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19 mars 2009 4 19 /03 /mars /2009 10:25
-Qu’avez-vous découvert, alors ? interrogea Severian avec une pointe d’agacement dans la voix. Il avait coutume d’apprécier l’ironie de Gabriel d’une manière plus atténuée que le grand maître Bélial, et en particulier quand elle s’adressait à lui.

Gabriel ne répondit pas tout de suite. Il du répondre d’abord aux injonctions pressantes que lui demandait Gidéon. Ce dernier n’entendait pas laisser partir son officier sans lui avoir dispenser des soins de meilleure qualité que son bras n’en avait reçu jusqu’à présent. Gabriel se laissa faire, sentant que son apothicaire ne le laisserait jamais partir tant que son bras n’aurait pas été ausculté sous toutes les coutures, et dûment soigné.

-La retraite dans laquelle se cache le déchu que nous traquons depuis le début de cette opération, asséna-t-il. Je l’ai trouvée.

-Pardon ? Mais comment avez-vous fait pour la découvrir ? questionna le chapelain. La surprise lui fit oublier immédiatement le léger mécontentement de l’instant précédent.

-Le temps manque, Frère-Chapelain, je vous expliquerai plus tard comment. Il faut absolument que vous et l’escouade Séleucos soyez rapatrié sur le Winged Vengeance. Ensuite, faites faire les réparations sommaires sur vos armures, je ne veux pas courroucer l’Esprit de la Machine alors que nous risquons d’avoir grand besoin de lui. Tenez-vous prêt à vous téléporter sitôt que j’activerai ma balise. Le code sera mon numéro matricule suivi du numéro de votre cellule sur le Winged Vengeance.

-Et où atterrirons-nous ?

-Dans la cathédrale St Moïs.

_________________________________________________________


Lorsque la formation blindée de la 3ème compagnie déboucha sur la place de la cathédrale, tout était calme. Du moins, sur la place elle-même. Au loin résonnaient les bruits confus d’une bataille, le grondement ininterrompu des canons tissant comme un fond sonore à la trame fatidique de l’instant. Fatidique, le moment l’était à plus d’un tour. Tous les Dark Angels sentaient que la mission arrivait à son terme, même si bien peu comprenaient pourquoi ils faisaient maintenant mouvement vers la cathédrale, loin en arrière des combats. Cependant, les Dark Angels étaient connus, entre autres choses, pour leur discipline, et aucun des Astartes ne posa de questions.

Leur capitaine avait prévenu de s’attendre à de possibles contacts hostiles, et ce ne fut pas vain. Sans avertissement, un missile fusa hors du portail d’entrée de l’imposant édifice, en direction de « Magna Veritas », le Razorback de commandement. Heureusement, l’expérimenté pilote parvint à l’éviter, et la formation d’attaque des Dark Angels se déploya afin de monter à l’assaut. A peine cinq minutes plus tard, il ne restait plus rien des défenses hérétiques.

Gabriel, qui avait troqué ses chers réacteurs dorsaux contre un paquetage énergétique standard, ordonna à ses hommes de fouiller l’immense bâtiment de fond en comble, et surtout en fond. Si le déchu avait pu se réfugier quelque part, voire même partir à la recherche d’un quelconque artefact impie dont Gabriel commençait à soupçonner la présence sur la planète, c’était probablement sous le dallage de marbre qu’il fallait le chercher. Au bout d’une dizaine de minutes, Bethor l’appela du côté de l’autel. Le grand maître s’approcha de celui-ci. C’était un bel ouvrage, le marbre monolithique, sa découpe soignée, le travail de bas reliefs qui l’ornementait rendaient vraiment hommage à l’Empereur-Dieu.

-Quelle pitié, pensa l’Impardonné.

Bethor, tenant dans une main une des trois bannières sacrées des Fils du Lion, lui désignait de l’autre quelque chose sur le sol. Gabriel regarda à son tour, et vit que des sillons striaient la pierre, décrivant un arc de cercle qui partait de l’autel pour n’aller nulle part. Il était manifeste que celui-ci avait été tiré, du moins déplacé d’une façon ou d’une autre, par quelqu’un ou sous l’action de quelque chose.

Le grand maître fit appel à deux de ses marines pour déplacer la chose, mais l’édifice ne bougea pas en dépit des efforts des deux colosses. Sans doute y avait-il un mécanisme qui permettait de révéler un passage. Mais le temps manquait dramatiquement pour le trouver. Aussi Gabriel opta-t-il pour une solution radicale.

-Aeniol, apportez-moi une de vos bombes à fusion, voulez-vous ?

Il prit la dangereuse mine des mains du Sergent de la Sixième Compagnie et ordonna à tous ses hommes de se mettre à couvert. Puis il arma l’engin, le plaça sur l’autel et couru à son tour se protéger de l’explosion.

-L’Empereur me pardonne, se dit-il lorsque retentit le vacarme de l’explosion. De toutes façons, je ne fais que rendre justice. Le seul service que l’Empereur ai jamais toléré à son égard est celui de la guerre au profit de la grandeur de l’Humanité, pas ce genre de flagorneries.

Il se releva, et inspecta les décombres. Un grand cratère se tenait à présent en lieu et place de l’autel, des volutes de fumée formaient un brouillard alentour, et quelques débris achevaient de retomber. L’officier examina l’orifice. Bien que l’explosion en ait volatilisé le haut, un escalier plongeait le long d’un couloir taillé de main d’homme vers les profondeurs. Le couloir lui-même était d’une taille modeste, bien suffisante pour un homme, mais à peine assez large pour un Astartes en armure énergétique. Il serait suffisamment difficile pour Gabriel et ses vétérans de progresser à travers celui-ci, il était par conséquent totalement exclu de faire passer par là les Terminators du groupe d’assaut Severian. Le grand maître choisit de remettre leur appel à plus tard, en espérant que le corridor ne s’enfonce pas trop profond pour empêcher l’émission de sa balise personnelle.

-Bien.

Il se retourna vers ses frères.

-L’escouade Bethor descendra avec moi. Kardiel, tu prendras le commandement pendant mon absence. Dissimulez-vous dans la cathédrale, assurez-vous une solide position défensive. Aucune personne, quelque soit son rang, ne doit franchir ce périmètre. A fortiori s’il s’agit d’ennemis, bien entendu, ajouta-t-il avec un petit sourire.

Un léger rire monta de l’assemblée en guise de réponse.

-Je compte sur vous. Tenez quelqu’en soit le prix, faites honneur au Chapitre. A vos postes Frères.

Puis, tandis que Bethor confiait le précieux étendard à la garde du sergent vétéran, Gabriel se laissa tomber sur la première marche de l’escalier en contrebas. Descendant rapidement les degrés, sa suite sur les talons, il entra totalement dans l’obscurité du boyau. Il bascula son casque en mode infrarouge, et se saisit de son auspex. Ce dernier ne détecta rien. Avec précaution, les Dark Angels avancèrent le long du couloir. C’était le noir complet et seule la lueur rouge sang des lentilles de leurs casques trouaient les ténèbres comme deux amandes écarlates. Après une pénible progression qui dura un bon quart d’heure, et prit plusieurs coudes, le scanner que tenait Gabriel signala des formes de vies. Ils se rapprochèrent d’un nouveau coude, au détour duquel quelques formes aux contours humains se peignèrent de couleurs chaudes à l’intérieur du casque des Astartes. L’affichage tactique signala lui aussi la présence d’humains à proximité. Par le com-link, l’officier donna l’ordre de stopper.

-Nous n’avons pas idée de ce qu’il peut y avoir après ce groupe de gardes. Je ne veux pas utiliser de grenades, le bruit risquerait de donner l’alerte. Nous allons devoir charger et massacrer toute cette engeance au corps à corps. En avant !

Le Fils du Lion s’élança. Surgissant de l’angle du couloir en une fraction de seconde, Absolution étincelante d’énergie entre ses mains, il fut sur les quelques hérétiques avant même que ceux-ci n’aient le temps de lever leurs armes. L’instant d’après, tout était fini.

Délaissant les cadavres qui gisaient à ses pieds dans des mares d’un gros sang noir, Gabriel s’approcha de l’objet de la garde tragique des sentinelles. Le couloir s’évasait quelque peu sur une dizaine de mètres en avant, puis s’interrompait, barré par un obstacle. C’était une large porte de bois, aux vantaux usés par les siècles. Des renforts et de jointures d’or les encadrait en des motifs gothiques. Au centre de la double porte, à cheval sur les battants, s’étirait l’étoile à huit branches du Chaos universel. Son crâne central semblait ricaner d’un rictus mauvais devant les Dark Angels. Le long des parois, des sculptures grotesques, des gargouilles grimaçantes et difformes paraissaient vouloir s’extraire de la pierre et prendre leur envol en une nuée démoniaque.

Le grand maître jugea l’épaisseur de la porte. Il l’examina rapidement puis, ayant pris sa décision, se retourna vers ses vétérans et amis.

-Cette porte ne m’a pas l’air trop solide, je vais la défoncer et passer à travers puis me jeter à terre en un roulé-boulé. Ramiel, Gidéon, Agis, vous me couvrirez sitôt la porte démolie. Tir continu. Bethor, Aemilianus, balancez-moi une grenade dans la première cible d’intérêt que vous trouverez et rejoignez-moi aussitôt. Notre objectif reste la capture du déchu, il nous le faut vivant, vous entendez ? Concentrez-vous là-dessus, au pire donnez-moi le temps d’y arriver. Je compte sur vous. Pour l’honneur du Chapitre, pour le Lion et pour l’Empereur !

-Pour l’honneur du Chapitre, le Lion et l’Empereur ! reprirent d’une voix grave les cinq Impardonnés.

Bethor et Aemilianus prirent place de part et d’autre des vantaux. Les autres se répartirent comme à l’exercice pour optimiser les angles de tir. Gabriel se saisit de son pistolet bolter dans la main gauche, d’Absolution dans l’autre, et se prépara.

-Au troisième top, dit-il simplement.

Ses hommes acquiescèrent. Gabriel compta. Au signal, il se jeta en avant. Les trois cent kilos de l’Astartes défoncèrent la porte comme une feuille de papier. Gabriel se jeta à terre et roula sur lui-même alors que la salle s’emplissait des détonations des pistolets bolters des Dark Angels. Deux explosions retentirent pendant qu’il se relevait en un éclair, tirant à bout de bras de sa propre arme de poing. Déjà Bethor et Aemilianus se ruaient sur leurs adversaires. La salle était emplie de cultistes et de démons. Les Dark Angels étaient en sous nombre, et risquaient fort de se faire submerger. Sans hésiter, Gabriel activa sa balise de téléportation, priant l’Empereur pour que le signal atteigne la chambre de saut du Winged Vengeance.

-Repends-toi aujourd’hui, car demain tu seras mort !

Hurlant de toutes ses forces le cri de guerre du Chapitre, Gabriel et sa suite avec lui chargèrent la masse compacte de bêtes et d’humains. Le lieu qui n’était illuminé que par quelques torches épars, ne permettait pas de voir bien loin. Tailladant en tous sens, décapitant, éventrant, en une série d’attaques, parades, feintes ou contre-attaque, le Dark Angel se frayait un chemin sanglant à travers les rangs des hérétiques. Derrière lui, le gantelet énergétique de Bethor fauchait à grandes volées. Abattant deux serviteurs du Chaos supplémentaires d’une courte rafale de pistolet, Gabriel parvint à distinguer les officiants du culte. Un Astartes, engoncé dans une armure de très vieille facture, sacrifiait des victimes qui ressemblaient fort à des membres du culte de l’Empereur. Planté aux sommets d’un pentacle dessiné au sol, des cadavres portant les habits de cardinaux ou de membres éminents du culte étaient empalés sur de gros pieux. Immédiatement autour du sacrifiant, une garde de cinq ou six renégats le mettait en joue avec leurs antiques bolters. Mais chose bien plus inquiétante, au centre du pentacle émergeait du sol, lentement mais sûrement, la poignée d’une épée impie. Déjà la garde à son tour sortait, baignant d’une lueur rouge sombre et malsaine les armures noires des traîtres. L’atmosphère se faisait de plus en plus lourde et oppressante.

La rage, la colère et la haine s’emparèrent de Gabriel, qui parvint à s’ouvrir un chemin à travers la marée démoniaque. L’annonce que Aemilianus était à terre décupla encore sa violence. Il s’extirpa enfin des laquais des puissances de la ruine. Le prêtre impie se retourna vers lui, et la stupeur s'abattit sur le grand maître. Son épaulière ! Là où Gabriel s’attendait à voir l’épée ailée du Chapitre, en lieu et place il vit l’hydre de l’Alpha Legion !

-Tuez le ! Le rituel ne doit pas être interrompu !

L’ordre lancé par le fils maudit d’Alpharius le ramena de sa surprise. Les traîtres ouvrirent le feu, et Gabriel se retrouva pris pour cible par une myriade de bolts. Heureusement pour lui, quelque pas le séparaient de ses ennemis, aussi ignorant le barrage de feu, il se jeta en un nouveau roulé-boulé sous la tourmente, et planta Absolution dans la suite de son mouvement dans l’estomac d’un premier légionnaire. Le champ d’énergie traversa facilement l’armure, et la lame perfora de part en part l’ennemi. Avant même que ses adversaires n’aient eu le temps de se saisir de leurs armes de corps à corps et de lui tomber dessus, il s’était déjà relevé et tira à bout portant un bolt en direction de l’un d’entre eux. L’ogive l’atteignit à travers l’optique et explosa à l’intérieur du casque, pulvérisant le crâne. Il s’écrroula, mort. Au même instant, en une débauche d’étincelles, le groupe d’assaut Severian se matérialisa. A nouveau le cri de guerre du Chapitre résonna dans la crypte. Une immense langue de feu s’éleva du lance-flammes lourd que portait Frère Abel, tandis que les hauts parleurs de Severian vociféraient les Litanies de la Haine.

A leur tour, les renégats furent surpris par l’arrivée inattendue de Severian et des siens. Gabriel la mit à profit et bouscula ses adversaires, chargeant droit sur leur chef. Severian saurait bien s’occuper des autres.

Revenu à lui, le Légionnaire abandonna son rituel et tira d’un fourreau un long cimeterre, qui se mit à briller lui aussi d’un champ électrique. L’artefact maudit dépassait maintenant d’une bonne moitié de la lame. Il fallait faire vite.

Empoignant Absolution à deux mains, Gabriel para une première attaque de haut en bas, et donna un violent coup de botte dans l’abdomen du traître. Ce dernier recula d’un pas sous l’impact, et Gabriel profita de ce moment d’inattention  pour inverser sa prise sur son épée et envoya droit sa pointe vers la coque blindée qui protégeait l’aine de son ennemi. Au dernier moment, celui-ci vit le danger et par une esquive très adroite, parvint à éviter le coup. Il roula sur lui-même sur le côté, puis se releva dans la foulé pour stopper une nouvelle attaque du Dark Angel. Forçant sur Absolution, Gabriel se rapprocha presque casque contre casque du renégat.

-Tu ne me vaincras pas, laquais du Faux Empereur ! hurlèrent ses systèmes vocaux.

-Ta foi maudite t’aveugle, sale traître !

Cette fois, ce fut pourtant le Légionnaire qui, d’une violente bourrade, repoussa Gabriel, parvenant à se dégager. Il attaqua aussitôt, d’une nouvelle frappe de taille portée de haut en bas, mais le grand maître s’effaça habilement. De volée, il contre-attaqua mais sa lame passa trop haut, et elle ne put qu’arracher son casque au Space Marine déchu. Le heaume roula à terre, dévoilant alors le visage tuméfié du renégat, à la bouche garnie de multiples crocs. Emporter par son élan, le légionnaire parcouru quelque mètres avant de se retourner et de détourner dans le même mouvement Absolution qui déjà revenait. Les duellistes se firent face.

Jetant un coup d’œil à l’épée maudite, le grand maître vit qu’elle n’émergeait plus, et même qu’à présent, elle retournait lentement à la pierre. L’entité démoniaque qui l’habitait pépiait et caquetait sa colère.

Jugeant le moment propice, le chaotique se lança à l’assaut, portant une attaque d’estoc. Gabriel enroula Absolution autour de la lame du cimeterre tout en s’effaçant de sa trajectoire, dans son mouvement préféré, et d’une brusque torsion du poignet fit sauter son arme des mains du Légionnaire décontenancé. Elle alla chuter quelques mètres plus loin, et aussitôt le Dark Angel s’interposa entre elle et son adversaire. Ce dernier ne perdant pas de temps, fit un bon de côté et agrippa la poignée de l’épée démon qui continuait de s’enfoncer. Il tira de toutes ses forces à lui mais rien ne vint malgré sa force herculéenne. L’artefact resta prisonnier du sol.

-Malédiction ! rugit-il.

Au même instant, Absolution s’abattit avec la force de la colère vengeresse de Gabriel sur ses poignets, qui furent proprement tranchés. L’Astartes maudit tomba à la renverse, tandis que ses poignets restaient accrochés à l’épée. Etalé dos contre terre, les bras en croix, ses extrémités fumantes dépassant des brassards sectionnés, il vit la terrible pointe d’Absolution venir se placer menaçante à quelques centimètres de sa gorge. Il tenta de se relever afin de s’ouvrir le cou sur l’arme énergétique, mais il dérapa pitoyablement sur ses moignons et retomba lourdement à terre.

-Maudis sois-tu, infâme serviteur du Lion, lâcha-t-il faute de mieux pour concéder sa défaite.

-Maudis plutôt tes dieux, tu n’as encore pas idée de ce qui t’attend. Enchaînez-le ! ordonna-t-il.

Séleucos lui-même vint entraver leur prisonnier. Gabriel se détourna de lui et regarda la lame démoniaque disparaître à nouveau du sol. La chose qui en était prisonnière pépiait de plus belle, déversant d’étranges babillements, un sabir incompréhensible de sifflements haineux. La cacophonie augmentait à mesure que l’épée s’enfonçait. Bientôt la garde à son tour plongea, et les injures se muèrent en long hurlement de colère et de frustration. La garde fut absorbée, puis la poignée et enfin le sol se referma définitivement sur le pommeau. La partie était belle et bien finie.

Gidéon s’approcha de son officier.

-Bethor a une coupure assez profonde à l’épaule mais fort heureusement j’ai pu maîtriser l’infection. Aemilianus est dans un état stable, mais il lui faut d’urgence des soins.

Gabriel sentait bien qu’il ne lui disait pas tout.

-Nos pertes ? questionna-t-il

Gidéon inspira profondément et lâcha :

-Frère Ramiel a rejoint la droite de l’Empereur. Frère Ligthning-Snake de l’escouade Séleucos l’y a accompagné peu après.

Sous son casque, le visage du grand maître se crispa. Il était pourtant un habitué des coups durs, mais cette perte l’affectait beaucoup. Ramiel venait juste d’entrer dans son cercle de vétérans, n’avait été intronisé au sein du Cercle Intérieur que très récemment, et promettait beaucoup. Il lui rappelait un peu ce que lui-même avait été, et aurait pu prétendre avec quelque espoir à commander la Troisième Compagnie si Gabriel venait à être promu… ou tué… En un sens, c’était un peu lui que l’on avait tué. L’officier s’efforça de faire le vide dans son esprit, d’évacuer ces pensées et d’attendre d’être dans sa chapelle personnelle sur le Winged Vengeance afin de prier pour l’âme de son défunt compagnon. Ils avaient payé cher leur victoire. Deux vétérans étaient morts pendant l’action, et venaient s’ajouter à la liste des tués pour Ana-Purna III. Cette planète avait intérêt à ne jamais oublier le sacrifice qui lui avait été consenti, et à toujours s’en montrer digne. Et tout ça pour un déchu qui n’en était pas un…

-L’Alpha Legion, hm ?

Severian à son tour s’était rapproché de Gabriel. Ce dernier répondit sur le canal privé.

-Par le Lion, oui l’Alpha Legion, lâcha Gabriel ! Nous nous sommes trompés ! Vous vous êtes trompé ! Il suffit que nous voyions un gantelet noir pour que nous accourions tous aux abois !

-Gabriel, je vous respecte beaucoup mais faites attention à ce que vous dites, maugréa Severian.

-Peu importe ! J’ai perdu en une semaine de combat près de vingt Frères, tout ça parce qu’un sombre indic’ avait vu un gantelet noir ! Dites-moi Frère-Chapelain, combien de mondes avons-nous déjà abandonnés pour un gantelet noir ? Combien de millions de serviteurs de l’Empereur avons-nous déjà abandonnés pour un gantelet noir ? Stéphania est-elle tombée elle aussi pour un gantelet noir ?

-Gabriel, par le Lion, calmez-vous ou je serai forcé de vous relevez de vos fonctions le temps que vous repreniez vos esprits, menaça Severian d’une voix sourde.

-Vous n’en avez pas le pouvoir, Frère Severian, et vous le savez aussi bien que moi. Mais dans le fond, vous avez raison. La perte de Ramiel m’affecte plus qu’elle ne le devrait. Veuillez me pardonner.

Severian sentit la colère du jeune officier s’apaiser. Derrière son masque mortuaire, un léger sourire se peignit sur ses lèvres. Même si Gabriel avait un caractère qui avait parfois le don de l’agacer, le vieux mentor connaissait bien son élève. Il décida de ne pas trop lui tenir rigueur de ce débordement. En fin de comptes, ils le savaient tous deux, il appréciait un peu trop son protégé pour vraiment le blâmer. Il se prit à se maudire lui-même pour ce petit faible.

-J’aurais aimé te donner trois jours de pénitence, Gabriel, comme lorsque tu n’étais qu’un novice et qu’il fallait calmer un peu ton caractère trop bouillonnant . Quelle idée j’ai eu là de favoriser ta carrière fulgurante ! ajouta-t-il en soupirant.

A son tour, un léger sourire se dessina sur les lèvres de l’officier. C’était bien la première fois qu’il voyait Severian faire montre de ce genre d’ironie.

-Cela fait partie des relations d’un maître avec son élève, fit avec un ton presque amusé le Chapelain, comme s’il avait deviné les pensées de Gabriel. Vous aviez une forte pression sur les épaules, Maître Gabriel, reprit-il en retrouvant un ton plus neutre, plus habituel. C’était votre première mission au service de l’Empereur, ne l’oubliez pas. Et vous l’avez accomplie avec brio. Vos Frères ont donnés leurs vies pour Lui, pour le Chapitre et pour l’Humanité. Nous en rediscuterons une fois de retour sur le Winged Vengeance.

-Je l’espère Frère-Chapelain. Je l’espère…

-MFT-
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