpercé son abdomen et élimina du même coup ce pleutre de Gueusquin qui se cachait derrière. La fin des autres complices l’avait moins amusé, ce fut surtout la mise à mort de ces deux là qui lui donna le plus de jubilation. Réfléchissant à la suite des opérations, il se rappela qu’il lui faudrait quitter la planète avant de déclencher le processus qui ouvrirait la capsule au cœur de la pyramide. Normalement, Conrad devait avoir fini les préparatifs de l’appareil furtif avec lequel s’échapper et le système qui permettrait que l’activation se fasse à bonne distance. Les techno-adeptes avaient patiemment posés des runes de protections psychiques pour protéger la « clef » afin qu’elle puisse être conduite au centre du nexus psychique sous l’édifice. Un système de propulsion autonome permettrait d’acheminer la jeune fille au bon endroit sans que personne n’entre à l’intérieur. C’était, en parti, le domaine du Chaos où on ne pouvait s’aventurer impunément. Le sorcier Noss avait au préalable placé sur Erell, l’artefact nécessaire à l’accomplissement du rituel. Ca avait été une cérémonie longue et éreintante pour fournir en énergie noire l’objet en question. Regrouper les connaissances interdites qui permettaient d’activer convenablement la pyramide avait été une quête en soi.
Quand ce fut finit, Télias s’approcha doucement du techmarine :
« Je vais porter le boitier de commande au seigneur Séverin. Merci beaucoup pour ce que vous avez permis de faire, frère Béranger. A présent vous pouvez aller la placer dans l’édifice pour libérer mon peuple. » Sans un mot, le petit objet lui fut remis et l’astartes quitta les lieux. Noss attendit. L’esprit en éveil, il surveilla mentalement l’acheminement d’Erell. Quand il fut sûr qu’elle fut sous l’énorme monument, il s’éclipsa discrètement. Il sentit la présence du psyker ennemi se rapprocher avec les Dark-Angels loyalistes conformément à ses plans. Le sorcier se savait traqué par l’archiviste et s’en était servi pour attirer les ennemis de Séverin sur place. Ils allaient pouvoir retenir ce dernier et ses suivants, le temps nécessaire pour qu’il puisse s’enfuir. Il remarqua que sa main tremblait autour de la commande.

*

Martinien était assis, immobile dans une pièce à coté des machineries de transfert d’esprits. Il hésitait et tentait d’assimiler les informations que lui avait donné le grand-maître des déchus. Devenir capitaine des Dark-Angels à la place de Barnard, par exemple. Quelle folie et quelle tentation. N’avait-il aucune noblesse en lui finalement ? Pourquoi hésitait-il ? Quel était ce devoir auquel il se sentait rattaché ? Comment avait-il pu accepter le sacrifice de la fille de Lucie ? L’ignorait-il vraiment ? Au fond de lui trainait des justifications factices à son ambition. Mais en fait d’ambition, il s’agissait plus d’être de nouveau dans un moule car la vérité était qu’il était terrorisé par son libre arbitre. Ce n’était pas une course vers un idéal mais une fuite de sa vie redécouverte.

« Je ne suis qu’une bulle de savon qui voudrait être un peu plus grande avant de crever. »

Un flash lui apparut un court instant, le faisant se lever brusquement. Des images d’apocalypse, de son enfance avant le chapitre et de Lucie lui vinrent brutalement. Il se prit la tête entre les mains. Il avait déjà subit des attaques mentales et avait été entrainé à y résister mais dans le cas présent ce n’était pas tant une agression, qu’une profusion d’images incontrôlées. Martinien put s’appuyer contre un mur le temps d’un court répit où la fantasmagorie cessa. Il essaya de faire le point mais l’assaut recommença de plus belle. Les mêmes images et les mêmes séquences. Le fils du Lion comprit rapidement qu’on voulait communiquer avec lui et comprit tout de suite qui tentait de le faire : Lucie.
Dire que l’expérience fut agréable aurait été mentir mais Martinien y voyait deux éléments qui lui redonnèrent un court instant le sourire. Son mal de crâne avait disparu et Lucie était toujours là, d’une certaine manière.
Ce fut le silence. Ca n’avait duré que quelques secondes mais cela avait été d’une intensité extraordinaire. Le Dark-Angel fut même surpris de constater à quel point il voyait clairement l’avertissement qu’on lui avait lancé. Il comprit le drame de ses hésitations et ses faiblesses. A présent, il savait que la situation était pire. Erell l’avait pourtant prévenu pour Séverin mais il ne voulait pas y croire. Il voulait des rails sur lesquels reposer sa vie et sous couvert de liberté, il se laissait manipuler. Ne plus penser, ne plus avoir de responsabilités. La jeune fille avait feint de se fâcher avec lui pour le sauver au milieu des déchus qui l’auraient éliminé sans hésitations s’il avait refusé. Martinien se trouva bien pitoyable et l’excuse d’avoir été influencé psychiquement pesait bien peu.
Il se calma et regarda ce qu’il lui restait comme option.

*

« Sa trace a disparue. »
Gatien se tenait derrière Barnard, en tête de la colonne qui avançait dans les boyaux aménagés sous les ruines d’Axia.
« Nous sommes donc repérés si nous n’étions pas déjà attendus. »
Le capitaine fit quelques signes tactiques et les différentes unités se déployèrent comme une mécanique impeccablement entretenue. Devant les sas de décontamination, les lance-missiles se positionnèrent et firent exploser les portes blindées. Des fumigènes et grenades aveuglantes furent lancés et l’assaut commença. Quelques soldats humains sur place se firent tailler en pièce dans les premiers instants par Astérios ouvrant la marche. Comme pour une bataille urbaine, investir un complexe demandait de la patience et de la méthode. Les unités avançaient implacablement purifiant et sécurisant chaque secteur traversé pour prendre le temps de désamorcer les pièges sur le chemin et pour éviter une prise à revers. Apparemment il n’y avait pas de systèmes passifs de sécurité, laissant supposer qu’ils n’étaient pas attendus mais cela ne suffit pas à convaincre Barnard. Le complexe étant vaste et fort de nombreuses intersections, le risque qu’impliquait de se scinder en groupes plus petits était inévitable. Le copiste détermina par psychométrie les couloirs empruntés de ceux abandonnés. Les impardonnés bloquaient avec des mines et des capteurs les sections qu’ils ne suivraient pas et se séparèrent en groupe de cinq pour investir les lieux. Mariel menait l’un d’eux. L’esprit en feu, il marchait dans les couloirs tel un dieu de la guerre courroucé.

*

Le seigneur Noss observa du poste qu’il avait aménagé en secret, les troupes du capitaine Barnard qui investissaient le dédale des souterrains xénos. Il trouva pitoyable et triste la rigidité militaire de ses ennemis. Cela manquait d’un sens artistique évident. Une fois qu’il fut sûr que tous furent rentrés, il se dirigea vers le passage aménagé pour sa fuite. Il pénétra dans un sas de décontamination et revêtit sa combinaison. Quand il eut fini, il se rapprocha pour ouvrir l’autre sas et enfin sortir. Le système d’ouverture se bloqua brusquement et une lumière rouge se déclencha comme lors d’un nettoyage de radiations. Le sorcier comprit tout de suite qu’il était piégé et entreprit de lancer un sort puissant pour défoncer la paroi. Ne cachant plus son aura et délaissant toute prudence, il visa la porte blindée devant lui. Un premier jet de lumière multicolore enfonça partiellement le métal mais pas suffisamment. Le bruit du choc à l’intérieur d’un espace aussi réduit, lui détruisit les tympans et du sang coula de ses oreilles. Malgré la douleur, il recommença à réciter une nouvelle incantation. S’il avait eu la possibilité d’entendre encore quoi que ce soit, le bruit du gaz bactériologique introduit dans le sas lui serait parvenu. Ce détail n’aurait rien changé à la mort atroce qu’il dut subir. Les tissus rongés en quelques secondes, il fut réduit en poussière en ayant à peine le temps de crier sa rage et sa peur. Le serviteur du grand-architecte rejoignait son dieu mais pas tel qu’il l’avait souhaité. Un système de nettoyage de l’air se mit en route et balaya les restes méconnaissables du terrible sorcier. Il fallut quelques minutes avant que la lumière ne s’éteigne et que le niveau de sécurité ne soit rétabli. Le sas d’accès s’ouvrit et le grand-maître Séverin, casqué de son heaume ailé, entra. Il fouilla au sol les objets métalliques comme le masque étrange qui permit à Noss de prendre les traits du juriste Télias. Le déchu trouva ce qu’il cherchait, ramassa la commande du caisson d’Erell et repartit sans un mot.

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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 10:31
Flavia & Axia - Guerre urbaine & croisade

Flavia
Une cité ruche est le résultat d’une logique sociale et systémique alambiquée, devenue tellement complexe avec le temps que personne ne peut prétendre la contrôler. On peut y avoir une influence plus ou moins forte tout en restant soumis à son mécanisme. De tout temps, l’humanité a donné naissance à des systèmes sociaux pour vivre en communauté et immanquablement, ces derniers vieillirent mal. Souvent naissants plus par la volonté d’une minorité que de celle du peuple, ils viennent au monde, imparfaits, avec des écarts entre les classes qui se creusent inexorablement. Les nantis se perdant à conserver leurs privilèges sur le dos d’une masse exploitée, on glisse vers une oligarchie naturelle. Tels des organismes qui ne servent plus autant l’homme que l’homme ne les sert, ces systèmes s’aménagent des nids monstrueux prenant la forme de cités ruche. A plus grande échelle, l’Impérium suit la même logique.

La cité de Flavia comportait des similitudes avec ses homonymes d’autres planètes comme Nécromunda et à l’identique de cette dernière, il y avait la notion de Sous-monde.
Un Sous-Monde et son organisation est au-delà des lois dictées par les Maisons nobles et la ruche. Profonde de plus d’un kilomètre, sa zone n’est jamais parfaitement définie. C’est un chaos surpeuplé et pourtant abandonné. On y vient pour se cacher ou faire sa fortune. Y naitre est une malédiction.

Une ruche est toujours d’une taille extravagante et il en était de même sur Adelphe III. Les couches superposées de plasbéton en forme de dômes abritaient l’équivalent d’un département avec ses villes, ses reliefs artificiels de ruines désaffectées et de bâtiments insalubres. Des lacs corrosifs et pollués amenaient une variation visuelle sans réconfort. Hormis pour les niveaux supérieurs, le ciel était devenu une légende pour les autochtones les plus désœuvrés. Malgré des conditions dures et une géographie martyrisée, des villes dans la cité existaient et dans une certaine mesure prospéraient littéralement. C’est-à-dire que l’idée ou le concept prospérait mais pas les individus. Les usines d’extraction des ressources se trouvaient souvent dans les bas niveaux, ce qui créait de l’emploi, des intérêts et donc des conflits.
Le chapelain Astérios avait obtenu de ses victimes l’emplacement des déchus dans le Sous-monde de Flavia : Ortonius.

*

La ville comptoir d’Ortonius n’était pas très large, à peine 500 mètres, bordée à l’est par une muraille de filtrage gazeux qui faisait office de falaise surplombant le port du lac Pyros. A l’ouest, un accident catastrophique d’une usine chimique de la maison Ozoft avait créé un véritable ravin. L’approche des lieux ne pouvait se faire que par le sud. Une attaque ou un largage orbital était inenvisageable de par les dômes surplombant l’ensemble. Des frappes par téléportation ne pouvaient s’effectuer qu’à l’aide de balises soigneusement disposées à cause de la densité urbaine et des variations énergétiques de ces milieux. Les maisons en bétons renforcés et en métaux lourds offraient une formidable résistance. Dans les quartiers les plus anciens se dressait l’ancienne techno-église Paule alors désaffectée. Elle était entourée de vieilles demeures de deux ou trois étages dont le rez-de-chaussée n’était souvent qu’une seule grande pièce sans fenêtre donnant sur des rues pavées, étroites et sombres. Un système de passages souterrains reliait les différentes demeures par des caves, datant de la catastrophe chimique. Cela avait permis aux habitants de se déplacer sans s’exposer aux retombées toxiques. Au sud, les maisons plus modernes et les entrepôts étaient disposés en quadrilatères réguliers, mais les rues étaient si étroites que les immeubles, la plupart de quatre étages, se touchaient presque. La cathédrale Clémence pouvait être aperçue au sud-est, relativement bien conservée mais n’abritant plus aucun ecclésiastique depuis longtemps. Il n’y avait que deux ou trois avenues assez larges pour permettre le passage de blindés, ce qui laissait peu de choix aux attaquants. La difficulté pour acheminer les chars à ces niveaux n’était pas la seule raison pour laquelle un pilonnage brutal mais économique en vies ne fut pas envisagé. Avant toutes choses, la priorité des Dark-Angels était la récupération des déchus pour pouvoir sauver leurs âmes et par la même permettre au chapitre de s’absoudre de ses pêchés. De plus, même avec leur approche militaire accordant peu de concessions, les fils du Lion savaient qu’à ce niveau de la ruche, une telle attaque aurait profondément heurté l’opinion et aurait suscité des révoltes qu’ils ne pouvaient s’offrir le luxe de mater en parallèle. La nécessité d’aller débusquer les traitres sur place était incontournable.

La guerre urbaine, même pour des astartes, restait une des pires configurations de batailles possibles et la principale source de problèmes pour un stratège. Malheureusement, les villes étaient devenues le champ de bataille le plus courant depuis longtemps. Elles abritaient des populations, des centres de transports, des sièges administratifs, des sources de richesses, des complexes industriels, des réseaux d’information, des nœuds vitaux de communication…etc. De plus, c’était en milieu urbain que se trouvaient le plus souvent les idées radicales, que les dissidents trouvaient leurs alliés et que les mélanges raciaux provoquaient des frictions ethniques. Le tout attirant avidement l’attention des médias qui, même s’ils étaient tenus au silence par les autorités impériales, ne pouvaient être totalement muselés.

La seule réalité d’un combat urbain était que cela impliquait des opérations d’infanteries très éprouvantes physiquement et psychologiquement. La nature même des astartes et leur équipement leur permettaient de faire une différence déterminante dans la majorité des cas sauf quand ils étaient confrontés à leurs semblables. Vétéran de nombreuses campagnes du même genre, le chapelain Abraxas de la troisième compagnie allait mener les opérations sur Ortonius. Maître Bélial et la Deathwing seraient en attente de téléportation pour venir capturer les déchus et repartir rapidement. L’impératif de garder ces renégats hors de vue du monde et même de certains Dark-Angels ajoutait aux difficultés.

L’assaut fut lancé fort d’un effectif d’une cinquantaine de Dark-Angels et d’une vingtaine de scouts contre un nombre d’ennemis humains et space-marines inconnu.


*
Axia
Erell n’avait pas dit un mot depuis l’appartement et avait suivi sans résistance les serviteurs de Séverin. Martinien ne l’avait pas quitté mais n’avait rien osé dire non plus. Leurs regards ne s’étaient pas croisés durant les deux heures et quart du voyage. Embarqués dans un transport du méchanicum, ils avaient volé en rase-motte à travers les plaines, les montagnes puis le désert radioactif menant à Axia. Anhiel était avec eux et ne quitta pas Martinien du regard, lui faisant comprendre à quel point sa présence lui coutait. Ce dernier s’en fichait éperdument et avait une difficulté particulière à mettre de l’ordre dans ses pensées. Un mal de crâne insidieux l’accompagnait maintenant depuis plusieurs jours. Il bouclait sur son avenir, ne sachant pas quoi faire. Les vérités qu’il avait découvertes sur ses frères l’avaient profondément blessé. Il aurait donné sa vie au chapitre, il aurait été prêt à tout pour lui. Son ambition à commander n’avait pas été éconduite à cause d’un manque de compétences mais pour garder cacher un secret honteux. Un secret qui transformait peu à peu les descendants de la première légion en traitres à l’humanité.
Le paysage hypnotique défilait monotone. Lorsqu’enfin ils arrivèrent au-dessus des ruines, Martinien réalisa qu’il était près de l’endroit où Lucie avait été tuée. Cela le réveilla et lui fit observer plus avant la désolation des lieux. Le ciel était encore chargé de la poussière mortelle soulevée lors du bombardement. Voyant ce spectacle de destruction, le fils du Lion se rappela tous les théâtres de campagnes et les champs de batailles sur lesquels il avait combattu tel un automate. Jamais il n’avait considéré ces lieux comme des cadres de vie. A aucun moment, il n’avait réfléchi à « l’avant » d’une scène de carnage. Une mélancolie malsaine s’entremêlant avec une culpabilité acide, Martinien ne put détacher son regard du hublot jusqu’à ce que l’appareil ne stationne près d’un puits de trois cent mètres de diamètre. La navette plongea dans l’obscurité les projecteurs allumés, collant les passagers à leurs sièges. La descente fut longue. Erell agrippa le bras de Martinien, l’inquiétude prenant le pas sur l’amertume. Ce dernier la regarda penaud quelques secondes et détourna le regard feignant l’indifférence plutôt que de se montrer compatissant. On voyait que des passages avaient été aménagés tant bien que mal au travers des éboulis mais même ainsi, il fallut plus d’une heure pour que le vaisseau n’arrive enfin à destination. Une plate-forme, elle-aussi installée post-destruction, permis d’atterrir sans encombre. Un sas télescopique vint s’arrimer pour protéger les passagers des radiations. Les marines se levèrent, mirent leurs casques et enjoignirent Martinien de faire de même. Séverin l’avait autorisé à porter l’épée et l’armure de Nemiel ce qui n’aida pas à ce qu’Anhiel vive mieux la situation. On donna à Erell une combinaison de qualité pour qu’elle puisse elle-même se protéger.
« En avant. On en a pour un moment à marcher. » En effet, cela dura deux heures de plus. Ils empruntèrent des passages de toutes tailles. Parfois il fallu que les Astartes se baissent tant le boyau devenait étroit, parfois ils passaient dans les dômes immenses du Sous-monde qui avaient été balayés de l’intérieur par le souffle sans pour autant s’effondrer. En marchant, Martinien remarqua les temples dédiés aux puissances de la ruine qui avaient été détruits, sans doute érigés par les mignons de Praxius. Il cru voir ici et là des restes d’armures énergétiques. Ils continuèrent à marcher descendant toujours plus profond, utilisant parfois des monte-charges qui avaient été installés, sans doute pour acheminer du matériel. Les travaux d’aménagement avaient été énormes et les moyens investis considérables. Ils arrivèrent à un changement de décors et Martinien reconnut une signature non-humaine. Le sol était atypique car en cuve, non plat. Voyant sa surprise, Anhiel lança :
« Les xénos que nous avons du déloger, il y a dix mille ans, n’avaient pas de jambes mais étaient rampants. Toute leur architecture était influencée par cette morphologie sauf pour les ghettos humains qu’ils avaient construits. Par exemple, il n’y avait pas d’escaliers mais uniquement les pylônes autour desquels ils s’enroulaient pour monter ou descendre des étages. Cela dit, on n’a pas eu de gros soucis là-dessus, ils n’avaient pas beaucoup de structures en surface et préféraient vivre sous terre. Ils craignaient la lumière et les radiations solaires. Ils déléguaient à leurs esclaves la gestion des ressources en plein air. C’est en partie pour ça qu’ils en avaient besoin d’ailleurs. Martinien en profita pour essayer de discuter un peu, histoire d’en savoir plus.
-Ils devaient bien exercer une influence d’une manière ou d’une autre. On ne laisse pas des esclaves sans surveillance.
-En effet et vous verrez bientôt. Ce fut une des spécificités qui fit que cette campagne avait été particulièrement épineuse. Je ne parle même pas des combats en sous-sols. Martinien devint songeur.
-Ca devait être une époque extraordinaire.
-Oui… Oui, assurément.
-Avez-vous déjà vu l’Empereur ?
-En vérité ce fut de très loin. J’ai rejoint la légion deux campagnes avant qu’il ne se retire régulièrement vers d’autres occupations comme intégrer ses fils à l’Impérium. Cela dit, il n’y avait pas besoin de le voir pour sentir sa présence sur un champ de bataille. C’est comme si on nous avait permis d’être des dieux puis condamnés à des vies de mortels comme une disgrâce ou une punition. On nous a prit notre sang et notre foi. » Anhiel regarda Martinien d’une façon que ce dernier ne put déchiffrer à cause du casque. Il faillit parler mais se rendit compte qu’il n’obtiendrait plus rien pour l’instant. Le reste de la marche se fit en silence. Tout à ses considérations sur l’époque de légende, Martinien réalisa un peu tard qu’il avait de nouveau oublié Erell qui marchait à ses cotés, se forçant à ne pas trembler et rester digne. Le Dark-Angel réalisa que son approche de guerrier et d’astartes voué à se battre ne pouvait être la même pour elle dont le seul horizon n’avait jamais été que de danser devant des yeux vitreux. Elle était fragile et bien mal adaptée à la vie dans cet univers. Assez pitoyable en fait.
L’architecture xénos était déroutante mais son expérience lui permis de voir l’influence religieuse et magique de cette race. Il était évident qu’elle côtoyait l’ésotérisme. Les décorations et bas-reliefs n’auraient pas suffit à amener cette conclusion mais on pouvait encore distinguer des commutateurs et autres instruments d’intérêts pratiques, manufacturés suivant une symbolique qui n’avait rien de technique. Un dernier sas se présenta à eux et ils purent retirer leurs protections. Les armures durent être nettoyées des radiations dans lesquelles elles avaient baignées. Anhiel les conduisit enfin, dans une grande salle réhabilitée par des équipes de techno-prêtres qui s’affairaient à faire fonctionner un enchevêtrement de mécanismes bizarroïdes. Séverin, le juriste Télias et les officiels renégats les attendaient. Le grand maître accueillit chaleureusement Martinien.
« Soit le bienvenu mon frère. Voici le lieu où l’Histoire va changer.
-Bonjour maître Séverin. Désolé de ne pas partager votre enthousiasme mais le voyage a été quelque peu tendu. Il regarda Anhiel qui lui rendit un sourire mauvais. Séverin rit un court instant.
-Bien sûr mais cela changera. »
Un techmarine vint prêt d’Erell et l’obligea doucement à l’accompagner dans une salle annexe. Martinien s’interposa.
« Ca suffit et vous, ne bougez pas. Il va me falloir des explications Séverin. D’un geste le maître des déchus calma ses acolytes.
-Vous avez raison Martinien. L’heure n’est plus aux faux-semblants. » Il dégaina son pistolet à plasma. Il le regarda dans les yeux puis se retourna et abattit sans préambule tous ses complices à l’exception de Télias qui sursauta tout de même devant ce spectacle. Le grand-maître remis son arme encore fumante dans son holster et se dirigea vers une ouverture au fond de la salle.
« Venez Martinien. Laissez notre frère techmarine s’occuper de votre amie, il en prendra grand soin.
-Vous ne m’avez pas convaincu pour autant en abattant ces traitres à l’Impérium. Que voulez-vous faire ?
-Vous permettre de devenir capitaine d’une compagnie des Dark-Angels !
-Comment ?!
-Laissez-la, Martinien et embrassez votre destin. Il est temps de croire en moi. Elle est ici pour libérer les âmes d’Axia. Le fils du Lion resta figé un instant. Il pensa immédiatement à Lucie et son mal de crâne s’accentua, le sang lui cognant aux tempes.
-De quoi parlez-vous donc ?
-Suivez-moi tous les deux. »


*
Ils suivirent la dizaine de déchus jusqu’à une salle immense où une pyramide blanchâtre semblait vibrer d’une vie torturée. Des cris raisonnaient partout dans la salle comme un vent mauvais. L’édifice avait une base de plus de deux cent mètres de longueur.
« C’est une sorte de cuve en plus compliqué. » Martinien sortit de sa torpeur. Il devait rester concentré. Toute cette salle puait l’Immatérium. Le grand-maître reprit.
« Lors de la campagne qui avait conduit à libérer cette planète, nos savants découvrirent quelque chose de terrible. Il faut savoir qu’il n’y avait pas beaucoup de vies sur cette planète et les xénos n’y étaient pas apparu naturellement. Ils étaient venus s’y installer et avaient asservi les hommes sur place lors de l’ère des luttes. Dans la mesure où ils étaient vulnérables à la vie à l’extérieur, il devint assez vite évident qu’ils étaient venus pour les membres de l’humanité vivant ici. Les matières premières couramment usitées par l’Impérium n’avaient que peu d’intérêt pour eux.
Pour être bref, ces xénos n’étaient pas tant un peuple qu’une secte et nous découvrîmes qu’ils voulaient offrir un sacrifice à leurs dieux. A l’époque nous primes ça pour une folie et du folklore sans voir l’implication réelle dans le Warp. Nous apprîmes plus tard en rencontrant d’autres gens de cette espèce que ceux d’Adelphe III avaient été bannis par les leurs et étaient venus se réfugier ici. Je n’ai compris le rapport aux forces du chaos qu’après la chute de Caliban et mon exil. » Séverin marcha tranquillement, faisant le tour de l’édifice et regarda son sommet. Le juriste Télias ne semblait plus du tout terrifié mais intrigué et écoutait avidement le récit. Intérieurement, le seigneur sorcier Noss jubilait de voir son pion user du même stratagème que lui pour rallier le Dark-angel.
« Comme toute cérémonie, le processus devait suivre une logique et des rites précis. Le sacrifice d’âmes qu’ils voulaient offrir à leurs dieux devait être exceptionnel et comme la maîtrise des énergies du Warp était leur, ils fabriquèrent ce container qu’ils emplirent patiemment et consciencieusement avec les générations d’humains de cette planète. Après notre conquête, les adeptes des machines n’y virent qu’une grosse cuve à énergie. Ils entreprirent de l’étudier mais sans grand succès. De plus, de part les décrets visant à limiter les activités psychiques, la zone fut mise à l’isolement assez vite.
-Vous êtes en train de me dire que les âmes des citoyens d’Axia sont là-dedans en plus de ceux des premiers habitants de la planète ?
-C’est cela même et votre amie en est la clef. Normalement cette machine devait servir à sacrifier assez d’âmes en même temps pour créer une faille warp considérable. Je serais incapable de dire quel en serait la portée mais personne ici ne tient à le savoir. Erell s’éloigna de Martinien observant l’édifice.
-Mes parents sont à l’intérieur ?
-Dans un sens oui et ils souffrent.
-Comment pourrais-je y faire quelque chose ? Je ne suis personne !
-Vous êtes l’unique survivante de cette cité à présent. Vous avez un lien de sang avec ces esprits torturés. Vous êtes la clef.
-Pourquoi n’en parler que maintenant ? Pourquoi attendre si longtemps ? Elle avait crié un peu malgré elle. Son teint était devenu pâle. Martinien, malgré ses idées confuses comprit rapidement.
-Le processus lui ôtera la vie, n’est-ce-pas ? Séverin lui lança un regard grave répondant mieux qu’avec des mots. Martinien prit peur, croisa le regard de sa compagne et vu que sa décision était déjà prise.
-Attendez Erell, rien ne nous dit que tout cela est vrai. Ils peuvent tout autant frayer avec le Chaos et vouloir terminer ce rituel.
-C’est la raison pour laquelle je ne vous ai rien demandé tout de suite. J’ai décidé de me montrer tel que j’étais pour que vous sachiez si vous pouviez me faire confiance ou non. Le sacrifice doit être volontaire. Croyez-moi. »
Martinien bouillait intérieurement. Une traitrise, un assaut ou une bataille, il aurait mille fois préféré mais devoir à nouveau faire ce choix le rendait fou. Malgré cela, au travers des couches de colère et d’indignation, il sentit surtout son hypocrisie qui lui offrait l’opportunité de rejoindre les siens en se libérant noblement de sa responsabilité d’envers Lucie. Une façon perverse de boucler la boucle mais jamais il ne s’était senti aussi minable. Avant qu’il ne puisse bouger Erell s’exprima.
 « Laissez tomber Marti. J’ai compris. Je vais le suivre. Allez rejoindre les vôtres. Vous ferez plus de bien qu’en protégeant une petite chose insignifiante comme moi. Il la regarda, les yeux écarquillés.
-Vous n’y pensez pas. Je ne vous abandonnerai sous aucun prétexte.
-Vous faites ça par obligation mais, soyons clairs, nous ne serions pas ici si votre préoccupation première était ma vie ! Vous crevez d’envie de rejoindre l’autre zouave pour aller libérer la galaxie. A cela Martinien ne sut que répondre.
-Ne cherchez-plus et arrêtez de vous torturer, je pars avec le tas de boulons et ses trois bras. Autant que ma vie serve à quelque chose. C’est inespéré pour un habitant du Sous-monde, vous savez. » L’ironie morbide flotta encore lorsqu’elle tourna les talons et partit devant le techmarine qui lui emboita le pas. L’astartes resta figé à la regarder partir. Il ne comprit pas ce dernier cadeau qu’elle essaya de lui faire mais quelque chose n’allait pas. Ses idées s’embrumaient de plus en plus. Il était difficile de se concentrer, comme si un bruit parasite ne quittait plus ses pensées. Son cœur lui soufflait de protéger Erell, son conditionnement lui criait de combattre ces rebelles à l’Impérium sans ce soucier des pertes collatérales mais sa raison, elle, n’osait rien. Une main vint se mettre sur son épaule et la bête en lui, rugit son approbation.
« Allons, mon frère. C’est mieux ainsi.
Je ne vous ai pas menti. Vous serez bientôt capitaine. »


Linuial
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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 10:29
Une dernière respiration


Le masque de mort du chapelain se tordait sous la lueur des chandelles, émergeant par alternance de l’obscurité. L’homme avait été amené et installé sur la machine de torture sans ménagement par des serviteurs du mechanicum dénués d’âmes. Il était resté longtemps à scruter les lieux sombres, essayant de s’habituer au manque de lumière. Il avait fini par distinguer le chapelain en armure qui, ne bougeant pas, lui avait semblé être une statue. Quand il s’avança, l’humain entravé sur un chevalet rudimentaire laissa s’échapper un cri bref de terreur et de surprise. En prélude à l’écartèlement, Astérios tourna autour de lui lentement, des lames se reflétant entre ses doigts. Les lentilles rouges de son casque émettaient une faible lumière donnant à son regard la promesse d’une malveillance terrible. Une voix plus noire que la nuit résonna et fit sursauter le supplicié :
« La moisson a été bonne. Il est des dizaines de tes semblables qui attendent mes bons offices, hérétique. Ce que tu ne me diras pas, d’autres le feront. Tu subiras tout ce dont mon talent t’honorera. » Chaque mot parvenait à l’humain comme une douleur dépeçant son corps nu. Il n’y avait aucune échappatoire, ni aucun espoir.
« Il ne te reste que deux opportunités de faire des choix à présent. Je vais procéder à une introduction pour te faire entrevoir ce que je te réserve vraiment et te prouver ma volonté. Je te donnerai alors l’opportunité de libérer ta conscience. Si tu t’obstines, je continuerai comme il se doit. Au bout d’une heure, si tu es toujours en vie, je t’offrirai une ultime chance d’accéder au pardon de l’Empereur. » L’homme sanglotait malgré lui mais il serra les dents regardant son bourreau sans faillir. La voix éraillée, il hurla :
« Je ne vous dirai rien salopards. Bouchers ! Je demande à l’Empereur de vous pardonner, car c’est vous qui avez trahi. Il avait raison. Il avait raison.
-Qui avait raison ? »
L’humain regretta son emportement et se mura dans le silence. Il cracha vers Astérios comme un dernier défi.
« Qu’il en soit ainsi. » fit ce dernier en guise de transition.
 
*

Conrad se tenait face à un pupitre dans les appartements du seigneur Noss. Ses membres mécaniques s’étaient divisés en divers accessoires qui lui permirent de retranscrire dans un ouvrage laissé à cet effet, son rapport concernant ses recherches sur Martinien. Noss était très occupé ces derniers temps et maintenant qu’il avait terminé ses investigations, Conrad allait revenir à ses premières attributions. Avant cela, il rédigea donc son rapport car il y avait peu de chances qu’il puisse s’entretenir avec son maître avant longtemps. Il espéra vivement que ce dernier ne tarderait pas trop à en prendre connaissance. L’homme-machine se dirigea d’un pas grinçant vers une pièce, ancienne chapelle personnelle du juriste Telias, désacralisée et convertie en cellule. Quand il ouvrit la porte, l’inquisiteur Terdre se tenait debout, se portant comme un charme. Il l’accueillit d’un sourire mauvais.
« Ce corps misérable ne fera pas long feu. Il est temps mortel. »

*

« Cela se précise.
-C’est-à-dire Gatien ? »
L’archiviste mis doucement sa tête en arrière aussi loin que lui permit la « capuche » de son armure, le protégeant mentalement. Ses yeux, alors d’un blanc laiteux, semblaient observer tout un univers redoutable dans une pièce pourtant totalement vide. Le capitaine Barnard resta muet, respectant le temps nécessaire à ce que le psyker se reconstruise. Enfin, ses pupilles réapparurent :
« Je saisis des courants dans les évènements à venir. Il y a des pôles forts et des endroits totalement occultés. Je distingue deux psykers de ma force au minimum. Un ne m’est apparu  qu’une fois. Il ne semblait pas vouloir se cacher mais l’autre se fait bien plus fuyant. Ce dernier était présent lors de notre premier passage sur Adelphe III, j’en suis certain.
L’autre est xénos, sans doute un eldar. »
Le capitaine prenait soin d’assimiler les nouvelles. Beaucoup de nouveaux joueurs pressentis mais beaucoup d’inconnues à gérer en plus. Néanmoins le Dark-Angel attendait une dernière information. Il fixa silencieusement le copiste qui malgré sa constitution d’astartes semblait exténué.
« J’ai pu voir ce que vous m’aviez demandé et vous aviez raison mon ami. Ca n’a pas été facile car le site est toujours fortement chargé de la mort et de la souffrance des citoyens d’Axia. L’Immaterium est en grand trouble, particulièrement hostile mais, caché sous ce chaos, une convergence psychique hors norme sommeille. Il me faudra l’étudier de plus près mais je suis convaincu que ce n’était pas là avant notre passage d’il y a trente ans.
-En conclusion, ce qui se trouve sous les ruines d’Axia résulte de notre action de jadis.
-Je ne peux, hélas, qu’aller en votre sens. La question qui se pose est la suivante : est-ce accidentel ou non. »
Le capitaine Barnard lui rendit un demi-sourire désabusé et se colla au fond de son siège. Il ramena inconsciemment son poing sur sa bouche et se perdit en réflexions. Gatien sembla soudain prit d’un spasme et se redressa brutalement. Il dut s’appuyer sur son sceptre pour ne pas tomber. Barnard s’éloigna immédiatement et sortit son pistolet plasma, tenant son compagnon en joue.
« Arrg… Ca va… Ca va aller Joseph. » Le capitaine se rassura un peu après que Gatien l’ait appelé par son prénom. C’était un code de reconnaissance entre ami.
« Que s’est-il passé, Yviel ?
-Le Chaos. Les puissances de la ruine viennent d’entrer en ce monde. »

*
Le grand maître Séverin se tenait au bout de la table de briefing, encadré par deux guerriers en armure dreadnought d’un noir profond. Il regarda les cinq hommes, debout comme lui, attendant un mot de sa part. Le déchu laissa planer dans l’air cette impression de solennité et d’instant historique. La cinquième semaine de campagne de terreur des Dark-angels allait bientôt s’achever. Quasiment toute la planète vouait une rancœur farouche contre les space-marines. Grace à ses complices appartenant à toutes les strates de la population, Séverin avait retourné les procédés des ses ennemis pour monter peu à peu l’opinion publique contre eux. Cela avait commencé avec Praxius. Une campagne de désinformation avait été mise sur pieds pour que seuls les Dark-Angels soient rendus responsables du drame d’Axia. L’Administratum de Terra et l’Inquisition en particulier n’avaient pas été mentionnés, on murmurait même qu’ils n’avaient pas été mis au fait de l’évènement. Quant au gouvernement, il s’était posé en victime. A présent, même la garde et l’Adeptus Arbites nourrissaient une hostilité puissante envers les fils du Lion. La pression était arrivée à sa limite et il ne restait plus qu’à allumer l’étincelle qui ferait tout exploser. Séverin regarda le juriste Telias qui lui rendit toute l’émotion de ce moment attendu.
« Messieurs, nous entrons dans la phase finale de notre plan. Même parmi nos amis, vous êtes les seuls au fait de ce qui suivra véritablement. Le sacrifice personnel auquel vous consentez est énorme et croyez bien que pour ça vous avez gagné mon respect et mon admiration. Vos actions au sein de la populace et vos investissements ont rendu ce miracle possible. »
L’ex gouverneur planétaire Achylle de Coche, gonflé d’orgueil, ne put résister à l’envie de se faire mousser encore plus et prit la parole.
« Monseigneur. Un grand merci à vous au nom de tous nos frères. Vous nous avez montré la voie à suivre. Je suis fier de me tenir à vos cotés. Le sacrifice auquel nous consentons n’est que peu de chose et je dirai même que ce n’est que justice envers notre peuple. Loué soit l’Empereur.
-Loué soit l’Empereur. Reprirent-ils, tous en cœur. Le patriarche Gueusquin inquiet de nature, en profita pour s’inviter dans la conversation.
-Maître Séverin. Nous avons en effet réussi de grandes choses. Malgré tout, je crains qu’il ne nous manque une autorité suffisante pour soulever totalement la planète contre nos adversaires. Comprenez bien que je ne perds pas la foi et que je souscris aux risques futurs avec allégresse mais je persiste à croire que sans plus d’appui nous ne mobiliserons pas assez des nôtres contre vos frères honnis.
-Balivernes ! Gueusquin, vous péchez par excès de prudence. Ne soyons plus timorés ! Ce stade est dépassé. La planète tout entière exècre les astartes, y compris l’armée et les arbites. Maintenant c’est la gloire ou la mort. Notre courage fera la différence. N’est-ce-pas Telias ? Le sarcasme et l’ironie du gouverneur n’échappa point au concerné.
-En effet gouverneur mais le patriarche de la noble famille Ozoft a néanmoins raison. Un appui supplémentaire est nécessaire et le grand-maître y a pourvu. »
Tous alors se tournèrent vers Séverin, intrigués par cette révélation.
« Telias est bien trop modeste et, en vérité, c’est lui qui a pu nous donner cet atout inestimable. Notre ami a réussi à rallier à notre cause celui qui légitimera notre action. Car, par son aval, ce nouvel allié confirmera pour qui en douterait encore que notre cause est juste aux yeux de l’Empereur. N’ayez-plus aucun doute car je vous le dis nos ennemis sont perdus et bientôt, ils payeront. » Les portes s’ouvrirent et un homme austère apparu, un rictus inquiétant au visage. L’assistance resta sans voix. Même pour ceux qui ne l’avaient pas connu à l’époque, le sceau de l’inquisition qu’il arborait fièrement ne laissait place à aucune ambiguïté. Tous comprirent trop tard qu’ils n’étaient pas aussi maîtres de leurs destins qu’ils avaient la présomption de le croire. Achylle de Coche resta pétrifié, les yeux emplis de crainte.
« Inquisiteur Terdre... »

*
Le capitaine Bélial regardait avec attention les cartes et les clichés pris en orbite. La zone dévastée d’Axia, hautement radioactive, brouillait la perception des esprits de la machine. Malgré tout, on distinguait facilement les cinq cratères témoignant des points d’impact. Les ogives avaient été programmées, à l’époque, pour perforer les diverses couches de la cité ruche puis pour exploser au niveau du sol. Le souffle avait catapulté aux alentours des pans entiers de la ville. Derrière les taches qui parasitaient les prises de vue, on discernait à peine les quelques vestiges de la ville. Des ruines devenues grises par la poussière et le temps passé.
« Vous êtes sûrs de vous frère Gatien ?
-Je le suis, maître Bélial.
-Et vous, frère chapelain, vos informations vous paraissent-elles fiables ?
-Je peux vous certifier que les révélations qui m’ont été faites étaient sincères et qu’elles recoupaient les informations de mes agents infiltrés. Cela ne veut pas dire pour autant que cela soit la vérité. Le mensonge et la duperie sont devenus les armes de nos frères déchus. »
Le maître de la troisième compagnie regarda son homologue. Le capitaine Barnard posa un grimoire des archives d’Adelphe III sur la table et marcha vers les vitraux holographiques du strategium. Bélial le suivit du regard et s’exprima de nouveau :
« Fort bien. Astérios a reçu des aveux menant à la cache de nos frères déchus, en plein centre de la cité ruche de Flavia, dans les bas niveaux. C’est un vrai coupe-gorge et un terrain adéquat pour une guérilla redoutable. Nous avons regroupé les forces de défense planétaire ainsi que les arbites pour isoler Flavia, créant ainsi un blocus. Ils formeront un premier cercle, un second cercle de la troisième et quatrième compagnie composée d’astartes non encore initiés à notre quête, empêchera que quiconque ne passe dans un sens comme dans l’autre. Enfin, la tâche d’aller chercher nos frères déchus me revient, accompagné entre autre de la Deathwing. Par contre Barnard, je ne veux pas de Mariel à mes cotés. C’est un très bon combattant et je sais que de toutes façons vous aviez prévu de lui effacer la mémoire après notre campagne mais je ne le veux pas avec moi. Il n’est pas assez fort. Si Séverian avait été là, il aurait été capable de l’exécuter sur le champ.
-Il ne mérite pas ça mais j’en prends note. Séverian n’est pas capitaine et ne dirige pas les opérations. Nous avons besoin d’un maximum d’astartes dans le secret et j’assume ma décision. Il m’accompagnera donc aux ruines d’Axia.
-Vous êtes décidé à y aller ? Nous gagnerions à unir tous nos effectifs, je le maintien.
-Nous étions d’accord pour suspecter les forces de la ruine et cela se confirme. Nous arrivons vraisemblablement au dénouement de notre campagne. On ne peut risquer d’être pris à revers par une incursion démoniaque majeure que nous n’aurions pas les moyens d’endiguer. J’irai là-bas accompagné de Gatien et de quelques autres dont Mariel. Nos scouts ne peuvent se rendre sur place à cause des radiations. »
Le capitaine de la quatrième compagnie continuait à regarder les images de désolations d’Axia sur les vitraux. Le chapelain Abraxas voulu en savoir plus.
« Maître Barnard, vous semblez préoccupé. Ces mises aux points ne nécessitaient pas cette réunion, nous perdons un temps précieux et devrions nous lancer à l’assaut sans plus tarder, si vous me permettez.
-C’est exact, il y a autre chose. Je pense avoir trouvé le lien. Je pense savoir qui est notre adversaire. » Les yeux de Bélial brillèrent.
« J’ai fait des recherches dans nos archives de chapitre et celles d’Adelphe dès notre retour sur cette planète. Je ne crois pas aux coïncidences et la présence d’autant de déchus à cet endroit où nous avons déjà œuvré n’est pas un hasard. La chance a voulu que je retrouve des traces témoignant de certaines légendes qui parlaient des temps où l’Empereur marchait à nos cotés.
Cherchant dans nos propres archives, j’ai découvert que c’était la première légion qui avait libéré Adelphe III lors de la grande croisade, bien avant le Lion. Le capitaine en charge était Athias Séverin. Je pense qu’il est de retour sur les premiers lieux de sa gloire mais surtout qu’il a une connaissance de l’endroit  et qu’il a choisi le terrain de notre rencontre.
-Séverin… Le problème reste ses objectifs qui ne sont pas définis mais si c’est vraiment lui et que tout ce qui s’est passé depuis au minimum trente ans est de son fait alors rien n’est certain. Comme il ne s’est pas encore manifesté, il est probable qu’il tente de nous piéger mais de là à frayer avec le chaos.
-C’est aussi pour ça que j’irai à Axia. Nous ne pouvons laisser passer notre chance mais il va falloir assurer nos arrières. Il y a plus de dix-mille ans, la première légion dut combattre des xénos encore inconnus jusqu’à lors. Il est fait mention de problèmes d’infiltration et d’attaques subversives lors de la campagne mais sans plus de détails. Il est déjà miraculeux d’avoir eu accès à ces informations.
La seule conclusion que je puis en tirer c’est qu’il faut s’attendre à ce que l’ennemi étale son jeu lors de notre prochaine action. Notre statut de chasseur n’est plus assuré.
-Que proposez-vous ? »


*

« Préparez-vous, nous allons bientôt partir. »
Le ton d’Anhiel ne laissait rien cacher quant à la rancœur qu’il éprouvait envers Martinien pour l’avoir assommé lors du rapt d’Erell. Il avait faillit à sa mission, était toujours en vie et son compagnon Viviel lui ne l’était plus. La blessure faite à son honneur ne pouvait se résorber simplement. Malgré tout, il avait été l’élite de ce que l’humanité avait pu générer comme soldat, aussi obéissait-il aux ordres de Séverin sans discuter. Martinien pensait être différent.
« Partir pour où ?
-Nous partons pour les ruines d’Axia. La fille vient et vous êtes « invité » à en faire de même.
-Ce site est extrêmement dangereux ! Il est hors de question qu’Erell aille là-bas. Où est Séverin ?
-Le grand-maître est retenu ailleurs, il a des choses importantes à gérer. Quant à votre refus, il est hors de propos. Vous n’avez pas le choix. Mon maître voudrait vous convaincre de nous rejoindre. Pour ma part, j’estime que c’est une erreur. Même déserteur, on ne peut faire confiance à l’engeance de Jonson ! Faites-moi le plaisir de me dire non… » La provocation était lancée stupide et gonflée de testostérones mais malgré tout efficace. Martinien ne tomba pas dans le piège mais évalua tout de même la situation s’il devait tenter une fuite en force. Anhiel n’était pas de la trempe de Viviel et le maîtriser devait être possible mais il était accompagné d’astartes et d’agents humains. C’était trop pour Martinien.
Le fait qu’ils avaient besoin d’Erell à Axia donna une intuition funeste à Martinien. Le faux prétexte d’un lien de parenté avec le complice de Séverin n’aurait pas fait long feu.
« Votre attachement à cette femme est pitoyable ! Des enjeux sans précédent sont en train de se jouer. Le grand-maître daigne vous donner l’opportunité d’y participer malgré vos faiblesses de soldat et vous tergiversez !
-Comme il y a peu de ce que j’étais à ce que je suis, je ne m’attends pas à ce que vous compreniez. Une vie telle que la sienne à autant d’importance que la notre, si ce n’est plus.
-Tout dépend du rôle qu’elle aura à jouer. Son importance fait que nous l’avons gardée et protégée ici. A présent elle pourra enfin être utile à une cause plus grande qu’elle-même : à l’Empereur ! Et vous, si vous voulez rester seul et ne pas nous rejoindre dans notre quête, continuez ainsi. »
Martinien fixa le déchu dans les yeux. L’idée de se retrouver coupé de ses frères le hantait, c’était vrai. Il pensa qu’il n’était pas sûr du sort réservé à Erell et qu’en l’état actuel des choses il valait mieux attendre une meilleure occasion. Ne pas tout gâcher.
« Nous arrivons. Attendez-nous dehors. » Finit-il par dire.
Anhiel devint rouge et faillit éclater devant l’affront mais préféra s’exécuter. Une fois la porte fermée, Martinien voulu aller rejoindre Erell dans la chambre pour lui parler mais ses sens aiguisés lui renvoyèrent des sanglots étouffés. Il resta figé, regardant le sol. Elle restait une femme humaine malgré son courage et lui restait une machine à tuer malgré ses sentiments.

*
L’air ambiant autour de la construction xénos aurait rendu fou n’importe quel psyker tant les cris de douleurs, de rage et de frustration se faisaient oppressant. Pour le seigneur Noss, cela sonnait comme une mélodie. La conception révélait son origine non-humaine à travers les agencements asymétriques dérangeants de câbles, de filaments et de colonnes obliques entourant la pyramide parfaite. Gigantesque et semblant n’être que d’un seul bloc, sa base était constituée de quatre ouvertures dédiés à chaque aspect des puissances de la ruine. Sans porte, on ne pouvait néanmoins pas voir à l’intérieur des passages, occultés par une ombre non naturelle. Il était savoureux pour le sorcier de penser que ceux qui avaient remis en marche cette énorme machine étaient les Dark-Angels. En détruisant la cité ruche établie au-dessus, ils avaient condamné les âmes des citoyens à être séquestrés par cet édifice. Le réceptacle avait absorbé avidement toutes les victimes de la vindicte impériale. Praxius avait cru à l’époque pouvoir s’en servir pour accéder à l’immortalité et devenir une créature de l’Immatérium. Dans le fond, il lui importait peu de perdre tous ses astartes dans l’opération. Noss ne pouvait que le comprendre car lui-même s’était servi du maître de chapitre renégat pour atteindre ce but. Malheureusement, pensa-t-il, il n’en fut pas ainsi car Martinien et son escouade intervinrent. Praxius fut tué sans que le rituel ne puisse être finalisé.

Toujours sous les traits du juriste Télias l’agent du chaos commença à se diriger hors de l’endroit pour aller rejoindre ses complices dont le grand-maître Séverin. Ce pion-ci semblait plus à même de finaliser son plan mais Martinien était de nouveau dans les parages. Il y avait eu trop de coïncidences qui avaient permis sa défaite d’alors. Comment les Dark-Angels avaient-ils su où débusquer le « seigneur des châtiments » aussi vite ? Noss repensa aux années de recherches qu’il dut entreprendre ensuite pour trouver « la clef », l’ultime élément pour terminer le processus déclenché trente ans auparavant. Normalement, ça aurait du être Praxius, il l’avait préparé à cela mais sa mort prématurée avait déplacé cette fonction ailleurs. En l’occurrence sur la seule survivante de la cité encore pure dans son corps : Erell.
Traversant des couloirs étranges, il passa près de la salle qui intéressait Séverin plus que cette pyramide. Télias avait parlé de cette dernière en expliquant ce qu’il en était sauf sur ce qu’impliquerait son déclenchement. Il avait prétendu vouloir libérer les âmes emprisonnées et cela avait semblé convaincre Séverin de son altruisme. En parallèle, il lui avait montré comment grâce à ces machines on pouvait transférer un esprit dans un autre corps et les appréhensions du grand-maître s’évanouirent d’avidité. Le processus était délicat et très risqué car il avait été créé à l’époque pour qu’un esprit xénos investisse un humain. Nombreuses furent les personnes ayant servies de cobayes qui devinrent aliénées, sans parler des mutations que cela avaient parfois entraînées. Malgré tout, certains dont l’esprit avait été particulièrement  fort réussirent à investir d’autres enveloppes corporelles et à agir sans qu’on ne puisse rien détecter de prime abord. Un psyker aurait pu repérer une anomalie et cela réduisait le champ de manœuvre mais même ainsi, les possibilités tactiques restaient considérables. Néanmoins, un autre problème s’ajoutait car le corps de la victime subissait une pression telle qu’il ne tenait pas plus de quelques semaines. Les individus impliqués étaient condamnés quoi qu’il arrive. Qu’en serait-il avec un corps et un esprit d’astartes ? Les chimères de Séverin n’étaient pas les siennes mais Noss s’avoua être curieux de la suite des évènements. S’il réussissait à infiltrer son ancien chapitre, rien que quelques semaines, cela ouvrait des possibilités enivrantes. Le déchu s’était montré très réceptif à tout ceci et était revenu sur ces lieux pour justement user de ce qu’il avait eu à combattre dix-mille ans auparavant. Le sorcier regretta presque de devoir éliminer cet allié et ses projets alléchants.
Le grand-maître l’accueillit seul dans une salle aménagée à ses besoins stratégiques. Il regardait des documents ayant traits aux machines xénos que les magos attachés à leur cause lui avaient fournis. Les autres membres de la conspiration étaient dans une aile plus éloignée dans le complexe, en train de suivre l’évolution du conflit et l’attaque imminente des Dark-Angels sur le « repaire des déchus ». Ils attendaient, anxieux.
« Bonjour mon ami. Toujours à arpenter ces couloirs ? Télias sourit.
-En effet. Je repensais à la suite des évènements et plus précisément à Martinien.
Le déchu posa la carte qu’il tenait dans ses mains.
-Il me semble évident qu’il refusera de vous suivre dans votre action. Il ne hait pas son chapitre. En tout cas pas assez pour accepter votre vendetta. Il représente un risque qu’on ne peut se permettre de courir Séverin.
-Il aura le choix. Si, une fois mis dans le secret, il s’obstine, je l’abattrai personnellement. Le juriste fit la moue et hocha la tête.
-Je ne crois pas. Si je ne me trompe pas, ce Dark-Angel représente pour vous une sorte de consentement ou de bénédiction à votre quête. Un frère, non souillé, qui vous donnerait raison et justifierai vos années de disgrâce. Le grand-maître regarda sévèrement son allié et ne bougeait plus.
-C’est une erreur Séverin. Il n’est pas pur. Il est marqué par la souillure de son sang, par le primarque et ses préceptes mais surtout il y a cet épisode de sauvetage douteux par l’inconnu xénos. Il n’est pas ce que vous voudriez qu’il soit. Le déchu resta un instant imperturbable  puis se tourna, faisant quelques pas dans la salle.
-Vous avez peut-être raison mais il y a un impératif pour lequel nous devons composer avec lui : votre petite fille. Télias, vous m’aviez dit qu’il fallait qu’elle soit sacrifiée à cette machine impie pour activer la pyramide et libérer les pauvres gens d’Axia. Il fallait qu’elle soit indemne à tout point de vue.
-Si fait. La pauvre enfant. Fit-il tristement.
-Elle est sous sa garde et cela nous arrange. Qui plus est, en prenant l’option de le rallier à nous, le risque « d’endommager » votre petite-fille a été quasi nul car elle lui a fait confiance. Il l’accompagnera jusqu’ici et la laissera à nos soins de son plein gré. Il est très perturbé et les ondes psychiques présentes l’aideront à aller dans notre sens. Séverin fit une pause.
-Quant à son ralliement, il est vrai que j’en espère peut-être trop mais je peux vous assurer, qu’il ne me fera pas obstacle.
-En ce cas, je suis rassuré. »
Linuial
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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 09:21
Qui sait ma place en ce monde?

Martinien observait depuis plusieurs minutes les flammes d’un l’incendie en banlieue de la cité, à des kilomètres d’où il se trouvait. Une nouvelle offensive de ses frères venait de prendre son tribu de vies. Sur le balcon de cette riche propriété des hauteurs, l’astartes semblait pétrifié. Pourtant son conditionnement, tout malmené qu’il fut, lui permit de repérer l’individu qui venait d’entrer et qui s’approchait. Dans une pièce non loin, Erell qui avait été mise sous la garde de Martinien, fit comme si de rien n’était.
« Bonjour frère.
-Bonjour maître Séverin. » Ce dernier se plaça calmement à coté et regarda quelques instants dans la même direction que lui.
« Je sais. Il est des choses inacceptables car elles nous enlèveraient tout ce en quoi nous croyions alors. » Au dessus du dôme et virevoltant comme des insectes, des speeders de sécurité se dirigeaient vers le foyer du désastre. Même à cette distance, les space-marines entendaient distinctement les sirènes.
« Lors de la grande croisade, l’Empereur voulait propager le culte de la raison et la lumière de l’esprit humain. Libérer notre espèce de l’obscurantisme. Nous étions sa première légion. Les premiers, Martinien, ceux qui guerroyèrent à ses cotés.
Quelle pitié quand je vois ce que nous sommes devenus. Moi-même je ne l’ai pas cru quand le seigneur Cypher nous l’a appris. Nous étions arrivés dix mille ans plus tard, Caliban avait été détruite et l’Empereur avait été déifié ! Le chapitre était devenu fou à nous pourchasser, perdant tout honneur.
-Il y a de la noblesse en nous. On nous l’apprend toujours et nous servons fidèlement l’Empereur, Séverin. Ces abus viennent aussi de ce que vous avez fait alors. Ne me croyez pas naïf. Evidemment, je suis meurtri de voir les miens ainsi bafouer leur serment pour sauver des apparences mais ce n’est qu’un symptôme de ce qu’il s’est passé sur Caliban. Une conséquence de vos actes. » Martinien regarda fermement le capitaine des anciens temps. Celui-ci resta silencieux un moment, fixant l’horizon.
« Si fait.
Pourtant, ne vous ai-je pas montré cette vérité au risque que vous monter contre moi ? Je ne vous ai jamais caché ce que nous étions et comment le chapitre d’aujourd’hui nous voyait. Je suis un déchu, un traitre aux yeux des miens et pourtant je n’ai rien éludé. Vos propres frères ne peuvent en dire autant. Non seulement ils ne vous ont pas fait confiance mais ils trahissent leurs engagements envers notre maître pour nous débusquer ! Est-ce ces frères là que vous voulez suivre, Martinien ? Valent-ils vraiment mieux que nous ?! » Séverin fixa à son tour son interlocuteur mais cette fois-ci, ce dernier supporta son regard. Ils se défièrent un moment quand une voix intervint.
« Hé, les hommes de guerre ? Je n’ai pas un estomac de soldat, moi et ça fait deux jours que je mange de la compote. Si ce n’est que pour bouffer de la merde un jour sur deux, je peux retourner dans les bas-fonds. Au moins, je ne serai pas obligé de regarder vos ébats virils. »
Le grand maître Séverin cligna des yeux sur le coup et regarda, totalement interloqué, Erell qui venait d’arriver sur le balcon. Ridiculement petite à coté des deux géants, elle était là fière et provocante. Martinien se mit à rire à gorge déployée et cela lui fit le plus grand bien. Le capitaine resta plus fermé, apparemment pas habitué à ce genre de situation décalée.
« Ha ! Erell, vous êtes comme votre mère.
-Charmante ? Intelligente ?
-A tuer. » Martinien lui sourit chaleureusement et elle retourna à l’intérieur faisant des signes avec ses mains pour appuyer le fait qu’elle avait grand faim. Le fils du Lion se tourna vers le déchu.
« Je ne pourrais plus retourner auprès des miens et après ce que je viens de voir, je ne le voudrai plus de toute façon. Néanmoins, ce n’est pas pour autant que vous vous attacherez ma loyauté et mes services. Il est vrai que vous m’avez montré nombre de secrets mais ni vous, ni moi ne sommes dupes. Nous cherchons et travaillons à notre intérêt maintenant que nous ne sommes plus asservis au chapitre. Je resterai à observer vos actes comme vous m’avez montré ceux des miens.
Quels sont vos buts ? Quels sont vos objectifs ? Est-ce que vous valez mieux que nous ? Que s’est-il vraiment passé sur Caliban ? Viviel avait traité notre Primarque de traitre… Ferez-vous de même ? » Séverin se reprit de cette intervention en nourrissant une forte rancœur envers ce bout de femme qui avait ainsi brisé son élan. Il marcha et fit quelques pas cherchant à reprendre l’initiative.
« Dites-moi, dame Erell. Que vous plairait-il de manger ? » La jeune femme leva son nez d’un livre.
« Du sucre ! Nous sommes bien chez les rupins, ici. Il doit y avoir des pâtisseries de dingues. J’en voudrai bien s’il-vous-plait. » Parlant dans son communicateur le capitaine fit commande de toutes les bonnes choses disponibles en l’instant. Martinien l’observa, en constatant l’aplomb de ce dernier même dans une situation aussi atypique. Après quelques instants, Séverin se tourna vers lui.
« Je ne vous dirais rien de ce qui s’est passé jadis, ce serait inutile. Vous devriez me croire sur parole et dans notre situation c’est inapproprié. Vous jugerez de mes rêves et de mes actes. »
Le grand maître se dirigea vers l’intérieur de l’appartement.
« Je compte piéger la troisième et quatrième compagnie des Dark-angels sur Adelphe III. Rallier qui le voudra à notre cause comme vos chapelains investigateurs l’essayent mais sans la torture. Pour ceux qui refuseront, la mort les attendra et nous reprendrons ce don de l’Empereur qu’ils auront souillé. Martinien sembla effrayé.
-Les glandes progénoïdes… Mais enfin, que voulez-vous en faire ?
-Faire notre devoir et remplir notre mission. Finir la grande croisade. Monter tout d’abord une compagnie, puis un chapitre. Transformer Adelphe III en fer de lance de notre rédemption, tel un phare qui redonnera l’espoir à l’humanité. Ce n’est pas un projet que je pourrais voir aboutir de mon vivant. Je ne suis pas idiot ; il nous faudra du temps et énormément de discrétion mais on n’entreprend pas une chose parce qu’on est sûr de la voir aboutir mais parce qu’on la croit juste ! »
Martinien fit quelques pas en arrière sous le choc. Il s’attendait à un projet d’ampleur car depuis une semaine, le capitaine de la première légion l’avait abreuvé de ses réflexions sur la grande croisade, sur les temps anciens et sur ce qu’était devenu l’œuvre de l’Empereur mais cette révélation le déstabilisa. Comment pouvait-il savoir qu’elle était sa place au milieu de tout cela ? Encore une fois on l’éprouvait, malmenant tout son référentiel. Le monde autour de lui s’effritait de plus en plus. Il aurait été facile de se raccrocher à n’importe quoi pourvu que cette chute s’arrête et qu’enfin il retrouve ses marques. Même de suivre Séverin dans sa quête folle.
« Marti, t’as bientôt fini ? » La voix d’Erell sortit Martinien de sa torpeur.
« Comment voulez-vous vous y prendre. Parvint-il à dire.
-Tu le verras bientôt. Réfléchi à tout cela mon frère. Je t’offre la rédemption et la gloire. Nous retrouverons toi et moi notre place ! Si tu as d’autres questions, si tu veux encore parler, n’hésites-pas. En ce qui me concerne, je n’abandonne personne. » Le capitaine sortit tranquillement.


Erell vint se placer aux cotés de Martinien.
« Ca va ? J’ai été comment ? » Le géant resta silencieux quelques secondes.
« Vous avez été parfaite. J’ai cru revoir votre mère et cela m’a sauvé encore une fois.
-Je me suis permise d’intervenir sur la fin.
-Et je vous en remercie. La situation prend une tournure bien trop vaste et je ne sais plus que croire. Je ne peux pas œuvrer contre les miens en suivant Séverin. D’un autre coté, il a des arguments qui laissent songeur.
-C’est un malade si je puis me permettre. » Le fils du Lion regarda la danseuse en constatant qu’elle lui souriait. Il allait parler quant on vint apporter les fameuses pâtisseries. Erell bondit vers la porte et récupéra toute guillerette la montagne de glucose multicolore.
« Ne faite pas cette tête Marti. On vient de nous livrer un peu de bonheur et on n’a rien d’autre à faire en l’instant que d’en profiter. Venez ! » Le space-marines fit la moue, leva un sourcil et se gratta derrière la tête. « En effet. » finit-il par dire. Il se plaça en vis-à-vis de sa compagne et commença à regarder le plateau essayant de déterminer quelle serait sa cible. Il se décida pour une réalisation en forme d’aquilla avec des pépites de chocolat dessus. Après quelques minutes, il se décida à parler.
« La situation est très grave. Je comprends que la dérision et l’ironie aident à encaisser tant de nouveautés, surtout pour vous qui n’aviez jamais vu d’astartes. Nous sommes toujours auréolés de légendes et craints. Malgré cela, nous sommes en délicates postures et je ne sais vraiment plus quoi faire. Qui a raison ? Qui a tord ? Qui dois-je suivre ? Je dois choisir.
-Oui et non.
-Comment cela ?
-Le fait d’être parmi « les élus de l’Empereur » ne vous donne pas de clairvoyance particulière. Comprendre qu’on ne comprend pas, n’est pas un handicap, ni une tare. En l’état actuel des choses, avez-vous les moyens de déterminer qui a raison ?
-Il me semble que non.
-Et bien basta ! Acceptez-vos limites et quand viendra le moment où vous devrez faire un choix, faites-le avec ce que vous aurez ! En attendant, laissez courir et restez vigilant. Je vous le répète, votre grand copain c’est un malade qui croit à ses chimères. Il est nettement moins costaud que vous. » Et elle engloutit un énorme morceau de tarte.
Martinien ne dit rien d’autre et mangea tranquillement, remerciant l’Empereur de l’honorer de ces rencontres extraordinaires. Ce qu’on était loin de l’humanité dans une armure énergétique. Entre ceux qui la méprisaient en se faisant un devoir de la protéger et ceux qui voulaient régler ses problèmes à sa place, l’Humanité n’avait pas fini de souffrir. Que pouvait-il y faire ?

Linuial
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2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 09:20
Le jeu de dupes

Les opérations conjointes des troisième et quatrième compagnies visant à débusquer les déchus en étaient à leur septième jour. L’Administratum n’était pas souvent d’une grande finesse quant à sa gestion des crises ; on pouvait néanmoins s’attendre à plus ou moins de nuances suivant la branche de l’Impérium qui se chargeait de l’affaire. Ce n’était pas à espérer avec des astartes et encore moins avec des Dark-angels. Ils étaient les anges de la mort au service de l’Empereur.
Quand une situation exigeait leur concours, il n’y avait pas de nuance. La loi martiale avait été déclarée et les usines, bureaux et docks soupçonnés de trahison furent tous pris d’assaut. Chaque individu fut interrogé sans ménagement. Les renseignements soutirés par la force et les absences remarquées parmi les effectifs des diverses entités eurent tôt fait de permettre d’associer des noms aux membres actifs des dissidents. Une fois une liste établie, toutes les autorités des arbites des différentes cités ruche se mirent en marche. Evidemment, une telle débauche d’autoritarisme violent suscita des troubles et parfois même des révoltes spontanées ici et là. Plutôt que de laisser les autorités locales s’en occuper, les Dark-angels intervinrent eux-mêmes de manière très brutale et écrasèrent sans états d’âme les soulèvements. L’effet voulu et obtenu était d’instaurer une tyrannie provisoire qui préviendrait par la terreur toute opposition.
Parallèlement à cela, des agents du chapelain investigateur Astérios avaient été envoyés à l’écoute des ombres et des bas-fonds. Ces membres particuliers à l’organisation des Dark-angels constituaient un réseau de contacts et d’hommes de main qui étaient à même d’aller enquêter là où un space-marines ne le pouvait.
Grâce à ce genre de campagnes bien rodées, le chapitre pouvait en un temps généralement très court débusquer ses proies. Dans un premier temps, les traitres locaux et enfin les déchus eux-mêmes. C’est ainsi que grâce à cette pression terrible exercée d’une main de fer par le capitaine Barnard, des dissidents paniquèrent et se sentirent contraints de tenter des sorties pour s’échapper de la planète. Le maître Bélial n’attendait que ce moment pour intervenir. Les membres de la quatrième ralentissaient autant que possible les interventions de la garde ou des arbites, pour que la troisième compagnie ait le temps d’œuvrer. Les forces de la Deathwing était envoyés comme fer de lance et déterminaient les différents objectifs. On assignait les cibles susceptibles de mener aux déchus aux membres initiés du chapitre. Mariel était de ceux-là.

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Une cellule rebelle avait été repérée dans une banlieue de Flavia, la cité ruche du nord. Menés par Bélial en personne, Mariel, les deux unités de la Deathwing et d’autres marines mis dans le secret, lancèrent une frappe éclair via des modules de débarquement et des faisceaux de téléportations. Les traitres sur place furent totalement surpris. Il s’agissait de gardes et de contrebandiers préparant une nouvelle tentative de fuite dans l’espace. Alors que la place semblait totalement sous contrôle une dizaine de bipodes impériaux surgirent d’un hangar attenant. Certains d’entre eux, armés de multi-lasers ouvrirent le feu tuant au passage nombre de leurs alliés faits prisonniers. Hurlant dans leurs porte-voix intégrés comme des forcenés, les hommes semblaient exaltés.
« Vous n’obtiendrez rien de nous, pourritures !
-Ils essayent de tuer les prisonniers, protégez les ! »
Mariel avait intégré une escouade d’appui et réagit plus rapidement que les autres. Il remarqua tout de suite un pont roulant, muni d’un treuil gigantesque idéalement positionné dans l’entrepôt. Pendant que les terminators de la Deathwing faisaient un barrage de leur corps face à la contre-attaque des rebelles, Mariel tira deux salves de lance-plasma lourd sur les supports de la machine qui s’écroula dans un vacarme effroyable, détruisant quatre sentinelles au passage. Le choc au sol fut tel qu’il déstabilisa tout le monde mais les astartes reprirent pieds bien plus rapidement. Les bolters criblèrent les survivants, déclenchant des explosions qui firent voler en éclats les vitres alentour. Emergeant de la poussière qui avait été soulevée, une quinzaine d’Ogryns armés d’outils de mineurs chargèrent sans prévenir en direction de l’unité de Mariel. Celui-ci posa calmement son lance-plasma lourd et sortit son épée énergétique. Il exultait de pouvoir faire valoir ses talents pour le chapitre. Il sauta au dessus des débris le séparant des mutants avec une agilité insoupçonnable pour un être de cette stature. Prenant ses adversaires de court, il embrocha proprement le plus proche puis, pivotant sur lui-même, il déchira la poitrine du suivant coincé près d’un mur. Le vétéran se dirigea tout de suite de l’autre coté de la mêlée, parant par le bas une première attaque et détournant par le haut une autre offensive venant du meneur de l’unité adverse. Les membres de son escouade s’occupaient du reste des ogryns, le laissant face à ses deux derniers opposants. Enchainant rapidement, Mariel tourna sur lui-même et envoya le premier mutant sur le coté, celui-ci parant miraculeusement l’attaque. Le space-marines dévia la lame rouillée du chef qui pivota pour coincer le Dark-angel entre lui et son comparse. Le fils du Lion exécuta alors une parade somptueuse parvenant, dans cette mauvaise situation, à bloquer les deux attaques suivantes d'un seul geste. Il tournoya de nouveau en attaquant le meneur ogryn, qui dut reculer pour ne pas être tué. L’autre mutant n'eut pas autant de réflexes et fut vaincu, la tête à moitié sectionnée.
Reculant rapidement et prenant enfin la mesure de son adversaire, le survivant paniqua et dégaina son arme à feu. Mariel avança vers lui sans s'arrêter, sans freiner, réussissant à dévier une partie des tirs grâce à sa lame et finit son assaut par un mouvement qui décapita le géant. Regardant autour de lui, il constata que la bataille venait de se finir sur son action. Maître Bélial lui fit un signe de respect de la tête.
« Rassemblez tous les survivants, un thunderhawk arrive pour les emmener. Nous allons rester et pacifier le périmètre.
-Pardonnez-moi, maître. Qu’est-ce-que cela signifie ?
-Cela signifie, Mariel, qu’il n’y aura aucun témoin. L’honneur du chapitre en dépend.
-Mais… cela est notre faute. Notre devoir n’est-il pas de sauvegarder l’humanité comme le voulait l’Empereur ? Doit-elle payer pour nous ? »
Le capitaine Dark-angel s’arrêta un instant et regarda sévèrement le vétéran.
« Il s’agit d’un sacrifice nécessaire. Il est de notre devoir de préserver le chapitre par tous les moyens. Nous ne pouvons prendre le risque que notre déshonneur soit connu de tous. C’est l’Empereur qui nous met à l’épreuve et nous envoie cette quête. Notre disgrâce, l’éclabousserait lui et c’est inacceptable ! Nous ne pouvons nous permettre aucune faiblesse. » Bélial appuya bien sur ce dernier mot qui fit mouche auprès de Mariel. Celui-ci ramassa son arme-lourde et regarda son supérieur plein de défi et de rage, le cœur brisé en deux.
« Unité d’appui, avec moi. » Et il se dirigea vers l’extérieur.
Mariel avait déjà fait nombre d’actes de guerre impitoyables. Il était un vétéran et il était dur. Du moins le croyait-il. Car alors qu’il dispensait la mort autour de lui pour une faute qui était la sienne, il eut honte. Ce jour-là, le space-marines tua autant son amour propre que les civils de Flavia.
« Pour le Lion. » Dit-il tout bas.
Juste avant de partir, dans les flammes des ruines qu’il quittait, il aperçut au loin la forme floue d’un astartes au regard terrifiant. Il crut reconnaitre Martinien. Il ferma les yeux un court instant et ne vit plus rien. La mine sombre et l’âme en tourment, il retourna auprès des siens.


Linuial
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