Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
18 mars 2009 3 18 /03 /mars /2009 21:55

Les Hauts-Conseillers n’en croyaient pas leurs oreilles. Abasourdis par la demande que formulaient les Space Marines, ils eurent du mal à se remettre du choc. Enfin, Jacobinus, le premier, rompit le silence pesant qui avait envahit la Salle Stratégique.

 

-Vous… vous nous demandez de repartir à l’attaque ?

 

-Vous avez tous bien entendu. Il faut attaquer à nouveau. Vous complèterez s’il le faut les effectifs avec tous les hommes, femmes et enfant que vous trouverez. N’importe quel gamin peut être utile s’il peut porter des munitions pour charger nos armes. Nous ne pouvons pas attendre que l’ennemi se réorganise. Nos renforts seront trop lents à arriver et nous aurons ployé sous le poids avant. Enfin, nous… vous aurez ployé. Je n’ai pas l’intention de risquer la vie de mes Frères pour une bataille perdue d’avance. Les Dark Angels ne se rendent jamais mais ils ne se lancent jamais non plus dans des combats déjà joués.

 

-Vous… vous voulez dire que vous nous abandonneriez à notre sort ?

 

-Sans états d’âme. Quand bien même vos accusations nous inquièteraient, et ça n’est pas le cas, vous n’auriez pas le loisir de les porter sur la place publique. De plus, je vous ferai remarquer que voici deux minutes que vous discutez mes ordres, et cela fait déjà deux minutes de trop. Je ne sais pas pourquoi je vous ai laissé faire, d’ailleurs. Peut être pour vous montrer, s’il en était vraiment besoin, qu’elle est votre réelle place dans cet univers ? En tous les cas, considérez-vous comme extrêmement chanceux, puisque je vous ai laissé vivre après avoir commis une telle erreur. Je vous avertis que cela ne se reproduira pas deux fois.

 

-Oui Seigneur, puissiez-vous me pardonner. J’attends vos ordres, mon Seigneur.

 

-Bien, vos efforts en matière de protocole font des progrès spectaculaires, Jacobinus. Le cours de votre vie repart à la hausse.

 

Laissant là son ironie, Gabriel ajouta :

 

-Et maintenant passons à la préparation de ces plans…

 

Après trois heures de délibérations, ils mirent au point un plan plus complexe que le précédent, qui tenait compte des faibles effectifs à présent à leurs dispositions. Un nouvel échec compromettait définitivement tout espoir de redressement de la situation. C’était un plan risqué mais comme le montra Gabriel, le seul qui puisse encore marcher. Dans la nuit, on recruta de force tout ce qui pouvait tenir debout et n’était pas aveugle, on confia un couteau, un fusil laser et trois batteries de rechange à ces « volontaires » et on leur donna un ersatz d’instruction. Les camps de réfugiés de la capitale furent vidés en moins d’une heure. Plus rien de vivant n’arpentait les rues, à l’exception d’animaux errants en quête de nourriture. Toute la population de la ville était cantonnée, cloîtrée, sur les positions de départ de l’attaque du lendemain.

 

Mis au courant par la taupe, les chefs de la rébellion exultaient. L’embuscade serait si meurtrière que, si elle n’exterminait pas toutes les ultimes forces loyalistes, elle porterait un tel coup à leur moral que l’ennemi ne s’en relèverait jamais. Ana-Purna III était à eux.

 

Ce qu’ils ignoraient, c’est que les Dark Angels avaient décidé de changer les plans…

 

_______________________________________________


Au fond de la vallée du Sham-shir, une large propriété fermière étendait ses bâtiments. De multiples granges, de longs corps de logis, et bon nombre d’appentis se répartissaient le long d’une petite rivière qui serpentait au milieu de la vallée. Ils s’étendaient jusqu’à quadriller toute la longueur et la largeur  de l’étendue. De-ci de-là, des hommes allaient et venaient. Une éolienne était installée au milieu des champs, et des antennes radios dépassaient du logis principal.

 

La propriété appartenait sans doute à un homme très riche de la planète. Les terres semblaient fertiles et la superficie de celles-ci devaient lui assurer des revenus substantiels. Et c’était dans ce coin perdu que les rebelles avaient établis leur centre de commandement. Les antennes radios, quoique normales dans une propriété de cette taille, étaient présentes en trop grand nombre pour être banales. Et les contre-mesures des engins de la Raven Wing avaient identifiés l’éolienne comme l’épicentre d’un large faisceau radar. Aussi, cela avait attiré l’attention de l’escadron d’attaque Ardael. Poussant un peu leurs investigations, les motards avaient repérés quelques éléments insolites dans ce trop paisible endroit : des emplacements de mitrailleuses dissimulés sous les bottes de foins, des bunkers déguisés par d’habiles peintures en d’honorables maisons…

 

Malheureusement pour tous ces ingénieux concepteurs, si le terrain était parfait pour contrer des attaques conventionnelles, il était en revanche totalement inadéquat à stopper un raid de la Raven Wing. Sitôt qu’elle aurait atteint le bâtiment principal, sans doute plus âprement défendu qu’il n’y paraissait, les motards avaient ordre d’activer les balises de téléportation qui équipaient leurs engins. Une fois ceci fait, les téléporteurs du Winged Vengeance se calibreraient sur leurs signaux et expédieraient le Chapelain Severian et les deux escouades de la Death Wing directement à l’intérieur du bâtiment. Un plan simple, mais sans faille.

 

Ardael donna le signal de l’attaque et les moteurs rugirent. Les motos noires de jais surgirent de derrière la crête où elles s’étaient tenues abritées pour déferler à pleine vitesse sur la valée. Au dessus d’elle, les antigravs du 7ème escadron volaient à en frôler le sol.

 

Au loin, l’alarme sonna, et quelques formes se mirent à courir vers des tas de foin, de branchage ou encore des tranchées creusées sous d’épaisses frondaisons. Quelques tirs sporadiques n’arrêtèrent pas les Dark Angels. Le Typhoon pulvérisa une motte de paille d’un seul missile, tuant net les servants d’une mitrailleuse. Un auto-canon le prit à parti mais le pilote slaloma adroitement entre les traçantes. Son bolter lourd ouvrit le feu à l’unisson avec les deux autres de l’escadron et les projectiles labourèrent le sol, criblant l’affût, annihilant toute menace.

 

La surprise était totale, et il n’y avait pas de résistance organisée qui ne put tenter d’arrêter ce coup de vent. Et pour cause, l’adversaire avait été jusqu’ici trop occupé pour déceler la présence de la Raven Wing : il avait en effet une autre bataille à gérer.

 

_______________________________________

 

En ville, la situation était assez différente. Les régiments des FDP, s’ils étaient repartis à l’attaque, piétinaient. La faible valeur combattive des nouvelles recrues était un sérieux handicap, et les FDP se battaient pour chaque étage. La progression, quand elle existait, était minime.

 

De même que la veille, les rebelles s’étaient postés de manière à bloquer tous les axes de progression, mais les loyalistes, avertis par l’expérience précédente, prenait soin de solidement établir leurs positions de replis. Cependant le moral  des troupes n’était pas bon, trop de sacrifices étaient exigés de soldats de fortunes qui n’était pas aguerris à ce genre de situation. Le plan, trop complexe, paralysait complètement les efforts des assaillants.

 

Mais c’était égal à Gabriel. Ce qu’il attendait, c’était le moment décisif, l’instant crucial où il acculerait l’ennemi à la faute en profitant d’une seule faiblesse et en frappant fort ce point de rupture. Jusqu’à présent, son propre plan avait fonctionné à merveille. Il voyait les unités adverses se positionner comme il l’espérait suivant un schéma compliqué. Il savait que la défense tenait car elle jouissait d’une bonne coordination : les unités rebelles étaient poussées comme des pions par le QG adverse qui possédait les combinaisons des loyalistes, et qui ainsi en confiance avançait ses pièces. Mais que la communication soit rompue, et c’était tout l’édifice qui s’effondrait. Il avait amené l’adversaire à dégarnir un flanc en prétendant faire attaquer sa compagnie en renfort du 17ème RDP à un moment précis. Aussi l’adversaire y avait-il cru et avait-il renforcé ce secteur considérablement, en délaissant un autre moins exposé. Du moins le semblait-il…

 

-Ici Frère Ardael : central communication détruit, groupe d’assaut Severian en progression. Terminé.

 

Le canal de communication qu’il avait attribué à son second détachement lui retransmettait enfin la nouvelle qu’il attendait. Il se tourna vers Frère Gamélion, et lança rapidement :

 

-Appliquez le plan bêta. Ordre de mouvement vers le point Dzêta-4 pour toutes nos unités. Exécution !

 

Il sortit à vive allure et rejoignit son Razorback de commandement, où l’attendait Frère Bethor et ses vétérans. La colonne s’élança à travers les ruines.

 

Après quelques minutes de route, Gabriel détacha l’escouade d’assaut du Sergent Saariel en éclaireur. Ils allaient aborder la partie par les premiers îlots de résistance ennemis. Une fois ceux-ci passés, plus rien ne s’opposerait à la pénétration du coin blindé de son unité, qui prendrait à revers les points vitaux des défenses ennemies sans qu’elles ne puissent en être averties. Il pouvait deviner les Marines d’assaut s’élever dans le rugissement de leurs réacteurs. Il pouvait s’imaginer la terreur qui se peignait sur les visages des hérétiques qui apercevaient à présent les Anges rédempteurs apportant dans leur sillage bleuté la mort et la destruction par la simple volonté de l’Empereur. Il pouvait voir pour avoir été le témoin de tels combats, quel carnage se déroulait dans les quelques bâtiments tenus par l’ennemi. Et bientôt :

 

-Zone sécurisée, Frère-Capitaine.

 

-Bon travail, escouade Saariel. Tenez vos positions, nous ne serons pas long. Rapport des pertes ?

 

-Frère Alban a été blessé par un tir de missile mais il s’en sortira. Quelques coupures bénignes pour nous autres. Notre effectif et à présent de huit hommes opérationnels.

 

-Restez en alerte et soyez vigilants. Nous arrivons.

 

Quelques instants plus tard, la colonne débouchait sur une large place, que dominait une cathédrale gothique, dressée là en l’honneur du fondateur de la colonie, Moïs Jacobinus -le grand-père de l’actuel gouverneur-. De son dernier étage, le sergent Saariel guettait ses Frères qui à présent allaient poursuivre leurs missions. Il indiqua sa position à Gabriel, qui lui attribua un nouveau rôle.

 

Après cette trouée initiale, un boulevard s’offrait aux Astartes, qui n’avaient plus qu’à combattre un ennemi dispersé et hors d’état de se porter assistance. Un jeu d’enfants… rien ne pourrait se lever face à la fureur des Fils du Lion.

 

Lorsque les Dark Angels survinrent dans le dos de la poche de résistance, la surprise fut telle que les défenseurs rebelles cessèrent tous tirs pendant plusieurs secondes…

 

_______________________________________________ 


Gabriel frappait de taille et d’estoc, de coup droit comme de revers, de gauche comme de droite. Sa colère face à ces pions des Dieux Noirs atteignit son paroxysme en voyant la perversion de certains des mutins et la corruption se répandre à présent au grand jour dans leurs rangs. Absolution n’avait jamais si bien portée son nom. Elle faisait des ravages, découpait avec une égale facilité les modestes armures et les chairs, coupant les membres, éventrant, décapitant tout ce qui tentait de s’opposer à elle et à son talentueux possesseur.

 

S’étant ainsi débarrassé de toute une escouade, Gabriel laisse son regard embrasser l’ensemble de la scène. Ses hommes agissaient d’une manière bien coordonnée, se couvrant mutuellement, optimisant toujours tous les angles de tirs, ne laissant aucune chance à une riposte. L’avance se faisait avec un chronométrage impressionnant. Ses Frères ne gaspillaient aucune de leurs munitions. Ils laissaient aller leur sauvagerie au corps à corps, leurs épées tronçonneuses déchirant tout sur leur passage. Même les couteaux de combat étaient tirés, et leur lame longue comme l’avant-bras d’un humain normal était à elle seule redoutable. Rien n’échappait à sa morsure.

 

La panique submergea les défenseurs et en peu de temps ce fut tout le contingent qui prit la fuite devant la volonté implacable des Frères de Bataille. Impitoyables, ces derniers abattaient toute cible, qu’elle menaçât ou non. Le nettoyage de la zone commençait. Par petits groupes, les FDP ratissaient la zone à la recherche d’ennemis embusqués ou qui tentaient de se rallier. Pour leur part, les Space Marines se regroupèrent et se préparèrent à lancer l’attaque dans le flanc droit de la poche de résistance suivante. De proche en proche, ce serait tout le front adverse qui allait s’effondrer sous les attaques rapides et précises, chirurgicales, des Dark Angels.

 

-Severian à Gabriel !

 

Le com-link de Gabriel fit entendre un message urgent du Chapelain. Gabriel prit la communication et répondit alors que l’appel retentissait à nouveau, pressant :

 

-Severian à Gabriel !

 

-Gabriel écoute.

 

-Gabriel, cessez immédiatement les combats et lancez vos forces au plus vite que vous pourrez sur le palais du gouverneur. Je vous retrouve là bas. Cet objectif passe par dessus toutes les considérations, code prioritaire Oméga rouge.

 

Il devait assurément se passer quelque chose d’extrêmement grave là bas. Le code Oméga Rouge impliquait la procédure de désengagement immédiat pour les Dark Angels, et ce, quelque soit la situation tactique, voire stratégique. C’était assurément un ordre qui n’était jamais donné à la légère. Quelque chose avait dû mal tourner, mais malgré toute l’énergie qu’il y mettait Gabriel ne parvenait pas à comprendre quoi. Il retransmis l’ordre à ses Frères.

 

Sous les yeux ébahis des FDP, les Dark Angels quittèrent la zone des combats pour faire route exactement en sens inverse.

 

Une voix cria dans le circuit radio du Razorback de commandement :

 

-Mon Seigneur, ici le Général Gurkmann, du 12ème RDP : où allez-vous, pourquoi nous laisser ainsi ? Mon Seigneur, je …

 

-Prenez le commandement, répondit laconiquement Gabriel avant de couper le contact.

 

Il bascula la fréquence et obtint la liaison avec Severian. Ce dernier avec ses Terminators avait déjà regagné le Winged Vengeance.

 

-Nous sommes en route, arrivée sur le palais dans trois minutes. Que se passe-t-il Frère ?

 

-J’ai identifié la taupe et nous devons la mettre hors d’état de nuire avant qu’elle ne nous fausse compagnie.

 

-Transmettez moi le nom qu’elle porte au Conseil.

 

-Gabriel, il ne s’agit pas de quelqu’un du Conseil. Il s’agit du Conseil.


-MFT-

Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de -MFT-
  • : Ce blog vise à présenter mes projets en rapport avec mes centres d'intérêts : l'écriture, Warhammer 40K, la reconstitution historique et le travail scientifique qui en découle. Bonne lecture !
  • Contact

Recherche