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14 mai 2010 5 14 /05 /mai /2010 18:12

- Pax Armata, approche autorisée pour arrimage. L'Empereur soit avec vous.

- Reçu, contrôle. Et avec votre esprit.

L'opérateur coupa la transmission et se retourna vers Pertinax. Debout à son poste, le Grand Maître acquiesça distraitement.

- Procédez à l'arrimage.

- A vos ordres, frère Pertinax.

Le croiseur d'attaque prit de la vitesse, glissant lentement vers le vaste hangar qui s'ouvrait devant lui. Le silence régnait sur la passerelle ; mais en dépit de ce calme apparent, Pertinax savait la manoeuvre périlleuse. A tout instant, les rétropropulseurs devaient contrer le champ de gravité du Roc avec précision. Une simple erreur de poussée, et plusieurs milliers de tonnes d'adamantium et d'acier s'écraseraient contre les parois rocheuses de l'astéroïde, condamnant l'équipage à une mort certaine.

Guidé par les signaux de navigation, le Pax Armata s'enfonçait dans les entrailles du Roc. Alors que les ténébres se dissipaient peu à peu, les arsenaux du Chapitre se dessinèrent à travers la vitre blindée.

Des dizaines de vaisseaux s'alignaient le long des poutrelles métalliques, surgissant à peine de la pénombre sous le flash intermittent des feux de navigation. Une myriade de petits appareils s'affairaient de tous côtés, véhiculant les serviteurs de maintenance d'un vaisseau à l'autre pour en poursuivre l'entretien. Une barge de bataille, immense et majestueuse, reposait dans un dock, semblable à un monstre endormi. L'Unrelenting Fury.

Le regard de Pertinax s'attarda un moment sur les lignes du vaisseau, aussi massives qu'élégantes. A elle seule, une barge pouvait balayer des continents et soumettre des planètes entières. Et face à sa silhouette écrasante, le Pax Armata n'était guère qu'un jouet.

Le croiseur d'attaque n'en avait pas moins joué un rôle décisif dans plusieurs conflits armés. Au cours des dernières années, le Pax Armata avait servir de vaisseau d'attache à la IIIe Unité d'Assaut Planétaire. Surgissant à l'improviste au-dessus de mondes hostiles, il avait pu opérer des bombardements précis et lâcher ses modules d'atterrissage au coeur des combats. En maintes occasions, ces frappes chirurgicales avaient ouvert la voie au gros des troupes impériales, épargnant au Haut Commandement des pertes inutiles et considérables.

Pertinax fut tiré de sa rêverie par le rapport monocorde d'un serviteur.


- Arrimage engagé, maître.

- Coupez les moteurs un à six. Stabilisez le vaisseau et armez les ancrages.

- Oui, maître.

Alors que l'équipage achevait d'immobiliser le navire sur son emplacement Pertinax se tourna vers ses sous-officiers. Tous les cinq se tenaient respectueusement au pied de l'estrade, vêtus de robes cérémonielles blanches, leur heaume vert sombre calé sous le bras. D'un hochement de tête, Pertinax leur fit signe d'approcher.

- Mes frères, vous vous êtes couverts de gloire tout au long de cette campagne. Notre mission touche à sa fin, et chacun de vous peut dès à présent regagner sa Compagnie d'origine ; cependant, j'espère avoir l'honneur de vous commander à nouveau, lors d'une prochaine campagne. Puisse l'Empereur guider nos bras...

- ... car lorsqu'il est à nos côtés, nous ne pouvons faillir, complétèrent les Marines à l'unisson.

Quintus, Gabriel, Asdrubal, Silas et Ephrael exécutèrent un salut réglementaire, que Pertinax leur rendit avec un sourire mélancolique. Puis, écartant sa cape, le Grand Maître se saisit de son heaume ailé et s'en coiffa. Le dispositif pressurisé siffla lorsque le casque s'enclencha dans son logement, et c'est d'une voix aux accents métalliques que Pertinax clotura ces brefs adieux.


- Mes frères, je vous confie le Pax Armata. On m'attend.

Les Marines s'écartèrent, inclinant légèrement la tête en signe de respect.

Le commandant de la IIIe Unité d'Assaut Planétaire s'engouffra dans le couloir principal. Tandis que ses pas résonnaient sur le sol de plastacier, il passa en revue les états de service de ses hommes. Silas et Ephrael étaient de bons chefs de section, mais ils manquaient encore un peu d'expérience. Asdrubal méritait sans doute d'être maintenu au poste de premier apothicaire d'une compagnie de combat. Quant aux aides de camp de Pertinax, ils méritaient tous deux d'être promus à des postes de commandement. Si Gabriel brillait par ses talents martiaux, Quintus faisait preuve de compétences tactiques remarquables ; peut-être le temps était-il venu de l'introniser au sein de la Deathwing ?

L'officier franchit le sas de sortie et descendit la rampe inclinée qui le conduirait jusqu'aux docks. Il croisa une véritable armée de serviteurs qui s'élançait pour vider les soutes du navires et les remplir de munitions. Un peu plus loin, une autre équipe d'esclaves mécanisés s'apprêtait à manoeuvrer les énormes tubes de pompage du carburant. Dans quelques jours, tout au plus, le Pax Armata serait prêt à appareiller pour une loitaine région de la Galaxie. Errance et carnage, tel serait le quotidien du croiseur jusqu'à la fin des temps. Jusqu'au retour du Lion.

Pertinax traversa le Grand Hall et formula une prière silencieuse en dépassant la statue du Primarque. Quelle mission urgente le Grand Maître Suprême souhaitait-il lui confier ? Il était peu courant pour un chef d'expédition d'être ainsi convoqué dès son retour. A moins qu'il ne fût l'objet de sanctions. Ses conceptions divergentes avaient-elles finalement valu à Pertinax de tomber en disgrâce ?

C'est donc hanté par de sombres pensées que Pertinax se présenta devant la Première Chapelle. Bien que son armure fût frappée de décorations disctinctives, les plantons firent leur devoir, lui barrant le passage.


- Qui es-tu, frère ? Présente-toi, ou retourne d'où tu viens.

- Grand Maître Caius Pertinax, par la grâce de l'Empereur.

Satisfaits, les gardes s'écartèrent. Pertinax pénétra dans la Chapelle et la traversa d'un bout à l'autre. Arrivé devant l'autel, il emprunta un escalier dérobé et parvint dans la crypte.

A l'exception de quelques chandelles, aucune source de lumière ne venait dissiper les ténèbres. Alors que Pertinax entrait, une autre silhouette se dirigea vers la sortie. Son armure noire ornementée ne laissait aucun doute quant à son office, et Pertinax se découvrit pour marquer le respect dû à tout chapelain. Celui-ci se contenta d'effleurer le Grand Maître d'un regard acéré tandis qu'il le croisait.

Pertinax ignora l'insulte. Il savait que plusieurs chapelains s'étaient opposés à son accession au Cercle Intérieur, jugeant sa tournure d'esprit incompatible avec le poids de la Faute. A vrai dire, Pertinax subodorait même que sa nomination n'était due qu'au soutien discret du Grand Maître Suprême. Pourtant, ce qui l'opposait à ses détracteurs ne tenait qu'à une nuance d'interprétation. Les chapelains-investigateurs clamaient que le pardon de l'Empereur ne serait accordé aux Dark Angels qu'après la rédemption ou l'exécution du dernier Déchu ; aux yeux de Pertinax, la poursuite des Déchus était indissociable d'un service exemplaire aux côtés des autres Légions de l'Empereur.

Ses pairs avaient affiché les mêmes doutes lorsqu'il avait proposé la mise en place des Unités d'Assaut Planétaire. Là aussi, il avait fallu l'autorité du Maître de Chapitre pour leur faire entendre raison. Mais Pertinax entretenait l'espoir qu'un jour les plus récalcitrants de ses frères se laisseraient convaincre.

Sans un bruit, une silhouette s'avança vers Pertinax. La faible lueur des bougies fit apparaître un visage anguleux, rude mais chaleureux. Azrael. Pertinax posa un genou à terre.


- Relève-toi, frère Pertinax. Nous avons à parler.


A suivre...

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