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17 mars 2009 2 17 /03 /mars /2009 10:31
Les grandes portes de la salle stratégique d’Ana-Purna III s’ouvrirent à la volée dans un bruit de tonnerre.

-Qui a permis que… hurla le gouverneur impérial Abraham Jacobinus.

Les restes de ses paroles restèrent coincées dans sa gorge en un borborygme indistinct. Devant lui se tenaient des Frères de Bataille de l’Adeptus Astartes.

-Qui a permis que l’on nous ouvre les portes ? Moi ! fit l’un d’entre eux.

Celui qui venait de parler était un Space Marine à l’allure encore jeune, au visage élégant mais déjà parcouru de cicatrices. Ses cheveux brins étaient coupés en une brosse très courte, et ses yeux bleus pétillaient d’un quelque chose qui mêlait l’intelligence, l’ironie et la sagesse à la fois. Son armure, très ouvragée, était ornée de quantités d’artefacts et de décorations. Son héraldique personnelle alternait l’os, le rouge et le vert, et des versets choisis d’œuvres de son Chapitre. Sur une épaulière, l’épée rouge aux ailes blanches qui étaient les armes des Dark Angels perçait de part en part un crâne d’or. L’ensemble était gravé sur l’épaulière droite. Sur la gauche, un crâne blanc reposait sur un triangle rouge, et en travers du front du crâne courait le nom de l’officier : Gabriel.

Le gouverneur et ses subordonnés mirent un genou à terre et baissèrent la tête en signe de respect devant une telle incarnation de la volonté de l’Empereur en personne.

-Relevez-vous, ordonna le second des deux premiers personnages.

Jacobinus osa risquer un regard vers ce dernier. Aussi grand que Gabriel, mais nettement plus vieux, son visage semblait être rapiécé tant les cicatrices le striaient. Engoncé dans une armure d’un noir de jais, cette dernière ne dépassait que très peu de l’épaisse robe de bure caractéristique des hauts personnages du Chapitre des Dark Angels. Au contraire de l’officier qui ne portait qu’un simple tabar et quelques pièces d’étoffes le long du bord inférieur des épaulières, la bure du Chapelain –il le reconnu au casque qu’il portait sous le bras- semblait si lourde qu’un homme n’aurait guère pu la porter très longtemps. De même, les cinq autres personnages arboraient de telles étoffes, mais leurs armures, quoique de belle facture, n’égalaient pas la magnificence des deux autres. Des vétérans, sans doute la suite des deux personnages.

-Mes Seigneurs, veuillez excuser ma… mon accès de colère, jamais je n’aurais imaginé que… enfin, les nouvelles sont mauvaises et sans votre intervention…

-Sans notre intervention, elles auraient été à un tel point catastrophiques que vous ne parleriez sans doute plus à l’heure qu’il est, complèta Gabriel à l’ironie toujours mordante.

-Oui, oui, en effet, en effet, loué soit l’Empereur pour votre apparition. J’ai limogé mon précédent général en chef, le super-général Poebius, pour son incapacité à endiguer le flot des troupes adverses, et pour n’avoir pu empêcher ces trahisons massives. J’ai nommé le général Hiberium à la place. C’est un bon soldat, et peut être parviendrons-nous à reprendre en main la situation grâce…

-Grâce à notre aide, la situation fera mieux qu’être simplement reprise en main, termina à nouveau Gabriel. Où est Poebius à l’heure actuelle ?

-Mon Seigneur, il attend dans sa cellule des sous-sols de ce palais son sort, qui ne saurait dépendre d’autre chose que de votre bon-vouloir.

-Bien, très bien, gouverneur Jacobinus. Pour l’heure, il est grand temps d’entrer dans les considérations stratégiques. Réunissez sur-le-champ vos conseillers militaires, nous devons mettre au point au plus tôt une contre-attaque.

-Seigneur, j’étudiais précisément la question : voici les hommes qui forment le Conseil d’Etat-Major Général. Le précédent chef d’Etat-major a été lui aussi limogé et a rejoint Poebius. Tous ceux que vous avez devant vous sont des hommes de confiance.

Jacobinus présenta brièvement ses auxiliaires. Lui-même était relativement peu âgé pour un si haut fonctionnaire, et sa figure énergique inspirait la confiance. On sentait qu’un certain charisme émanait de sa personne, comme s’il pouvait influer sur les autres par le seul fait de sa présence. Il avait sans doute été dépassé par la rapidité et la gravité de tous ces évènements mais on ne pouvait pas lui en tenir la plus extrême des rigueurs. Une fois la situation redressée, il serait l’homme de la situation.

-Gouverneur Jacobinus, fit Severian, il y a des traîtres infiltrés jusque dans votre gouvernement.

-Mon Seigneur, mes services de sécurité sont déjà à leur poursuite. Comme je vous l’ai dit, j’a fait arrêté moi-même mes deux principaux généraux que je soupçonne fortement d’avoir parti lié avec les rebelles. De même j’ai ici une liste d’éléments peu sûrs que je peux vous soumettre. La plupart sont des cadres de l’armée ou de l’Etat, et j’ai bien l’intention de les faire emprisonner afin de purger cette planète de la racaille qui l’infeste.

-Excellente résolution. Je ne peux que vous encourager dans cette voie.

Il jeta un œil à la liste et y vit des fonctions qui s’étalaient de l’Etat major du régiment jusqu’au Lieutenant, en passant par de grands fonctionnaires ou des juges.

-Comment se fait-il que de telles mesures n’aient pas été prises auparavant, si vous disposiez d’une telle liste ? fit remarquer Gabriel.

-Mon Seigneur, les preuves manquaient encore de leurs activités subversives et les premiers rapports sont assez récents. Si vous regardiez le paraphe du présent document, vous verrez qu’il ne date que d’hier. J’ai demandé à la Très Sainte Inquisition de mandater un émissaire, mais on m’a appris il y a deux heures le massacre du chœur des astropathes. J’ai bien peur que la communication n’ai pu être établie.

-Elle l’a été, ne vous en faites pas, fit Severian.

-Aaah ! Très bien… très bien… en ce cas… je crois qu’alors nous pouvons ouvrir le Conseil ?

La situation telle qu’elle se présentait exigeait une contre-attaque. Les réserves dont disposaient les loyalistes étaient encore suffisamment importantes dans la capitale même pour qu’une simple contre-offensive puisse balayer la rébellion. Celle-ci avait tout misé sur la surprise, les défections et la rapidité de sa progression pour l’emporter. Une fois cette dernière enrayée, les rebelles ne pouvaient guère espérer vaincre. En revanche, si celle-ci venait à échouer –chose peu probable comptes tenus de la disproportion des effectifs- il serait sans doute plus difficile de rétablir pour de bon la situation. Les renforts loyalistes étaient encore loin, mettraient du temps à arriver en raison des sabotages et des embuscades rebelles, et pouvaient même avoir été infiltrés sans qu’on en sache rien. De plus, la quasi totalité des communications étaient coupées. Un échec, et le gouvernement planétaire restait à la merci des traîtres.

Après plus de deux heures d’entretien, le plan était arrêté. Hardi, audacieux, il représentait bien le génie tactique d’un Grand Maître des Dark Angels. L’attaque était prévue pour le lendemain 4h. Il était 20h.

-Bien à présent nous allons descendre visiter vos prisonniers, conclu Gabriel. Donnez-nous un homme qui nous guidera aux cachots.

-A vos ordres, mon Seigneur. Ravnick, appela-t-il en se retournant, vous conduirez leurs Seigneuries jusqu’aux prisons. Bloc H, niveau Delta. Exécution.

L’officier se leva, se prosterna devant les deux Astartes, et les amena à travers un dédale de couloirs souterrains jusqu’au bloc H, niveau Delta. Cela leur prit un bon quart d’heure. Leur périple dans ce labyrinthe prit fin lorsqu’ils atteignirent le poste de garde. Là, Ravnick alla parler aux deux gardiens, talonné en cela par les deux géants, qui avaient laissé leur escorte dans le grand hall d’entrée.

-Nous venons visiter les détenus Poebius et Molagan. Ouvrez-nous leurs cellules.

-Les détenus ? Mais on a passé les chercher il n’y a pas dix minutes !

-Quoi ? Mais pour les emmener où ?

-Mais, à la chambre d’exécution mon Général ! L’ordre était arrivé avec la signature du gouverneur lui-même !

-Il n’y a pas une minute à perdre, fit-il en se retournant à toute vitesse, venez mes Seigneurs ajouta-t-il en s’élançant.

La course se termina au bout de cinq mortelles minutes devant les portes de la salle d’exécution. Hélas elles n’avait pas suffit à sauver les généraux destitués et leurs cadavres étaient à peine reconnaissable. Car il n’y avait plus rien à faire pour eux. La peine de mort que l’on réservait aux traîtres était horrible mais ne manquait jamais : les condamnés étaient écrasés entre deux presses hydrauliques.

Devant la bouillie affreuse de ce gâchis, les visages des deux Marines se durcirent, et c’est un Severian frémissant de colère contenue qui lâcha à l’adresse du bourreau :

- Où-est-l’ordre ?

Tremblant comme une feuille, l’homme lui tendit avec crainte un parchemin, signé du sceau du gouverneur lui-même.

-Remontez-nous là haut et prestement, ou c’est vous qui finirez dans cet état, et par ma propre main, siffla Gabriel à Ravnick.

Gabriel et Severian étaient des Astartes, et leur volonté ne souffrait pas qu’on s’opposa à elle. C’est toujours aussi furieux qu’ils pénétrèrent dans la salle du conseil. Gabriel saisit le cou de Jacobinus dans sa main droite, et dans la gauche lui présenta l’ordre. L’autre, au trois quart suffoqué, ne comprit d’abord pas. Puis voyant son sceau, il écarquilla les yeux et prononça avec les pires difficultés :

-C’est-un-faux… laissez-moi… vous…expliquer.

Gabriel le relâcha. L’autre s’écrasa au sol, se massa le cou puis déclara :

-Je vais vous expliquer.

-Je te donne une minute, gouverneur Jacobinus.

-Ceci est mon sceau militaire, et le garde des sceaux militaires est précisément le super-général, autrement dit Poebius. Il aura fait copier le sceau et transmit la réplique à un complice. Celui-ci, risquant d’être compromis, l’a fait supprimé. Je ne vois guère que le Magister des cellules pour avoir put permettre cela.

-Faites-lui subir le même traitement, décréta Severian.

-Quoi, mais…mais c’est…

-Vous oseriez remettre en cause mon ordre ?

-N…non mon Seigneur.

-Je veux, avant mon départ dans une demi-heure, avoir vu sa carcasse broyée à mes pieds. Et pour être bien sûr qu’il s’agit du bon, j’irai le prendre moi-même avec une escouade de vos hommes.

La mort dans l’âme, Jacobinus s’exécuta.

Une demie heure plus tard, les Astartes remontaient dans leur rhino et regagnaient l’astroport.

-MFT-
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