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20 août 2014 3 20 /08 /août /2014 14:40

Cependant, l’attaque ork si attendue ne vint pas. Du moins, pas immédiatement Les renforts impériaux arrivaient toujours plus nombreux à mesure que Piscina mobilisait ses forces de défense planétaire et entrainait de nouveaux régiments, à mesure aussi que les Techmarines affectés à la compagnie oeuvraient avec le clergé local de Mars pour reconvertir les rares usines de la planète en usines d’armement. Gabriel sentait que le vent avait tourné en sa faveur, et qu’à présent il soufflait du bon côté. Gazkhull était fini : il avait manifestement jeté toutes ses forces dans une seule bataille qu’il avait voulue décisive, mais s’était brisé sur les pentes de la chaîne de Koth. Du moins c’est ce que pensaient la plupart des officiers et soldats des FDP. Les Dark Angels, eux, ne pensaient pas, ou du moins s’en remettaient pour cela à leur commandant. Pour sa part donc, Gabriel, le seul Dark Angel officiellement autorisé à penser sur cette planète, était moins optimiste. Gazkhull avait toujours su faire preuve d’une satanée ruse animale, et là encore attendait-il probablement le bon moment pour frapper à nouveau. Mais il n’était plus seul maître à décider l’opportunité de ce moment. Il le savait également, le temps jouait contre lui, et l’attaque finale, celle qui devrait décider du sort de Piscina, restait encore à venir et à venir très bientôt.

Le matin du quatrième jour après la première attaque, une silhouette de grande taille se dessina dans la lumière bleutée qui se déversait par la rampe arrière du Dies Irae, et occulta l’aube naissante. Gabriel et les deux contrôleurs se retournèrent et ce qu’ils virent les emplit de joie : Belial, leur chef bien aimé, était de retour.

Gabriel se redressa, et d’un pas lent, calculé pour laisser transparaître cette joie sans  rien n’en laisser afficher, se dirigea vers Belial pour le saluer comme il se devait. Belial répondit à son salut, puis lui serra la main et lui frappa l’épaule. Ses yeux se fixèrent  un bref instant dans les yeux de Gabriel, et sans rien articuler, il lui exprima sa gratitude. Il était impossible de dire ce qu’elle couvrait, mais l’intensité de ce regard laissait soupçonner qu’elle était plus large qu’un remerciement pour le simple intérim qu’il venait d’assurer.  Puis, sans attendre l’officier se dirigea vers la console de commandement.

Belial s’était bien entendu tenu informé durant sa brève convalescence, et avait observé depuis les ponts médicaux de leur croiseur d’attaque tous les développements au sol ainsi que l’exercice du commandement par Gabriel. Il était temps à présent pour lui de reprendre les choses en main. Il observa les cartes holographiques et consulta les derniers rapports, puis il se tourna vers Gabriel.

-Kadillus Harbour doit être repris. Je ne sais pas ce que manigancent encore les Orks ni ce qu’il est advenu de Gazkhull mais il apparaît que la centrale est une ressource en énergie vitale pour eux, et si nous voulons enrayer l’invasion il semble bien qu’il nous faille reprendre ce qui nous a été volé. A en juger par les forces jetées contre nous il y a quatre jours il doit à présent être aux abois et regrouper la plupart de ses troupes pour le prochain assaut. La centrale sera certainement maigrement défendue, aussi n’aurons-nous guère besoin de divertir nos forces.

-Monseigneur, dit Gabriel, je crois pour ma part qu’il s’agit là d’une nouvelle ruse de ce monstre. Il n’est peut être pas opportun de diviser nos troupes alors que nous ne connaissons pas exactement l’étendue des forces peaux-vertes qu’il peut lancer à nouveau dans la bataille. Il sait aussi bien que nous que cette bataille sera décisive.

Belial, malgré l’irritation d’être contredit par son subordonné, ne le tança pas. La défense qu’il avait su orchestrer durant sa blessure l’autorisait, comme commandant de valeur, à émettre un jugement sur la situation qu’il quittait. Mais elle ne l’autorisait pas à plus, et la réponse qu’il forma était tranchante comme une lame monomoléculaire.

-Gazkhull tire sa puissance de ses sources d’énergie, bien que je ne comprenne pas encore comment il s’en prend. Si nous voulons le paralyser et éviter qu’il ne se renforce au-delà de ce que nous sommes capables d’arrêter, il nous faut reprendre cette centrale.

-Il en sera fait selon vos ordres Monseigneur, acquiesça Gabriel qui appréciait très bien les avantages et les limites de sa position.

-Tu prendras le commandement d’une force composée des Deuxième et Septième escouades. Elles ne sont plus qu’à demi-effectif mais je viens d’y promouvoir deux sergents que j’estime être d’une grande qualité. Tu disposeras également d’un peloton motorisé du XVIIème RDP, ainsi que d’un escadron du IIème Blindé. Cela devrait suffire, mais je t’affecte en soutien une batterie du XVIIème, ses mortiers lourds te seront utiles si tu devais rencontrer un peu plus de résistance que prévue.

Gabriel ne répondit pas rien, mais mesura le risque pris par Belial en même temps que l’honneur qu’il lui faisait.  Il lu accordait un bon quart des troupes qui défendaient la chaîne de Koth. Même si les renforts avaient atteint régulièrement les positions impériales durant ces quatre derniers jours, ils n’avaient comblés qu’avec peine les vides les plus cruels et la défense de la chaîne de Koth n’avait toujours pas retrouvé son effectif antérieur. Si la situation des casiers de munition s’était améliorée, et bien que Belial conservât pour lui la quasi-totalité de la puissance de feu à longue portée dont il disposait, la chaîne de Koth risquait de se voir submergée si l’attaque ork se révélait plus forte que ne l’anticipait Belial ou même Gabriel. Mais discuter les ordres ne faisait pas partie des qualités requises d’un Dark Angel, aussi Gabriel salua-t-il son chef et quitta le Damoclès pour se  diriger vers les positions des unités qu’il devait prendre en main.

*

Gabriel eut tout le temps durant les quinze heures que durèrent l’inconfortable voyage jusqu’à Kadillus Harbour de faire plus ample connaissance avec les remplaçants des Frères Azraeth et Menelauis. Frère Kandaran, le nouveau sergent de la Deuxième, était un Dark Angel à la peau très sombre, recruté sur un monde-sauvage en bordure du secteur Zekar. De haute stature, même pour un Astartes, il arborait toujours un fier et noble port de tête, qui laissait penser qu’il avait appartenu à l’aristocratie de son monde natal avant d’être emporté par les « Guerriers des Etoiles ». Son visage, d’une rare dureté jusque dans les moindres traits, semblait naturellement fermé et froid, même s’il laissait l’impression d’une très grande maîtrise martiale et d’une grande compétence tactique. Il était d’ailleurs le commandant en second de son escouade lorsque Frère Azraeth avait été tué par les Orks.

Frère Saariel quant à lui était un personnage d’un autre genre. Plus petit de taille que Gabriel, sa constitution de Space Marine lui conférait une carrure bien plus massive et musculeuse que de commun. Sa mâchoire très droite faisait paraître sa tête comme carrée, toute taillée d’un bloc, et à sa manière Saariel dégageait une impression de robustesse et de solidité extrême, bien supérieure à la normale même chez des Astartes. Son unique œil brun –l’autre avait été perdu au combat de nombreuses années auparavant et remplacée par un cyber-augment- brillait d’intelligence et d’une excitation que Gabriel reconnaissait comme la juste colère du Space Marine, avide d’abattre les ennemis de l’Empereur et toujours prêt à faire son devoir avec zèle. Quoique d’une discipline sans faille, Saariel savait faire preuve d’un certain humour même s’il conservait à tout instant cette gravité propre aux Dark Angels. A l’inverse, Kandaran ne paraissait pas savoir s’en départir, et son visage aurait put être fait d’un marbre froid. S’il répondait bien volontiers aux questions qu’on lui posait, il le faisait de manière laconique, et ne prenait jamais la parole. Pour tout dire, Kandaran semblait particulièrement pieux et presque pénitent.

Accoudé sur son casque, le menton posé sur son poing droit, Gabriel gardait pour l’instant le silence. Dans la pénombre du compartiment du Razorback, Frère Gidéon semblait dormir, ainsi que Frère Aeren, leur nouveau porte-étendard, tandis que Frère Ramiel prenait soin de son armure avec son kit personnel. Il psalmodiait à intervalles réguliers en un bas murmure. Gabriel lui jeta un bref coup d’œil, le temps d’observer la piété méticuleuse que le jeune Dark Angel déployait dans l’entretien et le polissage de sa nouvelle seconde peau. La précédente avait pratiquement disparu sous les nombreuses réparations après qu’elle eut été si cruellement endommagée lorsque Ramiel, avec tant d’héroïsme, se précipita sous les rafales des Orks pour baliser les positions xenos. Gabriel avait fait valoir auprès de Belial cet acte de courage qui avait permit aux survivants d’être extraits d’une conclusion désastreuse et inutile avec le corps de leur chef sans connaissance. Il  savait apprécier ce genre de geste à leur juste valeur, et il s’était de plus pris d’une certaine amitié, très récente il est vrai, pour le jeune frère dont l’ascension n’était pas sans lui rappeler la sienne. C’est donc fort logiquement qu’il avait tout particulièrement insisté sur sa promotion au titre de Champion de la compagnie pendant que lui-même, Gabriel, assurait la continuité du commandement, et à présent que Belial était revenu à la tête de sa formation, Gabriel se trouvait dans une situation d’entre-deux : pressenti pour succéder à Belial, encore fallait-il que ce dernier quitte son commandement. Très certainement, l’actuel Grand Maître de la Troisième Compagnie allait-il lui ouvrir les portes de la Première Compagnie. Ce serait un honneur rare qu’un guerrier aussi jeune que Gabriel, qui n’arborerait un clou de service que d’ici une quinzaine d’années encore, entrasse dans la prestigieuse Deathwing.
Mais quelles sombres épreuves, quels sombres secrets allait-il devoir à nouveau affronter ? Jusqu’à présent chaque progression de l’ancien novice dans la hiérarchie du Chapitre s’était accompagnée de révélations successives qui toutes s’étaient avérées plus ou moins fausses au regard des révélations suivantes. Combien de stades et de pêchés effroyables avait-il encore à endurer ? Gabriel ne pouvait guère que les conjecturer, mais du moins depuis quelque temps s’était-il forgé une conviction très sûre quant au pire des secrets des Dark Angels. Il n’en avait bien entendu jamais rien révélé à personne, même si l’accepter n’avait pas été sans tourments pour son âme et sa foi.

Le clignotement du voyant d’appel sur la console de communication du Razorback le tira de ses médiations. Gabriel se dirigea vers l’avant du véhicule et pressa la rune correspondante au canal appelant. C’était celui de Maître Belial. Il salua son chef et se plaça à l’écoute.

-Frère Gabriel, répondit Belial, il y a du nouveau. Faites immédiatement stopper votre colonne.

Sans attendre, Gabriel passa sur le canal de sa formation et ordonna à celle-ci de s’arrêter sur le champ et de se placer en position défensive.

-Nous sommes en attente de vos instructions, Monseigneur, signala-t-il aussitôt.

-Bien. Le Sergent Naaman me signale qu’il a enfin découvert le site d’atterrissage des Orks, mais il n’y a pas découvert de vaisseaux de transport. Il semble d’après lui que les Orks utilisent un système de téléporteur à long rayon d’action et de grande capacité, ce qui expliquerait pourquoi ces Xenos se soient focalisés sur la capture des principales sources d’énergie du continent. Il signale également qu’un important contingent Ork fait route sur la chaîne de Koth. Nous allons nous procurer une ouverture en profitant de ce mouvement pour frapper au cœur la machine ork et la détruire, afin de les piéger et les exterminer, car le Roc entame sa phase finale d’approche.

Gabriel enregistra mentalement les informations tout en les dépassant. Il voyait déjà très bien où Belial voulait en venir.

-Frère Gabriel, votre contingent va servir de diversion et amener les Orks à se porter à la rescousse de la centrale de Kadillus. Ceci devrait ouvrir la brèche dont j’ai besoin. Votre tâche va donc consister à fixer l’ennemi dans Kadillus Harbour en lui faisait croire jusqu’à ce qu’il soit trop tard que nos intentions sont de reprendre la centrale. Je vous envoie pour cela tous les contingents de la Milice Libre qui défendent la chaîne de Koth, moins une garnison de rigueur. Vous les engagerez comme il vous conviendra. Quant à moi je vais prendre le commandement de nos derniers éléments et attaquer leur site d’atterrissage lorsque vous m’aurez ouvert le chemin. L’Unrelenting Fury quitte en ce moment même sa position pour se mettre en orbite et lâcher nos précieuses escouades Terminators. La victoire est à portée de main, Frère Gabriel. Pour le Lion, le Chapitre et les mânes de nos Frères !

-Pour le Lion, le Chapitre et les mânes de nos Frères ! rugirent tous les Dark Angels.

*

-Nous devrions attendre les renforts envoyés par Belial, suggéra Gidéon. Attaquons en force et écrasons-les.

-Non, répondit Gabriel. Cela risque de laisser les Orks trop s’avancer vers Koth. S’ils arrivent trop près, non seulement ils n’y aura pratiquement plus d’oppositions pour leur faire face mais Gazkhull pourrait juger profitable d’abandonner Kadillus pour s’emparer de la centrale de Koth, et tout cela n’aura servit à rien. Nous allons nous porter sans attendre sur Kadillus afin qu’ils n’atteignent pas le point de retour et viennent sur nous. Nous tiendrons le temps nécessaire à ce que nos renforts les enveloppent et les écrasent tel le marteau sur l’enclume – c'est-à-dire nous.

-Votre volonté sera faite Maître Gabriel, déclara Gidéon avec un sourire.
Gabriel bascula sur la fréquence de la colonne.

-A tous : nous reprenons la route, plein gaz. Nos objectifs demeurent les même. Pour le Lion et Piscina.

*

Scrutant la centrale à la binoculaire depuis la crête derrière laquelle la colonne s’était embusquée, Gabriel put apprécier combien les lieux avaient été transformés par les Peaux-vertes. Si les murs de la centrale étaient toujours ravagés et constellés de poutrelles tordues et d’impacts divers, les rues avaient été dégagées. Ce n’était pas le cas du reste de la ville cependant, et aucun couloir d’accès par Kadillus à l’Est n’était libre des monceaux de gravats. La cathédrale du Lion dominait toujours de ses ruines noircies les lieux, tel un présage. Bon ou mauvais, c’était à Gabriel d’en décider. Les Orks avaient cependant aménagé la centrale à leur manière habituelle, faite des plaques de tôles assemblées n’importe comment, un espace de chaos dont le sens lui échappait. Surtout, de monstrueux câbles desquels jaillissait de temps à autre un éclair bleuté parcouraient en tous sens la centrale de Kadillus, jusqu’à une espèce d’énorme antenne parabolique. A intervalles réguliers, un jet d’énergie pure éblouissant pulsait tel un énorme serpent bleuté hors de la parabole et s’échappait vers les montagnes qui encerclaient Kadillus Harbour.
Attaquer par la ville semblait délicat, mais le seul chemin d’accès dégagé se trouvait à l’opposé de son point d’arrivée. De plus il était sûrement bien défendu, tandis que les Orks ne se gardaient certainement pas autant d’un assaut par l’Est. Enfin, les transports de la Troisième compagnie étaient tous équipés de lames de bulldozer : ils parviendraient à ouvrir un passage dans la ville pour que les Chimères et les camions de la Milice Libre puissent progresser. Gabriel traça donc deux  itinéraires d’attaque et répartit ses troupes en fonction. Il disposa son escadron de Leman Russ en couverture, avec ordre de ne pas passer la crête avant que la colonne n’ait été repérée par l’ennemi. Enfin, son artillerie motorisée devait suivre les VAB et délivrer un soutien d’artillerie à coute portée précis.

Pour maximiser l’effet de surprise, la colonne devait progresser à l’abri de la ligne de crête, jusqu’à l’accès de Kadillus le plus proche de la chaîne de montagnes, puis se scinder et prendre la direction de l’assaut. Les transports s’ébranlèrent. A la satisfaction de Gabriel ils atteignirent sans encombre les faubourgs, puis pénétrèrent la ville sans être repérés. Les Orks ne les attendaient donc pas. La colonne se sépara en deux et progressa rapidement en dépit des décombres. Elle était parvenue à mi parcours quand le Rhino de la deuxième escouade, délayant un vaste
amoncellement de gravats, sauta sur une mine ou un obus non explosé.

La colonne d’attaque fut stoppée nette. Le véhicule, gravement endommagé et déchenillé, ne pouvait plus reprendre sa route. Pire, il bloquait la voie aux autres.

Gabriel maudit la Milice Libre de n’avoir pas équipé ses véhicules d’une lame de bulldozer de série. Il donna des ordres pour qu’elle se fraye un passage le long d’un itinéraire plus long et à peine moins encombré. Cependant ce n’était pas tout. L’explosion alerta quelques peaux-vertes, qui grimpèrent aux postes de surveillance délaissés. Lorsqu’ils aperçurent les colonnes, leurs cris de joie tirèrent toute la centrale de sa torpeur et des centaines d’Orks se ruèrent sur les toits et les murs pour jouir du spectacle. Gabriel saisit cette chance que l’indiscipline des Orks lui offrait. Il donna l’ordre à ses Leman Russ de surgirent sur la ligne de crête et d’anéantir du feu de leurs obusiers le plus d’ennemis qu’ils le pourraient, avant qu’ils ne se mettent à couvert.

La réponse ne fut pas longue. Elle vint sous la forme d’une triple détonation qui éparpilla en lambeaux une trentaine de Peaux-vertes. Rappelés à l’ordre par leurs chefs de bande, les autres se mirent alors à courir vers leurs armes, tandis que des rafales de Bolts lourds zébraient l’air au dessus de leurs têtes et en happaient quelques uns.

Cependant la colonne menée par Gabriel avait assez progressé pour atteindre les avant-postes Orks. Leurs armes lourdes ne purent être mises en œuvre. Percés par les fusils lasers des miliciens, les servants furent mis en déroute avant d’avoir atteint leurs pièces. La colonne passa sans encombre la première chicane d’accès et accéléra à l’intérieur du complexe. Les trois camions qui formaient la queue de la colonne obliquèrent à droite et se rangèrent dans un crissement de pneus le long d’une des quatre unités de production. Leurs escouades sautèrent à terre.
Un rayon d’énergie en zigzag frappa soudainement une Chimère, qui fut percée de part en part. Elle dérapa à gauche et enfonça le pied d’une tour de défense ork.

-Pièce anti-char à gauche, signala Gidéon tandis que la tour s’abattait dans un fatras de poutrelle et un fracas de métal sur le VAB endommagé.

-Pièce neutralisée.

La voix grave et métallique de Kandaran résonna dans le circuit. Il s’était extrait avec ses hommes du Rhino et avait abattu en quelques tirs précis les servants. A présent couvert sur sa gauche, Gabriel détacha deux des trois mortiers motorisés vers l’attaque de l’unité orientale. Bientôt, et malgré quelques pertes, celle-ci fut au mais de la Milice. Il dirigea alors le tir des batteries vers l’unité septentrionale. Descendant lourdement le flanc de la colline, les Leman Russ continuaient de déverser une pluie d’acier sur les défenseurs Orks, en jetant certain définitivement à terre et en clouant un plus grand nombre au sol. La défense, encore désorganisée, lui laissait le temps de porter son effort vers le grand bâtiment Nord. Bientôt, les armes lourdes des  miliciens furent en position dans l’unité orientale et libérèrent un feu meurtrier, bien ajusté. L’attaque prenait bonne tournure.

Les trois chimères qui escortaient son Razorback encerclèrent la cible, et Gabriel fit signe à son escouade de débarquer. Soutenu par les bolters de Kandaran à gauche, qui faucheraient les Orks qui s’aventureraient à découvert pour contre-attaquer, il gardait l’escouade d’Assaut Saariel en embuscade. Levant bien haut l’étendard de la Troisème compagnie, Aeren et le reste de l’escouade se prépara à donner l’assaut de l’accès principal. Gabriel adressa alors un court message d’encouragement  aux Miliciens, puis donna l’ordre d’attaquer.

Un rugissement jaillit des casques des Dark Angels et avec lui les vétérans enfoncèrent la barricade. Les quelques peaux-vertes qui cherchèrent à se mettre en travers de la route furent taillés en pièce sans pitié. A gauche, une escouade de milicien progressait en tiroir à travers les décombres. A droite, l’autre escouade parvint à se frayer un chemin sur la passerelle de maintenance et arrosait les Orks depuis le deuxième étage, hors d’atteinte. Les défenseurs craquèrent, lâchèrent pieds, et fuirent, fauchés par les salves de laser. Gabriel se voyait déjà maître de l’unité principale quand un Ork d’une taille peu commune se ménagea un chemin de sa grande hache de guerre à travers les rangs de l’escouade de gauche.

Les vétérans s’élancèrent vers cette nouvelle menace, d’autant que derrière elle s’en précisait une autre : ralliés, les Orks chargeaient à leur tour vers les Space Marines. Les miliciens ouvrirent le feu et en tuèrent un certain nombre mais ce ne fut pas assez pour stopper leur élan. Une dizaine d’Orks menés par leur Nob contacta les Dark Angels.

Gabriel troua la tête d’un premier d’un bolt bien ajusté, et en neutralisa un second de trois ogives dans le ventre. Il sépara le bras armé d’un troisième, puis se retrouva face au Nob. L’Ork lui porta un violent coup tournant à mi-corps, mais Gabriel para à deux mains de son épée et le champ énergétique trancha le manche de la hache. Cependant l’élan de l’Ork fut tel que le manche heurta avec violence le torse de Gabriel et le jeta à la renverse. Lâchant au bout du mouvement le tronçon désormais inutile, le peau-verte bondit et se jeta littéralement sur lui, les deux bras tendus pour agripper son cou et le broyer de sa force inhumaine. Gabriel ne dut sa vie qu’à un réflexe qui lui permit de se dégager au dernier moment, et l’Ork s’écrasa face contre terre avec un grognement. Un cri de guerre retentit, et Gabriel vit que l’escouade de gauche et celle qu’il avait laissé en soutien se ruait au corps à corps. Les miliciens, armés de leurs baïonnettes, leurs pèles de tranchée et de leur seul courage, venait en aide aux Dark Angels. Mais il ne put rien distinguer d’autre. Il plongea sur son épée qui avait chuté à quelques mètres de lui, évitant la poutrelle d’acier que lui lançait l’Ork. L’empoignant, il se redressa et d’un large revers, ouvrit l’abdomen de la créature. L’Ork beugla mais frappa tout de même Gabriel de son poing droit. Le casque de Gabriel encaissa le choc, bien que la lentille gauche se fissurasse. Rendu borgne par la force des choses, Gabriel recula de deux pas, évitant deux coups supplémentaires. L’ork, tenant ses boyaux dans la main gauche et une lame rouillée dans la main droite, avançait toujours sur lui.

-Maître Gabriel, grésilla une voix faible dans son écouteur droit, on signale trois-cent xenos et une vingtaine de véhicules blindés à quatre heures de route.

Gabriel ne put répondre. Toujours quelque peu sonné par le coup qu’il avait reçu, il para par réflexe un coup tranchant de bas en haut. Soudain l’Ork s’arrêta brusquement, sa bouche grimaçant terriblement. Il chercha à attraper quelque chose derrière lui sans y parvenir. Puis une lame bleutée arracha les chairs et jaillit hors de sa poitrine. Comme un pantin auquel on aurait tranché les fils, ses bras tendus retombèrent lourdement et sa tête s’affaissa. Le cadavre tomba à genoux, laissant apparaître Ramiel. Ce dernier appuya sa botte blindée contre le dos de l’Ork et tira dans un craquement sinistre son épée du dos verdâtre. Le corps sans vie s’effondra sur le sol avec un bruit mat. Le combat était terminé, les Orks exterminés.

Faisant un effort mental, Gabriel reprit ses esprits et prit conscience de l’importance du message qu’il avait reçu. Les renforts Orks arrivaient, ils seraient là dans quatre heures, tandis qu’il en faudrait encore six aux siens pour qu’ils atteignent la bataille. La première phase devait être conclue au plus vite, afin de laisser souffler ses hommes et réapprovisionner.

Laissant là la garnison de miliciens, les Dark Angels rembarquèrent dans leur Razorback et Gabriel fit le point de la situation tactique. Ils n’avaient plus rien à craindre désormais des armes lourdes déployées pour couvrir l’accès principal : elles avaient été annihilés par l’escouade Kandaran et les hommes de Saariel alors que les Orks les déplaçaient pour le remettre en batterie. A présent Saariel et le deuxième peloton mécanisé, enfin sorti du fatras de la cité, prenaient le contrôle du bâtiment sud. Le bâtiment Ouest, matraqué par les Leman Russ, était en ruines. L’antenne parabolique, elle, n’émettait plus.

L’attention de Gabriel fut attirée par un grincement sonore très caractéristique.

-Contre-attaque de marcheurs ! rugit-il. Les armes lourdes, à vous !
Mais elles ne purent tirer. Gabriel distingua avec difficulté les marcheurs, progressant à l’abri de montagnes de gravas, hors de vue des armes lourdes positionnées dans le bâtiment Est.

-Escouades A et C, redéployez vos armes pour couvrir l’accès au bâtiment Sud, ordonna-t-il.

Mais il n’était guère certain que cela suffise. Les Orks étaient bien à couvert, hors de d’atteinte. Ils allaient atteindre le bâtiment sud et y faire un carnage. Sur le toit du bâtiment occidental, un Ork caparaçonné dans un amas hétéroclites de machines étranges apparus, prenant soin de se tenir hors de vue des Leman Russ. Gabriel devait redéployer son dispositif.

-Deuxième colonne, repliez-vous sur le bâtiment Est. Contournez-le et mettez vos armes en batterie dans l’unité Nord. Saariel, donnez leur le temps. Escouade A et C, faites-moi taire ce gêneur.

Aussitôt, l’escouade C fit mouvement et grimpa vers le toit. Les servants de l’autocanon de l’escouade A redéployèrent leur arme, mais furent vaporisés dans une boule de feu incandescente. L’Ork avait déchargé sa curieuse arme à pleine puissance, celle-ci à présent rechargeait dans une pluie d’étincelles bariolées.

-A couvert ! hurla Gabriel. Prolix, intima-t-il au chef de la batterie d’artillerie, toutes vos armes sur le toit Ouest !

-Décrochage, lança Saariel.

Gabriel tourna la tête : l’escouade d’assaut quittait le bâtiment et activait ses réacteurs pour se tirer d’affaire. Sur cinq frères, deux manquaient.

Trois obus éclatèrent sur le toit du bâtiment Ouest,  forçant l’Ork isolé à se mettre à couvert. Bientôt les rafales du Bolter lourd de l’escouade C criblèrent sa position, et l’Ork ne réapparut plus.

Mais le combat se déporta à nouveau vers le centre. Pulvérisant le mur fatigué de leurs masses, plusieurs marcheurs surgirent du bâtiment Ouest et remontèrent vers le bâtiment Nord. Les Orks étaient décidément malins : ils faisaient attention à se tenir hors de vue des Leman Russ.

-Armes lourdes, anéantissaient-les !

Les armes déployées dans le bâtiment Est ouvrirent le feu dans un crépitement : lasers, missiles, obus perforants d’autocanons s’abattirent sur les marcheurs, à présent à découvert. Trois d’entre eux explosèrent, mais les autres répliquèrent. Soudain un feu nourri quoiqu’imprécis jaillit des ruines du bâtiment Sud : des Orks dotés d’imposantes bouches à feu individuelles noyaient littéralement la position de tirs des armes lourdes sous un déluge de plomb. Le rythme du feu impérial se fit immédiatement moins soutenu, les équipages se jetant à couvert ou disparaissant corps et bien dans le torrent de feu libérés par les Pillards.

D’expérience, Gabriel savait que ces Orks là étaient trop coriaces pour que l’escouade Saariel puisse en venir à bout. La destruction des Pillards était la clé de la bataille mais elle demandait un assaut hardi que seule la douzaine de Space Marines qu’ils formaient pourrait mener.

-Premier et deuxième peloton, maintenez le feu sur les marcheurs. Kandaran, contournez les marcheurs avec discrétion et trouvez-vous une bonne position de tir sur les pillards. Attendez mon ordre pour ouvrir le feu. Saariel, vous donnerez l’assaut à mon ordre sur leur position. Escouade Aeren, avec moi : nous allons faire diversion avec le Razorback et obliger les Orks à séparer leurs efforts. Notre objectif sera de donner l’assaut à la position des tireurs Orks. Pilote, ajouta-t-il, contournez le bâtiment Nord et attaquez le long du flanc Ouest.

Le véhicule s’ébranla en marche arrière et prit de la vitesse. Les obus s’abattaient toujours sur la position de l’Ork solitaire. Le Razorback vira à gauche, fonça le long de la façade Nord alors que Kandaran signalait qu’il était en position, et jaillit dans un crissement de chenilles à l’angle. Il remonta à fond de train le long du bâtiment Ouest, surprenant les Pillards.

-Kandaran, feu à volonté.

Les Orks ne purent se ressaisir. A peine avaient-ils tournés leurs armes vers la nouvelle cible qu’une grêle de Bolts les assaillaient, tuant deux d’entre eux. Insensibles à ce qui se jouait derrière eux, les marcheurs continuaient pesamment leurs routes. Un de plus fumait d’une épaisse fumée âcre, arrêté dans son élan. Soulagé du tir de suppression, les servants d’armes relevèrent la tête et un laser perça de part en part un autre marcheur. Cela n’était encore pas suffisant néanmoins pour les arrêter.

Criblant de bolts lourds toutes les ouvertures qui auraient pu permettre à l’ork au plasma de le prendre pour cible, le Razorback continuait sur sa lancée, lorsqu’un autre trait incandescent l’atteignit en plein. Le choc jeta à terre les passagers, et le compartiment intérieur s’embrasa. Le véhicule fit une violente embardée et s’encastra dans un violent choc dans la façade du bâtiment Ouest. Par miracle le toit du Razorback encaissa sans céder les gros blocs de plast-béton qui s’effondrèrent sur lui.

-Sortez ! hurla Gabriel en enclenchant la procédure d’ouverture d’urgence.

De petites explosions retentirent, délogeant les portes et ouvrant un passage médiocre. Avec difficultés, les vétérans s’extirpèrent un à un de la carcasse fumante. Ramiel sortit le dernier, tirant le pilote inanimé de l’habitacle. Gidéon contrôla ses systèmes vitaux, agita la tête faiblement puis appuya son Narthecium contre la nuque de l’infortuné après lui avoir retiré son casque. Une petite piqure, sa seringue se vida, et Frère Gisco partit avec la bénédiction de l’Empereur rejoindre le panthéon des guerriers morts au combat.

-Nous récupèrerons ses glandes plus tard, Frère Gidéon, glissa Gabriel car le temps perdu était déjà grand.

-Certainement pas, répliqua sèchement l’Apothicaire.

-Une fois la victoire acquise vous aurez tout le temps nécessaire.

-Il n’en est pas question.

-Vous m’en répondrez, siffla Gabriel en se remettant debout. Dark Angels en avant. Pour le Lion ! Saariel à vous de jouer.

Les Dark Angels s’élancèrent à l’assaut. Traverser les cent mètres à découvert qu’il leur restait n’était pas une mince affaire, et s’ils étaient hors de vue du tireur isolé, caché par l’épave fumante du véhicule, les Pillards les avaient repérés. Mais à nouveau, le temps qu’ils tournent leurs armes vers eux, l’escouade d’assaut de Saariel se posa dans une volée de grenades, jetant le désarroi parmi les peaux-vertes. Un combat meurtrier s’engagea, tandis que Kandaran, de sa propre initiative, quittait lui aussi de sa position pour se placer dans le dos des marcheurs et mitrailler leur faible blindage arrière de ses bolts vengeurs. Cependant Saariel et ses deux compagnons, s’ils parvinrent à occuper les Orks, ne pouvaient rivaliser face à leurs épaisses musculatures et leur endurance sans commune mesure. Passés les premiers instants, la balance pencha en faveur des Orks et les trois Astartes ne durent leur survie qu’à l’intervention des vétérans. Gabriel tranche de taille un bras armé d’un redoutable kikoup alors qu’un moulinet de Ramiel désarmait un autre Ork d’une tronçonneuse rudimentaire. Moins de deux minutes après qu’ils furent parvenus au contact, les Orks étaient morts. Privés de soutien, pris entre deux feux, les quatre derniers marcheurs furent neutralisés alors que deux d’entre eux tournaient les talons pour assaillir Kandaran.

-Trouvez-moi l’Ork qui commandait la centrale. C’était certainement le tireur isolé. Prenez-le vivant.

Prendre un Ork vivant ne fut pas une partie plaisir, cette espèce étant notoirement dénuée du sentiment de peur à mesure qu’ils croissaient en musculature. Néanmoins, une heure plus tard, le Gro’mek Snaka Plakd’Acié était à genou devant lui dans une cage trop petite pour lui, les mains liées dans le dos par un champ magnétique des plus puissants. Il regarda Gabriel de ses petits yeux rouges et vicieux, lequel le lui rendit bien.

-Frère Severian s’occupera de ton cas, la bête. Crois-moi.

-MFT-

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