La reconquête d’Adelphe III en était à sa troisième semaine et la situation s’enlisait. La mission de Martinien pour faire un prisonnier dans le camp ennemi fut couronné de succès et ce, malgré une forte résistance.
Les renégats furent identifiés comme étant le « Fléau des infidèles ».
Il s’agissait d’un chapitre jeune d’à peine deux mille ans. Son maître, le « Seigneur des châtiments » tel qu’il se faisait appeler, se nommait Praxius. Suite à une longue campagne à l’extérieur des territoires de l’Impérium contre une race xénos inconnue, Praxius choisit de se détourner de l’Empereur. Les détails restèrent inconnus mais le « Fléau des infidèles » commit nombre d’actes de pirateries sanglants et commença à rassembler une flotte de mercenaires de tous bords. Après 8 ans de méfaits, ses forces étaient telles qu’il pouvait prendre d’assaut un petit monde impérial et le soumettre à sa loi.
Les chapitres des « Serres Sanglantes », du « Lion Immaculé » et de la « Volonté Impériale » montèrent une croisade pour aller purger ces traitres. Une campagne de deux ans eut lieu qui se conclut sur l’anéantissement quasi complet des dissidents et la fuite de la barge de commandement adverse dans une faille Warp. L’état du vaisseau semblait si mauvais qu’il fut établit après quelques temps que Praxius n’était plus. Cette conclusion n’avait pas pleinement satisfait l’inquisition qui ne cessa d’enquêter, imperturbable. L’obstination du chasseur de démons, Blaise Terdre, le mena huit ans plus tard sur Adelphe III.
Il semblait acquis que le « Seigneur des châtiments » avait frayé avec le chaos et qu’à présent il lui fallait se distinguer auprès de ses dieux sombres pour pouvoir justifier son existence. Le mystère était de savoir ce qu’il attendait du présent conflit. L’hypothèse de l’Ordo Malleus était que Praxius cherchait à perpétrer on ne sait quel rituel démoniaque nécessitant nombre de victimes. Il avait du vouloir sacrifier la planète et ses habitants mais la présence d’un régiment de la garde et d’une compagnie de Space-Marines l’avait prit de court. Comme Praxius et les siens restaient très discrets, ils étaient vraisemblablement coincés ici et se cachaient préparant une retraite. Le capitaine Dark-Angel souleva un sourcil dubitatif suite à cette analyse. Le marine renégat torturé par le chapelain interrogateur ne put donner plus d’informations à ce sujet mais Barnard avait l’intuition dérangeante qu’il y avait autre chose.
Les forces loyalistes étaient maîtresses de deux cités ruches en plus de la capitale. Les rebelles régnaient sur les trois dernières villes de la planète. Les forces militaires de celles-ci semblaient s’être ralliées en majorité au chaos.
Ce fut le colonel Jung qui, lors d’un repas au mess, mit à jour la piste évidente à laquelle personne n’avait pourtant pensée. Il s’agissait tout bêtement d’une diversion. Vu la situation actuelle et la mobilisation massive des forces impériales faisant les sièges des différentes cités, sans doute que le seigneur du chaos recherchait quelque artefact tranquillement là où habituellement il n’aurait pu agir à sa guise. Les membres de l’inquisition à table ne semblaient pas particulièrement fiers après cette remarque. Le frère capitaine Barnard esquissa un sourire et frappa chaleureusement dans le dos du colonel.
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Le crâne explosa en une gerbe de sang et de chair.
« Il y-en-a d’autres que cela tente ?! Misérables chiens ! Sous-race ! Vous n’êtes bon qu’à nous servir. J’avais interdit que quiconque pose le regard sur moi. Je ne supporterai pas d’être sali par votre médiocrité. Au travail à présent ! » Et il exécuta à nouveau un pauvre diable d’un tir de pistolet bolter.
Alors qu’il observait le champion du « Fléau des infidèles », Martinien prit note du moindre détail tactique lié à l’endroit, à sa population et à sa configuration. Son unité s’était introduite discrètement dans les lieux grâce à l’excellent travail de leurs scouts. Il y avait une vingtaine d’adorateurs du chaos armés de fusils et de couteaux, trois Ogryns difformes et enfin le space-marine corrompu accompagné d’un enfant du chaos répugnant. Tout ce beau monde surveillait le travail de forçat d’une centaine de civils « réquisitionnés » pour édifier un temple à la gloire des sombres dieux. Ils n’étaient que le maillon d’une chaîne qui visait à canaliser les énergies du Warp une fois le rituel adéquat exécuté. L’opération en cours, menée par les vétérans de Caliban dans les catacombes de Flavia, constituait une partie d’un travail de sape des forces ennemies et d’une action pour maintenir une pression forte. L’objectif de tout ceci était de laisser le temps et l’opportunité à l’inquisition de vérifier l’hypothèse du colonel Jung.
L’un des compagnons de Martinien parla à voix basse.
« Ces misérables traitres ne méritent aucune pitié. Comment ont-ils pu se détourner de la lumière de l’Empereur ? Par le Primarque, nous les effacerons du monde ! »
Martinien ne dit rien. Quant il avait entendu le tortionnaire proférer ses injures, il ne s’était pas senti très fier.
« Jamais je n’aurais pu devenir ainsi. » Essaya-t-il de se convaincre mais au fond de lui il savait que c’était faux. Jusqu’à sa rencontre avec Lucie, il devinait que s’il avait été correctement « manipulé », il aurait été facilement corruptible. Intérieurement, il essaya d’avancer que peu ou pas éduqué comme il l’était, il ne pouvait faire autrement que de sombrer. Evidemment, il aurait pu se contenter de suivre docilement et presque fanatiquement les codes du chapitre pour devenir immuable mais il n’était pas une machine. Fallait-il renoncer à son âme pour se sauver soi-même ?! C’était un non-sens. Il sentit au fond de lui une étincelle de révolte face à cette injustice car après tout, comment aurait-il pu être prêt à affronter ses démons sans l’aide d’une personne comme Lucie ?! Il avait eu besoin de sa sagesse. C’était grâce à son aptitude à aider, sans doute développée après ses années à la Schola Imperialis, qu’elle avait pu lui faire entendre raison et le changer en mieux.
C’est alors qu’il comprit une chose qui ne l’avait jamais effleuré auparavant et pour cause, cela faisait partie intégrante de ce à quoi il avait renoncé en devenant Astartes : La descendance. La pleine grandeur et beauté de l’Humanité à travers ce cycle où le vieux essaye de passer au jeune les outils pour apprendre. Non pas transmettre une connaissance tirée d’un livre mais une formation pour être à même d’affronter l’existence via ses propres expériences.
Une communication le tira de ses rêveries et l’informa que tous les autres étaient en place. Il devenait distrait mais curieusement cela le fit sourire. Une demi-seconde plus tard, son sourire disparut et l’enfer se déchaîna :
« Pour le Lion ! » Tonna-t-il.
L’opération fut d’une rapidité exemplaire. Ils étaient accompagnés pour l’occasion de l’unité tactique Raven et d’une dizaine de scouts. Aucun tir ne fut perdu et en moins d’une minute, plus un serviteur du chaos ne fut débout à l’exception du marines renégat. Ce dernier bouillait littéralement de rage et d’amertume. Martinien approcha.
« Reçois la paix de l’Empereur et puisse-t-il te pardonner. »
Son pistolet à plasma émit un rayon bleu vaporisant la tête de son frère déchu.
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Linual