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8 mars 2009 7 08 /03 /mars /2009 10:29
Une dernière respiration


Le masque de mort du chapelain se tordait sous la lueur des chandelles, émergeant par alternance de l’obscurité. L’homme avait été amené et installé sur la machine de torture sans ménagement par des serviteurs du mechanicum dénués d’âmes. Il était resté longtemps à scruter les lieux sombres, essayant de s’habituer au manque de lumière. Il avait fini par distinguer le chapelain en armure qui, ne bougeant pas, lui avait semblé être une statue. Quand il s’avança, l’humain entravé sur un chevalet rudimentaire laissa s’échapper un cri bref de terreur et de surprise. En prélude à l’écartèlement, Astérios tourna autour de lui lentement, des lames se reflétant entre ses doigts. Les lentilles rouges de son casque émettaient une faible lumière donnant à son regard la promesse d’une malveillance terrible. Une voix plus noire que la nuit résonna et fit sursauter le supplicié :
« La moisson a été bonne. Il est des dizaines de tes semblables qui attendent mes bons offices, hérétique. Ce que tu ne me diras pas, d’autres le feront. Tu subiras tout ce dont mon talent t’honorera. » Chaque mot parvenait à l’humain comme une douleur dépeçant son corps nu. Il n’y avait aucune échappatoire, ni aucun espoir.
« Il ne te reste que deux opportunités de faire des choix à présent. Je vais procéder à une introduction pour te faire entrevoir ce que je te réserve vraiment et te prouver ma volonté. Je te donnerai alors l’opportunité de libérer ta conscience. Si tu t’obstines, je continuerai comme il se doit. Au bout d’une heure, si tu es toujours en vie, je t’offrirai une ultime chance d’accéder au pardon de l’Empereur. » L’homme sanglotait malgré lui mais il serra les dents regardant son bourreau sans faillir. La voix éraillée, il hurla :
« Je ne vous dirai rien salopards. Bouchers ! Je demande à l’Empereur de vous pardonner, car c’est vous qui avez trahi. Il avait raison. Il avait raison.
-Qui avait raison ? »
L’humain regretta son emportement et se mura dans le silence. Il cracha vers Astérios comme un dernier défi.
« Qu’il en soit ainsi. » fit ce dernier en guise de transition.
 
*

Conrad se tenait face à un pupitre dans les appartements du seigneur Noss. Ses membres mécaniques s’étaient divisés en divers accessoires qui lui permirent de retranscrire dans un ouvrage laissé à cet effet, son rapport concernant ses recherches sur Martinien. Noss était très occupé ces derniers temps et maintenant qu’il avait terminé ses investigations, Conrad allait revenir à ses premières attributions. Avant cela, il rédigea donc son rapport car il y avait peu de chances qu’il puisse s’entretenir avec son maître avant longtemps. Il espéra vivement que ce dernier ne tarderait pas trop à en prendre connaissance. L’homme-machine se dirigea d’un pas grinçant vers une pièce, ancienne chapelle personnelle du juriste Telias, désacralisée et convertie en cellule. Quand il ouvrit la porte, l’inquisiteur Terdre se tenait debout, se portant comme un charme. Il l’accueillit d’un sourire mauvais.
« Ce corps misérable ne fera pas long feu. Il est temps mortel. »

*

« Cela se précise.
-C’est-à-dire Gatien ? »
L’archiviste mis doucement sa tête en arrière aussi loin que lui permit la « capuche » de son armure, le protégeant mentalement. Ses yeux, alors d’un blanc laiteux, semblaient observer tout un univers redoutable dans une pièce pourtant totalement vide. Le capitaine Barnard resta muet, respectant le temps nécessaire à ce que le psyker se reconstruise. Enfin, ses pupilles réapparurent :
« Je saisis des courants dans les évènements à venir. Il y a des pôles forts et des endroits totalement occultés. Je distingue deux psykers de ma force au minimum. Un ne m’est apparu  qu’une fois. Il ne semblait pas vouloir se cacher mais l’autre se fait bien plus fuyant. Ce dernier était présent lors de notre premier passage sur Adelphe III, j’en suis certain.
L’autre est xénos, sans doute un eldar. »
Le capitaine prenait soin d’assimiler les nouvelles. Beaucoup de nouveaux joueurs pressentis mais beaucoup d’inconnues à gérer en plus. Néanmoins le Dark-Angel attendait une dernière information. Il fixa silencieusement le copiste qui malgré sa constitution d’astartes semblait exténué.
« J’ai pu voir ce que vous m’aviez demandé et vous aviez raison mon ami. Ca n’a pas été facile car le site est toujours fortement chargé de la mort et de la souffrance des citoyens d’Axia. L’Immaterium est en grand trouble, particulièrement hostile mais, caché sous ce chaos, une convergence psychique hors norme sommeille. Il me faudra l’étudier de plus près mais je suis convaincu que ce n’était pas là avant notre passage d’il y a trente ans.
-En conclusion, ce qui se trouve sous les ruines d’Axia résulte de notre action de jadis.
-Je ne peux, hélas, qu’aller en votre sens. La question qui se pose est la suivante : est-ce accidentel ou non. »
Le capitaine Barnard lui rendit un demi-sourire désabusé et se colla au fond de son siège. Il ramena inconsciemment son poing sur sa bouche et se perdit en réflexions. Gatien sembla soudain prit d’un spasme et se redressa brutalement. Il dut s’appuyer sur son sceptre pour ne pas tomber. Barnard s’éloigna immédiatement et sortit son pistolet plasma, tenant son compagnon en joue.
« Arrg… Ca va… Ca va aller Joseph. » Le capitaine se rassura un peu après que Gatien l’ait appelé par son prénom. C’était un code de reconnaissance entre ami.
« Que s’est-il passé, Yviel ?
-Le Chaos. Les puissances de la ruine viennent d’entrer en ce monde. »

*
Le grand maître Séverin se tenait au bout de la table de briefing, encadré par deux guerriers en armure dreadnought d’un noir profond. Il regarda les cinq hommes, debout comme lui, attendant un mot de sa part. Le déchu laissa planer dans l’air cette impression de solennité et d’instant historique. La cinquième semaine de campagne de terreur des Dark-angels allait bientôt s’achever. Quasiment toute la planète vouait une rancœur farouche contre les space-marines. Grace à ses complices appartenant à toutes les strates de la population, Séverin avait retourné les procédés des ses ennemis pour monter peu à peu l’opinion publique contre eux. Cela avait commencé avec Praxius. Une campagne de désinformation avait été mise sur pieds pour que seuls les Dark-Angels soient rendus responsables du drame d’Axia. L’Administratum de Terra et l’Inquisition en particulier n’avaient pas été mentionnés, on murmurait même qu’ils n’avaient pas été mis au fait de l’évènement. Quant au gouvernement, il s’était posé en victime. A présent, même la garde et l’Adeptus Arbites nourrissaient une hostilité puissante envers les fils du Lion. La pression était arrivée à sa limite et il ne restait plus qu’à allumer l’étincelle qui ferait tout exploser. Séverin regarda le juriste Telias qui lui rendit toute l’émotion de ce moment attendu.
« Messieurs, nous entrons dans la phase finale de notre plan. Même parmi nos amis, vous êtes les seuls au fait de ce qui suivra véritablement. Le sacrifice personnel auquel vous consentez est énorme et croyez bien que pour ça vous avez gagné mon respect et mon admiration. Vos actions au sein de la populace et vos investissements ont rendu ce miracle possible. »
L’ex gouverneur planétaire Achylle de Coche, gonflé d’orgueil, ne put résister à l’envie de se faire mousser encore plus et prit la parole.
« Monseigneur. Un grand merci à vous au nom de tous nos frères. Vous nous avez montré la voie à suivre. Je suis fier de me tenir à vos cotés. Le sacrifice auquel nous consentons n’est que peu de chose et je dirai même que ce n’est que justice envers notre peuple. Loué soit l’Empereur.
-Loué soit l’Empereur. Reprirent-ils, tous en cœur. Le patriarche Gueusquin inquiet de nature, en profita pour s’inviter dans la conversation.
-Maître Séverin. Nous avons en effet réussi de grandes choses. Malgré tout, je crains qu’il ne nous manque une autorité suffisante pour soulever totalement la planète contre nos adversaires. Comprenez bien que je ne perds pas la foi et que je souscris aux risques futurs avec allégresse mais je persiste à croire que sans plus d’appui nous ne mobiliserons pas assez des nôtres contre vos frères honnis.
-Balivernes ! Gueusquin, vous péchez par excès de prudence. Ne soyons plus timorés ! Ce stade est dépassé. La planète tout entière exècre les astartes, y compris l’armée et les arbites. Maintenant c’est la gloire ou la mort. Notre courage fera la différence. N’est-ce-pas Telias ? Le sarcasme et l’ironie du gouverneur n’échappa point au concerné.
-En effet gouverneur mais le patriarche de la noble famille Ozoft a néanmoins raison. Un appui supplémentaire est nécessaire et le grand-maître y a pourvu. »
Tous alors se tournèrent vers Séverin, intrigués par cette révélation.
« Telias est bien trop modeste et, en vérité, c’est lui qui a pu nous donner cet atout inestimable. Notre ami a réussi à rallier à notre cause celui qui légitimera notre action. Car, par son aval, ce nouvel allié confirmera pour qui en douterait encore que notre cause est juste aux yeux de l’Empereur. N’ayez-plus aucun doute car je vous le dis nos ennemis sont perdus et bientôt, ils payeront. » Les portes s’ouvrirent et un homme austère apparu, un rictus inquiétant au visage. L’assistance resta sans voix. Même pour ceux qui ne l’avaient pas connu à l’époque, le sceau de l’inquisition qu’il arborait fièrement ne laissait place à aucune ambiguïté. Tous comprirent trop tard qu’ils n’étaient pas aussi maîtres de leurs destins qu’ils avaient la présomption de le croire. Achylle de Coche resta pétrifié, les yeux emplis de crainte.
« Inquisiteur Terdre... »

*
Le capitaine Bélial regardait avec attention les cartes et les clichés pris en orbite. La zone dévastée d’Axia, hautement radioactive, brouillait la perception des esprits de la machine. Malgré tout, on distinguait facilement les cinq cratères témoignant des points d’impact. Les ogives avaient été programmées, à l’époque, pour perforer les diverses couches de la cité ruche puis pour exploser au niveau du sol. Le souffle avait catapulté aux alentours des pans entiers de la ville. Derrière les taches qui parasitaient les prises de vue, on discernait à peine les quelques vestiges de la ville. Des ruines devenues grises par la poussière et le temps passé.
« Vous êtes sûrs de vous frère Gatien ?
-Je le suis, maître Bélial.
-Et vous, frère chapelain, vos informations vous paraissent-elles fiables ?
-Je peux vous certifier que les révélations qui m’ont été faites étaient sincères et qu’elles recoupaient les informations de mes agents infiltrés. Cela ne veut pas dire pour autant que cela soit la vérité. Le mensonge et la duperie sont devenus les armes de nos frères déchus. »
Le maître de la troisième compagnie regarda son homologue. Le capitaine Barnard posa un grimoire des archives d’Adelphe III sur la table et marcha vers les vitraux holographiques du strategium. Bélial le suivit du regard et s’exprima de nouveau :
« Fort bien. Astérios a reçu des aveux menant à la cache de nos frères déchus, en plein centre de la cité ruche de Flavia, dans les bas niveaux. C’est un vrai coupe-gorge et un terrain adéquat pour une guérilla redoutable. Nous avons regroupé les forces de défense planétaire ainsi que les arbites pour isoler Flavia, créant ainsi un blocus. Ils formeront un premier cercle, un second cercle de la troisième et quatrième compagnie composée d’astartes non encore initiés à notre quête, empêchera que quiconque ne passe dans un sens comme dans l’autre. Enfin, la tâche d’aller chercher nos frères déchus me revient, accompagné entre autre de la Deathwing. Par contre Barnard, je ne veux pas de Mariel à mes cotés. C’est un très bon combattant et je sais que de toutes façons vous aviez prévu de lui effacer la mémoire après notre campagne mais je ne le veux pas avec moi. Il n’est pas assez fort. Si Séverian avait été là, il aurait été capable de l’exécuter sur le champ.
-Il ne mérite pas ça mais j’en prends note. Séverian n’est pas capitaine et ne dirige pas les opérations. Nous avons besoin d’un maximum d’astartes dans le secret et j’assume ma décision. Il m’accompagnera donc aux ruines d’Axia.
-Vous êtes décidé à y aller ? Nous gagnerions à unir tous nos effectifs, je le maintien.
-Nous étions d’accord pour suspecter les forces de la ruine et cela se confirme. Nous arrivons vraisemblablement au dénouement de notre campagne. On ne peut risquer d’être pris à revers par une incursion démoniaque majeure que nous n’aurions pas les moyens d’endiguer. J’irai là-bas accompagné de Gatien et de quelques autres dont Mariel. Nos scouts ne peuvent se rendre sur place à cause des radiations. »
Le capitaine de la quatrième compagnie continuait à regarder les images de désolations d’Axia sur les vitraux. Le chapelain Abraxas voulu en savoir plus.
« Maître Barnard, vous semblez préoccupé. Ces mises aux points ne nécessitaient pas cette réunion, nous perdons un temps précieux et devrions nous lancer à l’assaut sans plus tarder, si vous me permettez.
-C’est exact, il y a autre chose. Je pense avoir trouvé le lien. Je pense savoir qui est notre adversaire. » Les yeux de Bélial brillèrent.
« J’ai fait des recherches dans nos archives de chapitre et celles d’Adelphe dès notre retour sur cette planète. Je ne crois pas aux coïncidences et la présence d’autant de déchus à cet endroit où nous avons déjà œuvré n’est pas un hasard. La chance a voulu que je retrouve des traces témoignant de certaines légendes qui parlaient des temps où l’Empereur marchait à nos cotés.
Cherchant dans nos propres archives, j’ai découvert que c’était la première légion qui avait libéré Adelphe III lors de la grande croisade, bien avant le Lion. Le capitaine en charge était Athias Séverin. Je pense qu’il est de retour sur les premiers lieux de sa gloire mais surtout qu’il a une connaissance de l’endroit  et qu’il a choisi le terrain de notre rencontre.
-Séverin… Le problème reste ses objectifs qui ne sont pas définis mais si c’est vraiment lui et que tout ce qui s’est passé depuis au minimum trente ans est de son fait alors rien n’est certain. Comme il ne s’est pas encore manifesté, il est probable qu’il tente de nous piéger mais de là à frayer avec le chaos.
-C’est aussi pour ça que j’irai à Axia. Nous ne pouvons laisser passer notre chance mais il va falloir assurer nos arrières. Il y a plus de dix-mille ans, la première légion dut combattre des xénos encore inconnus jusqu’à lors. Il est fait mention de problèmes d’infiltration et d’attaques subversives lors de la campagne mais sans plus de détails. Il est déjà miraculeux d’avoir eu accès à ces informations.
La seule conclusion que je puis en tirer c’est qu’il faut s’attendre à ce que l’ennemi étale son jeu lors de notre prochaine action. Notre statut de chasseur n’est plus assuré.
-Que proposez-vous ? »


*

« Préparez-vous, nous allons bientôt partir. »
Le ton d’Anhiel ne laissait rien cacher quant à la rancœur qu’il éprouvait envers Martinien pour l’avoir assommé lors du rapt d’Erell. Il avait faillit à sa mission, était toujours en vie et son compagnon Viviel lui ne l’était plus. La blessure faite à son honneur ne pouvait se résorber simplement. Malgré tout, il avait été l’élite de ce que l’humanité avait pu générer comme soldat, aussi obéissait-il aux ordres de Séverin sans discuter. Martinien pensait être différent.
« Partir pour où ?
-Nous partons pour les ruines d’Axia. La fille vient et vous êtes « invité » à en faire de même.
-Ce site est extrêmement dangereux ! Il est hors de question qu’Erell aille là-bas. Où est Séverin ?
-Le grand-maître est retenu ailleurs, il a des choses importantes à gérer. Quant à votre refus, il est hors de propos. Vous n’avez pas le choix. Mon maître voudrait vous convaincre de nous rejoindre. Pour ma part, j’estime que c’est une erreur. Même déserteur, on ne peut faire confiance à l’engeance de Jonson ! Faites-moi le plaisir de me dire non… » La provocation était lancée stupide et gonflée de testostérones mais malgré tout efficace. Martinien ne tomba pas dans le piège mais évalua tout de même la situation s’il devait tenter une fuite en force. Anhiel n’était pas de la trempe de Viviel et le maîtriser devait être possible mais il était accompagné d’astartes et d’agents humains. C’était trop pour Martinien.
Le fait qu’ils avaient besoin d’Erell à Axia donna une intuition funeste à Martinien. Le faux prétexte d’un lien de parenté avec le complice de Séverin n’aurait pas fait long feu.
« Votre attachement à cette femme est pitoyable ! Des enjeux sans précédent sont en train de se jouer. Le grand-maître daigne vous donner l’opportunité d’y participer malgré vos faiblesses de soldat et vous tergiversez !
-Comme il y a peu de ce que j’étais à ce que je suis, je ne m’attends pas à ce que vous compreniez. Une vie telle que la sienne à autant d’importance que la notre, si ce n’est plus.
-Tout dépend du rôle qu’elle aura à jouer. Son importance fait que nous l’avons gardée et protégée ici. A présent elle pourra enfin être utile à une cause plus grande qu’elle-même : à l’Empereur ! Et vous, si vous voulez rester seul et ne pas nous rejoindre dans notre quête, continuez ainsi. »
Martinien fixa le déchu dans les yeux. L’idée de se retrouver coupé de ses frères le hantait, c’était vrai. Il pensa qu’il n’était pas sûr du sort réservé à Erell et qu’en l’état actuel des choses il valait mieux attendre une meilleure occasion. Ne pas tout gâcher.
« Nous arrivons. Attendez-nous dehors. » Finit-il par dire.
Anhiel devint rouge et faillit éclater devant l’affront mais préféra s’exécuter. Une fois la porte fermée, Martinien voulu aller rejoindre Erell dans la chambre pour lui parler mais ses sens aiguisés lui renvoyèrent des sanglots étouffés. Il resta figé, regardant le sol. Elle restait une femme humaine malgré son courage et lui restait une machine à tuer malgré ses sentiments.

*
L’air ambiant autour de la construction xénos aurait rendu fou n’importe quel psyker tant les cris de douleurs, de rage et de frustration se faisaient oppressant. Pour le seigneur Noss, cela sonnait comme une mélodie. La conception révélait son origine non-humaine à travers les agencements asymétriques dérangeants de câbles, de filaments et de colonnes obliques entourant la pyramide parfaite. Gigantesque et semblant n’être que d’un seul bloc, sa base était constituée de quatre ouvertures dédiés à chaque aspect des puissances de la ruine. Sans porte, on ne pouvait néanmoins pas voir à l’intérieur des passages, occultés par une ombre non naturelle. Il était savoureux pour le sorcier de penser que ceux qui avaient remis en marche cette énorme machine étaient les Dark-Angels. En détruisant la cité ruche établie au-dessus, ils avaient condamné les âmes des citoyens à être séquestrés par cet édifice. Le réceptacle avait absorbé avidement toutes les victimes de la vindicte impériale. Praxius avait cru à l’époque pouvoir s’en servir pour accéder à l’immortalité et devenir une créature de l’Immatérium. Dans le fond, il lui importait peu de perdre tous ses astartes dans l’opération. Noss ne pouvait que le comprendre car lui-même s’était servi du maître de chapitre renégat pour atteindre ce but. Malheureusement, pensa-t-il, il n’en fut pas ainsi car Martinien et son escouade intervinrent. Praxius fut tué sans que le rituel ne puisse être finalisé.

Toujours sous les traits du juriste Télias l’agent du chaos commença à se diriger hors de l’endroit pour aller rejoindre ses complices dont le grand-maître Séverin. Ce pion-ci semblait plus à même de finaliser son plan mais Martinien était de nouveau dans les parages. Il y avait eu trop de coïncidences qui avaient permis sa défaite d’alors. Comment les Dark-Angels avaient-ils su où débusquer le « seigneur des châtiments » aussi vite ? Noss repensa aux années de recherches qu’il dut entreprendre ensuite pour trouver « la clef », l’ultime élément pour terminer le processus déclenché trente ans auparavant. Normalement, ça aurait du être Praxius, il l’avait préparé à cela mais sa mort prématurée avait déplacé cette fonction ailleurs. En l’occurrence sur la seule survivante de la cité encore pure dans son corps : Erell.
Traversant des couloirs étranges, il passa près de la salle qui intéressait Séverin plus que cette pyramide. Télias avait parlé de cette dernière en expliquant ce qu’il en était sauf sur ce qu’impliquerait son déclenchement. Il avait prétendu vouloir libérer les âmes emprisonnées et cela avait semblé convaincre Séverin de son altruisme. En parallèle, il lui avait montré comment grâce à ces machines on pouvait transférer un esprit dans un autre corps et les appréhensions du grand-maître s’évanouirent d’avidité. Le processus était délicat et très risqué car il avait été créé à l’époque pour qu’un esprit xénos investisse un humain. Nombreuses furent les personnes ayant servies de cobayes qui devinrent aliénées, sans parler des mutations que cela avaient parfois entraînées. Malgré tout, certains dont l’esprit avait été particulièrement  fort réussirent à investir d’autres enveloppes corporelles et à agir sans qu’on ne puisse rien détecter de prime abord. Un psyker aurait pu repérer une anomalie et cela réduisait le champ de manœuvre mais même ainsi, les possibilités tactiques restaient considérables. Néanmoins, un autre problème s’ajoutait car le corps de la victime subissait une pression telle qu’il ne tenait pas plus de quelques semaines. Les individus impliqués étaient condamnés quoi qu’il arrive. Qu’en serait-il avec un corps et un esprit d’astartes ? Les chimères de Séverin n’étaient pas les siennes mais Noss s’avoua être curieux de la suite des évènements. S’il réussissait à infiltrer son ancien chapitre, rien que quelques semaines, cela ouvrait des possibilités enivrantes. Le déchu s’était montré très réceptif à tout ceci et était revenu sur ces lieux pour justement user de ce qu’il avait eu à combattre dix-mille ans auparavant. Le sorcier regretta presque de devoir éliminer cet allié et ses projets alléchants.
Le grand-maître l’accueillit seul dans une salle aménagée à ses besoins stratégiques. Il regardait des documents ayant traits aux machines xénos que les magos attachés à leur cause lui avaient fournis. Les autres membres de la conspiration étaient dans une aile plus éloignée dans le complexe, en train de suivre l’évolution du conflit et l’attaque imminente des Dark-Angels sur le « repaire des déchus ». Ils attendaient, anxieux.
« Bonjour mon ami. Toujours à arpenter ces couloirs ? Télias sourit.
-En effet. Je repensais à la suite des évènements et plus précisément à Martinien.
Le déchu posa la carte qu’il tenait dans ses mains.
-Il me semble évident qu’il refusera de vous suivre dans votre action. Il ne hait pas son chapitre. En tout cas pas assez pour accepter votre vendetta. Il représente un risque qu’on ne peut se permettre de courir Séverin.
-Il aura le choix. Si, une fois mis dans le secret, il s’obstine, je l’abattrai personnellement. Le juriste fit la moue et hocha la tête.
-Je ne crois pas. Si je ne me trompe pas, ce Dark-Angel représente pour vous une sorte de consentement ou de bénédiction à votre quête. Un frère, non souillé, qui vous donnerait raison et justifierai vos années de disgrâce. Le grand-maître regarda sévèrement son allié et ne bougeait plus.
-C’est une erreur Séverin. Il n’est pas pur. Il est marqué par la souillure de son sang, par le primarque et ses préceptes mais surtout il y a cet épisode de sauvetage douteux par l’inconnu xénos. Il n’est pas ce que vous voudriez qu’il soit. Le déchu resta un instant imperturbable  puis se tourna, faisant quelques pas dans la salle.
-Vous avez peut-être raison mais il y a un impératif pour lequel nous devons composer avec lui : votre petite fille. Télias, vous m’aviez dit qu’il fallait qu’elle soit sacrifiée à cette machine impie pour activer la pyramide et libérer les pauvres gens d’Axia. Il fallait qu’elle soit indemne à tout point de vue.
-Si fait. La pauvre enfant. Fit-il tristement.
-Elle est sous sa garde et cela nous arrange. Qui plus est, en prenant l’option de le rallier à nous, le risque « d’endommager » votre petite-fille a été quasi nul car elle lui a fait confiance. Il l’accompagnera jusqu’ici et la laissera à nos soins de son plein gré. Il est très perturbé et les ondes psychiques présentes l’aideront à aller dans notre sens. Séverin fit une pause.
-Quant à son ralliement, il est vrai que j’en espère peut-être trop mais je peux vous assurer, qu’il ne me fera pas obstacle.
-En ce cas, je suis rassuré. »
Linuial
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