Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mars 2009 1 02 /03 /mars /2009 09:14
Le sens de ma vie

Un flash chassa l’obscurité un instant puis la lumière monta progressivement. Une fumée s’échappa de l’estrade, changeant de couleurs sous les caprices des projecteurs alors que des ventilateurs balayaient la scène, soulevant au passage des nuages de paillettes.
Enfin, une jambe d’une blancheur irréelle sortit de derrière les rideaux et un silence religieux accueillit la nouvelle danseuse. Commençant à faire chalouper ses hanches sous les regards vitreux de l’assemblée, une jeune femme drapée de tissus transparents avança jusqu’à une barre de métal au milieu de la pièce. La musique devint très forte et constituée essentiellement de basses faisant vibrer les tympans à en devenir sourd. La belle Erell, joyau du bar « l’Impératrice », faisait monter la température de la salle et chaque pauvre bougre du niveau 76 se battait pour avoir la chance d’assister au spectacle.
Ce soir-là était particulier, voir même unique dans toute l’histoire de l’humanité. Non pas, que la jeune femme soit à ce point belle ou douée mais, une fois n’était pas coutume, l’originalité venait du public. Parmi tous les ouvriers, gangers et quelques personnes des niveaux supérieurs venus ce soir là, il y avait, caché, un intrus : au fond, dans l’obscurité, drapé tel un mutant, un astartes posait son regard brillant sur la danseuse.
Martinien n’en revint pas de la ressemblance de sa fille avec Lucie. Elle était plus jeune et plus athlétique mais ses traits ne pouvaient que rappeler ceux de sa mère. Ces cheveux n’étaient pas attachés et portaient des perles assez vulgaires, sa tenue était évidemment aussi provocante que légère mais son regard trahissait l’héritage de ses parents. Le fils du Lion avait le plus grand mal à refouler des vagues d’émotions qu’il s’était cru, encore à ce moment incapable d’éprouver. Durant le spectacle, Martinien revivait à nouveau son isolement avec Lucie et Mariel dans les égouts d’Adelphe III. Immanquablement survenait le reste des évènements, la destruction d’Axia.et la mort de Lucie. Peut-être aurait-il mieux valut que lui-même succombe à ses blessures. Son « sauveur » ne lui avait pas menti et la fille de celle qui occupait ses pensées se trouvait bien là, devant lui.
Après trente minutes de spectacle, la jeune acrobate s’en retourna en coulisses, épuisée. Il fallut du temps pour que la tension retombe un peu. A ce niveau de la cité ruche, l’activité ne cessait quasiment jamais de la nuit et les danseuses défilaient pour des ouvriers avides d’oubli et de rêves. En coulisse, Erell se lava et se grima en ganger pour échapper à d’éventuels malades qui lui tomberait dessus à la sortie. Discrètement, elle rentra chez elle, retournant dans l’anonymat d’une foule désabusée.
Martinien ne perdit rien de ses mouvements et la suivit à l’aide d’un servo-crâne. Il se déplaça, passant par les structures et les toits ou se faisant passer pour un mutant s’il ne pouvait faire autrement que de se mêler à la foule. Il ne put s’empêcher de ressentir un sentiment d’indignation devant l’état du bâtiment dans lequel elle entra. Parsemé de trous et de vitres sales brisées, l’immeuble laissait s’échapper de ses entrailles divers tuyaux et câbles sur lesquels il valait mieux ne pas trop s’interroger. Des rongeurs répugnants rodaient près des poubelles et, en regardant l’état structurel de la bâtisse, son intégrité laissait croire aux miracles.
Maintenant, Martinien ne savait plus très bien ce qu’il voulait faire. Un astartes était formé à beaucoup de chose mais là, il se sentait perdu.

___________________________________________________________________________________________

Le capitaine Barnard enregistra ses derniers ordres et rangea le rapport du chapelain interrogateur dans son bureau de campagne. Il regarda son second, le champion de compagnie Antoine et lui tendit un double du dossier.
« Je dois m’absenter. Consultez ce rapport. Nous en reparlerons à mon retour. J’en ai pour une demi-heure. »
Les marines se saluèrent et l’officier Dark-Angel sortit du Land-Raider de commandement en direction du palais du gouverneur. Ce dernier était au standard de l’iconographie architecturale impériale : démesuré, austère, écrasant et bardé de moyens de défenses divers. L’archétype du palais d’un tyran.
Malgré toutes ses défenses, cette forteresse n’avait pas tenu longtemps face à ses troupes et le capitaine en éprouva une certaine affection pour sa compagnie. Maintenant néanmoins, il avait à composer avec la présence de déchus.
Les déchus… Leurs seules existences empoisonnaient l’esprit de ses hommes et il était amené à mettre dans la confidence ceux que le cercle intérieur n’avait pas jugés assez forts pour porter le secret. Décidemment, Barnard éprouvait de plus en plus de ressentiment envers cette planète. La dernière fois que sa compagnie avait eu à servir l’Empereur en ce lieu, il avait du décider de la destruction d’une cité ruche et avait perdu beaucoup des siens dont son unité de vétérans. De nouveau amené à rendre la justice sur ce caillou hideux, il se retrouvait dans une situation éprouvante. Le capitaine savait ce qu’il avait à faire et ce qu’il aurait à faire suivant l’évolution de la situation. Dans le fond tout était déjà décidé et bien qu’il fût formé à ce genre de situation, le fait qu’il puisse devoir ôter la mémoire, peut-être même la vie de ses propres vétérans ne pouvait le laisser indifférent. Ils n’en restaient pas moins des frères d’armes et des guerriers de grandes valeurs. Des amis. Il se reprit rapidement et avança vers la salle où Mariel et les autres avaient été mis à l’isolement. L’archiviste Gatien l’attendait déjà. Rétablir l’honneur du chapitre justifiait tous les sacrifices.
Un capitaine Dark-Angel, membre du cercle intérieur, ne pouvait s’offrir le luxe de se sentir perdu.

___________________________________________________________________________________________

Mariel avait l’âge honorable de 564 ans dont 542 années aux services du chapitre. Il lui sembla que c’était hier qu’il avait été intronisé au Roc parmi ses frères. Il y avait des rites très stricts en plus des épreuves à passer pour se montrer digne de faire parti des Dark-Angels. Le dernier rite, celui qui constituait la transition et la reconnaissance du Lion comme étant son père, comprenait un serment fait sur le livre des héros. Le maître archiviste du chapitre lui avait fait face en lui présentant l’ouvrage où étaient consignés tous les noms des astartes morts en faisant leur devoir. Dans ce serment, il avait refusé le mensonge et choisit la voie de l’Empereur : la voie de la vérité.
A l’époque, fort des préjugés de sa jeunesse, il considérait les secrets entre frères comme un mensonge par omission. De son point de vue, le pire de tous. Il avait partagé ce sentiment avec le frère Martinien avec lequel il avait fait son noviciat. Evidemment, dans le chapitre des Dark-Angels cela aurait du constituer un obstacle infranchissable mais ils faisaient le distinguo avec les secrets militaires qu’ils reconnaissaient comme étant inévitables et nécessaires. Leur avenir comme astartes semblait prometteur, il n’y eut pas de suite même s’il s’était décidé alors qu’il y avait un niveau hiérarchique qu’ils ne franchiraient jamais.
Après les révélations du frère-capitaine Barnard sur les déchus et la trahison de Luther, Mariel commença à se rappeler les mots précis des textes sacrés et les vit sous un autre jour. Il découvrait que ces mots préparaient subtilement chaque Dark-Angels à recevoir ce terrible fardeau et à le faire sien. Il commença à comprendre son éviction à son intégration dans la Deathwing. Il n’en avait pas été jugé digne et à juste titre, pensa-t-il. Cette évidence le blessa douloureusement.
Néanmoins, Mariel avait changé. Depuis la mort de Martinien, il avait appris encore plus les responsabilités et les liens forts d’avec ses frères. Il avait compris la valeur du silence et de dire les bonnes paroles au bon moment. L’occasion lui était donné à nouveau de se montrer digne de l’élite pour faire partie de la première compagnie et il ne la laisserait pas passer. Il traquerait les déchus et protègerait le secret quel qu’en fut le prix. De par son arrogance, il s’était privé de la possibilité de sauvegarder l’honneur de son chapitre. Il fit le serment de prouver au cercle intérieur sa valeur. Que l’on efface la mémoire des faibles qui ne sauraient supporter le fardeau ! Il n’en avait cure.
Plus jamais il ne se perdrait ainsi.

Linuial
Partager cet article
Repost0

commentaires

Présentation

  • : Le blog de -MFT-
  • : Ce blog vise à présenter mes projets en rapport avec mes centres d'intérêts : l'écriture, Warhammer 40K, la reconstitution historique et le travail scientifique qui en découle. Bonne lecture !
  • Contact

Recherche