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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 09:54

Pendant quelques instants, Gabriel resta muet de surprise. Le gouverneur planétaire Jacobinus ! Le Conseil d’Etat-major Général ! Tous des traîtres !

 

-Severian à Gabriel, Severian à Gabriel !

 

Sortant de sa torpeur, il recouvra ses esprits et, s’étant ressaisi, répondit :

 

-Ici Gabriel, j’écoute.

 

-Nous allons nous redéployer à l’intérieur du palais afin d’établir une tête de pont dans l’angle Sud ouest. Nous allons recalibrer nos instruments sur la balise du palais et…

 

-N’en faites rien, ils vous enverraient au diable vauvert en réatribuant les codes de la balise à une autre, puis en changeant les leurs. Il va vous falloir sauter à l’aveuglette, nos escadrons d’attaque ne peuvent revenir assez vite. Que l’Empereur vous garde, Frère-Chapelain.

 

-Je prierai pour vous aussi, Frère-Capitaine. Gardez le contact.

 

Gabriel laissa le canal de communication ouvert, lança un avertissement à ses hommes en vue d’un possible contact hostile, puis se rassit afin de réfléchir à ces révélations. Ainsi donc l’intuition qui avait précédé la première contre-attaque était juste ! Les grandes purges lancées par le gouverneur au sein de ses forces armées visaient non pas à éliminer les traîtres mais les loyalistes. A présent, il n’allait plus guère pouvoir compter sur le soutien des unités stationnées en Provinces. Ah ! Il s’était fait rouler comme un novice par ce Jacobinus. Celui-là cachait diablement bien son jeu. Comment ! Il organise une rébellion contre son propre pouvoir, il organise sa propre destitution, de se faire disparaître et de réapparaître aux commandes d’un Etat planétaire sécessionniste et indépendant de l’Imperium ! Il voit sa belle mécanique grippée par l’arrivée impromptue des Dark Angels, et au lieu de se confondre, il improvise avec une belle assurance toute la comédie en un temps record ! Il prend évidemment soin de supprimer les témoins gênants (ainsi c’était bien lui qui avait donner l’ordre de broyer le précédent chef d’Etat-major), quitte à sacrifier son complice, ou un autre innocent, afin de donner plus de crédibilité à son personnage de parfait gouverneur impérial. Et alors qu’il doit remettre en question toute sa conjuration, il échafaude un plan pour faire disparaître la menace des Astartes, que Gabriel parvenait à nouveau à faire échouer !

 

Ce dernier fut soufflé par le talent de comédien de son adversaire. Il avait cru jusqu’à la fin à son dévouement. Quoi ! Il pensait avoir bluffé le gouverneur en prétendant partir si la situation se dégradait trop (c’était mal connaître la volonté d’adamantine pour laquelle le Chapitre était renommé) et voilà que le traître le bluffait lui, le bluffeur ! Car enfin, c’était une véritable aubaine pour cet homme pourri de l’intérieur que de voir ses pires ennemis lui laisser la voie libre vers le pouvoir suprême. Et avec quelles lamentations il avait accueilli l’ultimatum ! En réalité il avait dû jubiler à l’idée qu’une fois ses « défenseurs » repartis, il n’y aurait plus aucune troupe en état de défendre la capitale, et toujours grâce aux Dark Angels. Ce traître n’était qu’un hérétique mais il fallait bien reconnaître que c’était un hérétique d’envergure.

 

Il avait sans doute été bien conseillé par le Déchu qu’il était venu chercher. Quels étaient ses rapports avec les conjurés ? Avait-il simplement envie de prendre la planète sous son contrôle, sans trop attirer l’attention toutefois ? Ou bien cherchait-il à atteindre un autre but ?

 

La deuxième question qui taraudait l’esprit de Gabriel était celle-ci : le Déchu avait obligatoirement intégrer la menace que faisait planer sur la rébellion la 3ème Compagnie. Le raid de la Raven Wing et les informations qu’elle ramenait prouvait qu’il avait sous-estimé l’ampleur de la menace, et la rapidité d’action de ses anciens Frères. Mais en revanche, comment un ancien Dark Angel avait-il pu faire l’erreur de croire que les Fils de Lion el'Johnson abandonneraient la planète à son sort si la situation était défavorable ? Lui qui avait combattu jadis au côté du Lion, il avait profondément ancré dans ses gênes cette indéfectible obstination qui poussent les Dark Angels à tenir envers et contre tout. C’était profondément inquiétant. Assurément une telle bourde était impossible, et mathématiquement il devait y avoir autre chose -une arme, un artefact ancien, n’importe quoi- qui puisse lui donner le moment venu la force d’abattre tout le contingent dans son ensemble.

 

-Severian à Gabriel. Sommes sur l’objectif, sécurisation du secteur en cours.

 

-Très bien, tenez bon. Nous serons là dans deux minutes à peine.

 

Ces deux minutes n’étaient pas achevées que le Grand Maître et sa colonne débouchaient sur la Grand-Place par l’angle Sud-Ouest. Aucune réaction ne survint. Severian et ses vétérans en avaient terminés. Gabriel donna ses instructions et ses escouades se répartirent le long des axes qu’il leur avait attribués. Quelques tirs sporadiques claquèrent, puis les détonations allèrent crescendo à mesure que les Frères de Bataille avançaient dans les couloirs du bâtiment. Des corps démembrés jonchaient le sol tout au long du chemin parcouru par les différents groupes d’assaut. L’escouade Saariel gagna les toits du bâtiment, neutralisant les emplacements d’armes lourdes qui commandaient les rues adjacentes. Puis ils descendirent à leurs tours le long des coursives puis des couloirs en direction du centre du palais, semant la mort sur leur passage.

 

La résistance s’avérait beaucoup plus coriace que ce qu’ils avaient eu à affronter jusqu’ici. Elle n’était pas suffisante pour stopper la colère des Dark Angels mais tendait à creuser des vides dans les escouades. Lorsque Frère Ramilles fut mis hors de combat à son tour, Gabriel compta mentalement que c’était le quinzième membre du Chapitre qui donnait son sang pour sauver cette petite planète de la corruption. Ses futurs nouveaux citoyens auraient intérêt à se montrer digne de l’honneur que leur faisait l’Imperium.

 

Des projectiles explosèrent à quelques centimètres de l’officier. Il n’était plus très loin du Bunker central que défendait âprement la garde personnelle de Jacobinus. Des bolts ! La lutte devenait vraiment féroce. Il saisit l’une des grenades qui pendaient à sa ceinture, la détacha, l’arma puis la lança derrière la barricade en ayant pris soin de ne la lâcher qu’au dernier moment. Elle explosa dans les airs immédiatement après avoir passé par dessus les sacs de sables. Ses éclats déchiquetèrent tous les défenseurs.

 

Gabriel s’élança à l’attaque. Devant lui dans la pénombre, il aperçut une lueur bleue qui allait blanchissante. Il distingua dans la cacophonie du combat le chuintement caractéristique du lance-plasma que l’on réarmait. Il plongea à couvert mais c’était trop tard. Le coup partit et la boule de feu l’atteint au bras gauche, le brûlant affreusement. Sous la force de l’impact il fut projeté au sol et s’étala à terre. Bethor expédia un bolt à l’agresseur, et la tête de ce dernier se volatilisa, pendant que Gideon, l’apothicaire de la Compagnie, se précipitait vers lui. Déjà Gabriel se relevait, péniblement, les sédatifs et les drogues de combat que lui injectait son armure l’aidant à supporter la douleur. Déjà le médic l’auscultait.

 

-Votre bras est dans un sale état, Frère Capitaine. Vous devriez abandonner le combat le temps que je puisse établir les meilleurs diagnostiques et vous soigner.

 

-Foutaises ! Je ne vais pas laisser mes hommes avancer sans les mener vers la victoire. Donnez-moi ce que vous avez de plus puissant comme anesthésiant, et on s’occupera de tout cela plus tard.

 

Gabriel s’arracha de l’angle où il s’était mis à l’abri, jeta un œil à son bras, qui, effectivement, avait beaucoup souffert, et s’élança à nouveau au combat. Il marmonna une bénédiction à l’Empereur qui avait fait en sorte que ce ne fut pas un fuseur qui l’eu touché. Sans quoi son bras y passait, et peut être même Gabriel lui-même…

 

Malgré la souffrance, que les drogues n’arrivaient pas à juguler suffisamment, il broya de son poing le crâne d’un des gardes du corps, et taillada à l’aide d’Absolution tout ce qui n’était pas aussi grand que lui. Après plusieurs minutes d’un indescriptible corps à corps, ses hommes et lui, auxquels s’étaient adjoints les vétérans du groupe d’assaut Severian, liquidèrent toute résistance. Ils se trouvaient à présent devant une large porte blindée, bardée de barres de sécurité d’une taille conséquente. Derrière elle, se terraient les chefs de la sédition, qui avaient pris la précaution de changer les codes de la serrure.

 

-Torvael, vois donc si ton poing tronçonneur ne peut pas venir à bout de ce morceau de ferraille.

 

Le vétéran, engoncé dans son énorme armure tactique Dreadnought, actionna la chaîne de son gantelet énergétique renforcé. Il s’attaqua aux barres et les fit céder les unes après les autres. En revanche son poing ne put enfoncer la porte elle-même.

 

-L’alliage est trop résistant, Frère Gabriel.

 

-Ca  n’est pas ça qui va nous arrêter. Clostermann, apportez moi une de vos bombes à fusion, et garez-vous tous !

 

Il la mit en place, arma le mécanisme et couru se mettre hors de danger. Dans un fracas assourdissant, maintes fois amplifié par l’écho que répercutaient les couloirs de béton, la porte vola en éclat. Gabriel le premier passa à travers les fumerolles qui s’élevaient et des bouts de métaux tordus qui grésillaient encore. La vision de ce géant enveloppé de brouillard, le bras gauche noirci et dont l’armure d’un vert sombre étincelait à la lueur des tisons, avait quelque chose d’apocalyptique. Il fut suivi par Severian, dont l’armure terminator le rendait plus gigantesque encore. Puis bon nombre d’Astartes investirent la salle, cernant les hauts-conseillers rebelles.

 

Stoïque, bien qu’il sut pertinemment que sa mort était inéluctable, Jacobinus se redressa et soutint le regard de son vainqueur. Ce geste seul aurait pu mettre un terme de manière plus précoce encore à sa vie, mais Gabriel se contenta de sourire, puis de prononcer.

 

-Mes compliments, Jacobinus. Vous avez joué et perdu mais vous avez su le faire avec brio et maestria. Je vois que vous connaissiez votre sort mais que l’honneur qu’il vous reste vous a inculqué de ne pas flancher à la facilité du suicide, et d’assumer jusqu’au bout les conséquences de vos actes. Il est dommage que vous ayez cédé à l’appel des puissances de la ruine, vous eussiez pu devenir un célèbre, loyal et méritant serviteur de l’Empereur, tout comme votre grand-père Moïs.

 

 -Mon grand-père Moïs n’a pas à être déçu. Je n’ai pas démérité. Il voulait qu’Ana-Purna devienne une grande et glorieuse planète et c’est ce qu’elle aurait fait sous mon égide, à l’aube d’une nouvelle ère.

 

-Vous vous êtes fourvoyé, Jacobinus. Il n’y a pas de gloire à servir des maîtres qui ne cherchent qu’à asservir l’Humanité pour mieux l’exterminer ensuite. Votre grand-père Moïs avait eu la vision d’une grandeur au sein de l’Imperium et il avait donné les moyens à cette planète d’y parvenir. Mais à présent que sa capitale a été dévastée et une bonne part de ses moyens de communication et de commerce détruite, il lui faudra au moins un siècle pour parvenir à la prospérité. Emmenez-les ! ajouta-t-il à l’adresse de ses hommes.

 

-Je ne me suis pas fourvoyé, Astartes ! J’ai consciemment fait le bon choix. On m’a appris ce qu’était que la réalité des choses. Nous combattons contre ce qui nous sauvera pour un être qui ne peut rien pour nous !

 

Gabriel arrêta in extremis le geste de Severian, qui s’apprêtait à mettre à mort l’impudent. Il lui fit comprendre que, bien que Jacobinus osa le défier effrontément et blasphémer contre l’Empereur, il exigeait d’avoir les mains libres. Il ordonna à son escouade de mener les autres prisonniers vers les rhinos de la Compagnie afin qu’ils soient mis aux fers sur le Winged Vengeance. Néanmoins, Frère Bethor sollicita la parole, qui lui fut accordée. Il lui annonça  l’arrivée imminente de renforts, menés par l’Inquisiteur Otto Von Didakt, de l’Ordo Malleus. Ils provenaient de la planète voisine de Stella 7, et se montaient à trois régiments dont un blindé. Des renforts considérables, qui viendraient facilement à bout des RDP qui refuseraient de se soumettre aux investigations de Von Didakt. La partie était gagnée.

 

Resté seul, le trio que formaient Severian, Gabriel et le traître reprit la discussion.

 

-Je sens de la rancœur chez vous, Jacobinus. Videz votre sac ! Vous vous savez condamnez alors profitez de l’occasion pour déverser votre fiel…

 

-Et comment ! Moïs n’avait rien compris ! Mais moi j’ai saisi la vérité, il me l’a révélé. L’Empereur est agonisant, et il ne fait rien pour nous aider. Il n’a aucun pouvoir, pas d’autres pouvoirs que ceux qu’il s’est attribué, et grâce auxquels il nous exploite ! L’Empereur ne nous sauvera pas face aux dangers qui nous menacent en permanence. Il refuse les pouvoirs et les forces que peuvent nous offrir le Warp pour nous défendre. Au lieu de cela, il supprime toutes les preuves ! Son pseudo catéchisme impérial en est la preuve : je n’ai pas voulu croire ses paroles jusqu’à ce qu’il m’apprenne pourquoi l’on a enlevé ma sœur aînée à l’âge de 8 ans. C’est un des Vaisseaux Noirs de l’Inquisition, qui a emmené cette enfant innocente, et dans quel but ? Afin qu’elle serve de pâture à une momie nécrophage, un Dieu-cadavre, un mort vivant qui se repaît des âmes d’innocents afin de survivre ! Je crache sur cette ignominie qui n’apportera que la ruine à l’Humanité !

 

-Encore une fois, vous avez tort, Jacobinus. L’Empereur, dans sa sagesse infinie, a refusé toute compromission avec l’Empyrean, car il en connaît la vraie nature ; le Warp n’apportera que la mort et la destruction.

 

-A ceux qui l’auront refusé, oui ! Pas à ceux avec qui ‘il aura fait alliance. La galaxie est une vaste jungle où seul le plus fort survivra. Nous devons accepter tous les alliés, peu importe que la moitié de la race humaine périsse ! Seuls les forts survivent ! Vos propres frères eux-mêmes ne l’ont-ils pas compris ?

 

A peine eut-il achevé qu’il alla s’écraser plusieurs mètres plus loin, sur des pupitres de commandes, le visage défoncé. A travers les os broyés par le poing de Gabriel, son cerveau lentement coulait en une immonde bouillie. Cependant un filet de vie semblait encore s’attacher aux restes infâmes. Il sembla que sa mâchoire voulu articuler quelque chose, lancer une dernière parole de défi, mais elle se figea sans qu’aucuns sons n’en sortit plus. Il était mort.

 

-Beau travail, Capitaine Gabriel, siffla Severian sur le canal privé. Avez-vous eu ce que vous cherchiez ? ajouta-t-il en maugréant méchamment.

 

-Bien plus que vous ne le pensiez, Frère Severian, répondit Gabriel avec une pointe d’humour…

 

 -MFT-

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