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15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 17:16

 

Assis à sa table de travail, éclairé par une dizaine de chandelles qui se consumaient lentement en projetant une lueur palote sur les piles de documents qui étaient disposées sur son bureau, Gabriel lisait. Un coude posé sur le bois d'acajou, sa tête légèrement inclinée à gauche, son front pris entre le pouce et l'index de sa main, il était absorbé par les différents rapports qui émanaient de ses unités, des organes impériaux qu'il avait contacté pour reprendre en main l'administration de la planète, et de dizaines d'autres structures qui devaient maintenir la planète soumise tant que la loi et l'ordre de l'Imperium n'auraient pas rétablies et leurs agents envoyés pour réimposer le contrôle de impérial sur l'ancienne planète rebelle.

 

Gabriel reposa le feuillet qu'il avait en main et se leva de sa chaise curule. Il fit quelques pas les mains croisées dans le dos pour se détendre. Il haïssait ce genre d'occupations. Gabriel était un soldat, pas un administrateur. Il n'avait à cœur que de servir l'Empereur en pourchassant ses ennemis, et dans le domaine gestionnaire seul lui importait sa Troisième compagnie. Mais à cause de cette rébellion et surtout du succès de son attaque éclair, la lourde machine impériale n'avait pu suivre son rythme et voilà qu'il était coincé, astreint à gérer une planète comme le plus vil des gouverneurs impériaux. Ses pensées dérivèrent quelques instants de ces basses besognes stupidement bêtes et bêtement stupides pour s'évader dans ses souvenirs tous neufs. Il sourit.

 

C'était une magnifique victoire qu'il avait enlevé. Sa compagnie n'était pas arrivée depuis vingt-quatre heures que déjà la victoire était à lui, une victoire totale. Une attaque foudroyante, frappant au cœur du dispositif ennemi, une seule attaque décisive et furieuse, qui avait balayé toute opposition devant elle, et en une seule journée de combat l'avait consacré maître de tout Nephillym. La planète félonne avait réintégré le giron impérial. Les Xenos avaient été châtiés de leur impudence, et durement. Et surtout, l'ancien compagnon du Lion, traître à son rang et à son honneur, avait été capturé. L'ex-frère Yanhus confessait en ce moment même ses crimes hérétiques à l'Investigateur Severian, et ce dernier était particulièrement savant dans sa science. Yanhus n'avait été qu'un lampiste lors du schisme du Chapitre, mais il n'en restait pas moins un renégat, parjure et faux. Il n'en restait pas moins un Déchu, et finirait par faire repentance de ses pêchés comme tous les autres, qu'ils aient été novices ou maître de compagnies au sein de l'ancienne Légion. Tous les Déchus finiraient par faire repentance. C'était leur destin inéluctable. Tous. Jusqu'à Caius Pertinax et sa clique.

 

Sur son bureau, le voyant rouge d'une petite console se mit à clignoter. Quelqu'un attendait à la porte. Gabriel se dirigea vers sa console, pressa l'interrupteur et demanda qui se présentait à lui. Une petite voix, comme un souffle, murmura que Frère Bethor et Frère Gidéon était à la porte et sollicitait une audience. Gabriel ralluma toutes les lumières de son bureau, qui illuminèrent à nouveau la pièce de tout leur éclat, et autorisa leur entrée. Les deux battants s'ouvrirent, repoussés par l'un de ces petits êtres encapuchonnés qui servaient le Chapitre et ses principaux dignitaires. Il entra et s'effaça pour céder la place au Porte-étendard de la Troisième compagnie et à son Apothicaire. Ils rejoignirent le Grand Maître puis Gidéon lui tendit un parchemin scellé d'un sceau de cire rouge frappé de l'épée ailée des Dark Angels. Sur les petites bandes de tissu qui en émergeait s'étirait la Prière obituaire.

 

-Mon rapport sur nos pertes définitives, monseigneur.

 

Gabriel ne répondit que par un signe de tête approbateur et saisit le parchemin, décacheta le pli et parcouru les quinze noms qui y figuraient. Neuf appartenaient à sa compagnie, quelques autres se répartissaient entre les vétérans de la Sixième et de la Première compagnie. Avec un serrement au cœur, il vit aussi que trois jeune Novices étaient morts au combat. Ils n'étaient ni aussi honorés ni aussi réputés que les vétérans ou même ses Frères de bataille, mais la mort de jeunes recrues prometteuses le touchait toujours plus que les autres. Sans doute parce que le noviciat était un temps particulier, un temps durant lequel on était pas surchargé de bête tâches bêtement administratives pour le compte du bête léviathan dénommé «Administratum ».

 

-Frère Ashur n'a finalement pas survécu à ses blessures, dit Gidéon. Ses blessures étaient très graves mais j'espérais le sauver et je ne comprends pas pourquoi mes efforts n'ont pas portés.

 

-Peut être ne souhaitait-il pas leur survivre, prononça Gabriel d'une voix grave.

 

-Je n'ai jamais ouïe dire le cas d'un Astartes qui se soit suicidé, dénia Gidéon.

 

-Qui parle de suicide ? Un Dark Angel ne se suicide pas, cela ne veut rien dire pour lui, Frère-Apothicaire.

 

Le ton était neutre mais la voix grave et la formule ne souffraient pas de réponse. Gidéon le savait et se tut. Gabriel l'apprécia. Ashur comme Simias avaient fait leur devoir et s'étaient largement rachetés de leur faute passée. Eux aussi s'étaient repentis. C'étaient de bons Dark Angels, loyaux et zélés. Leur dernier acte méritait d'eux, et Gabriel choisis de consigner leurs noms non pas seulement dans l'Obituaire du Chapitre mais de le reporter dans celui des Héros et Grands Faits, avec un commentaire circonstancié qu'il écrirait et enluminerait de sa main propre. Bethor prit une posture particulière qui traduisait chez lui qu'il souhaitait parler sans pour autant réclamer la parole, juste attirer l'attention de son chef hors de ses réflexions.

 

-J'ai une bonne nouvelle, Monseigneur. L'escadron du Sergent Ardael a intercepté un véhicule Tau qui transportait le corps du Commandeur Brigthsword. Par ailleurs nous avons rassemblé tous les prisonniers xenos, civils comme militaires. Plus de trente mille.

 

-Le Chapitre n'a aucune pitié à offrir aux Xenos. Massacrez les tous.

 

-Bien monseigneur.

 

-L'ex Gouverneur Baxter sera écartelé demain en place publique et ses membres exposés dans les principales cités de cette planète. Vous ferez subir la même sentence au cadavre de ce Brigthwsord. Que la famille Baxter soit crucifiée aux portes de ces mêmes cités.

 

-Bien monseigneur.

 

-Quant à ces millions de félons, ils vont savoir ce qu'il en coûte de défier l'autorité de l'Imperium. Vous appliquerez le châtiment de la décimation. L'Empereur pardonne.

 

-Bien monseigneur.

 

Aucune compassion, ni de l'un ni de l'autre. La justice et l'ordre impérial étaient implacables. Ses agents aussi. Les Dark Angels étaient les meilleurs d'entre eux. Bethor salua son officier, et partit faire appliquer ses ordres à la lettre et sans tarder. Gidéon salua à son tour, puis sortit. Gabriel se reporta dans son travail administratif. Ces peines n'étaient rien de plus que le juste prix de la mort de quinze des meilleurs serviteurs de l'Empereur. Vues sous cet angle, c'était la seule chose qui différenciaient ces lourdes sentences des tâches sans intérêt dans lesquelles Gabriel se replongeait sans plus d'entrain...

 

-MFT-

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